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Acquis sociaux : la curée.

Rien n’est négligeable pour les gestionnaires du capital afin de détruire, dans son intérêt, tous les acquis des luttes passées. Les plus bas instincts sont flattés pour montrer du doigt celles et ceux qui se battent pour sauvegarder les acquis de leurs prédécesseurs, entraîner des réflexes de jalousie et ainsi dresser les uns contre les autres les citoyens.

Les médias serviles sont bien évidemment mis à contribution pour jeter le doute et verser de l’huile sur le feu des polémiques stériles et au grand bénéfice du Capital qui une fois encore « tire les marrons du feu ».

ACQUIS SOCIAUX ET PRIVILEGES

L’amalgame est facile et permet de semer la zizanie et la discorde entre salariés.

Précisons de quoi il s’agit exactement :

Les acquis sociaux - ce sont des conquêtes - obtenues par la lutte - dans la perspective d’un progrès social. Les conquêtes sociales n’ayant pas été toutes faites, au cours de l’Histoire, de manière homogène dans les différentes catégories socio professionnelles, certaines d’entre elles ont bénéficié à certaines catégories, d’autres à d’autres,… entraînant des différences. Ces acquis se sont intégrés à la rémunération et aux conditions de travail,… constituant une amélioration de la condition des salariés.

Les privilèges - ce sont des situations acquises et fondées sur l’inégalité sociale. Ce n’est pas un hasard si une des principales revendications de la Bourgeoisie quand elle prend le pouvoir est « d’abolir les privilèges » (la nuit du 4 août 1789). Privilèges qui fondaient le pouvoir le l’aristocratie.

Résumons nous : ce qui fait la différence entre ces deux notions ce sont l’origine et la finalité. Dans le cas des acquis sociaux il s’agit de mouvements sociaux qui agissent dans la perspective d’un progrès social. Dans le cas des privilèges il s’agit d’une attitude qui fonde l’inégalité sociale… souvent liée au pouvoir.

Il est vrai qu’à rester à un niveau superficiel de l’analyse, la confusion peut s’installer entre ces deux notions. Et c’est de cette confusion que profitent les gestionnaires - économiques et politiques - du Capital pour détruire l’ensemble des conquêtes sociales acquises depuis plus d’un siècle. En période de crise économique et d’affaiblissement de la combativité des salariés,… ils passent à l’offensive. Aujourd’hui ils s’attaquent aux avantages sociaux des salariés de industries électriques et gazières… statut issu de la loi de nationalisation de ces industries de 1946… après avoir détruit ceux des cheminots et aboli en partie le statut de la fonction publique..

TOUJOURS PLUS BAS

C’est en incitant à la jalousie entre salariés que les gestionnaires du capital et leurs politiciens complices entendent définitivement faire régner leur ordre économique et antisocial.

Les acquis sociaux ont été chèrement payés par les salariés et accordés par un Capital qui voulait, et pouvait, se payer la paix sociale en accordant ce qui était pour lui des miettes des richesses produites dont il s’accaparait. Tant qu’il a pu payer, il a accordé des avantages en termes de salaires, de congés et autres aménagement divers… Aplanissant par là même les conflits sociaux et intégrant toujours plus les salariés dans un système qui pouvait satisfaire certaines de leurs revendications.

La mondialisation marchande, à partir des années 70 du siècle précédent a redistribué complètement les cartes des rapports de forces entre salariés et leurs employeurs. La mondialisation de tous les marchés, y compris celui-ci de la force de travail, a placé les salariés des pays développés - ceux là même qui avaient largement bénéficié des acquis sociaux - en situation de faiblesse. N’étant plus indispensables dans un contexte d’hyper mécanisation et de recours possible à une force de travail beaucoup moins chère, les rapports de force entre salariés et propriétairse du Capital, se sont inversés. Les syndicats, instrument de lutte des salariés, ont commencé à perdre de leur vigueur face à un Capital s’affranchissant toujours plus des limites des règles de « droit national » et pouvant jouer sur tout le clavier économique et social offert par la mondialisation de sa valorisation.

