En 2012, il était tellement unitaire, et pour moi qui sais, depuis que j’ai lu Thorez, que le drapeau de l’unité est l’étendard politique principal du prolétariat (ceux qui doivent travailler pour vivre), je me délectais de ses paroles. Parfois, pourtant, une interrogation traversait mon esprit : comment peut-il parler comme cela en étant resté 30 ans au PS ? Juste le temps de me raser et je fonçais vers d’autres pensées.
Comment remplir les 10 cars que notre Fd-PCF avait prévu pour le meeting de Toulouse ? Et on les a rempli, avec le PG, les 10 cars et même payés !
Puis la vie reprit ses droits, tout juste si je remarquais les diverses scissions qui parcouraient les rangs étroits du PG départemental, notre allié toujours privilégié. Arrivèrent en 2014 les municipales. Chez nous, les principales municipalités sont socialistes avec participation communistes et leur gestion vise rarement autre chose que la satisfaction des besoins basiques des habitants. Voilà que le PG, famélique pourtant, débarque avec ses propositions qui sont des exigences sine qua non : Ok pour des listes FDG mais pas de fusion au 2° tour avec les listes PS. A notre remarque qui note la possible disparition des municipalité FdG (communistes pour la plupart), il est répondu : "On s’en fout c’est des élus pourris qui font la politique du PS".
L’échec clôt les discussions, au chef lieu une liste Pgiste, avec quelques dissidents du PCF, est présentée. Elle capte presque la moitié des voix FdG, mais le grand gagnant est le....PS qui, divine surprise, voit sa liste élue dés le 1° tour, une première depuis toujours. Comme quoi la division porte aussi des fruits, sauf qu’au palais, ils sont plus amers que ceux de l’union.... Et le PG s’enfonce encore dans ses divisions, il sera en 2015, incapable d’entraîner les Verts dans une autre opération anti-PCF lequel parvient à faire élire une conseillère régionale sur une liste estampillée ELV-FdG.
Nous en sommes là lorsque, en janvier 2016 j’apprends que Mélenchon a décidé de se présenter à la présidentielle de 2017 en indépendant, comme De Gaulle (c’est lui qui le dit), au dessus des partis. Ce n’est plus le candidat du FdG, c’est celui des "insoumis", une caste que neuf mois après, personne n’a encore pu définir autrement que par : "fanclub de Mélenchon". Il accepte tout le monde, communistes compris (ils ont des bras, un peu de tune, et les quelques parrainages qui ont été sauvés des bérézinas de 2014-2015), mais SVP pas de socialistes, même pas ceux qui ont voté contre la loi travail. Au temps de l’anticommunisme primaire du PS d’antan, succède, chez la Méluche, le temps de l’antisocialisme primaire, comme s’il n’avait pas remarqué que le second serait, pour la gauche et les intérêts des prolos, aussi mortifère que le premier.
En fait Mélenchon constate que son parti, le PG, because acrobaties ratées, n’existe pratiquement plus, et il table sur sa notoriété perso, acquise en 2012, dans l’électorat communiste, qu’il croit suffisante pour éviter toute négociation avec l’appareil PCF (sclérosé, bureaucratique, ignare...etc). Lequel sera bien obligé, bon gré, malgré, de se rallier, avec tous ses attributs (bras, tune et signatures) En fait certains (les stals...) remarquent qu’il vise à clore sur le PC l’opération « entriste » de type OCI, qu’il n’a pu réaliser sur le PS en 30 ans.
Sauf que si les sondages sont toujours au dessus de 10, et même doublent parfois Hollande, aucun ne donne une place à Mélenchon au 2° tour. Or, à quoi peut bien servir une place figurative pour un candidat "individuel" de 65 balais sinon à alimenter ses conversations avec ses petits enfants ? Et, dans le PC, cette question parcourt toutes les réunions de rentrée de la structure, laquelle répond par une autre question : Quel intérêt peut-il y avoir à soutenir une candidature sans avenir et sans contenu de classe, qui au bout du bout ne peut qu’aboutir au maintien de la totalité des prolos socialistes sur le candidat PS,100% social-libéral ?
C’est de ce raisonnement qu’est en train de germer la candidature du Député Chassaigne dans le PCF qui ne s’effacerait, éventuellement, que devant une autre candidature anti-loi El Khomri sans exclusive. Avec ou sans candidat, le PCF ferait alors entendre une ligne néo-communiste susceptible de rassembler, sur la base de leurs intérêts, l’essentiel des prolos de ce pays.
Mais cette option n’est pas la plus probable. Cette élection va, c’est sûr, déboucher sur un chamboulement au PS. Si Mélenchon, de son fait, n’y a plus aucun point d’appui, il n’en est pas de même du PCF qui, de l’extérieur, peut, en appuyant un « frondeur » du genre Montebourg, entraver la « blairisation » que visent les hollandistes, et qui aboutirait à envoyer, pour un bon bout de temps (voir la GB...), sur une voie de garage, l’essentiel de « peuple socialiste ». Avec à la clef un long purgatoire pour toute la gauche française.
C’est aussi cela que les « jeunes apparachiks cocos » ont dans leur tête. En politique, au départ prématuré, il peut être préférable de se réserver pour jouer, plus tard, un coup d’avance. Tant il est évident, sauf pour Mélenchon semble-t-il, que 2017 sera tout autre chose que 2012.