Voici la traduction d’un passage du poème « Al-Quds ( Jérusalem), la fiancée de votre arabité », écrit dans les années 70 par un grand poète irakien Muzaffar Al-Nawab ( 1934-2022) ( مظفر النواب ).
Il s’agit d’un extrait qui parle de la Palestine et de la trahison des chefs des pays arabes à son encontre. Ce poème, hélas, est toujours d’actualité et n’avait pas encore été traduit en français.
القدس عروس عروبتكم
Al-Quds , la fiancée de votre arabité
Oh mon pays, exposé sur le marché comme une étoile du matin
On te pleure dans les bordels de la nuit
Et certains révolutionnaires renforcent leur virilité
Jouant au son du tambour et de la trompette
Ce sont tes ennemis, mon pays
Qui a vendu la Palestine sinon tes ennemis, ô mon pays ?
Qui, par Dieu, a vendu la Palestine et s’est enrichi
Sinon la liste des mendiants aux seuils des dirigeants
Et la table des Grandes Puissances ?
Dès que la nuit a revêtu ses voiles
Les coupes s’entrechoquent proclamant que Al-Quds est la fiancée de notre Arabité
Bienvenue, bienvenue, bienvenue.
Qui a vendu la Palestine, si ce n’est les scribes révolutionnaires ?
J’ai juré par les goulots des cruches de vin et le poison dans la coupe
Et ce révolutionnaire rassasié de coquillages à Beyrouth
au point de devenir un ventre démesuré sans cou
J’ai juré par l’histoire de la famine et le jour de la disette
Aucun Arabe ne survivra si notre situation reste ainsi
Parmi les dirigeants profiteurs
Al-Quds est la fiancée de votre arabité,
Pourquoi avez-vous laissé entrer tous les débauchés de la nuit dans sa chambre ?
Et vous vous êtes arrêtés à écouter derrière la porte les cris de sa virginité.
Et vous avez sorti tous vos dagues,
Et vous vous êtes enorgueillis de votre honneur,
Et vous avez crié en demandant à ce qu’elle se taise pour préserver de sa dignité.
Que vous êtes honorables,
Fils de prostituée, pourquoi faire taire une violée ?
Fils de prostituée,
Je ne suis pas timide lorsque je vous dis votre vérité.
La porcherie d’un porc est plus pur que le plus pur d’entre vous
La table de lavage des morts s’anime, mais vous,
Aucune brindille ne tremble pour vous.
Maintenant, je vous déshabille,
Dans toutes les capitales de cette nation arabe, vous avez tué ma joie.
Dans chaque ruelle, je trouve les flèches divinatoires (Al-’azlâm ) devant moi.
Je deviens méfiant même envers le téléphone,
Même envers les murs, même envers les enfants.
Je vomis cette approche grossière,
Et dans un pays arabe, c’était juste une écriture de ma mère,
Restée dans les couloirs de l’État pendant deux mois lunaires.
Venez, plaidons devant le désert d’Arabie pour qu’il nous juge.
J’avoue maintenant devant le désert que je suis vulgaire et grossier comme votre défaite.
Ô honorables vaincus,
Ô dirigeants vaincus,
Ô public vaincu,
Comme nous sommes sales... comme nous sommes sales... comme nous sommes sales et arrogants.
Comme nous sommes sales.
Je n’exclus personne. Vous avouez ?
J’ai dit obscène.
Malgré la violet de la tristesse
Et la prière de l’eau clignote sur mon ivresse
Et ma folie à rire des mœurs de la rue et des casernes
Et à lécher la cuisse collée à la porte du club.
Ô public qui veille dans la nuit dans le sous-sol de l’institution de la tristesse,
Nous deviendrons les Juifs de l’histoire,
Et nous hurlons dans le désert sans abri.
Est-ce une patrie gouvernée par des cuisses royales ?
Est-ce une patrie ou un bordel ?
Traduction : Hassan TARFAOUI