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Vénézuéla : Une nouvelle révolution en Amérique latine


A l’ approche du référendum anti-Chavez du 15 août, voici deux textes. Le premier est d’Ernesto Cardenal. Poète, prêtre, Ernesto Cardenal a été ministre de la Culture du gouvernement sandiniste au Nicaragua.

Le second texte, est un entretien avec Hugo Chavez, Président du Vénézuéla.

Vous trouverez aussi à la suite, un appel à signer :
"le 15 Août, si nous étions vénézuéliens, nous voterions pour Hugo Chavez"


Une nouvelle révolution en Amérique latine


Traduction de l’espagnol Gérard Jugant


Ernesto Cardenal

Dans la ville de Valencia, au Venezuela, on m’a raconté qu’un jour Neruda était venu lire des poèmes et qu’il n’y avait que 30 personnes pour l’écouter. Mon séjour se terminait dans cette ville où se tenait un Festival mondial de Poésie (avec des poètes des cinq continents) et la salle était tellement remplie que la moitié du public resta dehors, si bien que la séance dut être renouvelée pour tous ceux qui n’avaient pu prendre place.

A Caracas, pour ce même Festival, la salle du Théâtre Teresa Carreño ne contenant que 2 500 places, il a été nécessaire d’installer un écran géant pour tous les gens qui se tenaient dans la rue. Plusieurs poètes me dirent que cet engouement pour la poésie n’était pas habituel au Venezuela, et qu’il s’agissait du produit de la révolution. J’étais surpris qu’au Venezuela tout le monde parlait de "processus" et d’autres, plus précis, de la "révolution" . En réalité, il s’agit d’une révolution en processus. Ce qui est méconnu à l’étranger, où l’on ne présente du Venezuela que le mécontentement de l’opposition.

Al’extérieur, on ne sait pas qu’au Venezuela la campagne d’alphabétisation bat son plein et que d’ici deux mois l’analphabétisme sera à zéro. L’enseignement se fait aussi en langues indigènes qui sont au nombre de 38, et on publie dans ces langues. La langue officielle n’est plus seulement l’espagnol, mais aussi les langues indigènes. Il y a trois indiens à l’Assemblée et jusqu’il y a peu une indienne était ministre (de l’environnement).

Le ministre de l’Education, de la Culture et des Sports est un noir, et le vice-ministre de la Culture, auquel ce Festival mondial de Poésie doit beaucoup, m’a dit qu’ils avaient publié, pour être distribués gratuitement dans tout le pays, 25 millions de livres traitant de divers sujets. Il m’a dit aussi qu’ils étaient en train de mettre en place une chaîne de librairies pour tout le pays ainsi qu’un réseau de distribution et une maison d’édition d’Etat pour publier des livres politiques dont la population est très avide, d’autant qu’on ne trouve pratiquement que des livres de droite (comme illustration de ce qu’est la droite : le grand quotidien El Nacional, le jour de l’ouverture de notre Festival de Poésie, n’en dit pas un mot).


L’éducation se massifie

L’éducation a incorporé les millions qui en étaient exclus. Les plans éducatifs commencent avec les enfants d’un an. Les écoles bolivariennes, où tout est gratuit, sont pour les enfants qui auparavant ne pouvaient pas payer les droits d’inscription. Ce sont des écoles d’éducation intégrale, avec déjeuner et goûters, et avec culture et sports en plus de l’éducation de base ; et elles ne sont plus comme avant des écoles séparées de la communauté, mais sont en même temps un centre où se réalisent des tâches communales.

L’Université bolivarienne, également gratuite, est pour tous ceux qui ne peuvent pas payer les études supérieures. Il y a aussi un important contingent d’étudiants à Cuba, très bien choisis, avec l’interdiction d’appartenir à un parti politique, et qui se forment pour réaliser plus tard des tâches gouvernementales. On sait aussi au Venezuela que le président Chavez a renoncé à son salaire, lequel est destiné à payer des bourses à des étudiants.

Dans la ville de Mérida, un jeune poète m’a dit que les concentrations politiques étaient aussi éducatives, et que lui-même, un intellectuel, a appris grâce à elles car il s’agit d’authentiques actes culturels, avec de la poésie, des chants et de la danse.


Internet est gratuit jusque dans les campagnes

La révolution est dans tous les domaines, et dans les quartiers, petits villages et hameaux se créent des centres communautaires avec accès internet gratuit pour la population, avec des bibliothèques et des lieux pour la danse et le théâtre. Des stades et des complexes sportifs se construisent ainsi que des milliers de maisons pour la population et de grands édifices d’appartements à loyer modéré.

On délivre des titres pour la terre, avec du matériel, des crédits et des aides techniques. La mission Barrio Adentro ("A l’Intérieur des Quartiers" ) procure des services médicaux à des populations qui en étaient dépourvus ainsi qu’aux tribus indigènes. La plus grande partie de ces médecins sont cubains, car peu de médecins vénézuéliens vont dans ces secteurs. En outre, chaque semaine un avion va à Cuba pour amener et ramener des malades.

Il y a 40 000 soldats qui sont en campagne au service de la santé du peuple. D’autres font des routes, construisent des logements, organisent des coopératives, ou aident les indiens à leurs cultures. Les pauvres vont avec leurs poules dans les hélicoptères et les avions de l’Armée, et la Marine s’occupe des besoins des coopératives de pêche. Le plus important est la confraternité entre civils et militaires, unis dans une seule révolution.

