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Qui a vu passer le poignard du fondateur du FN ?

Alors, Laurent Joffrin : Le Pen ou Le Che ?

« Le Che, double des jihadistes »
Sous ce titre d’une colossale subtilité, Laurent Joffrin (photo ci-contre avec Le Pen) signe le 5 septembre 2017 une longue recension du livre de Marcela Iacub, « Le Che, à mort » (éditions Robert Laffont) dont il nous dit d’emblée qu’il s’agit d’« Un éclairage sur les ressorts du fanatisme contemporain ».

En février 2013, Marcela Iacub, directrice de recherche au CNRS, chroniqueuse à Libération, publie chez Stock « Belle et Bête », un « roman » sur sa liaison de janvier à août 2012, avec DSK. Il lui fait un procès qu’elle perd. Son éditeur et elle doivent lui verser 50 000 euros de dommages et intérêts et le tribunal ordonne l’insertion, en en-tête de chacun des exemplaires, d’un encart écrit par Dominique Strauss-Kahn.

Ce dernier a en effet été manipulé depuis le début par l’auteur qui va confesser dans un mail (dont elle dit n’avoir pas gardé trace, mais dont l’existence est prouvée) : « Mon livre sur ton affaire américaine, je l’ai écrit parce que ce sont eux qui me l’ont demandé. Le fait de chercher à te rencontrer était parti du même projet. Sans te dire tout le reste. Il m’a fallu te faire croire que j’étais éprise de toi, que j’étais folle de toi. Et puis que j’avais mon coeur meurtri, que j’étais jalouse et tout ce que tu sais. ».

Bref, un coup monté en service commandé, un piège, des mensonges pendant 8 mois de coucherie utile et enfin : un livre dont il faut supposer qu’il est aussi franc du collier que son auteur et aussi sincère que les rencontres « amoureuses » qui ont permis son écriture.

Et voici, de la même conscience exemplaire, un autre opus : « Le Che, à mort » que Laurent Joffrin a plus qu’aimé.

Le Che dans l’article de Joffrin

« …figure christique et maléfique à la fois… » « Ernesto Guevara, fils non désiré, jeune homme fragile au corps malade, médecin sans vocation, voyageur incertain, lecteur compulsif et autodidacte, rongé par le doute et la culpabilité », confronté à « son double héroïque, impitoyable avec son enveloppe charnelle, cruel avec ses ennemis comme avec ses soldats, dédié à sa propre gloire ». «  ... converti brusquement au communisme, imitateur des héros de ses lectures d’enfant, à l’esprit soudain apaisé par les certitudes d’un marxisme d’acier, celui dont on fait les poignards, les balles et les fusils. »

Pour Joffrin, « …On a fait du Che un personnage romantique : c’est un romantisme sans pitié ». « commandant intraitable qui humilie ses hommes, exécute lui-même les traîtres ou ceux qu’on soupçonne de l’être, préside aux exécutions sommaires de l’après-victoire un cigare aux lèvres. Il fait plier par « la menace et la peur le peuple cubain.  » Il exhorte « à la dureté répressive ». C’est un « Quichotte stalinien  ».

Suit une fumeuse thèse sur l’opposition entre le corps et l’esprit du Che, entre le Che et Ernesto Guevara (resucée de docteur Jekyll et M. Hyde), « subtile analyse  » nous dit dans Libération le directeur de la rédaction et de la publication de Libération, se pâmant à la lecture d’un livre d’une journaliste de Libération.

La charge de Joffrin contre le Che serait plus crédible si l’on avait vu sous sa plume des mots comparables contre un autre « fanatique », « cruel avec ses ennemis », nourri par « des certitudes […] d’acier, celui dont on fait les poignards, les balles et les fusils. », capable par sa « dureté répressive » d’avoir voulu faire plier par « la menace et la peur le peuple. »

Or, tout au contraire, on a vu Joffrin, adulte, passer ses vacances avec Jean-Marie Le Pen.
Le Grand Soir s’en était fait l’écho.

Joffrin avait « à peu près 25 ans » d’après Marine Le Pen qui a dévoilé le secret longtemps si bien gardé.

