Quand nos politologues se surestiment et sous-estiment un peuple

De Sandino à Chavez, « l’aube n’est plus une tentation »

Comme le dit le sociologue Reinaldo Iturizza, parler de "transition" ou de "post-chavisme" reviendrait à insulter l’intelligence des vénézuéliens, et à nier l’Histoire elle-même, ce mouvement profond qui ne fait que commencer dans une Amérique Latine qui a changé de nature.

Comprendre le Venezuela de 2013, c’est d’abord comprendre une vérité qui crève les yeux. Le peuple vénézuélien d’aujourd’hui n’est plus le peuple des années 90. C’est la victoire de Chavez : « à ceux qui me souhaitent la mort, je leur souhaite une très longue vie pour qu’ils continuent à voir la Révolution Bolivarienne avancer de bataille en bataille, de victoire en victoire. »

Dans les années 80 j’ai vécu au Nicaragua, en pleine révolution sandiniste. Deux faits m’ont marqué.

Augusto C. Sandino et son Armée de Défense de la Souveraineté Nationale (EDSN).

Alors que sur place, les nicaraguayens jouissaient pour la première fois d’élections libres, d’un État de Droit et de la liberté d’expression, après l’interminable nuit de tortures, de massacres et de disparitions de la dictature somoziste, les médias occidentaux s’empressèrent de transformer cette révolution en « totalitarisme en marche ». A l’époque Julio Cortázar, le grand cronope argentin, envoyait ses protestations au journal français « Le Monde » pour tenter de briser le mensonge. Des cinéastes canadiens réalisèrent un excellent documentaire pour démonter cette fabrication d’un Nicaragua virtuel : « The world is watching ». Détail comique, moliéresque : lorsque les sandinistes perdirent les élections en 1990 et remirent le pouvoir à l’opposition, les grands médias découvrirent soudain que ceux-ci étaient en fin de compte… des démocrates.

Ce sont les mêmes ficelles qu’on a resorties du placard pour transformer la démocratie participative vénézuélienne en son contraire dès que Chavez a été élu en 1998 et qu’il a commencé à extraire sa nation du carcan néo-libéral pour construire le socialisme bolivarien.

Le deuxième fait est plus important. Beaucoup à gauche pensèrent que les élections perdues en 1990 au Nicaragua signifiaient la fin de l’aventure révolutionnaire, le dernier rêve brisé, ouvrant la voie à l’exercice de la nostalgie, qu’il ne restait qu’à rentrer mourir non sans donner de loin d’ultimes leçons à ces « gauches délavées qui ne sont plus ce qu’elles étaient ». Sous-estimer les peuples, leur Histoire, leur capacité d’élire qui ils veulent et de corriger ce qu’ils veulent quand ils veulent, invitent à ce genre de déraison.

En 2013, la révolution latino-américaine n’a jamais été aussi puissante : parce que collective et consciente. L’isolement brutal des nicaraguayens face aux « contras » équipés par Ronald Reagan dans les années 80 fait place aujourd’hui à une unité qui s’accélère dans tous les ordres - politique, social, économique, diplomatique, etc… un fait probablement sans précédent dans l’Histoire mondiale, et qui se déploie sous les noms SUCRE, CELAC, ALBA, UNASUR, Banco del SUR, etc.. termes à peu près inconnus des populations occidentales.

Augusto C. Sandino, le rebelle nicaraguayen des années 30, adoubé Général des Hommes Libres par ses paysans-soldats métis et indigènes, avait dans ses rares écrits annoncé la couleur de cette Histoire. Il évoquait la nécessité d’une banque latino-américaine pour le développement, d’une citoyenneté et d’un passeport latino-américains, d’une force de défense commune constituée par les nations pour garantir leur souveraineté. Sandino baptisa son programme « La réalisation du rêve suprême de Bolà­var ».

Caracas, 6 mars 2013

On peut bien sûr se couvrir les yeux, refuser de voir, refuser d’étudier, de comprendre, d’enquêter, de transmettre, bref participer en tant que journaliste à la construction de l’ignorance et de la division, pour maintenir le plus longtemps possible la domination. Mais à quoi bon ? L’Histoire des pionniers et la mutation des peuples en sujets collectifs pour assouvir leur besoin profond de respect, de souveraineté, de dignité, d’égalité, de bonheur expliquent pourquoi « tout ne fait que commencer ».