L’implication des militaires dans la révolution est très forte, et peu de jours avant mon arrivée, trois généraux avaient pris congé pour être candidat à un poste de gouverneur, parce qu’ils préfèrent le service des masses à la carrière des armes.


Ce n’est pas une révolution improvisée

Ce n’est pas une révolution que viendrait d’improviser le président Chavez. Il explique dans un entretien de 15 heures avec Marta Harnecker, et qui fait un livre, qu’il a vu, avec quelques amis, cette révolution mûrir dès son entrée dans l’Armée, alors que sa première vocation était de devenir joueur de base-ball. Il est originaire d’un petit village du Venezuela et il était un enfant pauvre qui vendait des bonbons dans les rues. Il raconte que dès son admission à l’Académie militaire, à l’âge de 17 ans, il s’est mis à lire tout ce qui lui tombait sous la main.

Durant ses études de Sciences politiques il s’est enthousiasmé pour Mao, un enthousiasme qu’il conserve aujourd’hui, et a gravé dans sa mémoire ce que disait Mao, que "le peuple est à l’armée ce que l’eau est au poisson" . Depuis, sa conviction est que l’armée et le peuple doivent être unis. Il a admiré l’expérience panaméenne de Torrijos et celle de la révolution péruvienne de Velazco Alvarado. Il dit ne pas être marxiste, mais pas non plus antimarxiste.

Il pense que la solution pour le Venezuela est autre. Sans aucun doute il est anticapitaliste et profondément anti-impérialiste. Il insiste sur le caractère démocratique et pacifique de la révolution. Mais elle n’est pas désarmée, parce qu’en plus de l’appui de la population, qui est de 80%, il a celui des Forces armées, si ce n’est total mais quasi-total, assure t-il.


Sa grande arme : la Constitution

En plus de ces deux armes, le peuple et l’Armée, il a une arme supplémentaire, un peu surprenante, qui est la Constitution bolivarienne. Ce n’est pas une Constitution comme celles de nos pays, dans la mesure où elle contient toutes les transformations pour une grande révolution, et comme elle a été approuvée par référendum par tout un peuple, elle ne peut être modifiée que par référendum.

Avec cette Constitution, dit-il, se fait la transformation juridico-politique ; l’économique se fera plus progressivement. Il s’agit d’un processus sui generis, dit Marta Harnecker, qui rompt avec les schémas préconçus des processus révolutionnaires.

La Constitution bolivarienne, unique pour ne pas avoir été approuvée par un Congrès mais par des millions de personnes, consigne les droits de travailleurs, des enfants, l’interdiction de privatiser le pétrole, l’obligation pour l’Etat d’en finir avec la grande propriété foncière, d’appuyer les pêcheurs artisanaux et d’élire les syndicats par la base, les droits des peuples indigènes, le droit à une information véridique.

La Constitution a été éditée en de nombreux formats, dont le plus petit, quasi miniature, a été distribué gratis à tous, et tout le monde la porte dans sa poche, et on peut dire qu’il n’y a pratiquement pas un Vénézuélien qui ne l’ai lue. C’est le programme de la révolution. Il y a des experts populaires de la Constitution, dans les rues et dans les parcs ; et même la droite se réfère tout le temps à la Constitution.

Quand il y eut le coup d’Etat contre Chavez, avec un gouvernement qui dura seulement 37 heures, la première chose qu’ils firent fut d’abolir la Constitution. Et quand le peuple sortit dans les rues dans tout le Venezuela, encercla les casernes et libéra Chavez de sa prison, il portait à la main ce petit livre.

On pourrait penser qu’avec Chavez le Venezuela est divisé en deux parties égales, mais ce n’est pas vrai. La division est de 80% d’un côté (les pauvres) et de 20% de l’autre (les privilégiés), même si dans un certain nombre de cas, comme dans le secteur des communications, ces 20% pèsent plus que les 80%.

Les deux grands partis traditionnels, celui de la démocratie chrétienne et celui de la social-démocratie, sont des cadavres. Les petits secondaires comptent encore moins et sont de plus fragmentés. Chavez a créé son propre parti, celui de la Cinquième République, qui d’après ce qu’on m’a dit est très hétérogène, composé d’ex-militants d’autres partis, y compris du parti communiste, et de beaucoup d’autres qui n’avaient jamais milité dans un parti.

Le terme "bolivarien" que Chavez utilise tant, n’est pas un vain mot, mais l’essence de sa révolution. Beaucoup se réfèrent aux "500 ans" : ce qu’il faut changer est ce qui a été depuis 500 ans. Ou encore, poursuivre ce qu’a commencé Bolivar.

Cela comprend l’unification de l’Amérique latine en une seule fédération. Il parle aussi que la bataille en cours définira les prochaines 200 années. Fidel lui a dit à Cuba que ce que lui appelait bolivarien eux ici l’appelait socialisme, mais qu’il ne voyait pas d’objection si cela s’appelait bolivarien, et n’aurait pas non plus d’objection si on l’appelait chrétien.