Après avoir verrouillé les principales revendications, l’Etat s’attaque désormais aux acquis sociaux. L’entreprise est délicate car ils touche là au coeur de ce qu’a été la culture ouvrière pendant prés d’un siècle. Il y a pour cela deux méthodes : l’anglo saxonne (Reagan/Tatcher), très brutale et expéditive…et celle utilisée dans les autres pays européens jouant sur l’affaiblissement progressif des mouvements sociaux et le dépérissement de ce qui constituait la classe ouvrière. C’est la situation que nous vivons depuis plusieurs années.

Les acquis sociaux sont alors qualifiés de « statuts spéciaux » voire « privilèges corporatistes ». Les salariés concernés sont montrés du doigt, considérés comme des parasites,… sommés de s’expliquer ! Les médias et autres écrivassiers officiels jettent de l’huile sur le feu dénoncent et stigmatisent. L’abolition de ces acquis est qualifiée de « mesure naturelle, juste et équitable »… Ben voyons ! Les autres salariés sont pris à témoins, « caressés dans le sens du poil »,… par des personnages qui sont eux d’authentiques parasites politiques.

Salaires, congés, retraites, protection sociale, tarifs, service public… Tout y passe…. Et cela au nom de l’ « égalité »… On croit rêver ! Depuis les prêches de l’Eglise en faveur de la Fraternité, on n’avait pas vu plus grande escroquerie !

Le sens des « réformes libérales » se fait toujours vers le bas,… jamais vers le haut.

L’élimination des acquis sociaux est un gigantesque retour en arrière, aux premières années du capitalisme au 19e siècle. Le Capitalisme se dépouille des oripeaux d’un pseudo humanisme qui lui avait été imposés par celles et ceux qu’il exploite. Même le Code du Travail ne trouve pas grâce auprès de ces liquidateurs.

UNE LIQUIDATION PROGRAMMEE

Celles et ceux qui croyaient que les acquis sociaux étaient une victoire définitive des salariés peuvent « manger leur chapeau ». Rien n’est jamais définitivement acquis dans l’Histoire… et la liquidation a commencé sous la Gauche,… après 1984.

La « gauche » d’ailleurs, reste particulièrement discrète sur ce sujet. N’ayant pas le courage de poser le problème, comme le font les conservateurs au pouvoir, les socio-libéraux attendent patiemment que les hommes - de droite - actuellement au pouvoir usent leur crédibilité sur ces « réformes » pour ensuite pouvoir en profiter durant les prochaines campagnes électorales,… tout en demeurant particulièrement flous sur la suite… et pour cause ! Elle profite simplement du mécontentement populaire… Le service minimum !

Quand on entend le discours des gestionnaires du capital - quelle que soit leur couleur politique - faire l’amalgame entre privilèges et acquis sociaux, afin d’éradiquer les seconds au nom d’une confusion avec les premiers, et cela sur fond d’un soucis d’ « égalité sociale »,… on a le droit d’être des plus sceptiques.

Nous faisons aujourd’hui l’expérience que le Capital ne s’encombre d’aucune valeur, aucune morale, aucune éthique. Plus le discours est outrancier et mensonger,… mieux il passe !

Enfin, et on atteint là le comble du paradoxe : ce sont justement celles et ceux qui bénéficient le plus de situations privilégiées - acteurs économiques et politiciens - qui oeuvrent pour la destruction des acquis sociaux de celles et ceux qui créent la richesse.

Hurler avec les loups qui s’en prennent aux acquis sociaux, quels qu’ils soient, c’est se rendre complice de la récession sociale qui nous entraîne aujourd’hui à la catastrophe. Aujourd’hui ce sont les autres, demain ce sera nous. Soyons solidaires, leur cause est aussi la notre. C’est tous ensemble que nous perdrons, ou gagnerons, ce qui a été si difficile à nos prédécesseurs de conquérir.

Patrick MIGNARD

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