14 

La gauche face à la droite rusée : pour une critique lucide et offensive

Billet d’auteur Ils ont écrit : « Nous choisissons de ne pas publier votre texte. » Une phrase simple, mais saturée de sens. Elle dit tout : la peur du mélange, la fatigue des dogmes, le confort des certitudes. Je ne suis pas dogmatique. Je n’appartiens à aucune chapelle, ni à celle des croyants, ni à celle des sceptiques. J’écris pour comprendre, non pour rallier. La pensée n’a pas besoin d’un camp pour exister ; elle a besoin d’air. On peut refuser un texte, mais on ne peut pas refuser le droit de penser.

La critique n’est pas seulement un jugement ou une condamnation.
Elle est un art du discernement, une manière d’ouvrir les yeux sur ce qui se cache derrière les évidences.
En littérature, elle éclaire ; en art, elle interroge ; en philosophie, elle met à l’épreuve la pensée elle-même.
Mais dans le champ politique, la critique peut devenir un piège : dénoncer sans stratégie, c’est parfois renforcer l’adversaire.

Quand critiquer nourrit le libéralisme

Le libéralisme, on le sait, a l’art de muter.
Chaque fois qu’on le dénonce, il absorbe la critique, la recycle et s’en sert pour se renouveler.
À force de l’attaquer naïvement, on finit par lui offrir des armes.
Une partie de la gauche se laisse prendre à ce jeu : elle s’épuise dans des dénonciations qui nourrissent la machine au lieu de la briser.

Une droite rusée, une gauche naïve

Aujourd’hui, survivre dépend d’une gauche intelligente face à une droite rusée.
La droite maîtrise l’art de détourner, de manipuler les peurs, de retourner les mots contre ceux qui les prononcent.
La gauche, elle, s’égare souvent dans des futilités, des querelles internes ou des débats secondaires imposés par l’adversaire.
Elle se disperse au lieu de concentrer ses forces sur l’essentiel.

La bataille du langage

Le terrain principal de la ruse, c’est le langage.
Tant que la droite tient la main sur le politiquement correct, elle plombe nos analyses et rend nos discours pédagogiques suspects aux yeux de l’auditoire.
L’exemple de l’antisionisme assimilé à l’antisémitisme en est la preuve : une critique politique légitime est transformée en accusation morale, neutralisant toute discussion.
Dans ce cadre piégé, la gauche passe son temps à se justifier, à défendre sa légitimité, et perd la bataille avant même de l’avoir commencée.

Retrouver la force de la vérité

Contrairement à ce qu’on avance, la gauche n’a pas d’abord besoin de se rassembler artificiellement ni de se diversifier encore davantage.
Elle doit surtout retrouver le courage de défendre la vérité qui est la sienne : être toujours du côté du juste, même quand le juste est mal vu, impopulaire ou dérangeant.

La gauche ne triomphera pas en cherchant à plaire, mais en assumant une parole de vérité.
Sa mission n’est pas de suivre le consensus, mais de dire ce que d’autres taisent, défendre ce que d’autres enterrent, tenir bon sur ce qui dérange.
Là réside son intelligence, sa stratégie et sa dignité.

Post-scriptum

Ce texte n’a pas la prétention d’apporter une vérité absolue.
Il cherche simplement à rappeler que la gauche ne survit que lorsqu’elle ose défendre le juste, sans céder aux pièges du langage.

COMMENTAIRES  

25/10/2025 11:31 par robess73

c est mou et trop vague .reprenez votre article en nommant clairement les partis ,les mouvements , les syndicats etc ....vous dénoncez chez lune certaine gauche la peur de déplaire .....alors que vous meme souffez de la meme peur !!!

25/10/2025 12:29 par Vincent

Du coup : Raphaël Glucksmann élu eurodéputé (à 8400 balles) au nom de la "gauche" :
Ruse, ou égarement ?

25/10/2025 14:28 par Bellagha Ilyes ( l'auteur )

Ilyes Bellagha – auteur de l’article
Désigner, c’est déjà instruire un procès. Mon texte n’en est pas un, c’est un arrêt sur image.
Je n’y cherche pas des coupables, mais des causes.
Nommer les partis ou les personnes, c’est réduire la pensée à la cible ; or l’enjeu est de comprendre le mouvement, pas de le figer.
Ce n’est pas la peur de déplaire qui me retient, mais le refus de confondre critique et règlement de comptes. C’est ainsi qu’on avance.

