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Le marxisme militant connaît une “ tragique impuissance à réémerger ”

Le réformisme c'est se fondre dans le légalisme, dans le refus de la lutte, c'est rejeter l'idée de révolution, de rupture, de radicalité. C'est ne pas mettre au centre la question de la propriété collective des moyens de production. Le marxisme c'est fournir la réponse à des alternatives créées par des situations concrètes, à évaluer les rapports de forces, à saisir l'occasion propice pour rendre conscient le mouvement inconscient de l'histoire.

Les marxistes sont confrontés à une situation paradoxale.

D’une part la pensée de Marx n’a jamais été aussi actuelle, pertinente et confirmée par les faits. Mais en contre-partie le marxisme militant connaît une "tragique impuissance à réémerger" selon la formule de Lucien Sève. Constat difficilement contestable.

La panne stratégique du mouvement communiste international, qui fut pendant plusieurs décennies l’expression politique, idéologique et organisationnelle du marxisme, est évidente. Des crises avaient secoué le mouvement, certaines sérieusement, mais la fin de l’Union Soviétique et du bloc socialiste, la mutation capitaliste de la Chine et d’autres pays socialistes, la marginalisation de quasiment tous les partis communistes, voir leur disparition est un fait incontournable et historique.

Cela n’implique pas la fin de la lutte des classes qui est un fait objectif et non le résultat de l’action des marxistes. Cela ne signifie pas que les contradictions du capitalisme sont surmontées ou même surmontables. Cela veut dire que l’alternative traditionnellement revendiquée par le mouvement ouvrier et ses organisations sur des bases marxistes n’est plus opératoire. N’est plus audible. N’est plus crédible. Les tentatives de "renaissance, reconstruction, rénovation" du parti communiste tel que le XXe siècle l’a connu sont toutes des échecs absolus. Il semble que “ s’il est une chose qui n’inquiète vraiment pas le capital aujourd’hui, c’est le sabre de bois de ce révolutionnarisme à l’ancienne dont les perspectives sont nulles ” (L. Sève). Pour le moins, l‘éloignement de toute perspective révolutionnaire est un fait même quand des situations qu’on pourrait qualifier de révolutionnaires existent.

On peut et on doit s’interroger sur cette situation.

Le bilan du long combat ouvrier révolutionnaire, des partis marxistes et des pays se réclamant du socialisme, les pays du “ socialisme réellement existant ”, est pour le moins contradictoire. Mais évacuer l’histoire et ces combats ce serait commettre une grossière erreur politique. Pire, disqualifier cette histoire en lui donnant seulement un jugement négatif voir en la criminalisant serait s’interdire de penser l’avenir. Durant un siècle, au moins, la forme organisée et agissante du marxisme, le mouvement communiste, a mené des luttes titanesques pour l’émancipation des travailleurs, pour la libération nationale de pays et de continents, pour le paix. Il a obtenu des résultats incontestablement positifs quant aux conquêtes sociales et culturelles, tant dans les pays socialistes que dans les pays capitalistes, grâce à un rapport des forces où le mouvement communiste (URSS, Bloc socialiste, Chine populaire, partis communistes, parfois puissants, sur les 5 continents) contribuait à une résultante qui permit des victoires historiques pour les peuples (écrasement du fascisme, libération nationale, niveau de vie, conquêtes ouvrières, victoire au Vietnam...).

La réaction de la bourgeoisie partout, de l’Indonésie à la Grèce, du Guatemala au Vietnam, en Corée ou en Malaisie, partout, même dans les pays de centre, fut d’une violence inouïe. Le nazisme allemand fut une des expressions les plus achevées de cet anticommunisme du capitalisme mais les gorilles d’Amérique Latine, les Somoza ou Pinochet, les Colonels d’Athènes ou les fantoches des Etats-Unis partout, avec Moboutou au Congo, les Saoud an Arabie ou les impérialistes Japonais en Chine, Français en Algérie ou à Madagascar, Belge encore au Congo, déchaînèrent une marée de sang et de mort, de terreur et de misère.