Chavez a contre lui tous les moyens de communication privés nationaux, et aussi internationaux. L’opposition a de plus recours au terrorisme. Ses manifestations politiques sont du vandalisme. A Valencia on m’a raconté qu’ils avaient dépouillé dans la rue des étudiants qui rentraient de Cuba de leurs valises, de leur argent et de tout ce qu’ils avaient. Et un psychiatre m’a confié qu’il doit soigner beaucoup de personnes agressées par les campagnes de terreur de la droite.

Les périodiques se vendent moins à cause de leurs attaques contre Chavez et du coup ont moins de publicité. Ils le reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes. On voit dans les rues, à la fin de la journée, plein de paquets d’El Nacional et d’El Universal qui ne sont pas ouverts et qui sont à retourner. La question que se pose le peuple est de savoir qui paie les pertes de ces journaux. Et qui paie les chaînes de télévision qui occupent leur temps précieux, ni à des informations ni à la publicité, mais à des attaques politiques.

Ces médias passent leur temps à caricaturer Chavez, avec un racisme qui est quelque chose de nouveau au Venezuela. Ils se moquent de son physique et de la couleur de sa peau. Comme certains de ses partisans l’appellent Mon Commandant, la droite l’a surnommé le Singe Mandant : parce qu’il est métis ou mulâtre ou peut-être bien les deux à la fois et à cause de la couleur de sa peau plutôt cuivrée. La campagne de la droite est ouvertement anti-peuple et on m’a cité le cas d’un animateur de télévision qui décrit les pauvres comme des noirs violents, édentés et sentant mauvais.

Les médias en outre appellent à l’insurrection. L’irrespect est sans limites, tel ce président d’un parti qui hurle à Chavez à la télévision : "Le con de ta mère" . "Dans quel pays a t-on fait un tel chef de l’Etat ?" "Je ne crois pas connaître un autre pays où il y a tant de libertinage dans les communications" , écrit Marta Harnecker. Malgré cela, aucun périodique ni aucune télévision ou radio n’a été fermé. Et il n’y a pas non plus de prisonniers politiques.

A Mérida nous logions dans un hôtel où loge également Chavez quand il séjourne dans cette ville et il paraît que beaucoup de gens, surtout des étudiants, veillent toute la nuit, espérant le voir un moment et converser avec lui, car quand il est là , il sort généralement de bon matin, les saluent et discute avec eux.

Chavez est traité de populiste, mais je ne crois pas que cela soit exact. Il est authentiquement révolutionnaire, bien qu’il soit également populacier. Son amour du peuple est évident ainsi que sa prédilection pour les pauvres. Ils le tutoient, surtout les plus humbles. Il parcourt sans cesse le pays, depuis des années, depuis qu’il s’est lancé dans la politique. Il est allé pêcher avec des indiens qui pêchent à la main et avec une grande pierre, et il leur a donné des instruments de pêche.

Il cite tout le temps Bolivar, qu’il connaît par coeur. Bien qu’il parle des heures durant, le peuple reste toujours attentif, et l’interrompt au moment qui convient, par des applaudissements, des cris, des exclamations ou des huées, selon ce qu’il dit. Il ressemble à Fidel, en considération que tous deux parlent longtemps (captivant leur auditoire) mais Fidel est assez sérieux alors que lui est assez blagueur. A la différence de Fidel, il parle beaucoup de Dieu et du Christ dans ses discours. Il cite beaucoup l’Evangile, et parfois ses citations sont erronées, mettant dans la bouche du Christ des propos qu’il n’a jamais tenu, bien que dans le même esprit que ce qu’il a dit.

Je ne dois pas nier que j’ai rencontré au Venezuela des intellectuels honnêtes, dont certains sont mes amis, qui s’opposent viscéralement à Chavez. Mais pour moi, sa révolution bolivarienne est comme celle que Bolivar voulait au Venezuela, d’où l’oligarchie l’expulsa. Pour moi, il se vit une authentique révolution, et ce n’est pas seulement un leader charismatique, mais ce sont des millions de Vénézuéliens qu’il y a derrière. C’est une révolution distincte de toutes les autres, comme sont distinctes toutes les révolutions.

Peut-être le plus populaire de Chavez est son programme de télévision "Allo Président" tous les dimanches, au cours duquel il reçoit des appels téléphoniques de tout le Venezuela et converse avec son peuple pendant 5, 6 ou 7 heures. Durant ces heures le pays est pratiquement paralysé.

Une écrivaine m’a raconté que son papa ne décollait pas de la télévision du début à la fin du programme. Une autre m’a raconté que son fils est avec un cahier et un crayon prenant des notes comme dans une classe et l’appelle sa "classe" . Chaque semaine ce programme se réalise dans une localité différente. Je me suis rendu sur l’invitation de Chavez à son "Allo Président" qui dura 6 heures dans une ville assez proche de Caracas. Il y avait de grands chapiteaux avec des milliers de personnes, principalement des gens simples du coin, surtout des jeunes garçons et filles, mêlés aux ministres et hauts fonctionnaires. Lui était en chemise, devant une table où il y avait une mappemonde et des crayons. Il notait ce qu’on lui disait au téléphone et donnait e longues réponses très détaillées en faisant de fréquentes plaisanteries et le public aussi intervenait et plaisantait avec lui.

Je me suis rendu compte que l’homme est cultivé, qu’il cite nombre d’auteurs et de livres, et que fréquemment il se réfère à la Constitution en levant le livre que lui aussi a en permanence sur lui. Je pense que c’est un cas unique au monde, que celui d’un chef d’Etat en discussion franche avec son peuple, les présents et les absents, dans un programme en direct et durant tant d’heures consécutives.