25 ans ? Joffrin confirme vaguement : « Il y a plus de 30 ans ». Combien ? 35 ? Retenons ce chiffre qui plaide pour une erreur de jeunesse. Joffrin a 60 ans [L’article du GS date de 2012]. Il en avait alors 25 ans.

25 ans, c’est l’âge où le mathématicien Maurice Audin, militant du Parti Communiste Algérien, disparaissait après avoir été torturé, selon plusieurs témoins, dont Henri Alleg qui en parle dans son livre La Question. Il avait été arrêté par des militaires du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (REP).

Wikipédia : « Majoritairement constitué d’anciens SS et de fascistes hongrois, recrutés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le 1er REP [...] comptait en ses rangs Jean-Marie Le Pen... ». Disons que c’est une coïncidence dont Joffrin ne savait rien.

25 ans ! A cet âge, Georges Séguy militait contre tous les fascismes après avoir survécu aux camps de concentration nazis où l’avait conduit son patriotisme actif dès l’âge de 15 ans.

A 25 ans, Raymond Aubrac était tombé aux mains de la Gestapo.

A 25 ans, le colonel Fabien mourait, 8 ans après avoir combattu les franquistes dans les « Brigades internationales » et 3 ans après avoir abattu un officier nazi dans le métro.

A 25 ans, Joffrin passait des vacances avec Jean-Marie Le Pen.

Aujourd’hui homme mûr, Joffrin se retient toujours de traiter comme il traite Le Che, un Le Pen qui fonda le FN et y regroupa une brochette d’anciens de la Waffen SS, d’anciens de la division Charlemagne, d’anciens de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchévisme, d’anciens du parti Populaire Français de Jacques Doriot, d’anciens collaborateurs du gouvernement de Vichy.

Le poignard de Le Pen

Et voici encore une histoire vraie qui aurait dû susciter l’indignation de Joffrin et inciter la profession (vertueuse) à lui demander des comptes :

Dans la nuit du 3 mars 1957, une patrouille de parachutistes commandée par « un homme grand, fort et blond », que ses hommes appellent « Mon lieutenant » et qui se révèlera plus tard être Jean-Marie Le Pen, fait irruption au domicile des Moulay, dans la Casbah d’Alger. Ahmed Moulay va être soumis à la « question » (gégène, supplice de l’eau) jusqu’à en mourir, sous les yeux de sa femme et de ses six enfants.

Quand les tortionnaires repartent, ils oublient un poignard. C’est un couteau des Jeunesses hitlériennes, fabriqué dans la Ruhr dans les années 1930. Sur le fourreau, on lit : J.M. Le Pen, 1er REP. L’un des enfants le trouve et le cache. Il se taira quand les bourreaux reviennent pour le retrouver. Le poignard deviendra une pièce à conviction dans un procès intenté au Monde (et perdu) par Le Pen pour « diffamation ».

Résumé : une charge contre le Che par une femme qui ne recule devant aucune tromperie pour obtenir un succès de librairie, un éloge de cette charge par un homme qui passa ses vacances avec un dirigeant fasciste et qui fustige (ô cynisme ou amnésie !) les certitudes « dont on fait les poignards ».

Ecoutez, en ce 50 ème anniversaire de la mort du Che, les médias vont nous dire cent fois qu’il faut lire des livres comme « Le Che, à mort  » de Marcela Iacub.

Ne vous laissez pas faire.

Le livre « Vive le Che ! » de Jean Ortiz est vraiment admirable, documenté, honnête (il ne fait pas du Che un saint).

Voir ICI ce qu’en en dit Bernard Gensane.

Les médias feront silence sur cet ouvrage passionnant et respectueux du lecteur. Après l’avoir lu, on se sent plus instruit (on l’est), on se sent meilleur, on reprend foi en l’homme.

Vladimir MARCIAC

« Vive le Che !  ». Jean Ortiz.
Editions Arcane17. Juin 2017. 243 pages, 20 euros.
Préface de Serge PEY (Grand prix national de poésie 2017).

Chez votre libraire ou, pour réception postale :
Librairie L’Autre Rive de Toulouse : Téléphone / Fax : 05 61 31 92 65
Mail : lautreriv@orange.fr

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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

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