25/10/2025 18:18 par Zéro...

Le problème de l’auteur est de "confondre" cette Gauche qui tente de sauver le Système, en le reformant sans toucher à ses fondamentaux, avec une Gauche qui veut le changer...

On comprend bien qu’il veut être trans-partisan et réunir mais est-il possible de concilier ces deux visions de la Gauche ?

L’Union se refera CONTRE l’extrême droite (même avec la Droite !) mais POUR quoi ?
Pour revenir à un Macron-bis ?
Pour obtenir des concessions minimes afin de ne surtout pas bousculer l’Ordre Etabli ?
Pour quelle Société, la même ?
Pour revenir, encore et toujours, aux mêmes difficultés, injustices et problèmes ?

Désolé, Ilyes, il a bien des faucialistes et escrologistes, prétendument de Gauche, qui parlementent avec Renaissance, le Modem et autres partis de Droite (hors LR, plus proche du RN...), pour sauver Lecornu, en échange de prétendues avancées qui seront remises en cause dans 18 mois !!

Cautère sur une jambe de bois !
Mais duperie très révélatrice des intentions profondes...

25/10/2025 18:49 par Assimbonanga

Le libéralisme, on le sait, a l’art de muter. Chaque fois qu’on le dénonce, il absorbe la critique, la recycle et s’en sert pour se renouveler.
C’est ce que fait ici le ministre Crâne d’Œuf (Roland Lescure) : les ministres se moquent d’un élu. Il ne répond pas aux dénonciation d’Aurélien Lecoq. Il diffuse seulement un message de dénigrement de LFI, ressassé à l’envi quotidiennement sur tous les médias. C’est tout ce que savent faire les ministres de Macron. Heureusement qu’Aurélien Lecoq est déterminé et qu’il tient bon.

26/10/2025 09:09 par Ilyes bellagha

Vous restez coincés dans vos réflexes franco-français, persuadés que le monde tourne autour de vos dogmes. Le discernement, ce n’est pas juger depuis son petit confort idéologique : c’est sortir du cadre pour comprendre ce qui bouge ailleurs.
Personne n’a le droit de diagnostiquer le problème de l’autre avant d’avoir eu le courage de se remettre lui-même en cause.
La critique sans introspection, ce n’est pas de la lucidité — c’est du narcissisme militant.

26/10/2025 10:44 par Assimbonanga

La gauche, elle, s’égare souvent dans des futilités, des querelles internes ou des débats secondaires imposés par l’adversaire. Elle se disperse au lieu de concentrer ses forces sur l’essentiel.
Pardon mais cette affirmation est en contradiction avec cette autre : "Désigner, c’est déjà instruire un procès", et cette autre : "Le discernement, ce n’est pas juger".
"Vous restez coincés dans vos réflexes franco-français", merci au nom des franco-Français, lol. C’est pas du jugement et de la désignation ?
On voit la paille dans l’œil du Français mais on ne voit pas la poutre dans le sien, camarade !
"La critique sans introspection, ce n’est pas de la lucidité", je suis d’accord ! Et je t’invite à te l’appliquer à toi-même, camarade car personne n’a le droit de diagnostiquer le problème de l’autre avant d’avoir eu le courage de se remettre lui-même en cause.

27/10/2025 07:41 par Zéro...

Si vos propos dépassent le cadre "franco-français ", il aurait fallu le préciser ou le faire comprendre d’une façon ou d’une autre !!

Vous avez ici des gens parfaitement capables de se préoccuper du sort de ceux que le Système néglige et maltraite - Palestiniens, Cubains, Vénézuéliens, Russes, Chinois, victimes de ségrégation, colonisation et d’exploitation partout sur Terre , etc... - pour peu qu’ils soient le sujet clair et précis d’un article !

Si vous ne vous voulez pas vous en infliger la lecture, relisez ne seraient-ce que les titres des articles publiés par LGS pour vous en persuader...

