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Al Jazeera, la chaîne du grand Satan

Depuis son ouverture au milieu des années 90, la chaîne qatarie « Al Jazzera » a constitué un événement dans les médias arabes, noyés de discours officiels insipides. La chaîne est créée et financée par l’Emir du Qatar, dont le pays abrite le centre de commandement pour le Moyen-Orient des armées des États-Unis, connue sous le nom de CENTCOM ("US Central Command"). En 2003 l’Amérique a installé ses quartiers généraux au Qatar et ce pays est aussi l’hôte d’une grande base de l’armée de l’air américaine. En outre, le Qatar a servi de quartier général et a été une des principales bases de départ lors de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003.

Avec le déclenchement de la révolution populaire en Egypte et sa façon de mettre en avant certains des insurgés au détriment des autres, ainsi que son insistance à transformer le cheikh Kardaoui en véritable inspirateur de la révolution, alors qu’il s’y est rallié en retard et qu’il n’a cessé de tenir un langage confessionnel, loin es idéaux des insurgés. Puis la couverture de la chaîne des événements du Bahreïn a révélé son hypocrisie. Alors qu’en Egypte et en Tunisie, « Al Jazeera » faisait une couverture « non stop », là il n’y avait plus moyen de savoir ce qui se passait véritablement, la chaîne faisant une couverture assez maigre de la situation à Bahrein, et ouvrant surtout sa tribune aux proches du pouvoir et à la thèse officielle.

Pourquoi les insurgés de Bahrein, qui constituent certainement l’opposition arabe la plus pacifiste n’avaient-ils pas droit à la neutralité, si ce n’est à l’appui, d’« Al Jazeera » ? En quoi étaient-ils moins intéressants, et leurs revendications moins justifiées que celles des autres insurgés arabes ? Les journalistes sont soudain devenus serviles avec les représentants du pouvoir au Bahrein et agressifs avec les rares représentants de l’opposition Bahreini, qui, rapidement, n’ont plus eu droit d’antenne. D’ailleurs, depuis quelques semaines, les événements de Bahrein, comme la destruction des mosquées, l’invasion des hôpitaux, les arrestations des opposants n’intéressent pas la chaîne du Qatar. D’autan que cheikh Kardaoui y a été de son discours incitant à la discorde confessionnelle entre musulmans chiites et sunnites, largement diffusé pare la chaîne.

Al Jazeera préfère consacrer son temps à appuyer l’opposition en Syrie et à inciter la population contre le régime là bas, en dépit des réformes effectuées par le président syrien. Les présentateurs des nouvelles passent leur temps à pousser les opposants à descendre dans la rue et à ne pas céder au régime de Bachar al Assad. Des films, soi-disant, de la répression sont diffusés en boucle et des informations basées sur « les témoignages de témoins oculaires » sont sans cesse évoqués. Or, les témoins oculaires n’ont aucune valeur en langage journalistique.

Désormais, peu importe aux journalistes de montrer la réalité ; les morts qui tombent de façon atroce à Bahrein sont des "chiites sectaires", tandis qu’en Syrie les "rebelles" à la solde d’Israël qui tuent les forces de l’ordre et qui complotent contre un régime qui a su résister à toutes les pressions occidentales sont des révolutionnaires. La grandeur « d’Al Jazeera » est tombée aux portes de Bahrein et de Syrie.

En réalité, les masques sont aujourd’hui tombés : « Al Jazeera » ne défend que ce qui arrange ses « parrains » et finalement le plan américain. Le but est pour elle d’attirer le maximum de téléspectateurs, d’asseoir sa crédibilité et de commencer ensuite à influer sur les esprits arabes perturbés par cet emballement de l’Histoire.

Le grand rêve d’un média arabe libre et défendant les aspirations réelles des peuples, au lieu de reproduire les thèses occidentales, est tombé aux portes de la Syrie et de Bahrein, en attendant que son manque d’objectivité se confirme dans d’autres pays. La méthode était pourtant subtile : gagner les esprits arabes épris de liberté et de dignité en couvrant les agressions israéliennes contre le Liban et la Palestine, avant de profiter de la brèche des aspirations arabes pour défendre discrètement les plans américains de déstabilisation de la région.

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