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La Tunisie et Cuba : le double standard médiatique et politique

José Manzaneda, Coordinateur de Cubainformación.- La récente révolution qui a reversé le gouvernement de Tunisie nous sert pour analyser le double standard des grands médias en fonction du pays sur lequel ils informent.

Vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=n11QNSQ1PBE

L’écrivain Santiago Alba Rico nous rappelle une étude sur les médias de 2005 qui comparait le traitement informatique sur la Tunisie et Cuba par les médias espagnols [1]. De janvier à juin de cette année, par exemple, le journal El Mundo dans son édition en ligne a publié 5162 articles sur Cuba, presque tous aux sujets de problématiques de la vie quotidienne du pays et remplis de condamnations sur l’action du gouvernement local, bien qu’aucun ne soit relié avec des conflits politiques et sociaux graves. Au contraire sur la Tunisie il publia seulement 658 articles, 8 fois moins que sur Cuba, et aucun sur ses problèmes sociaux et presque tous sur le championnat du monde de handball célébré cette année là . Le journal El Paà­s publia 618 articles sur Cuba, avec la même ligne pour souligner les problèmes et contradictions sociales, contre 199 sur la Tunisie, mais dans ce cas presque tous sur le tourisme et le championnat mondial de handball.

Le journaliste Pascual Serrano nous rappelle que, tandis les journaux mentionnés continuent à remplir leurs écrits avec des termes péjoratifs contre Cuba, comme "dictature" ou "régime", en de rares occasions ils les ont appliqués dans leurs articles sur la Tunisie [2] . Leurs lecteurs au long de toutes ces années ont à peine lus les dénonciations sur les graves violations des droits humains dans ce pays africain. A l’inverse, ils sont saturés avec les apparitions des dénommés "dissidents" cubains, dont les accusations contre leur gouvernement, bien quelles ne sont pas accompagnées de preuves, sont systématiquement converties en informations.

La docilité des médias avec l’ancien gouvernement de Tunisie est proportionnelle à la complicité qu’ils ont eu avec lui durant des décennies, et il en va de même avec d’autres facteurs de pouvoirs mondiaux.

Le dernier rapport de la Banque Mondiale sur la Tunisie, par exemple, fait l’éloge du modèle économique du gouvernement déchu [3] . Un modèle qui finalement a conduit à une explosion sociale due au chômage, à la pauvreté et aux prix élevé des produits de consommation courante. Mais tandis que la Banque Mondiale a octroyé, durant des années, des prêts millionnaires à la Tunisie, elle n’a pas octroyé un seul prêt à Cuba. La raison, hormis le droit de véto qu’ont en pratique les États-Unis dans cette institution, est que l’île refuse d’appliquer les plans d’ajustements structurels néolibéraux que la Tunisie a suivis à la perfection. Malgré tout cela, sans prêts et sous blocus, Cuba améliore chaque année ses indicateurs de développement humain [4] .

Les gouvernements des grandes puissances condamnent année après année l’action du gouvernement et le système économique de Cuba, et font pression sans cesse pour le renverser. Malgré cela il n’y a pas apparition dans ce pays de symptômes graves de rupture sociale, et les problèmes économiques de l’île sont abordés publiquement dans des dizaines de milliers d’assemblées citoyennes, dans un exercice démocratique sur lequel les médias internationaux informent à peine [5] . Les dénonciations de l’Union Européenne, par exemple, sur une supposée "répression" à Cuba rendent perplexes si on compare les actions de la police cubaine à celles qui ont lieu dans de nombreux endroits en Europe [6] , ou si on contemple le silence européen, durant toutes ces années, devant les crimes de la police tunisienne. L’Union Européenne, par exemple, approuva en 1996 la dénommée "position commune sur Cuba", qui conditionne tout accord avec l’île à des mesures politiques et économpiques de tous types [7] . En 1998 cependant l’Union Européenne signa un accord d’association avec la Tunisie, sans aucun préalable à des changements internes [8] .

Ceci est le double standard des médias, puissances et institutions financières, dont les pressions et condamnations de certains gouvernements n’ont que peu à voir avec une supposée promotion de la démocratie et des droits humains, et beaucoup plus avec la docilité et la fermeté de ces gouvernements face aux intérêts économiques et politiques des grands facteurs de pouvoir mondiaux.

Source : http://www.albatv.org/Tunez-y-Cuba-el-doble-rasero.html

Source française et traduction non précisée - NdR


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