Quel monde puis-je t’offrir ?
Quel avenir t’attend,
Dans ce désert où même les ombres se taisent.
Les pierres murmurent les souvenirs des anciens,
Ton père s’efface, englouti par l’obscurité d’une geôle,
Et notre maison, balayée,
Ne survit que dans l’écho d’un missile aveugle.
Nous sommes les rescapés d’un brasier,
Les épaves d’un naufrage,
Témoins perdus d’une lignée en déclin.
Que puis-je te donner ?
Un lait aigre pour apaiser ta soif,
Et dans mes veines la question :
Pourquoi, nous, mères,
Offrons-nous nos enfants à la gueule
D’un ogre insatiable ?
Les massacres se suivent, jour après jour,
Nos morts fleurissent cette terre stérile,
Bercés par une marée noire,
Tandis que l’air, empoisonné,
Étouffe des cris qui n’ont plus de voix.
Nous errons sans fin,
À la merci des vents de nos "protecteurs",
Emportant nos tentes de misère,
Dressées contre un ciel impassible.
Le froid mord nos âmes, la pluie tombe,
Larmes incessantes qui dissolvent nos rêves.
Et nous n’avons pour toute richesse
Que quelques ustensiles,
Fragiles témoins de notre survie.
La nuit tremble sous les bombes,
Le ciel lacéré par l’orage de feu,
Pourtant, nous respirons encore,
Étonnés d’être encore debout.
Comment nos corps tiennent-ils,
Dans ces ruines où l’espoir n’est plus qu’un mirage ?
Autrefois, des voix s’élevaient,
Pour défendre les oubliés,
En Libye, en Syrie, en Irak...
Aujourd’hui, elles se taisent,
Muettes, complices,
Devant ce massacre sans fin,
Qui ronge Gaza, qui saigne la Cisjordanie.
Est-ce l’absence d’or noir
Qui voile notre douleur aux yeux du monde ?
Ou bien le bourreau, drapé de lumière sacrée,
Est-il devenu intouchable, au-dessus des lois ?
Pourtant, dans le lointain,
Un murmure persiste,
Un souffle d’humanité,
Une étincelle pour les crucifiés de notre époque.
Je ne sais où tu verras le jour.
Les hôpitaux se sont dissous dans l’air,
Comme notre terre sous la colonisation.
Peut-être serons-nous, toi et moi,
Enlacés sous la terre,
Dans une fosse commune,
Demain.
Qui pourrait le dire ?