De cette guerre de cent ans l’impérialisme est sorti vainqueur. Le communisme fut défait. Les causes sont multiples, externes par la guerre permanente menée par les impérialistes contre le communisme mais aussi pour des causes internes dues au fonctionnement des partis communistes et des pays socialistes. Des incapacités à résoudre un certain nombre de contradictions du socialisme soviétique et du mode d’organisation des PC. Mais ces partis et ces pays ne tombaient pas du ciel. Lénine ne put faire Octobre que parce que les impérialistes avaient déclenché une guerre mondiale et que les paysans russes étaient confrontés aux nobles propriétaires terriens. Mao n’a pu gagner contre le Kuomintang que parce que celui-ci privait aussi les paysans de la terre et que les communistes avaient combattu réellement les impérialistes japonais. Ho-Chi-Minh a gagné parce qu’il libérait son pays de l’occupant et le réunifiait. Et si Batista avait été un démocrate se souciant des intérêts de son peuple, de sa santé, de son alphabétisation, de sa dignité, Castro aurait été un brillant avocat sans aucun doute dont on ne connaîtrait pas le nom.

Cela doit être dit car l’essentialisation a-historique du marxisme soit comme matrice du "totalitarisme", soit d’une pensée déformée et trahie par le mouvement ouvrier révolutionnaire réel est intellectuellement et factuellement, bref historiquement d’une ineptie absolue. On oublie trop souvent la loi d’action-réaction (la troisième loi de Newton) aussi connue sous le nom de principe des actions réciproques. Elle s’énonce ainsi : "Tout corps A exerçant une force sur un corps B subit une force d’égale intensité, de même direction mais de sens opposé, exercée par le corps B."

Cela ne signifie pas d’adopter une vision a-critique à l’égard de cette histoire. Des débats incessants traversèrent en interne le mouvement marxiste. Tout au long de son histoire. Mais cela doit être perçu de façon dialectique. Un seul exemple (on pourrait le multiplier par mille) : la simplification, osons le mot, la dogmatisation du marxisme eut des effets contradictoires. D’un coté elle permit une diffusion de masse de quelques principes de base, une mobilisation autour d’une vision commune et universelle, elle contribuait à unir et à permettre l’action des militants qui subissaient une répression extrêmement violente. En même temps nous savons bien que des effets négatifs à ce type de fonctionnement ont affaibli le mouvement une fois que les situations qui avaient produit telle ou telle orientation n’étaient plus à l’ordre du jour. Lorsque le dogmatisme et l’absence de démocratie interne s’imposaient comme le mode de fonctionnement "normal".

De plus en ce qui concerne les PC des pays développés ceux-ci étaient confrontés à une situation inédite : dans le contexte qui était le leur (en Italie ou en France) entre les années 1950 à 1980, que voulait dire être un parti révolutionnaire ? En quoi était-il révolutionnaire s’il ne faisait pas le révolution ? Les évolutions des PC, on l’a d’ailleurs vu pour peu qu’on ne s’aveugle par doctrinarisme, variaient suivant les circonstances historiques et nationales dans lesquelles il se trouvait. Et la fin du mono-centrisme provoqua de salutaires aggiornamenti mais aussi sema des divisions. Par quel miracle le mouvement révolutionnaire aurait-il échappé à ses contradictions ?

Reste que, dans l’affrontement avec le capitalisme, c’est ce dernier qui vainquit. Et surtout que les marxistes ne parviennent pas à reconstruire ni une stratégie de notre temps, ni à dessiner une organisation pour coordonner le combat de classe. Les différents courants s’affrontent entre eux mais aucun ne parvient à construire une perspective car ils réduisent, comme souvent dans l’histoire du mouvement, le choix entre le réformisme et le dogmatisme. L’approche dialectique fait gravement défaut.

Lukacs prenant, dans son livre laissé inachevé de 1968, une bonne avance sur l’histoire à venir, démontrait que le stalinisme n’avait pas plus représenté l’alternative à la démocratie bourgeoise que la démocratie bourgeoise ne représente l’alternative au stalinisme. Samir Amin soulignait qu’en ayant épuisé leur potentiel de développement, les trois modèles : le Welfare State à l’Ouest, le soviétisée à l’Est, la construction nationale moderniste au Sud, se sont effondrés sans que des alternatives nouvelles permettant aux États, peuples et nations d’aller plus loin ne se soient encore cristallisées

Le dogmatisme, c’est-à-dire une attitude proprement religieuse vis à vis du marxisme ou de la pensée de Lénine est contraire à ce qu’ils furent ou ce qu’ils sont. Le vocabulaire, en ce domaine, est tout aussi significatif : discipline, fidélité, confession (autocritique), hérésie (révisionnisme), apostasie (trahison), excom-munication (exclusion), etc.

Le réformisme c’est se fondre dans le légalisme, dans le refus de la lutte, c’est rejeter l’idée de révolution, de rupture, de radicalité. C’est ne pas mettre au centre la question de la propriété collective des moyens de production.