Une poétesse australienne assistait à mes côtés à ce programme, et pendant qu’il faisait une description du paysage qui nous entourait et des collines dans lesquelles une fois Bolivar avait dressé son camp, elle lui cria : "Tu es un poète" .

C’est un torrent verbal, plein de digressions et de digressions de digressions, mais il retrouve toujours le fil de ce qu’il avait commencé à dire. Et bien qu’il parle sans arrêt il sait aussi écouter, et se laisse interrompre. Au cours de ce "Allo Président" , une femme du peuple qui l’appelait depuis un endroit très reculé du pays lui coupa la parole : "Mais mon petit coeur, tu ne me laisses pas parler, attend que je t’explique..." .

Il répondait à ces appels le stylo à la main. Son maniement des chiffres est comme celui de Fidel. Il démontre une grande connaissance de l’histoire du Venezuela. De la géographie aussi au cours de ses comparutions publiques où il fait campagne pour développer la lecture et où il recommande des livres et récite... Cette fois, par égard pour moi, il lut un de mes poèmes.

Pour ce qui est de ses défauts, on peut relever qu’il est impulsif, qu’il agit parfois brusquement, peut-être de manière arbitraire ; il est trop exigeant avec ses collaborateurs, ce qui rend le travail avec lui difficile, ce qu’il reconnaît d’ailleurs. Mais il admet facilement ses erreurs et ses défauts. A cette occasion nous l’avons entendu reconnaître sa faute pour des décisions erronées.

La hiérarchie catholique est, comme partout, hostile à la révolution. Et comme au Nicaragua, elle est corrompue. Le président de la Conférence épiscopale est un des pires. Le cardinal, décédé depuis, alla voir Chavez là où les putschistes l’avait emprisonné, et fit pression sur lui pour qu’il démissionne.

A Caracas, il y a un très grand et très bel édifice blanc, qui était le siège social de Petroleos de Venezuela. La richesse pétrolière y était administrée de manière autonome sans que l’Etat puisse intervenir, et était volée. Seulement aujourd’hui, grâce à la nouvelle Constitution, le gouvernement peut obtenir le contrôle de l’entreprise.

Chavez a viré des milliers de corrompus, mis dehors tous ceux qui étaient dans cet édifice blanc, et converti l’immeuble en siège de l’Université bolivarienne, l’université des pauvres. Aujourd’hui des milliers d’étudiants pauvres y étudient dans des bureaux lumineux avec de doux tapis, des toilettes de luxe et des fauteuils de cuir (Chavez au préalable avait pensé leur laisser le palais de Miraflores, estimant que lui pouvait s’installer dans n’importe quel endroit).

Avant, la révolution vénézuélienne avait eu à affronter un arrêt pétrolier qui paralysa le pays pendant deux mois. Ils endommagèrent les puits, les raffineries et les canalisations, ils fermèrent les pompes, sabotèrent les navires, et dans beaucoup d’endroits du pays on cuisinait au bois. Pendant le même temps les supermarchés et d’autres grands magasins fermèrent, la production et la distribution alimentaires ne fonctionnaient plus.

Le gouvernement dut importer le pétrole aux prix internationaux et d’énormes quantités d’aliments : de la viande du Brésil, du lait de Colombie, du riz et du maïs de République dominicaine. Mais aussi le gouvernement installa dans tout le pays des supermarchés populaires, où le peuple pouvait acheter à prix plus bas, et qui continuent à fonctionner depuis. Les jours de Noël se passèrent avec toutes ces carences, mais le peuple ne se rendit pas. Une Espagnole qui a connu ces jours et qui est revenue, m’a raconté que le peuple a tenu avec toutes sortes d’inventions et avec bonne humeur. Les queues étaient énormes pour se procurer toutes choses, mais dans ces queues il n’y avait ni amertume ni agressivité à l’égard de Chavez.

Ce même dimanche au cours duquel j’assistai à "Allo Président" , nous fûmes, tous les poètes du festival, invités à dîner avec Chavez au palais de Miraflores. Chavez venait à peine de revenir du programme de 6 heures, qu’il tint avec nous un colloque de plus de deux heures avant le dîner. Il nous dit que le salon dans lequel nous étions était celui où s’étaient réunis tous les putschistes et où le président de la chambre des entrepreneurs s’était auto proclamé tout seul l’unique pouvoir, abolissant le Congrès national, le Tribunal de Justice et le Tribunal électoral, pendant que tous criaient vive la démocratie.

Des Irlandais étaient en train de réaliser un film à Miraflores au moment du coup. Chavez nous offrit des copies de ce travail. Ce fut le coup militaire le plus bref du monde, car le peuple encercla Miraflores, et dans tout le pays le peuple occupa les rues, les paysans les routes, les étudiants les universités, les travailleurs les usines, et les indigènes sortirent de la forêt. Quand Chavez fut libéré de l’île où ils le détenaient, le chef des putschistes était déjà arrêté.


