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Tsahal à Gaza, la guerre qui tombe à pic....

Une fuite en avant éperdue

Arguant d’une nécessité militaire d’autodéfense, par la terre, par air et par mer, c’est 400 tonnes de bombes qu’Israël aura déversé en quelques jours sur cette bande de Gaza. Un déluge de fer et de feu sur une minuscule portion de terre, véritable prison à ciel ouvert, où s’entassent les rescapés des guerres précédentes, avec un taux de population au KM2 inégalé dans le monde.

Selon une rhétorique usée jusqu’à la garde, le gouvernement israélien prétend ne mettre en oeuvre que des attaques ciblées, "militaires"... Ce n’est pourtant pas le point de vue des observateurs, des médias et des ONG qui, sur place, ont régulièrement rapporté, et dès le début de l’attaque, que 80% des victimes sont des victimes civiles, dont plus d’un tiers d’enfants.

« Toute une population est piégée dans une prison à ciel ouvert. Elle ne peut pas sortir. Seuls les biens les plus essentiels à sa survie peuvent y entrer. La population de la prison a élu des représentants et organisé des services sociaux. Certains prisonniers ont organisé des groupes armés, qui envoient des roquettes par-dessus les murs de la prison. Cependant, les gardiens de la prison ont les capacités, eux, de lancer des offensives de grande envergure et dévastatrices contre la prison ». Ainsi décrivait la situation Jonathan Whittall, de l’ONG de Médecins Sans Frontière.
Dans ce type de situation comme imaginer autrement que les victimes, et malgré toutes les dénégations de Tsahal, soient essentiellement palestiniennes et que faire le maximum de bruit, répandre une vraie terreur par le fer et le feu, sans compter les morts, apparaît bien être le but de l’opération.

En réalité, les cibles "militaires" se résument surtout à la destruction systématique des infrastructures comme les bâtiments de services publics, les écoles, les lycées... les lieux de production alimentaire comme les artisanats de fabrique de pâtes, les boulangeries industrielles...ou encore les hôpitaux. Le Docteur Basman Ashi, directeur de l’hôpital al-Wafa à Gaza, déclarera à ABC News : « Ils détruisent l’hôpital ». Il dira avoir reçu un coup de fil de l’armée israélienne lui conseillant de faire évacuer et quitter les lieux.

Comment justifier l’injustifiable : une énorme machine de guerre, surpuissante, s’en prend à une population de 2 millions de Palestiniens, 2 millions de civils, emprisonnés dans 500 kilomètres carrés d’enfer.

Et, on le constatera, l’offensive terrestre ne fera qu’aggraver les choses : un plus grand nombre encore de palestiniens sera tué.

Ce cycle de violences ne peut conduire qu’à une radicalisation des palestiniens, notamment dans les secteurs de la jeunesse qui, excédés par ces attaques incessantes et la transformation de leur terre en bantoustans, s’en iront grossir les rangs de la résistance. Les dirigeants israéliens, par expérience le savent parfaitement. Comment expliquer, dès lors, une telle fuite en avant de le part de Netanyahou ?

Pas de "révolution arabe" en Palestine !

Une révolution arabe dans les territoires, tel semble être le cauchemar des stratèges israéliens, autant chez les politiques que chez les militaires,.

Or, par leurs services, les israéliens ont toujours été parfaitement informés des évolutions sociales et politiques en cours dans les territoires, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ils ont donc parfaitement observé les mouvements qui s’y sont fait jour dans la foulée des manifestations populaires pour le renversement des dictatures tunisienne et égyptienne.

Dans un élan de solidarité avec les peuples concernés ce sont, en effet, de véritables manifestations de masse qui s’étaient alors déroulées, à de nombreuses reprises, avec des mots d’ordre propres ramenées à la situation palestinienne et aux revendications des palestiniens eux-mêmes.

Dans les exigences des manifestants, revenait souvent, d’ailleurs la question de la nécessaire unité du peuple palestinien.

Ainsi, par delà les murs, les barbelés et les blindés israéliens, visant autant le Fatah que le Hamas, était apparue au grand jour une opposition politique, populaire, de grande ampleur.

Indéniablement, le vent des révolutions soufflait aussi sur les territoires.
C’est comprenant cela, et cherchant peut-être à l’anticiper, que les directions du Hamas et du Fatah décidaient, après tant années de brouille et de dispute, de prendre langue.

Avant le déclenchement des opérations de guerre, les deux parties en étaient d’ailleurs presque arrivées à un accord sur l’administration conjointe des territoires.
Or, il est clair que le gouvernement israélien n’a aucun intérêt à voir se rapprocher ceux qu’il a tout fait pour diviser. De cette hypothèse il a même une peur panique, tant en interne, sur le plan d’une remontée des revendications territoriales, qu’à l’extérieur, au plan diplomatique. Les palestiniens, de nouveau réunis, parlant d’une seule et même voix, voilà qui supprimerait, aux yeux du monde, l’argument du "manque d’interlocuteur unique" pour négocier.