Le marxisme c’est fournir la réponse à des alternatives créées par des situations concrètes, à évaluer les rapports de forces, à saisir l’occasion propice pour rendre conscient le mouvement inconscient de l’histoire. "

L’analyse concrète de la situation concrète" implique la compréhension profonde du rôle subalterne de toute construction théorique. L’alternative est un calcul des probabilités dont l’issue reste inconnue. En juin 1915, Lénine acquiert la certitude que la situation est révolutionnaire “ dans la plupart des pays avancés et des grandes puissances d’Europe ”. Aboutira-t-elle à une révolution ? La réponse de Lénine est catégorique : “ Nous l’ignorons et nul ne peut le savoir. ”

Marx comme Lénine puis Gramsci en Europe occidentale récusent les vieilles formules périmées et ceux qui refusaient de modifier leurs conceptions stratégiques au regard des nouvelles réalités, que ce soit les réformistes de la IIe Internationale ou les dogmatiques. Mais l’histoire et certaines contraintes objectives et subjectives sur le mouvement marxiste fit que paradoxalement au nom d’un léninisme intangible et incontestable, fossilisé, une pratique politique très pragmatique fut menée. Le dogme mêlé au pragmatisme est sans doute ce qui caractérise ce qu’on appelle, trop rapidement, le stalinisme.

Le monolithisme revendiqué fut en fait une succession de tournants : classe contre classe, front populaire, guerre inter-impérialiste, guerre nationale anti-fasciste...mais toujours avec des références par rapport à “ la ligne ” toujours juste et intangible des infaillibles directions communistes. Pragmatique mais sous le masque de références de principes intangibles..explosif à terme.

Contradictions qui d’ailleurs finirent par miner les organisations révolutionnaires quand ces contradictions devinrent insupportables au regard du monde qui changeait.

Quel est le lien entre l’alternative progressiste et ces considérations ?

Il est dans le rejet du réformisme et du dogmatisme tout aussi impuissants à faire "réémerger" un courant et une organisation marxiste. Il est dans le refus, au nom de la forteresse assiégée, de l’écrasement de la vie démocratique au sein d’une éventuelle organisation marxiste. Dans l’adaptation à tous les niveaux au monde nouveau qui est le nôtre – y compris et surtout en ce qui concerne l’analyse et la situation des classes subalternes comme disait Gramsci – et cesser de faire tourner les moulins à prières qui ne sont que des épées de bois.

Ce qui est prometteur, entre autres, chez Gramsci c’est qu’on y trouve une constante : le rejet du marxisme comme philosophie de la nécessité historique. Pour cette attitude, Gramsci a été accusé par les réformistes et par les dogmatiques de s’inspirer de thèses volontaristes ou idéalistes. Au contraire, si l’attention de Gramsci est dirigé contre le formalisme matérialiste, il est toujours vigilant contre le danger du volontarisme idéaliste. Du dépassement des deux conceptions opposées naît la philosophie de la praxis, philosophie non pas du fait historique, mais du fait humain dans l’histoire, non de la volonté ou des idées abstraites, mais de l’action de l’homme et des groupes en la dialectique des relations sociales.

Il reste à élaborer une stratégie qui mette en synergie la question de classe et la question nationale, qui tire les conséquences politiques et idéologiques des mutations du capitalisme et donc de la classe ouvrière et des masses populaires, qui retrouve une boussole anti-impérialiste cohérente sans fermer les yeux devant les nouveaux impérialismes, qui fasse le bilan critique et dialectique de l’histoire du mouvement ouvrier, qui construise des organisations démocratiques et qui permette de mener la guerre de positions à laquelle Gramsci nous a invités, traçant une perspective qu’il reste à traduire concrètement.

Vaste programme.

Antoine Manessis.

24 Juillet 2020

 http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2020/07/tragique-impuissance-a-reemerger.html

COMMENTAIRES  

31/07/2020 09:53 par CN46400

Une objection pour résumer toutes les autres : "la mutation capitaliste de la Chine"
- C’est quoi l’évolution du niveau de vie du peuple chinois depuis Deng ?
- C’est quoi l’évolution industrielle de la Chine ? la planification ?
- C’est quoi la diplomatie chinoise ? Comment pèse-t-elle sur le monde ?
- Pourquoi s’intéresser à Deng Xiaoping après sa mise à l’index par Mao ?
- En fait il ne suffit pas de connaître Marx si on ne connaît rien de l’accumulation primitive du capital !
- Il ne suffit pas de parler de Lénine si on a cessé de s’intéresser à la NEP quand Staline a décrété que c’était provisoire !
Oui, effectivement, il y a pas mal de ménage à faire chez les communistes et d’abord redéfinir le prolétariat du 21°siècle.....

