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Washington-Téhéran : de l’eau dans le gaz

L’encre de l’accord intérimaire sur le nucléaire contresigné à Genève le 24 novembre par les grandes puissances et Téhéran n’a pas fini de sécher qu’une initiative américaine est venue faire douter des avancées que ce texte semblait avoir apportées pour la résolution de la crise internationale provoquée par le programme atomique iranien. Elle a consisté en la décision annoncée par Washington d’étoffer sa liste noire des entreprises et individus soupçonnés de commercer illégalement avec l’Iran et d’enfreindre ainsi le programme de sanctions occidentales contre ce pays. Décision que les autorités iraniennes ont aussitôt dénoncée en la qualifiant de « contraire à l’esprit de l’accord de Genève » et menacé qu’elles « auront une réaction appropriée ». Réaction qui risque d’être autrement néfaste pour l’application de l’accord que celle à chaud qui a consisté pour Téhéran à stopper la poursuite des négociations que menait à Genève depuis lundi dernier son équipe d’experts avec les représentants des cinq plus un.

Depuis la signature de l’accord de Genève, ni l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) chargée d’assurer le contrôle du respect par Téhéran de ses stipulations concernant l’Iran, ni les services secrets occidentaux dont on se doute qu’ils surveillent au plus près l’activité nucléaire de ce pays n’ont émis d’alerte que Téhéran ne s’en tiendrait à ses engagements. Se pose alors la question du pourquoi de l’initiative américaine que les Iraniens sont fondés à considérer comme manifestation de rupture du contrat de morale et de confiance sans lequel l’application de l’accord et surtout la poursuite des négociations pour une solution définitive à la crise provoquée par le programme nucléaire seront impossibles. Elle se pose d’autant et intrigue que prenant prétexte de négocier sur le programme nucléaire, Washington et Téhéran ont opéré un rapprochement dont les contours apparaissent comme étant ceux d’une entente en gestation entre les Etats-Unis et l’Iran appelée à changer fondamentalement la nature des rapports de force qui s’imposaient jusque-là au Moyen-Orient.

Le premier décryptage est celui que par leur décision Obama et son administration ont voulu couper l’herbe sous les pieds du Congrès américain qu’ils savent opposé à ce rapprochement irano-américain et s’apprêtait à prendre d’autres sanctions contre Téhéran pour marquer son désaccord avec l’accord de Genève. Une seconde lecture consiste à voir dans la décision de Washington un geste tendant à montrer à Israël et aux monarchies arabes, eux aussi opposés autant qu’effrayés par les « retrouvailles » irano-américaines amorcées, que les Etats-Unis ne baissent pas la garde devant Téhéran et disposent d’une panoplie de pressions à son encontre. Enfin, troisième regard, celui d’une pression américaine sur Téhéran pour tenter de contraindre ses autorités à plus de souplesse et de concessions que Washington n’en a déjà obtenues.

Il y a que jusqu’à preuve du contraire les Iraniens qui ont été par avance soupçonnés de l’intention de tenir leur engagement pris à Genève n’ont rien fait qui a apporté la preuve de la réalité du soupçon. Jamais l’AIEA n’a eu plus largement accès aux sites nucléaires iraniens que depuis la signature de l’accord de Genève. Le régime de Téhéran a redoublé les gestes de bonne volonté et de propositions pacifistes en direction de toutes les parties régionales que son programme nucléaire inquiète. Une partie de l’establishment américain chercherait-elle alors à casser la dynamique du rapprochement irano-américain en poussant Téhéran à commettre le geste de la cassure ?

Kharroubi Habib

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