Thierry Deronne, Caracas, 7 mars 2013.

(Publié par Venezuela infos).

http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/07/de-sandino-a-chavez-laube-nest-plus-une-tentation/

Version espagnole : http://www.kaosenlared.net/component/k2/item/49626-de-sandino-a-ch%C3%A1vez-%E2%80%9Cel-amanecer-dej%C3%B3-de-ser-una-tentaci%C3%B3n%E2%80%9D.html

COMMENTAIRES  

08/03/2013 10:43 par Dominique

Comme avec le Nicaragua, nos médias se livrent à la désinformation, cette fois-ci dans le but de préparer la revanche. Le pire de leur désinformation n’est même pas ce qu’ils disent, car ceci n’est jamais que la même boucle qui tourne en rond, mais bel et bien tout ce qu’il ne disent pas.

Et pourtant, les faits sont connus et les images existent du Venezuela d’aujourd’hui. Nous pouvons en avoir la confirmation sur Telesur et Cubavision Internacional. Ces deux chaînes nous montrent deux points de vue de la même réalité : celle d’un pays, le Venezuela, dans lequel, grâce au mouvement populaire dont Hugo Chavez fut l’instigateur, et le chef jusqu’à sa mort, la majorité de la population a pris, pour la première fois depuis la colonisation, le pouvoir. Nous pouvons voir aussi que les changements sont déjà profonds et nombreux. Pour n’en citer que quelques-uns :

- Assemblées du pouvoir populaire au niveau communal. Ces assemblées sont dotées d’un budget et du pouvoir décisionnel qui va avec.

- Construction de logements salubres à un rythme effréné, sans doute le rythme le plus élevé jamais réalisé dans l’histoire humaine.

- L’armée n’est plus au service des profiteurs mais à celui du peuple. Elle met ses moyens à disposition de la société civile chaque fois que c’est nécessaire.

- Éradication de la faim et de l’illettrisme.

- Formations pour toutes et pour tous, quelque soit leur âge.

- Diversification de l’économie. Cette diversification est axée sur l’auto-suffisance et le respect de l’environnement.

Et surtout, Cubavision et Telesur nous montrent que les gens de la rue, nos voisins, le peuple vénézuélien tout comme le peuple cubain, sont deux peuples à la conscience politique éveillée. C’est bien là leur plus grande force.

Les maîtres des médias occidentologues ne sont même pas capable, malgré un blocus totalitaire, affameur et génocidaire, de faire plier la détermination de la Corée du Nord et de son peuple. Nos occidentologues sont condamnés non seulement à ne pas fêter leur revanche mais, en lieu est place, ils n’auront d’autre choix que de continuer à assister en direct au naufrage de leur mode de vie basé sur l’exploitation universelle.

Tout le mal que nous pouvons nous souhaiter est que les peuples d’Occident et d’ailleurs se réveillent à leur tour.

Hasta Siempre Chavez
Venceremos

08/03/2013 11:29 par erwin

En regardant l’histoire du peuple latino-américain, je ne peux qu’adhérer aux propos de l’auteur. En revanche quand j’observe nos peuples, vous savez, ceux de chez nous, là , ces éternels adolescents, qui se vautrent consciemment dans les plaisirs de l’inconscience, dans la bêtise crasse et l’inculture. Quand je "nous" observe, donc, j’ai un peu plus de mal à être optimiste, je peine à voir une quelconque marche de l’histoire des peuples vers une émancipation des corps et des esprits.
Ce fossé pourra-t-il un jour être comblé ?
L’Amérique latine est la lumière.