01/08/2020 00:05 par Placide

"Philosophie de l’action de l’homme" nous recommande Manessis ici.
Soit. On aimerait donc que l’auteur s’engage dans l’action à la suite des conseils qu’il s’autorise à donner. Il a su le faire courageusement par le passé avant d’y renoncer totalement.

Qu’il est agréable le confort des analyses en rocking chair quand à l’extérieur la lutte des classes fait rage, mais pour le coup le marxisme - et encore plus la classe des travailleurs - a moins besoin de discussions de salon autour de débats ésotériques sur Gramsci et cie sans débouchés concrets. Mais de plus d’actions, de plus d’organisations. S’il y a bien quelque chose que j’aime retenir de Gramsci c’est qu’il n’a jamais abandonné la lutte ni ses camarades, même au fond les plus terribles des geôles du Capital.
Pour que le marxisme réémerge, encore faut il se donner la peine de construire une organisation des travailleurs. Et de ne pas céder à la mode de l’individualisme fainéant.

02/08/2020 17:30 par Jean-Yves Leblanc

Placide dit : "Qu’il est agréable le confort des analyses en rocking chair quand à l’extérieur la lutte des classes fait rage."

Je suis tout à fait d’accord avec sa remarque et c’est pour cette raison et contrairement à lui que je trouve le texte de A Manessis bigrement intéressant.
Mannesis invite simplement à laisser tomber les dogmatismes, à cesser de faire référence à nos pères fondateurs comme les religieux citent l’Evangile et à imiter leur principale vertu : l’adaptation constante aux réalités changeantes et contradictoires de leur temps pour faire avancer la cause du peuple.

Je retiens deux citations de son texte :
"Le marxisme c’est fournir la réponse à des alternatives créées par des situations concrètes, à évaluer les rapports de forces, à saisir l’occasion propice ... "
et
"...l’adaptation à tous les niveaux au monde nouveau qui est le nôtre – y compris et surtout en ce qui concerne l’analyse et la situation des classes subalternes..."

Les occasions propices de se sont multipliées ces temps derniers : Gilets jaunes et Covid. Sérieusement, les avons nous saisies ?
Avons-nous rebondi sur le prix des carburants, point de départ fédérateur des GJ ? Avons-nous saisi le drapeau tricolore, symbole universel des ronds points jaunes ? Et en ce moment, saisissons-nous les mensonges du gouvernement, ses inimaginables atteintes aux libertés, le crime de masse qu’a été sa gestion de l’épidémie, la cure d’autérité et de chômage qu’il est en train de mettre en place, la casse totale des droits des travailleurs ?
Nos syndicats se sont-ils adaptés à un monde du travail précarisé, ubérisé et majoritairement non syndiqué ?
Mes camarades cheminots de l’UL CGT de ma ville, admirables et combattifs, se rendent-ils compte qu’ils ne sont plus représentatifs de la masse des travailleurs lorrains ?
Nos partis politiques, de plus en plus minoritaires, ont-ils tiré les conséquences du fait que leurs rangs ne comptent plus guère que des classes intermédiaires et que les classes populaires se détournent d’eux ? Ont-ils seulement cherché à comprendre, depuis leurs bureaux parisiens, combien ce peuple est loin d’eux et pourquoi le citoyen des HLM ne regarde pas les loubards qui règnent sur son quartier avec le même optimisme que mes amis du PRCF ?

J’analyse, c’est vrai, depuis mon rocking chair. Tout comme A Manessis et tous les autres rescapés de la famille communiste puisque nous n’avons plus d’impact politique. "Faire tourner les moulins à prière", citer Marx et Lénine à tout va, invoquer la révolution, "exiger" les nationalisations, "combattre le fascisme" ou convoquer l’union populaire autour d’un de nos groupuscules est fort bien mais ça ne fait que repeindre le rocking chair en automitrailleuse tout en apportant le confort du radicalisme sans risque. Le capitalisme n’a "même pas peur"... et ça ne remplace surtout pas le travail en profondeur que nous propose Manessis :
"Il reste à élaborer une stratégie qui mette en synergie la question de classe et la question nationale, qui tire les conséquences politiques et idéologiques des mutations du capitalisme et donc de la classe ouvrière et des masses populaires"

