Par une approche résolument pédagogique et vivante, Jolie Môme nous emmène visiter quelques étapes contournées par l’autoroute de l’histoire simplifiée à digestion rapide.
A notre grand plaisir toujours renouvelé, la troupe se révèle une fois de plus multiple, polymorphe, polyvalente, polyglotte et j’en oublie.
Voyageurs dans le temps, ils nous embarquent, par des procédés simples et efficaces de mise en scène, entre une époque contemporaine policée et prévisible, et différents moments-clé de la première guerre mondiale.
Avant même le déclenchement du conflit, on assiste à une mise en scène saisissante des enjeux et rapports de force entre pays.
Le temps d’une virevolte, de deux chansons et trois rencontres, on perçoit l’ambiance populaire française, les vieux démons déjà présents et les jeunes espoirs brûlants.
On suit à contre-coeur l’engagement patriotique, connaissant la suite de l’histoire ...
On accompagne les femmes à l’usine, gagnant une autonomie qu’elles paient cher d’emblée.
On cherche à survivre dans les tranchées.
On voyage en Allemagne, en Russie, en Italie, en Afrique aussi, dans les colonies.
On fraternise, on se mutine, on résiste, on entre et on sort de prison, on souffre souvent et on meurt aussi.
La révolution soviétique russe s’installe et la révolution spartakiste allemande est fusillée. Et on voit distinctement s’établir les bases du conflit suivant.
Le texte de cette pièce a été co-écrit avec « le contrôle amical » de l’historien Rémi Adam, ce qui lui assure une exactitude rigoureuse. De nombreuses chansons d’époque s’intègrent et illustrent parfaitement le spectacle, tout comme plusieurs extraits de discours ou d’écrits.
Personne (enfants, lycéens, adultes de tous âges) n’a été perdu en route pendant ce voyage dans le temps et l’espace, et nous en avons même rapporté l’envie d’en savoir plus ...
Quant à moi, j’ai eu une pensée très émue, en quittant La Belle Etoile, pour ces « poilus » qui, ces dernières années, refusaient, vieux mais pas gâteux, la Légion d’Honneur que l’on voulait leur attribuer. Eux, n’avaient pas oublié, et ils n’étaient toujours pas d’accord.
Eva Duxeri
Présentation : http://cie-joliemome.org/?ai1ec_event=14-19-la-memoire-nous-joue-des-tours-novembredecembre-2017-dimanches-16h