"La jolie révolution" , comme l’appelle Chavez

Lors du dîner, je me trouvais assis à côté du président. Pendant que nous dînions, quelqu’un vint l’informer d’une tentative de privatisation des eaux du Venezuela (lacs, lagunes, rivières, l’Orénoque inclus) et il me dit que cela allait contre la Constitution et qu’il l’empêcherait, et que cette même nuit il appellerait le président de l’Assemblée, alors qu’il était déjà minuit. Après qu’il se fut retiré, et que nous étions aussi sur le point de partir, un employé du palais me dit : "Il ne va pas se coucher. Il se couche très tard" . Je lui demandai à quelle heure il se levait. Il me répondit : "Très tôt" .

Chavez avant de partir me demanda la bénédiction. Je m’excusai, comme parfois je le fais, lui disant qu’il était déjà béni. Mais il insista, et je vis combien il y tenait, que pour lui c’était important. Je lui donnai une bénédiction à lui et à son peuple, qu’il reçut avec émotion.

A mon retour au Nicaragua, rien qu’à voir les titres de la presse, je pris vraiment conscience de l’abîme qui sépare nos deux pays.


Ernesto Cardenal, El Nuevo Diario, Managua, 17 et 18/05/2004.


 Transmis par Gérard Jugant. Extrait de Révolution Bolivarienne, Bulletin d’informations sur l’Amérique latine N°2 , juillet 2004. bolivarinfos@yahoo.fr.


 Du même auteur :

- Vénézuéla : Une révolution baillonnée.


Entretien avec Hugo Chavez, président du Vénézuéla


Panorama, 7 juillet 2004


Président, quelle votre opinion sur l’état d’esprit de l’opposition et la campagne pour le référendum révocatoire ?

En premier lieu, je veux souligner l’importance du référendum [1] je crois que c’est une occasion mémorable pour le pays, pour notre système démocratique qui est en train de se construire.


L’opposition vénézuélienne est engagée, depuis plusieurs années, dans une campagne dont le but est de chasser ce gouvernement. Elle a tenté un coup d’Etat, puis un sabotage pétrolier. Elle est arrivée à un tel niveau de désespoir qu’elle a été jusqu’à solliciter une intervention étrangère.

Actuellement, l’opposition, même si l’on ne doit jamais sous-estimer n’importe quel adversaire, est en train de récolter les fruits amers qu’elle a semés ; une semence faite de haine, de provocation, de violence. Je pense qu’ils ont perdu une bonne partie de leur base sociale. Ce fut évident lors de la mobilisation pour le référendum.

Certains d’entre eux ont même pensé que Hugo Chavez, ce "tyran", n’accepterait jamais le référendum et aujourd’hui qu’ils l’ont obtenu, ils ne savent plus que faire.

Ils se préparent, mais je crois qu’ils ne gagneront pas. Leur dynamique est à la baisse, ils n’ont ainsi pas, à ce que je sache, mis en place une direction de campagne, une proposition élaborée qui va plus loin que le "dehors Chavez". Ils montrent de grandes contradictions, et s’ils sont effectivement en campagne, une campagne qui n’a ni pied ni tête, c’est avec de profondes contradictions. Bref, l’opposition est à peine en train de tenter d’articuler une campagne.

Si, comme vos partisans le déclarent, l’opposition n’obtient pas le nombre de votes nécessaires pour parvenir à vous révoquer, alors, à quel jeu joue-t-elle : le suicide politique ou la fraude ?

Je ne dis pas, parce que ce ne serait pas correct, que nous avons déjà gagné cette bataille. Nous sommes ici dans l’Etat du Zulia, le "repaire" des "Aigles" (une équipe de base-ball, ndlr) et la partie ne se gagne pas tant qu’on n’a pas eu le "out 27" et que, de plus, l’arbitre [2] désigne le vainqueur, parce qu’il arrive parfois que l’on pense que c’est "out" tandis que l’arbitre garde le silence, c’est pour cela qu’il faut attendre avant de crier victoire.

Si nous parlons en termes de chiffres et de mathématique, nous sommes certains que les 3 millions 700 mille votes en notre faveur d’il y a trois ans [3] , et qui ont augmenté depuis lors, seront au rendez-vous.

Quant à l’opposition, je pense qu’elle n’est pas très sûre que ses votes aient augmenté. Les mathématiques le prouvent : en 1998, elle a obtenu 2 millions 600 mille voix et cinq ans plus tard, elle a péniblement obtenu 2 million 500 mille voix et cela avec quelques doutes sur l’authenticité puisqu’ils n’arrêtent pas de mobiliser les morts en leur faveur [4] .

Mais bon, admettons qu’ils aient bel et bien obtenus 2 millions 500 mille votes, soit 100.000 en moins qu’aux précédentes élections. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Je ne l’invente pas, cela est démontré de manière objective. Il leur sera difficile de remonter une telle pente.

Ce qu’ils n’ont pas obtenu en quatre années d’erreur, de coups d’état, de terrorisme, vont-ils l’obtenir en deux mois ? Cela paraît bien improbable. Cependant, comme je vous l’ai déjà dit, nous n’allons pas minimiser les possibilités de l’adversaire, nous sommes en train de travailler très dur pour renforcer nos positions.