08/03/2013 14:17 par Lionel

La France est connue pour avoir inventé les associations "loi de 1901", qui, sous leur aspect parfaitement démocratique, ont en elles le germe d’une idéologie par son unique représentant, le Président, image sociale du Pouvoir.
Il existe un statut auquel ont adhéré pas mal d’ONG ou autres assos de quartier, la collégialité !
Simple, plus de bureau et de Président, seulement des porte-parole et une responsabilité répartie entre tous les membres à égalité, responsabilités civile et pénale incluses.
Gros avantage, on se sent plus fort et chacun est libre de son investissement personnel mais le Pouvoir déteste plus que tout ne pas avoir affaire avec des meneurs, sa conception étriquée de la société ne peut lui laisser entrevoir qu’une hiérarchie, donc des chefs et des soumis.
De là vient l’impossibilité des médias occidentaux de concevoir le Vénézuela au delà de Chà vez, l’aveuglement idéologique les contraint à penser le monde de façon monolithique et immuable, ils en appellent aux vieux mythes des "on ne peut pas..." et se campent dans le confort de leurs certitudes.
L’idéologie qui les formate fait partie intégrante de leur construction sociale et de leur point de vue culturel pour observer un certain monde, on nomme ça parfois grille d’analyse mais beaucoup de mots ne suffiraient pas à réduire une telle force d’inertie.
Ils sont toujours aveugles en regardant Cuba, ils ne verront pas plus le Vénézuela qui, je le souhaite, succédera à Chà vez, une greffe serait peine perdue, seule une thérapie de plein gré aurait une petite chance d’aboutir !
... toute petite, la chance, hein...

08/03/2013 15:45 par latitude zero

« à ceux qui me souhaitent la mort, je leur souhaite une très longue vie pour qu’ils continuent à voir la Révolution Bolivarienne avancer de bataille en bataille, de victoire en victoire. »

Phrase extraordinaire que Chavez continue , j’en suis sûr, de nous dire au delà de la mort.

« à ceux qui me souhaitaient la mort, je leur souhaite une très longue vie pour qu’ils continuent à voir la Révolution Bolivarienne avancer de bataille en bataille, de victoire en victoire. »

08/03/2013 18:04 par Dominique

Le problème de la majorité des gens ici n’est pas que leur manque de conscience politique. De nombreuses personnes ont compris le fond du problème même si elles n’en ont qu’une conscience limitée. Le problème est qu’elles sont fatalistes, elles partent du principe que de toute façon "Ils font ce qu’ils veulent".

Pour moi, c’est un problème religieux. Je ne connaissais pas les écrits de Wilhelm Reich avant maintenant, et ce que j’en ai lu me conforte dans cette certitude. Une preuve supplémentaire est pour moi le fait qu’en Amérique latine, ils ont eu des théologiens de la libération alors qu’ici, tous les curés que j’ai rencontré qui avaient des sympathies pour cette forme de religion proche du peuple ont défroqué. Ils font aujourd’hui tout autre chose que de s’occuper de religion.

C’est un problème religieux car le fatalisme de ceux qui ont compris mais ne font rien est similaire à celui de nos religions, qui toutes, nous privent de notre transcendance au nom de leurs dogmes de base pour la donner aux dieux (version occidentale) ou la jeter aux oubliettes (version confucianiste). L’introduction de tous les livres religieux ne commence pas pour rien par nous demander de renoncer à tout esprit critique. En occident, les religions organisées nous promettent une vie meilleure dans une hypothétique vie après la mort ou après l’apocalypse. Dans le reste du monde, c’est pour une hypothétique autre vie. Bref, c’est jamais ici et maintenant.

Avec les théologies de la libération, il est possible de concilier la transcendance humaine avec l’ici et maintenant, et il est donc possible pour les croyants de récupérer leur transcendance. La notion de transcendance humaine est la partie des oeuvres de Marx qui m’intéresse le plus car c’est en cela qu’il est révolutionnaire. En effet, sans une philosophie révolutionnaire, il est difficile de créer des systèmes économiques révolutionnaires. Donc, la critique du capitalisme comme la théorie de socialisme scientifique sont rendus possible par la philosophie de Marx.

Marx remplace une philosophie de l’être (je pense donc je suis) par une philosophie de l’acte (je travaille donc je forge mon avenir). Pour Marx, le travail n’a aucun sens s’il n’est pas précédé ici et maintenant d’une réflexion pour en définir le but en toute connaissance de cause. Avec cette philosophie, Marx redonne non seulement un sens au travail de l’homme, mais il lui permet aussi de s’accaparer la transcendance car il n’y a pas de meilleure définition de la transcendance que forger son avenir par son travail conscient.

Et alors que jamais personne n’a serré la pince à dieu, nous somme tous capable de travailler pour forger, ici et maintenant, un monde meilleur.