03/08/2020 10:10 par Assimbonanga

Ce texte intellectuel m’a pétrifiée de respect mais , pour moi, il contient un peu trop de mots en isme au mètre carré. Ca me bloque le cerveau.
La classe ouvrière est-elle un sujet de nos jours ? Être ouvrier avec un CDI et un code du travail n’est-il pas devenu un privilège ? En outre, les combattants, ceux qui font des actions, se font matraquer, gazer, mettre en prison sont aussi dans une autre sphère : ceux qui luttent pour respirer de l’air propre, boire de l’eau, protéger des zones humides, faire reculer l’industrialisation du vivant végétal ou animal, les mines qui détruisent et polluent, tuent des gens du pays (Amazonie) par assassinat ou par empoisonnement de l’eau...

(Petite contribution pour faire avancer le schmilblick. )

03/08/2020 11:12 par CN46400

@ Assimbonanga
Fait un petit effort pour interroger ainsi tous les produits dont tu te sert : "une main ouvrière a-t-elle touché ce produit avant moi ?" ; et tu comprendra alors que le muscle est encore beaucoup utilisé dans la production, transport compris. C’est d’ailleurs pour cela que les TMS (troubles musculo-squelettiques) ont remplacé la silicose dans certaines salles d’attente de toubids.
Si les ouvriers paraissent moins nombreux aujourd’hui c’est surtout dû au fait qu’il sont moins concentrés qu’avant. Fini les 30 000 de Billancourt ou les 40 000 de Montbéliard, les plus gros paquets ne dépassent pas, ou peu les 1 000, mais il y a plus, beaucoup plus, de paquets qui ne produisent souvent qu’un élément d’un tout qui est assemblé ailleurs, souvent très loin.
Comme de tous temps, les ouvriers ne revendiquent pas par plaisir, il leur faut, comme à tous les salariés, le temps de comprendre que la rallonge est plutôt au bout de la revendication collective que des cadeaux personnalisés, et diviseurs, du patron.
Mais, comme tous les prolos, ils ne travaillent que pour pouvoir vivre dignement dans la société humaine encore dominée par la classe bourgeoise qui impose toujours les cadences, les méthodes et ses tarifs.
Comme le poids de la pièce, ou la vitesse de la machine, la pollution fait souvent partie du "deal" passé avec le patron....

03/08/2020 22:18 par André

Le marxisme militant connaît une "tragique impuissance à ré émerger"
L’alternative traditionnellement revendiquée par le mouvement ouvrier et ses organisations sur des bases marxistes n’est plus opératoire. N’est plus audible !

Faux !
En Belgique, le PTB ou PVDA émerge.
Il s’est remis en cause, avec succès.
Sa ré émergence a été trés forte en Wallonie, en Flandres ça vient.
https://www.ptb.be/il_etait_une_fois_le_ptb

Le PTB est francophone, il est donc assez simple de discuter avec ses militants, et de comprendre sa renaissance.
Ah oui, c’est vrai, comme dans les entreprises, le PII est un obstacle.
PII : Pas Inventé Ici.

Ne faudrait il pas sortir de l’entre-soi ?

04/08/2020 10:19 par Assimbonanga

@CN46400. j’essaie de me placer d’un point de vue extérieur à la classe ouvrière, sur l’ensemble de la population et d’imaginer comment pensent les autres, tous ceux qui n’appartiennent pas à la classe ouvrière.
C’est pas pour le plaisir d’attaquer la classe ouvrière, tu l’auras compris. Il s’agit de se représenter la proportion numérique de la classe ouvrière dans la population.

05/08/2020 04:59 par Felipe Vasconcelos Carneiro

L’auteur de l’article, avec l’intention supposée de critiquer le dogmatisme, finit par reproduire le discours capitaliste sur les expériences socialistes du XXe siècle. C’est pourquoi ce n’est pas une simple coïncidence si la décadence du mouvement communiste a commencé avec la dénonciation des « crimes de Staline » par Khrouchtchev au 20e Congrès du PCUS (1956). Et comme le fruit ne tombe pas loin de l’arbre, les réformes économiques vers le capitalisme ont commencé à cette époque, bien avant l’avènement de la Perestroïka, avec Gorbatchev. Pour corroborer son point de vue, l’auteur n’hésite pas à utiliser les travaux de Lukacs, véritable révisionniste des idées de Marx et complice de la révolte anticommuniste en Hongrie.

