RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La leçon d’un petit pays des Andes

En juin dernier, un tout petit pays d’Amérique du sud, l’Equateur, a proposé aux grands États-Unis une aide financière pour qu’ils améliorent la situation des droits de l’Homme chez eux.

L’information n’a pas beaucoup été relayée, pourtant il y a de quoi faire, quand ces mêmes États-Unis ne se privent pas de déployer une énergie inégalée pour faire la même chose à travers le monde, par l’activisme tentaculaire d’organisations "non-gouvernementales", telles la National Endowment for Democracy (NED), le National Democratic Institute (NDI) ou Freedom House, dont on sait les effets dévastateurs sur un certains nombre de pays, surtout parmi les arabes et assimilés.

L’aide équatorienne s’élève à 23 millions de dollars destinés à financer une formation dans le domaine. Fernando Alvarado, le ministre de la communication de l’Equateur, a aussi rappelé que son pays avait ratifié "tous les documents relatifs aux mécanismes interaméricains en matière de droits de l’Homme" et a demandé à Washington à "en ratifier au moins un seul". Nous apprenons du même coup que le gouvernement étatsunien a quelques problèmes avec cette notion qui lui sert apparemment de prétexte pour agresser et détruire des pays. Et ce n’est pas le quidam qui peut être renseigné sur la chose ou qui aurait à l’idée que les États-Unis ne soient pas le modèle immaculé en la matière. Pourtant, à fouiner dans leur Constitution, l’on se rend immédiatement compte de la conformité criarde entre le texte et l’arrogance de la politique étrangère. On découvre que ce qui dérange ce sont les "droits économiques et sociaux", décrétés comme pouvant mettre en danger le système en vigueur, qui doit reposer sur la libre détermination de l’individu sur le marché libre de toute intervention de la puissance publique. Apporter, dans ce contexte, une quelconque protection aux plus faibles équivaudrait à porter atteinte à la cohésion, bâtie autour de l’idéologie individualiste. Ainsi, nous pouvons avoir un meilleure éclairage sur l’acharnement à "exporter" cette "démocratie" expurgée des droits qui dérangent, le "Way of life" que les Gi’s disent défendre là où ils ont été projetés. Donc pas de contradiction en fait, puisque ce qui fait obstacle à l’expansion des "marchés" c’est cette propension à croire qu’il faut acheter la paix sociale par une redistribution d’une partie des richesses produites, ou à considérer que l’économie doit rejaillir sur le bien être de tous.

Deux attitudes incompatibles avec le libéralisme dans sa version étasunienne, que certains pays d’Europe sont en train de mettre en œuvre, en allant à l’encontre d’une longue histoire de conquêtes sociales. Quittes qu’ils sont à balayer les derniers principes démocratiques, par une allégeance déclarée à l’oligarchie financière, qui dicte les lois et les politiques gouvernementales par-dessus les élus et les institutions censées être l’expression des peuples. Avec si le processus se maintient, sans rencontrer de résistance, la mise en place d’une gouvernance musclée, qui veillera à faire définitivement admettre les "droits de l’Homme" allégés de leurs substrats économiques.

Ahmed Halfaoui

»» http://www.lesdebats.com
URL de cet article 22695
   
Même Thème
Tais toi et respire ! Torture, prison et bras d’honneur
Hernando CALVO OSPINA
Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Quelques Colombiennes et Colombiens se regroupent à Quito pour faire connaître la (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Les bombes nucléaires pourront tuer ceux qui ont faim, les malades, les ignorants. Mais elles ne pourront pas tuer la faim, les maladies et l’ignorance. Elle ne pourront pas non plus tuer la juste rebellion des peuples".

Fidel CASTRO

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.