Je dois aussi constater que bien des militants n’ont pas compris cela. Un exemple simple, le slogan "Un monde meilleur". Un monde meilleur dans une hypothétique autre vie ou tout autant hypothétique vie après la mort ne m’intéresse pas. Pour faire suite à Mai 68 et son slogan utopique "Sois raisonnable, exige l’impossible", il s’agit de demander avec autant de fermeté quelque chose qui est possible si nous nous y mettons tous : "Un monde meilleur, ici et maintenant !".

Malheureusement, ce n’est pas aussi simple et l’occident n’a pas encore compris que notre rapport avec la nature conditionne tous les rapports humains, qu’ils soient économiques, politiques ou sociaux. Chavez dans son programme électoral parlait d’éco-socialisme, terme que nos médias capitalistes se sont bien gardés de reprendre. Terme que même beaucoup de marxistes ignorent avec la même vigueur, Pour les capitalistes, le rapport de l’homme avec la nature est un rapport d’exploitation. Pour la majorité des marxistes occidentaux, le rapport de l’homme avec la nature est une lutte. Comme ce rapport conditionne tous les autres, nous nous retrouvons avec un modèle basé sur l’exploitation de tous par tous et un autre modèle basé sur la lutte de tous avec tous.

Dans les deux cas, nous avons besoin d’une théologie de la libération afin que l’homme puisse retrouver son véritable rapport avec la nature et retrouver ainsi sa véritable place dans la nature. L’être humain ne fait pas seulement partie de la nature, il en est également dépendant car c’est sa seule source de vie. Et aucune technologie, ancienne ou moderne, ne pourra changer cet état de fait, et encore moins des technologies dont le but est d’enrichir leurs promoteurs. Cette théologie de la libération est hyper simple : il s’agit de poser le respect inconditionnel comme base du rapport de l’homme avec la nature. Nous pourrons alors luter pour réaliser une société dont tous les rapports, qu’ils soient économiques, politiques et sociaux soient basés sur le respect, préalable indispensable pour pouvoir avoir la solidarité.

Et il s’agit bien d’une théologie car là aussi c’est un problème religieux. Ce sont les mêmes dogmes de base des religions organisées qui, en créant des qualités superstitieuses aux choses (bien, mal, yin, yang, ...), rendent possible de créer la hiérarchie qui contient et justifie toutes les autres, la hiérarchie entre leurs dieux, les hommes et le reste de la création. Cette hiérarchie est l’origine directe du racisme primordial de l’homme, cette prétention qui lui fait se considérer comme un être supérieur à la nature.

D’abord, les choses sont. Point ! Un caillou est un caillou. Et comme l’être humain est un être transcendantal, il a le choix de faire ce qu’il veut avec les choses, le bien, le mal, et même le gris et toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il peut construire un bout de maison avec le caillou ou le jeter sur la tête de son voisin. Aujourd’hui, les maîtres du monde passent leur temps à jeter des cailloux. Il faut que cela cesse ici et maintenant.

Sur ce point du rapport de l’homme avec la nature, l’Amérique latine a la chance que tous ses peuples premiers n’ont pas été exterminés. De plus, de nombreux autres systèmes de valeurs ont été importés lors des colonisations et ses migrations plus ou moins forcées de populations de toute la planète.

Le système de valeur des peuples animistes est à l’opposé du nôtre. Pour nous, toutes les choses et tous les êtres suivent et réagissent aux mêmes lois physiques, et c’est l’intériorité d’un être qui le différencie des autres êtres et des choses. Pour ces peuples, l’intériorité (âme) de presque tout est toujours la même. Ce qui différencie les choses et les êtres est leurs corps physiques différents. C’est le corps physique et ses possibilités qui fait que le monde d’un caillou n’est pas le même que celui d’un hibou, d’un chat, d’une araignée ou d’un être humain. Il faut aussi comprendre que certains de ces peuples, par exemple les Jivaros Achuar, ne construisent pas de villages mais des maisons séparées par 30 ou 40 kilomètres de forêt équatoriale. Leurs voisins sont donc des non humains.