Enfin, si on veut se vautrer dans un "confort idéologique " (!) et du ’’narcissisme militant " (!!), on ne choisit pas de lire et intervenir sur LGS ni de se battre (avec parfois un esprit très critique...) aux côtés de LFI qui se fait écharper de toutes parts ; on est un passe-partout Faucialiste !

Vous savez un de ces extrêmes centristes...

J’ose croire et espérer, pour votre défense, que vous faites une (jolie !) prose intellectuelle avec de (belles !) formules percutantes (et accrocheuses...) par esthétisme ou contamination politique, et ne développez pas de l’agressivité gratuite sitôt qu’on ne vous approuve pas...

27/10/2025 14:09 par GARDES

Bonjour à Ilyes Bellagha et merci à lui, avec son texte, d’ouvrir une "fenêtre" : celle que je ressens, plus ou moins confusément, à savoir celle de la responsabilité que nous portons dans nos discours, lorsque nous nous adressons aux uns et aux autres. Comment tenir un discours, que dire, quel discours tenir pour que celui-ci motive à l’action, et ne plombe pas ceux à qui nous nous dressons.
Ne somme-nous pas souvent contre-productifs en peignant tout en noir ? Dans un monde, réel, qui est pourtant bien noir... Quel discours motivant à l’engagement tenir, dans ce monde noir, où l’espoir, la croyance en la portée victorieuse des luttes, semble avoir disparu, en même temps que le niveau politique s’est profondément abaissé... quels mots choisir au milieu de tous ces maux ?...
Ne négligeons pas l’importance de cette tâche et sa difficulté. Quand on sait, par exemple, que Nicolas Sarkozy est membre du conseil d’administration du groupe Lagardère, quand on voit l’avancée de Bolloré, et ses débuts de réussite, pour retourner l’opinion publique sur des questions comme la "normalité" d’une justice pour les politiques et d’une autre pour l’ensemble des citoyens, ou bien encore l’existence de deux systèmes fiscaux : un pour les riches et l’autre pour les autres contribuables... (Cf. le récent éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité sur la sécession démocratique).

28/10/2025 06:03 par cachou belle

C’est vrai, et c’est peu que de le dire, que ce texte est abscons.

L’auteur semble dire que son texte a été refusé quelque part avant d’atterrir ici. Il met ce refus sur le compte d’un manque de courage. Pourquoi pas sur son propre manque de clarté ?

« La critique n’est pas seulement un jugement ou une condamnation » ? Dans ses réponses à celles qui lui sont faites, en toute légitimité, il ne semble prendre ses propres mots en considération.

« Mais dans le champ politique, la critique peut devenir un piège »... Ah mince.

« Le libéralisme, on le sait, a l’art de muter. Chaque fois qu’on le dénonce, il absorbe la critique, la recycle et s’en sert pour se renouveler. » Des exemples, ce serait pas mal.

« Une partie de la gauche se laisse prendre à ce jeu » Quelle gauche ? Vous-même ne semblez pas assez à l’aise pour la nommer.

« Une droite rusée, une gauche naïve » Je veux bien qu’on parle d’une gauche naïve, encore faudrait-il la nommer clairement et illustrer cette naïveté, mais parler d’une droite rusée ? je la trouve d’une bêtise sans fond, moi.

« La droite maîtrise l’art de détourner, de manipuler les peurs, de retourner les mots contre ceux qui les prononcent. » Non, la droite bénéficie du soutien sans précédent dans l’histoire politique de ce pays de tous les canaux médiatiques dominants, ce qui facilite grandement la transmission de ses idées, fut-ce les plus dangereuses pour les classes populaires.

« Tant que la droite tient la main sur le politiquement correct » Ah bon ? J’ai toujours cru que le politiquement correct était de gauche, moi ?

« L’exemple de l’antisionisme assimilé à l’antisémitisme en est la preuve » La confusion entre antisionisme et antisémitisme n’a rien à voir avec le politiquement correct, c’est une manipulation mensongère, une post-vérité, comme il y en a tant aujourd’hui, du type « les fascistes sont les antifascistes ».