Je préfère penser que l’opposition vénézuélienne - et lorsque je parle de l’opposition en ce moment, je pense tout particulièrement à sa direction, comme je l’ai déclaré à Monsieur Gustavo Cisneros [5] au cours d’une rencontre qui a provoqué pas mal de spéculations ; - Souhaitons que tous ceux qui ont mené des coups d’Etat, qui ont attaqué les institutions de manière perverse et soutenue, qui ont tenté de déstabiliser le pays et ont fait tant de mal à l’économie, qui ont semé pas mal de terreur au sein d’une bonne partie de la population vénézuélienne, souhaitons qu’ils acceptent le fait qu’il y a ici une Constitution, que nous puissions disposer d’une opposition démocratique, réellement démocratique, une opposition sérieuse, rationnelle, qui pense, qui mesure les conséquences de ses actes, que ses dirigeants deviennent les leaders d’un groupe important de Vénézuéliens que nous n’ignorons pas.

Je reconnais, en tant que président de tous les Vénézuéliens, qu’il y a dans ce pays des courants politiques qui s’affrontent au projet bolivarien, le projet que j’incarne ensemble avec la majorité de tous les Vénézuéliens. Nous devons les respecter, et nous voulons qu’ils occupent la place qui leur revient, mais dans le cadre de la Constitution.

J’aime à penser qu’ils sont entrés dans une phase de réflexion, qu’ils acceptent la réalité et qu’ils construiront une opposition sérieuse et loyale envers le pays. La Constitution n’est pas un mandat exclusif en faveur des chavistes, c’est une obligation pour tous les Vénézuéliens.

Si Chavez gagne le référendum,quelleseral’évolution politique du pays ?

Il faut relier le référendum du 15 août avec les élections régionales de septembre. Cesdeuxévénementsvontêtrefortement imbriqués,cequi fait que la campagne ne va pas se terminer avec notre victoire du 15 août, elle se poursuivra au contraire pendantunmois etdemiencore. Il faudra donc attendre encore un peu avant demieux évaluer le scénario à venir,le nouvel échiquier politique vers lequel nous, Vénézuéliens, nous nous acheminons dans cette dernière phase de la période constitutionnelle de gouvernement [6] .

Avez-vous pensé à organiser des élections générales en septembre au cas où vous seriez révoqué ?

C’est une possibilité. Je dirais qu’elle est fort minime, mais il ne faut jamais écarter aucune option, aucun scénario. J’aspire à ce que, après que le peuple vénézuélien émette le 15 août d’une manière forte et tranchée son opinion dans un sens favorable à mon projet, selon ce que je crois, certains secteurs se ressaisissent et acceptent la réalité, qu’ils acceptent enfin ce qu’ils n’ont encore jamais accepté jusqu’à aujourd’hui : l’opinion de la majorité. Qu’ils acceptent enfin que pour participer au jeu démocratique, il faut respecter les règles, les institutions.

Je leur adresse de nouveau un appel, je leur tends la main afin de dialoguer, pour parler, pour récupérer la capacité de nous critiquer, mais avec dignité, pas en lançant des pierres, mais bien en respectant nos différences, en construisant le modèle politique qui est contenu ici (dans la Constitution).

Il y aura donc de nouvelles rencontres avec l’opposition ?

Oui, je suis disposé à ce qu’il y en ait encore.

Y compris avant le 15 août ?

Cela serait difficile. Il faut rappeler qu’après que le coup d’Etat [7] d’avril (avril 2002, ndlr) et mon retour, la première chose que j’ai faite a été d’appeler au dialogue...

Mais cela n’a donné aucun résultat...

Malheureusement, en effet, une bonne partie de l’opposition a interprété ce geste comme un signe de faiblesse. Ils ont pensé : "Nous avons frappé Chavez et comme le boxeur est tombé, il suffit de compter jusqu’à neuf et le frapper encore parce qu’il est à terre." Et ils se sont de nouveau trompés dans le diagnostic !

Il y a un phénomène psychologique souligné par les experts et par ce grand spécialiste qu’est le peuple : il y a des gens qui finissent par croire en leurs propres mensonges.

Depuis l’année 2001, lorsque la conspiration a débuté, ils ont commencé par essayer de faire croire à cette légende de la chute de Chavez. Selon eux, Chavez était à terre, il avait perdu tout appui populaire, l’armée ne le soutenait pas, etc. Les militaires putschistes ont répété qu’ils représentaient 90% des Forces armées. Je pense qu’ils y croyaient vraiment.

Ils ont alors tenté un coup d’Etat et ont eu la surprise de leur vie mais même par la suite ils n’ont pas été capables de reconnaître la vérité et ils ont fini par avaler leurs propres mensonges, surtout celui qui disait que Chavez était revenu à Miraflores (le Palais présidentiel, ndlr) non parce qu’il était en position de force, mais à cause des erreurs de l’opposition, à cause des erreurs de Carmona. [8]
En fin de compte, ils ont clairement démontré leur incapacité à reconnaître la réalité tout en montrant une grande capacité à se tromper eux-même. Ils ont donc continué à conspirer et ont mené un sabotage économique qui devait également s’accompagner d’un coup d’Etat. (décembre 2002 et janvier 2003, ndlr)

Mais avec tous ces "coups" à répétition, les plus "sonnés" maintenant ce sont eux. Ils lancent "coup" sur "coup" mais ces derniers leur reviennent toujours en pleine figure. J’espère qu’ils apprendront quelque chose de tous ces revers, qu’ils en finissent avec cette incapacité d’analyser la réalité, qu’ils arrêtent d’accepter les diktats de Washington, de cette ultra-droite irrationnelle qui envahit des pays, qui assassine, qui bombarde. Parce que l’opposition a toujours été au service de Washington, ce sont eux qui lui ont donné le feu vert et l’ont utilisé comme chair à canon. Cela aussi, il faut le dire ! Il serait bon que l’opposition vénézuélienne acquière son indépendance.