Leur cosmologie est complétement différente de la nôtre. Chez les Laikas, il ne peut pas y avoir de dieu supérieur car toutes les intériorités sont identiques. Ils croient en l’âme, c’est la partie supérieure de l’esprit qui habite le monde supérieur. Suite à des traumatismes, des morceaux d’âmes peuvent aller se réfugier dans le monde inférieur. Un concept comme l’enfer est donc totalement incompréhensible pour ces peuples, car pour eux, c’est le refuge des morceaux d’âme (esprit) perdus, l’endroit où ces morceaux d’âme peuvent être en paix. Ils considèrent que le temps n’est linéaire que dans le monde physique, ce qui est une notion de physique quantique, et les chamanes ont développés des techniques de guérison par la méditation.

Ils soignent l’esprit pour soigner le corps. Pour ce faire, ils utilisent deux chakras supplémentaires qui correspondent au monde inférieur et au monde supérieur de l’esprit. En faisant voyager le malade dans ces mondes, il (le malade) peut revivre ce qui a causé la perte de ses morceaux d’âme et les récupérer, pour ensuite accéder ainsi au monde supérieur de l’esprit et guérir. Des scientifiques occidentaux commencent à s’intéresser à ces pratiques. Voir par exemple le livre "L’âme retrouvée" de Roberto Villoldo.

Dire qu’il faut protéger la nature car elle pourrait contenir des molécules utiles à l’industrie est dangereux car cela implique que s’il faut la protéger, c’est que l’humain a été séparé de la nature.

Il faudrait dire qu’il faut conserver la nature et sa biodiversité pour elle, cela doit être un but en soi parce que c’est mieux de vivre dans un monde varié que dans un monde uniformisé.

L’étude du mode de vie des Jivaros Achuar est très intéressante sur le plan sexuel. Les Jivaros régulent leur vie sexuelle par la satisfaction de leurs pulsions. Nous la régulons par la morale. Il y a deux conséquences. D’abord si le matriarcat est la règle chez les Jivaros, il n’y a pas plus d’homosexuels ou de sexualité récréative que chez nous. Ensuite, il n’y a pas de frustrés chez les Jivaros contrairement à chez nous. (Voir les travaux de Wilhelm Reich sur la psychologie des masses et ceux de William Prescott sur l’origine de la violence).

Ce problème sexuel de notre société qui est une véritable fabrique de frustrés violents, et ce n’est pas le porno qui va changer la donne, nous ramène encore aux religions organisées, cette fois aux tabous qu’elles véhiculent dans la société.

Outre l’animisme et notre vision naturaliste, il y a encore deux autres familles de représentation de la réalité sur cette planète, le totémisme (Australie) et l’analogisme (Chine, l’Europe jusqu’à la Renaissance ou les anciennes civilisations du Mexique et des Andes) (voir les travaux de Philippe Descola). Ceci pour dire que si l’humanité survit au XXI siècle, ce qui n’est pas gagné, il est impossible, vu la grande diversité de façons de voir les choses, de prédire ce que sera son futur. En même temps, cette diversité est un signe encourageant pour l’avenir. L’histoire n’est pas figée, et ce n’est pas parce que les capitalistes donnent dans l’hypnose collective en clamant la fin des idéologies qu’ils ont raison. En fait, s’ils disaient vrai sur ce point, le capitalisme serait mort avec les autres idéologies.

http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2787.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Descola
Philippe Descola : luttons contre le prêt à penser

08/03/2013 22:15 par erwin

@ Lionel :
Je m’excuse, je suis malade et bien dans les choux, je n’ai lu votre commentaire (fleuve !) qu’en diagonale.
Je pense quand même que l’inconscience est une des causes du fatalisme : réellement informés des horreurs de leurs dirigeants, de l’ampleur de leurs mensonges, et surtout des alternatives existant ailleurs, les peuples occidentaux seraient certainement moins résignés.

09/03/2013 13:35 par Lionel

Rendons à Dominique ce qui n’est pas à Lionel !
Ah la grippe, c’est pire que la propagande, ça vous donne de ces visions...

