L’annonce le 13 mars de l’élection du pape argentin Jorge Bergoglio a suscité de nombreuses réactions.La Présidente Cristina Kirchner, dont les relations avec Bergoglio ont été tendues par le passé, notamment lors de l’approbation de la loi sur le mariage pour tous, lui a adressé ses félicitations, lui souhaitant une « tâche pastorale fructueuse ». Elle se rendra à Rome ce lundi pour le rencontrer et assister à la messe d’intronisation prévue mardi.
Né en 1936, l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Jorge Bergoglio, élu le 13 mars sous le nom de François 1er est un modéré, classique, « spirituel », cultivé et nuancé, vivant simplement et en retrait par rapport au tournant de la restauration ratzingérienne. Pondéré dans ses jugements, il fait figure d’homme de consensus. Sauf que l’image de ce premier pape d’Amérique latine est aujourd’hui entâchée par des révélations concernant son passé lors de la dictature argentine. De sorte que son début de pontificat commence très mal.
L’élection d’un pape est toujours politique. Le Vatican et la hiérarchie de l’Eglise, mis à part quelques périodes comme celle du "Concile Vatican II" et du "bon pape" Jean 23, ont rarement penché du côté des peuples.
Je reviens sur l’élection du pape, qui a occupé, hier, tous nos écrans, sans trop de considération pour les protestants, juifs, musulmans, athées et libres-penseurs, dont on peut penser qu’ils ne manifestaient pas le même enthousiasme pour l’événement.
Les experts du Vatican expliquent que le pape Benoît XVI avait décidé de démissionner dès le mois de mars de l’année dernière, après un retour de voyage au Mexique et à Cuba. A cette période, le pape, qui incarne ce que le spécialiste et universitaire français Philippe Portier appelle une « lourde continuité » avec son prédécesseur Jean Paul II, découvre la première partie d’un rapport élaboré par les cardinaux Julián Herranz, Jozef Tomko et Salvatore De Giorgi. Dans ce document sont résumés les abîmes, en rien spirituels, dans lesquels l’Eglise est tombé : corruption, finances occultes, guerres fratricides pour le pouvoir, vol massif de documents secrets, luttes entre factions et blanchiment d’argent. Le résumé final insistait sur la « résistance au changement de la part de la curie et des nombreux obstacles posés aux actions demandées par le pape pour promouvoir la transparence ».
Joseph Ratzinger est essentiellement connu comme pape mais ses principaux faits d’armes, il faut les chercher durant la période où il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. En cette qualité il fut en effet l’architecte d’une des plus vastes campagnes idéologiques et politiques de l’après-guerre, ce qu’on a appelé la « Restauration ».
Pour une nouvelle, c’est une nouvelle. Nous avions l’habitude de voir les papes s’éteindre, usés mais nimbés. Benoît XVI choisit de jeter l’éponge officiellement pour raison de santé. Il en a le droit canonique comme l’âge du même nom.