Que pensez-vous du changement d’opinion de l’opposition par rapport aux "missions" [9] ?

Cela révèle nettement l’absence d’éthique, l’absence de projet et de leadership de l’opposition parce qu’il y a à peine quelques mois ils n’arrêtaient pas d’agresser les médecins cubains. Ils disaient que ces derniers n’étaient pas de véritables médecins, qu’ils étaient en train de tuer des enfants, qu’ils exerçaient une infiltration castro-communiste.

Ce changement d’attitude envers les missions reflète le peu de cohérence d’une opposition qui n’ose pas avouer quel est son véritable projet. Car, en fait, il n’est pas totalement vrai qu’ils n’aient pas de plan. On a entendu parler il y a peu du "Consensus Pays". [10] Quelle ressemblance avec le "Consensus de Washington" (les dogmes néolibéraux, ndlr) !

Le plan de la très mal nommée "Coordination démocratique", qui n’a aucun leadership ni morale, est le plan de Washington, c’est un projet néolibéral qui veut entre autres privatiser la société pétrolière PDVSA, brader tous les avoirs de Corpozulia et les privatiser, idem avec la CVG. C’est un projet qui veut réduire les Forces armées à un rôle de police destinée à ne protéger que les grands capitaux parce que, selon eux, à quoi sert une armée nationale si l’on a le Commandement Sud (les Etats-Unis, ndlr) qui nous protège tous. C’est un projet destiné à brader la souveraineté nationale du pays, pour dollariser l’économie de toute l’Amérique latine.

Tel est leur plan, et il est clair qu’il ne vient pas d’eux, mais de Washington. Ils n’osent pas l’avouer. Certains, il est vrai, parce qu’ils l’ignorent, mais les sommets dirigeants de l’opposition savent, eux, parfaitement la vérité.

On a déjà pu voir un bout de ce projet au moment du coup d’Etat d’avril 2002. L’une des premières déclarations de Carmona fut de dire que "le Venezuela quittera l’OPEP". Tiens, donc ! C’est justement ce que souhaite Washington !



Lorsqu’il y a près d’un an, nous avons lancé la Mission Robinson et avons promis un million de personnes alphabétisées, ce curé de l’opposition - alors que la majorité du clergé est avec le processus, avec le peuple - a déclaré à la télévision que ce serait un "miracle", que personne ne pouvait réaliser cela.

Et il avait raison car ces missions sont pratiquement miraculeuses. Dans la Mission Robinson, nous avons déjà alphabétisé 1 million 250 mille personnes. Le Venezuela frôle déjà le seuil au-dessous duquel, d’après les normes de l’UNESCO, nous pourrons bientôt la proclamer comme "zone libre de l’analphabétisme".

L’opposition avait récemment déclaré de manière démagogique et irresponsable, dans le seul but de tromper l’opinion publique, qu’elle poursuivrait l’oeuvre des Missions (si elle arrivait au pouvoir). Mais, même s’ils le voulaient réellement, ils ne pourraient le faire. Car, en admettant qu’un éclair de lucidité les a frappés et qu’ils admettent que cette pauvreté accumulée depuis deux cent ans au Venezuela est le produit de l’égoïsme - parce qu’il y a toujours eu ici des richesses qui permettaient, à condition qu’elles soient bien administrées, d’obtenir une situation de stabilité et de relative égalité sociale - ; s’il s’avère même qu’ils se sont transformés en êtres humains sensibles, ils ne pourraient rien faire, même s’ils le voulaient, parce qu’on ne leur permettrait jamais cela.

Car le projet prévu par Washington pour cette opposition, dans le cas douteux où ils reviendraient au pouvoir, est un projet néolibéral et ce dernier suit certaines règles dont l’une d’elles est de réduire au minimum les dépenses sociales.

Ce projet néolibéral implique que le prix du pétrole descende au-dessous des 10 dollars le baril, et c’est pour cela que le Venezuela devra alors quitter l’OPEP et produire beaucoup d’or noir. Pour éviter le déficit, le FMI nous tombera dessus pour octroyer des prêts parce que ce qui les intéresse, c’est un pétrole à bas prix.

Après le "bushisme", est-ce au tour du "kerrysme" ?

Au-delà de la question des individus, l’impérialisme est dans une sorte de Quatrième Guerre mondiale, il a de nouveau montré ses dents et ses griffes.

Ceux qui rêvaient d’une espèce de "pater imperim", un empire moins mauvais, virtuel et qui disaient que les forces dominantes dans le monde n’avaient plus besoin d’envahir quiconque, de ne conquérir aucun territoire, la réalité leur a offert un cinglant démenti : les Etats-Unis ont envahi l’Afghanistan, ils ont envahi l’Irak et ont mis leurs mains sur le Venezuela.

C’est la vieille stratégie impérialiste contre laquelle s’était heurté Bolivar, c’est cette vieille stratégie qui a mené au démantèlement des territoires qui composaient la Grande Colombie. Qui avait provoqué cela ? Les Etats-Unis.

Avec Kerry, les choses pourraient-elles changer ?

En premier lieu, je n’oserai pas affirmer qui sera le prochain président des Etats-Unis à partir de novembre, il s’agit là d’un choix des seuls Etats-uniens.

