6

Francophones de tous les pays, interrogeons-nous !

Une conférence qui remet les points sur les i.

De tous les préjugés auxquels nous sommes confrontés (juges ou victimes), il en est un qui est tellement ancré (je n’ai pas écrit « encré ») que sa prise de conscience choque. Sauf quand on en est victime ... parce que, dans ce cas, les stratégies d’évitement, depuis l’enfance, sont multiples et épuisantes.

C’est un préjugé contre une différence invisible. Ceux qui en sont victimes admettent et confessent leur faute originelle, et parmi ceux qui les jugent, peu s’interrogent sur le fondement de leur loi.

Nombreux sont ceux qui, devant un texte à l’orthographe approximative, qu’il soit lettre de candidature, article de blog ou profil de réseau social, l’ont rejeté, le qualifiant d’une façon ou d’une autre de « pas sérieux » et sans valeur.

On nous dit à l’école que la sélection se fait par les mathématiques, elle se fait aussi, et jusqu’à l’âge adulte, par l’orthographe, cette norme complexe issue de la tradition, souvent justifiée mais parfois irrationnelle.

Avec le spectacle « La convivialité », deux linguistes et professeurs belges nous offrent une conférence illustrée et vivante où on parle de la langue française, de son rapport à l’orthographe, de l’origine de celle-ci et de certaines conséquences de sa normalisation, comme outil de pouvoir ou de ségrégation.

J’y ai appris beaucoup de choses, en particulier que Voltaire, Stendhal ou Flaubert, entre autres, n’attachaient que peu d’importance à l’orthographe « académique ». Et que La Bruyère, Molière, Corneille ou La Fontaine utilisaient une orthographe non unifiée – ce qui n’a pas nui à leur postérité non plus.

Saviez-vous que les premiers académiciens ont établi certaines règles d’orthographe (et les indissociables exceptions) sur des erreurs et approximations aujourd’hui bien identifiées ?

Il fallait sans doute être belge (ou de toute autre nationalité avec une composante francophone) pour être aussi attaché à sa langue maternelle française tout en ayant le recul culturel suffisant pour s’affranchir des réflexes français chauvins usuels. J’assume personnellement la plupart des réflexes chauvins en question, mais je n’ai pas eu d’argument face à cette réalité : le son « ssss » peut s’écrire de douze (12) façons différentes ...

Les auteurs-intervenants Arnaud Hoedt et Jérôme Piron ne proposent pas d’autres révolutions que des pistes de réflexion : et si quelques règles grammaticales composées d’exceptions étaient simplifiées, quel autre impact que des erreurs en moins dans les dictées de nos jeunes ? Et si des linguistes participaient aussi aux travaux de l’Académie Française ? Et si nous admettions que notre langue écrite peut rester vivante et adaptée à ses locuteurs et scripteurs, afin de s’occuper du fond, et que la forme redevienne un simple outil au service de la communication ?

L’idée n’est surtout pas de forcer une orthographe phonétique comme cela a été fait dans certains pays, mais d’observer l’usage, et que l’outil « orthographe » redevienne à terme à notre service et non plus un moyen de discrimination ...

Le spectacle « La convivialité » est en tournée en France et en Belgique, le texte est publié également. Tous les renseignements sont sur le site www.laconvivialite.com.

Eva Duxeri

Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

23/10/2017 21:47 par Roger

Bravo pour cette mise au point salutaire et merci pour le lien vers un spectacle qui me semble "succulent"...

24/10/2017 14:17 par Paul-Victor de Merode

« et si quelques règles grammaticales composées d’exceptions étaient simplifiées, quel autre impact que des erreurs en moins dans les dictées de nos jeunes ? »

Et si on se contentait de pousser quelques cris de Bonobo pour communiquer ?
A l’image de ses locuteurs, toute langue résulte d’une histoire, de traditions, de règles, de conventions, pourquoi se débarrasser de cet héritage, pourquoi vouloir proposer une version bas de gamme de la langue française (enfin du moins ce qu’il en demeure entre deux phrases de franglais…), pourquoi se contenter d’une roulotte quand on peut loger à Versailles ? Une langue s’apprend, se conquiert, elle ne se livre pas sans batailles.