09/03/2013 15:11 par Dominique

Nous avons tous nos contradictions. Mais je ne crois pas beaucoup à l’inconscience, c’est plutôt un mélange d’inconscience et d’idéologie bourgeoise. Wilhelm Reich montre plusieurs choses dans La psychologie de masse du fascisme, entre autre qu’avec le progrès induit par la révolution industrielle, les travailleurs se sont embourgeoisés. Il montre aussi qu’en s’embourgeoisant, ils ont adopté la morale bourgeoise, à commencer par la religion. Reich continue en tirant de nombreux parallèles entre les idéologies religieuses et fascistes, pour arriver à la conclusion qu’Hitler n’est pas tombé du ciel mais que les travailleurs ont cru massivement en ses fausses promesses d’avenir radieux pour la race élue, promesses comparables à celles des religions et de leur peuple choisi, de leur seule vraie foi ou de leurs seuls vrais croyants.

Pour sortir des bouquins, je peux constater autour de moi à mon travail que de nombreuses personnes que je connais achètent la propagande bourgeoise et en redemandent, et que plus je monte dans la hiérarchie, plus elles l’achètent, à commencer par le fait qu’elles considèrent le capitalisme comme le seul système de société possible. Ces personnes sont confortées dans leurs certitudes par le fait que ce système leur donne du travail, qu’elles ont famille, voiture(s), vacances, loisirs, etc.

J’ai aussi pu constaté que ces personnes ne lisent pas grand chose, pour ne pas dire rien, mis à part le programme TV et éventuellement quelque média mainstream, et qu’elles ne sortent jamais en dehors de leur cercle de relations. Le problème principal est donc bien que leur inconscience est due au fait qu’elles ont adopté l’idéologie bourgeoise et qu’elles y croient. J’ai aussi pu constaté que ces personnes sont pétries de certitudes ethnocentriques pour ne pas dire racistes. Le fond de commerce des profiteurs a toujours été de diviser pour régner, et ce ne sont pas ces gens qui vont dire le contraire, même s’ils s’en défendent souvent.

C’est le même problème au Venezuela quand une partie de la gauche marxiste s’allie de fait à la droite pour lutter contre Chavez et son mouvement politique populaire. Ce n’est pas pour rien que le Che les envoyait travailler dans les champs à Cuba, il voulait leur apprendre ce que travailler veut dire.

Un des caractéristiques principales de ces gens est qu’ils ne sont pas rationnels. Ils ne sont donc pas sensibles à une argumentation scientifique. Par exemple, ils croiront à la gravité de la pollution mondiale le jour où ils en crèveront.

De plus, il y a 3 catégories de gens. Ceci est décrit dans Mein Kampf et dans àŽle d’Haldrous Huxley. Pour reprendre celles du philosophe, il y a ceux qui n’ont pas compris. Ce sont les ignorants. On ne peut pas leur en vouloir car ce n’est pas leur faute. C’est la majorité des gens. Les masses à manipuler pour les salauds, les masses à éduquer pour les marxistes. Le problème est qu’ils ne sont pas rationnels et donc difficiles à éduquer. Pour y arriver, le meilleur moyen est de leur montrer où ils ont tort. Et même là , il est difficile de ne pas les braquer, cela passe souvent par l’exemple. Ce n’est pas pour rien que le premier mensonge des médias capitalistes est l’omission de tout ce qui ne rentre pas dans une logique de domination mercantile ou guerrière.

Après, il y a ceux qui ont compris. Et là , il ne faut pas être naïf, les salauds sont ceux qui ont compris et qui font systématiquement le mauvais choix. Ce n’est pas pour rien que nous les appelons des salauds. Heureusement, il y a aussi des gens bien, des gens comme Chavez, mais aussi beaucoup d’autres, qui ont compris et qui font le bon choix. Il ne faut pas non plus se leurrer. Pour les salauds, les gens biens sont des salauds. Il ne faut donc s’attendre à aucun cadeau de la part des salauds, lesquels vont même jusqu’à tuer ou faire tuer de sang froid les gens biens quand ils en ont l’occasion.

Heureusement, la société civile est plus inventive que les salauds. Par contre, elle doit trouver le moyen ici aussi de prendre l’avantage. Pour cela, elle ne peut compter que sur elle.

09/03/2013 19:28 par erwin

@ Dominique :
donc on est bien d’accord, quelle qu’en soit la cause l’inconscience joue un rôle énorme.

@ Lionel :
grrrrrrrrrrrrr, c’est une angine !
et je suis persuadé d’avoir vu ton nom.
allez, je retourne à mes tisanes...

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