Felipe Vasconcelos Carneiro
Petrópolis, RJ
Brasil

05/08/2020 10:14 par CN46400

@ Felip Vasconcelos
Le problème n’est pas dans la dénonciation des "crimes de Staline", il est dans l’absence d’explication du "pourquoi" de ses crimes. A l’époque de Kroutchev, personne ne mettait en doute le caractère "provisoire" que Staline avait décrété sur la NEP. Or, c’est à partir de cette décision que la vision du "le socialisme dans un seul pays" a pu s’imposer pour réaliser l’urgente industrialisation à partir des seuls moyens de l’URSS.
A partir de 1927, Staline, et la majorité des communistes soviétiques (jeunes en particulier comme Kroutchev lui-même..) ont négligé l’avertissement de Lénine : "Nous avons assez de pouvoirs mais pas assez de savoirs que nous n’obtiendrons pas par surprise, mais par la négociation avec les capitalistes (...) ils nous vendront même la corde pour les pendre....". Ils n’ont pas voulu admettre que pour atteindre un haut niveau de développement, il fallait réaliser ce que tous les capitalistes occidentaux avait réalisé durant les siècles précédent, toujours dans la douleur, à savoir, l’accumulation primitive du capital. Et la douleur fût au rendez-vous, exode rural forcé, travail forcé, discipline de fer, pour, au total, n’atteindre l’objectif qu’au plan militaire. L’URSS mourra en 1989 de n’avoir jamais atteint l’auto suffisance en produits manufacturés civils.
Mais aujourd’hui, l’exemple de la Chine, avec le retour à la NEP, imposé par Deng Xiaoping en 1980, doit interroger partout, notamment au Brésil où l’accumulation primitive est encore loin d’être terminée.
@ Assimbonanga
Aujourd’hui comme hier la classe ouvrière est l’élément décisif du prolétariat, mais ce n’est pas tout le prolétariat qui regroupe tous ceux qui doivent travailler, de toutes les façons, physiques où intellectuelles, pour vivre. La clef c’est toujours le "prolétaires unissez-vous" de Marx.

06/08/2020 09:47 par Assimbonanga

Merci pour ta réponse CN46400. Il s’avère que la classe ouvrière à elle seule et malgré toute sa légitimité ne parvient pas à atteindre la masse critique qui fait la bascule, la révolution.
A côté de ça, le capitalisme étend ses méfaits à la nature elle-même, rendant notre terre moins fertile et moins sure. Voici un article à aller lire qui met bien en évidence le rapport direct capitalisme/nature : communiqué de Robin des bois. (Dérouler le curseur vers le bas.)
Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres mais c’est une urgence. Une de plus. Elle contient l’un de nos dilemmes de civilisation : construire des éoliennes crée de l’emploi. A joindre au dossier !

02/02/2021 00:19 par rey

La référence à Lucien Sève me semble particulièrement déplacée sur un thème pareil. Voilà quelqu’ un qui, dès les années 1980, a "engagé la bataille", comme il le dit avec une touchante modestie (c’est Stalingrad, c’ est Dien Bien Phu !) pour la rénovation du Parti, dans le sens que l’ on devine . Ne citons que quelques-unes de ses trouvailles : son soulagement intense de voir abandonnée, dès 1976, la notion de dictature du prolétariat (les citations qui suivront sont faites de mémoire : je n’ ai aucune intention de me replonger dans cette oeuvre décevante pour aller vérifier). Sur la dic.. du prol.., L.S. dit quelque part : " j’ attendais ce moment son abandon depuis des années, des décennies ?. Sur les gros problèmes du PCF aux débuts du XXI ème siècle, il nous montre ses talents d’observateur politique en incriminant la persistance du stalinisme, redoutablement incarné par Robert Hue. Avant cela, nous avions eu droit à des pleurnicheries sur "l’ énorme retard pris dans le soutien à la construction européenne", ainsi qu’ à une déclaration tonitruante " nous jurons de ne plus jamais pactiser avec l’ abomination du stalinisme !" (l’ une et l’ autre citation extraites de " Communisme, quel second souffle ?"). Citons enfin sa qualification (2001 ? 2002 ?) de la reprivatisation d’ Air France comme d’ une "solution de gauche" (ou, si ma mémoire est bonne, d’ une solution jaillie de la confrontation démocratique entre plusieurs propositions "de gauche"). J’ espère que les connaisseurs m’ aideront à compléter ce bêtisier et souhaite aux gens du PRCF de se dégager de leur admiration béate pour cet auteur.

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