Réformer pour qui ? Pour des boutonneux de 13 ans qui grimacent à l’idée de faire autre chose que de consulter leur Encyclopedia Universalis qui s’appellent FaceBook, ce temple de la Culture (des petits pois…). S’ils n’ont pas été foutu d’apprendre des règles grammaticales anciennes, ils n’en seront pas plus doués pour en apprendre de nouvelles, les mécanismes psychologiques sous-jacents de l’apprentissage restant les mêmes.

“Ma patrie, c’est la langue française.”
Albert Camus

A nous de la défendre contre les forces dissipatives, qu’elles viennent de l’extérieur ou de l’intérieur...

25/10/2017 09:43 par gus de nantes

bah tiens y a longtemps que nous ne fûmes pas rabaissés au titres d’animaux pour la simple raison de vouloir écrire avec des règles logiques plutot que de coucher sur le papier d’immondes exceptions plus absurdes que débiles.
"pousser des cris de bonobos" , non mais merci cela me fait toujours plaisir de me faire insulter, une belle façon de présenter son opinion, car de votre diatribe je n’en retire que l’énoncé d’une opinion .

Et j’en suis fort marris de lire encore et toujours les mêmes arguments pour protéger une orthographe qui n’est que le reliquat d’une prise de pouvoir par le savoir de la part de nos élites .Car vous apprendrez qu’effectivement un enfant de huit ans est à cet age en pleine construction psychologique et quoi de mieux qu’offrir à cet enfant des règles qui sont bourrés d’exception pour illustrer sa pensée en mots.

Mais je sens que mon propos s’embrume , je vais vous le dire de mots plus simple, l’orthographe ne sert que les maîtres pour traiter la plèbes d’ignorant il se donne des allures d’exceptionnelle et secrète difficulté ainsi ceux qui le maîtrise peuvent insulter tout les autres , tant pis si les règles sont absurdes , tant pis si on défonce la difficile construction de la Loi dans l’esprit des enfants , tant pis si ainsi on prive de nombreux étranger de l’accès à la francophonie et si en prime on favorise l’échec scolaire et le décrochage c’est tout bénéfice.
Si on eu voulu détruire la langue française et sa pratique on eu pas fait mieux que ces règles absurdes inutiles et définitivement disqualifiantes.

Secrétaire de métier pendant trois ans , dans une assez grosse boîte , j’ai divisé par trois ou quatre le nombre de mes fautes , je suis sorti de 3eme avec 2/20 en orthographe , jamais pigé ce truc, j’ai étudié seul dans mon coin pendant des années, médecine , psychologie guitare philosophie histoire , bref j’ai pas de télé, j’ai arrété de faire des fautes d’orthographe quand j’ai décidé qu’il n’existait plus d’exception ainsi je mémorisais facilement ce qui a un ordre et une logique , l’absurde il est vrai permet de frapper l’esprit et si l’on s’en souvient c’est sans savoir l’appliquer , chaque mot devient un piège et le doute fait trébucher les plus téméraires.
J’espère que mon délire vous aura bien conforté dans votre opinion "sans respect de l’orthographe on est un singe".

25/10/2017 23:31 par Aris-Caen

Et si on commençait par rendre sa place à la langue de la République en France ?
What ? But it is du fascisme !
Collectif Unitaire Républicain pour la Résistance, l’ Initiative et l’ émancipation Linguistique.
http://www.courriel-languefrancaise.org/index.php
L’anglais : support de la pensée unique avec Claude Hagège
https://www.youtube.com/watch?v=Eh6F9fvDXFg

12/12/2017 18:29 par Assimbonanga

Bah. L’orthographe, c’est comme l’art ou le sport. De pratiquant occasionnel à champion olympique ou virtuose, on a toutes les gradations. Faudrait juste arrêter d’en faire un critère de jugement... Comme tout sport ou art, on peut ressentir un bonheur à se dépasser. Au niveau des accords , c’est surtout une question de la concentration. On clique et hop ! On voit la faute mais c’est trop tard.
Ça muscle le cerveau et ça entretient accessoirement.

12/01/2018 08:20 par pierre demare

@ gus de nantes Les enfants du monde et les professeurs qui savent qu’ils "ensaignent" vous remercient. Ces règles ne sont qu’un simple moyen (sur plusieurs) de mettre les un-peu-plus-que-riens à accepter leur rôle pitoyable de serviteurs des privilégiés (et leurs putes). A quand une révolution ?

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft : Diffusion du contenu autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
 Contact |   Faire un don