« Elle doit surtout retrouver le courage de défendre la vérité qui est la sienne : être toujours du côté du juste, même quand le juste est mal vu, impopulaire ou dérangeant. » C’est vrai qu’en France, une telle gauche n’existe pas...

« La gauche ne triomphera pas en cherchant à plaire, mais en assumant une parole de vérité. » Là, je suis d’accord avec vous, mais sans savoir s’il s’agit d’une recommandation ou d’une constatation.

28/10/2025 18:33 par Ilyes bellagha

Ilyes Bellagha – auteur de l’article
Merci à ceux qui lisent entre les lignes, et même à ceux qui ne voient que les lignes.
Je ne cherche pas à plaire ni à rallier : j’écris pour penser, pas pour appartenir.
Nommer des coupables rassure, penser dérange — c’est tout le problème de notre époque.
Je préfère un texte qui irrite qu’un silence qui rassure.
Et si certains y voient du flou, qu’ils s’interrogent peut-être sur la netteté de leur propre regard.

29/10/2025 14:13 par CAZA

Humm Rusée la droite ?
Il me parait , en toute modestie , qu’il manque dans le texte la dénonciation de qui fait triompher les arguments archaïques et primaires de la droite à savoir la propagande du capitalisme qui a submergé toutes les infaux .
Le but ultime de cette propagande des milliardaires étant l’ enrichissement personnel des plus égoïstes et des plus cruels au détriment de toute la philosophie sociale visant à créer une société égalitaire et non violente .
Les dérèglementations et privatisations qui détricotent en France tous les progrès sociaux , sous couvert de rester compétitifs à l’ international vis à vis des moins disant sociaux , sont justifiés sur cette propagande par de faux experts économistes de plateaux et gobés par ce peuple qu’ on entourloupe .
La Gauche rusée ou pas , complice ou pas n’ a donc aucune chance de convaincre ceux qui regardent encore " l’ ancêtre d’ internet " ou lisent la presse subventionnée .

CQFD que faire le bonheur du bobocave électeur resté avachi devant sa télé reste une entreprise plus que jamais auparavant vouée à l’ échec .
https://www.humanite.fr/politique/vincent-bollore/boycotter-tele-bollore-le-dilemme-de-la-gauche-772857

29/10/2025 18:56 par Assimbonanga

La droite, elle est rusée, peut-être. Elle est maligne, elle est rouée, elle est calculatrice, elle est toujours près de ses intérêts et désormais elle n’a plus de honte à mentir. Elle a le droit de mentir, de nier l’évidence, de déformer la logique des faits. Elle est tout simplement malhonnête. Donc, avec tous ces atouts de winner, elle ne peut que coiffer la gauche au poteau.

30/10/2025 12:57 par GC45

@ CAZA
" Les dérèglementations et privatisations qui détricotent en France tous les progrès sociaux , sous couvert de rester compétitifs à l’ international vis à vis des moins disant sociaux , sont justifiés sur cette propagande par de faux experts économistes de plateaux et gobés par ce peuple qu’ on entourloupe . "

Il n’y a jamais été question de déréglementation, ni de libéralisation, mais au contraire de sur-réglementation (Bruxelles pisse des règlements au kilomètre) et de destruction d’un modèle de société qu’on pourrait qualifier au choix de réalisme chrétien à la Bismarck (assurances sociales) ou de social-démocrate (" le beurre et l’électricité ") pour passer à la dictature du droit des boutiquiers anglais promu par l’OMC et de soi-disant socialistes.
Dans la philosophie de l’OMC, et donc du traité de Lisbonne, tout service public est illégal, TOUT doit être privatisé à terme.
D’ailleurs, ceux qui ont cherché à sauver les meubles ont fait moult pseudo-privatisations, en utilisant par exemple la Caisse des dépôts et consignations et des participations croisées.
On a transformé des établissements communaux ou nationaux, et des fondations multi-séculaires, en sociétés anonymes tout en restant propriétaire majoritaire voire intégral.
Les dégâts des privatisations authentiques sont gigantesques.

Le symbole de tout cela est l’arrivée à l’université de bacheliers qui ne savent pas lire, et encore moins compter. Le résultat de cette destruction sociétale se mesure en nombre de SDF.

(Commentaires désactivés)