RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Un conte de Charles Hatan : Le silo à blé

Il était une fois au grand pays de la terre, couverte de fleurs ( dont les Pervenches dont parlait Bourvil ), d’arbres géants, de contrées immenses et d’eau pure, des humains vivant en clans. Ils devaient vivre ensemble, une nécessité pour la survie du clan Car la vie était fort difficile. Ils étaient comme les pauvres d’aujourd’hui : parfois ils mangeaient, parfois ils passaient à la diète. Ils devaient parcourir de grands territoires pour des fruits ou chasser des animaux. Ils devaient le faire ensemble : c’était là leur force.

L’agriculture

Un millénaire plus tard, ils découvrirent que l’on pouvait cultiver la terre en semant des graines et faire l’élevage de certains animaux et en travaillant tous ensemble s’aidant les uns les autres. Quand l’un d’entre eux n’avait pas de nourriture, les autres, mieux nantis leur en donnait. Ils vécurent heureux, mais eurent peu d’enfants. Le soir, pour les endormir, ils leurs racontaient des légendes de renards qui volaient des poules, le renard qui vidait les silos, qui devint plus tard, le bulletin de nouvelles.

Les entrepôts : les spermatozoïdes de Wall-Street

Un jour, il y eut une grande famine, due à de fortes pluies, qui détruisirent les récoltes. Mais l’un d’entre eux, qui était le chef, engagea un prétendu savant qui se vantait d’avoir des accointances avec « dieu », donc, capable régler le problème des famines qui écourtait la vie de certains. Notre « envoyé de dieu » (ingénieur) créa de grands entrepôts pour y placer de la nourriture en cas de famine. Un autre arriva et leur montra comment faire sécher la viande. Les membres du clan, émus et gratifiant, leur accordèrent le pouvoir de contrôler les entrepôts ainsi qu’à sa descendance et eut droit à une demeure dix fois plus grande que les autres.

Des armes et des hommes contre les voleurs d’entrepôts

Un millénaire plus tard, un individu d’un clan voisin décida de voler l’entrepôt et quelques bêtes. Il se nommait Joseph Bandit. Le chef du clan, pour le bienfait de ses sujets, réussit à convaincre ceux-ci de créer une armée afin de protéger les silos. Il fallait des armes. On commença par utiliser la « roche volante » qui servait jadis à abattre les animaux. Dans un long discours sur la place publique, le chef insista sur les nouveaux besoins des armes et les coûts de celles-ci. Il fallait donc sacrifier un peu de sa richesse pour la protéger. À partir de ce moment, chacun devait donner une part de leurs avoirs pour la création d’une armée de protection.

— Si nous perdons un entrepôt, nous perdons un an de cultures. Il faut maintenant construire encore plus d’entrepôts. Depuis que les femmes ne vont plus aux champs cueillir, elles devront désormais mettre plus d’enfants au monde pour qu’ils deviennent soldats et travailleurs. Il est nécessaire d’inventer des armes plus modernes, plus rapides, plus efficaces. Il nous faudra des surveillants de d’entrepôts, des lois précises et une formation de gens qui décideront d’amendes ou de morts pour des actes de ...terreur.

Un millénaire plus tard, le chef créa la CAE , le Centre d’Attrapage des Esclaves.

— Ce sont des êtres inférieurs qui vivent de chasse et de cueillettes, invoqua le roi. Imaginez ce dont nous pourrons désormais nous être accordés en richesses et en sécurité. Car je veux le bien de mon peuple.

Le lendemain, le roi fut assassiné et le fils de ce dernier décida de subventionner les fabricants d’armes. L’un d’entre eux fut l’inventeur de l’huile de palme chaude déversée sur les attaquants. Il avait eut cette idée, un jour où en mangeant sa soupe, il se brûla la langue. La douleur dura trois jours. Le cuisinier également...

Personne ne sut alors que le fils du roi avait assassiné son père pour son trône. Personne ne le sut, car à cette époque aucun avait lu ni Shakespeare ni Bush. Le Facebook d’alors était situé dans une vieille écurie au bas d’une côte. Une écurie fréquentée par des gens qui s’échangeaient le commérages de la ville. Ils se formèrent un nouveau métier : le journalisme.

Un millénaire plus tard, un descendant du roi, lors d’un discours, prétendit qu’un inventeur du clan voisin avait inventé une poudre qui explosait comme un soleil brûlant. Il avait volé l’invention de la poudre à canon mais en avait créé une encore plus puissante : la poudre aux yeux.

Un millénaire plus tard, la descendance, maintenant riche de plusieurs silos à monnaie ( eh ! Oui, on l’avait enfin inventé) , se rendit compte que le vol était encore plus rapide que l’acharnement à convaincre les peuples. Il créa un nouveau métier : économiste. Il dit au peuple que tout fonctionnait selon « la main invisible ». Et ils applaudirent de mains visibles...

Le roi , qui n’était pas bête du tout, se rendit compte qu’en créant des emplois pour le servir, créait en même temps des voleurs de silos.

Il demanda alors une réunion de son « cabinet ». Une semaine plus tard, le sociologue mourut d’un infarctus, le philosophe d’une indigestion, et le poète d’un suicide collectif : il tua son être et son avoir.

Il trouva alors un nouveau métier qui allait changer le monde : le visionnaire scientifique qui pouvait lire l’avenir.

« Un jour, dit-il, des oiseaux crachant le feu par deux derrières brûlants attaqueront des silos dans une partie de ce monde qui n’a pas encore de nom, en se jetant sur ceux-ci transportant des réservoirs remplis d’huile chaude arrachée aux volcans éteints de la terre et qui feront rouler des véhicules lustrés et encensés sur des routes noires et surchauffées par le soleil qui seront à refaire tous les quatre ans. »

« QUATRE ANS ! » S’exclama le peuple, les yeux grands ouverts.

« Oui, malheureusement... »

« Pour ne pas nous faire voler, poursuivit-il, il faudra créer des monnaies invisibles. Ainsi, vous serez à l’abri des voleurs. »

Et c’est ainsi que naquit le monde actuel des bons et des méchants dans un clan où règne le progrès constant, grâce à nos armées, nos banques, nos industries et notre culture. Du chasseur-cueilleur, sale, toujours à se déplacer pour se nourrir, souffrant de famine, à un monde sûr, protégé, vivifiant, dans lequel participe chacun des citoyens de ce monde.

guerre

Gaëtan Pelletier, La Vidure

Source de l’image en tête : La petite classe de Karine

»» https://gaetanpelletier.wordpress.com/2016/09/06/un-conte-de-charles-h...
URL de cet article 30876
  

Même Thème
Comment la mondialisation a tué l’écologie
Aurélien BERNIER
Le débat scientifique sur la réalité du changement climatique a ses imposteurs. Mais, en matière d’environnement, les plus grandes impostures se situent dans le champ politique. Lorsque l’écologie émerge dans le débat public au début des années 1970, les grandes puissances économiques comprennent qu’un danger se profile. Alors que la mondialisation du capitalisme se met en place grâce à la stratégie du libre échange, l’écologie politique pourrait remettre en cause le productivisme, l’intensification du (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« (...) on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. »

Karl Marx, Friedrich Engels
Manifeste du Parti Communiste (1848)

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.