Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise n’attend rien des frondeurs du PS ni des Verts qui « sont engagés dans des primaires internes ». Il estime qu’il faut « gagner ses galons soi-même ». Entretien (L’Humanité, 20 septembre 2016).
À la sortie de l’Élysée, je suis revenu chez moi en courant chercher mes affaires puis prendre mon avion pour Madrid où il avait été convenu que je participerais à la soirée électorale avec la coalition Unidos-Podemos. Je ne raconte pas la visite à l’Élysée car Danielle Simonnet et Éric Coquerel, qui m’y accompagnaient, l’ont fait sur leurs blogs respectifs. Et comme je me suis exprimé sur le perron de l’Elysée, je ne vois rien à y ajouter.
Ce soir s’achève la campagne électorale la plus étrange, la plus démoralisante, la plus glauque que nous ayons connu depuis bien longtemps. Elle s’est entièrement déroulée dans une ambiance de peur et de méfiance.
« Un revolver sur la tempe », selon ses propres termes : Tsipras a signé un « compromis ». Aussitôt, les trompettes des louanges relaient la traditionnelle propagande gouvernementale pour célébrer le rôle de facilitateur de Hollande, la force du « couple franco-allemand » et réciter les refrains, les mantras et les calembredaines habituelles des eurolâtres
Maintenant nous entrons dans une bataille de propagande contre la Grèce de Tsipras. Une troupe composite de droitiers écumant de rage, de gauchistes toujours prompts à excommunier qui ne se plie pas à leur mantras abstraites, et d’ancien gauchistes pour qui l’échec des autres doit justifier leur propre mutation libéralo-libertaire, se coalisent pour chanter sur tous les tons la « capitulation de Tsipras ».
La victoire de Syriza est un événement historique. L’ère de la toute-puissance arrogante des néo-libéraux en Europe commence sa fin. Une occasion extraordinaire se présente pour refonder l’Europe, c’est-à-dire une occasion d’abolir les traités qui en ont fait ce monstre libéral monétariste. A partir de notre victoire en Grèce on peut imaginer un effet domino. Ce serait comparable à celui qui a touché l’Amérique latine.
Ces quelques lignes sont destinées à rassurer les amis qui s’inquiètent de mon silence. Je suis très honoré de leur inquiétude. Je leur dis ce que l’expérience de la lutte apprend : après le choc, il faut donner son temps à la poussière pour retomber. En ce moment je participe activement au processus de discussions collectives qui occupent notre calendrier au Parti de gauche. On analyse ensemble.
Extrait du billet de JL Mélenchon relatif au GMT (TAFTA) : « Hollande, le muet de l’Europe » 19 mai 2014