Ce que l’on attend par contre, indépendamment du fait que Monsieur Bush poursuive son mandat, au-delà des gestes virtuels, c’est que la société états-unienne voit la réalité, se ressaisisse et, comme c’est le cas au Venezuela où a émergé une vague populaire de conscience humaniste, et comme c’est arrivé en Europe dans le rejet massif à la guerre qui a liquidé Aznar et amené au pouvoir Monsieur Rodriguo Zapatero, que surgisse également une force qui fasse pression sur son gouvernement, quel qu’il soit, dans le but que ce dernier respecte les droits humains, les autres nations, qu’il respecte notre droit à l’autodétermination et à prendre notre propre chemin...


 Source : Panorama, juin 2004, Maracaibo, Venezuela.

 Traduction : Ataulfo Riera, pour RISAL.

 RISAL : http://risal.collectifs.net


APPEL URGENT


A le veille du référendum révocatoire du 15 Août, par laquel la droite
vénézuélienne tente à nouveau de renverser le président Chavez, nous vous
invitons à signer ce manifeste lancé au Forum Social de la Triple
Frontière par Adolfo Perez Esquivel, Prix Nobel de la Paix, (et déjà signé
par d’autres personnalités, comme Eduardo Galeano, Eric Hobsbawm, Peter
Rosset, Jose Bove, Rafael Alegria,...) en renvoyant un message avec votre
nom et éventuellement votre fonction et/ou l’organisation à laquelle vous
appartenez, au e-mail du Collectif Venezuela 13 Avril :
venezuela13avril@collectifs.net.

D’avance merci. NO PASARAN !

Collectif Venezuela 13 Avril, Bruxelles.


MANIFESTE D’APPUI AU PRESIDENT HUGO CHAVEZ


 AVEC ADOLFO PEREZ ESQUIVEL, PRIX NOBEL DE LA PAIX, NOUS DECLARONS :


"SI NOUS ETIONS VENEZUELIENS, NOUS VOTERIONS POUR HUGO CHAVEZ"


Nous qui signons ce manifeste, voulons exprimer notre solidarité avec la
lutte que livrent le président Hugo Chavez et la majorité du peuple
vénézuélien pour le droit de celui-ci à choisir son destin. En même temps,
nous dénonçons la manipulation des informations orchestrée par les grands
monopoles de la communication, dans le but de présenter comme un tyran un
gouvernant qui respecte et applique à la lettre les lois et la
Constitution de son pays.

Hugo Chavez est le vainqueur des élections qui ont eu lieu en décembre
1998. Mettant en oeuvre ce qu’il a promis durant sa campagne, il a
entrepris de profondes réformes du système politique, économique et social
dans un pays dominé depuis des décennies par des oligarchies. Le fait
d’avoir entrepris ces réformes a fait du président Chavez la cible
d’une gerre sans trève, menée par les minorités politiques et économiques
du Venezuela, avec l’appui déclaré de grandes entreprises et
d’institutions
financières internationales.

Nous sommes témoins de son engagement dans la défense des intérêts
populaires et de sa détermination à appliquer la Constitution de 1999,
adoptée suite à un processus aussi démocratique que possible. La nouvelle
Constitution du Venezuela prévoit la possibilité du référendum
révocatoire, qui aura lieu le prochain 15 Août. C’est un instrument inédit
en Amérique latine, auquel peu de gouvernants auraient le courage de se
soumettre comme le fait le président Chavez.

La démocratie a été renforcée, et maintenant ces mêmes secteurs qui ont
déjà eu recours au coup d’état, au sabotage, aux lock-outs et aux
falsifications pour tenter de renverser le président Chavez se voient
forcés
d’accepter le cadre de la lutte institutionnelle.

Nous somems persuadés que le 15 Août prochain, le peuple vénézuélien sera
victorieux et construira une patrie libre et juste. La patrie dont a rêvé
Simon Bolivar.

C’est pourquoi nous le réaffimons ici :
"le 15 Août, si nous étions vénézuéliens, nous voterions pour Hugo Chavez"

Pour signer cet appel : venezuela13avril@collectifs.net.




[1Consultez le dossier de RISAL le referendum : http://risal.collectifs.net/theme_mot.php3?id_mot=124 (ndlr) ,

[2Chavez fait reference au Conseil national électoral. (ndlr)

[3Lors de l’élection présidentielle de 2000. (ndlr)

[4Le processus de collecte de signatures pour convoquer un referendum a été marqué par de nombreuses frauds. Plusieurs milliers de morts y ont « participé ». (ndlr)

[5Riche homme d’affaire et magnat de la presse vénézuélien, opposant radical du gouvernement. (ndlr)

[6S’il n’est pas révoqué le 15 août, le mandat de Chavezse terminera en 2006. (ndlr)

[7Consultez le dossier de RISAL sur le coup d’Etat : http://risal.collectifs.net/mot.php3?id_mot=135 (ndlr)

[8Le président auto-proclamé de l’opposition au moment du coup d’Etat. (ndlr)

[9Les missions sont les programmes sociaux impulsés par l’administration Chavez. (ndlr)

[10Il s’agit d’une commission de la Coordination démocratique, plate-forme regroupant les partis et associations de l’opposition, qui a rédigé plusieurs rapports détaillant son projet politique. (ndlr).


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