Par ailleurs, il est certain que les mouvements populaires d’émancipation, en cours dans nombre de pays arabes, ne sont pas sans effet sur l’orientation stratégique actuelle de la politique israélienne. Le fait que l’Egypte, son principal et quasiment seul allié de poids dans la région, même avec un maréchal à sa tête, soit loin d’avoir retrouvé le calme attendu a sans doute également pesé très lourd, avec le rapprochement Hamas Fatah, dans la fuite en avant de Tsahal contre la bande de Gaza.

Une politique contestée en interne

Netanyahou, très connu depuis tant d’années, pour ses comportements va-t-en guerre, l’est forcément beaucoup moins pour ses postures dans le domaine économique. Or Netanyahou est un libéral et pour cela, comme dans tous les pays "occidentaux", il applique une politique féroce d’austérité, celle dictée notamment par le FMI et la Banque Mondiale. Et, soutenue ou non par les USA, et maintenant par la France de François Hollande, Israël ne fait pas exception à la règle : là où passe le FMI les niveaux de vie trépassent ! Et, de fait, Israël traverse actuellement une grave turbulence sociale et économique avec, évidemment, ses conséquences au plan politique.

Les mesures d’austérité et anti sociales décidées par le gouvernement ont provoqué une vague d’oppositions et un rejet massif.

Netanyahou le sait, s’il veut poursuivre sa campagne d’attaques contre les droits sociaux, les services publics, l’école, la santé...il sera, de plus en plus, contraint de gouverner avec son extrême droite chauvine, raciste et guerrière.

En ce sens, prenant l’initiative d’une nouvelle offensive contre Gaza, Netanyahou montre ses muscles à sa droite et, les entrainant dans ses menés nationalistes, tente d’induire en erreur, les opposants à sa politique intérieure.

Cependant, et malgré ce contexte extrêmement complexe et l’omerta imposée par les grands médias, une partie de plus en plus large de la société israélienne exprime son désaccord avec l’extrême droite raciste anti palestinienne qui défend toujours bec et ongles le projet impérialiste dit du "Grand Israël".

Par ailleurs, de sondages en sondages, à l’inverse de l’extrême droite et de Netanyahou, les israéliens disent clairement être en faveur du démantèlement des colonies et à la restitution des territoires occupés.

Quelle issue ?

Comme une boutade, prenant acte de la situation réelle, Anouar el Sadat disait déjà : "je peux envisager d’attaquer Israël, je ne peux pas imaginer vaincre les Etats-Unis."
Aujourd’hui, comme à l’époque de Sadat, Israël peut compter sur le soutien indéfectible des Etats-Unis, de la France de François Hollande et de la soit disant "communauté internationale", au fallacieux prétexte du droit à se défendre.

Une évidence : Le peuple palestinien doit avoir les mêmes droits que tous les autres peuples. Une évidence certes, qui ne semble pourtant pas sauter aux yeux du président français, lui qui, après avoir mis sur pied l’intervention désorganisatrice au Mali, installé une force militaire permanente en Centrafrique, après avoir été ardemment favorable à une guerre en Syrie, digne continuateur en cela de Nicolas Sarkozy en Libye, soutient désormais l’agression israélienne.

François Hollande a choisi le moment même où Tsahal annonçait le début de l’offensive terrestre pour affirmer, à contre courant de la position française traditionnelle : "il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population"

Comment Laurent Fabius, comment François Hollande, comment Barak Obama peuvent-ils feindre de croire aux mensonges de l’establishment israélien ? Comment peuvent-ils feindre de croire que Netanyahou va dans le sens du rétablissement du calme en bombardant à tout va des populations civiles désarmées ?

Oui, sans l’ombre d’un doute, le peuple palestinien a le même droit que tous les peuples, autrement dit : le droit à une terre, à un pays.

Pourtant à regarder les différentes cartes de la Palestine, de celle de 1946 à celle de 1948, puis de celle de 1948 à celle de 1967 pour arriver enfin à celle d’aujourd’hui "peau de chagrin", on peut se dire que la situation est sans issue, qu’elle est irréversible.

Les droits des peuples vont de pair avec le sens de l’histoire : Une situation d’apartheid ne peut finir qu’avec la fin de l’apartheid ; une situation de colonisation ne peut se terminer qu’avec la fin de la colonisation et, enfin, un état d’occupation ne s’arrête qu’avec le recouvrement de la liberté territoriale pleine et entière.

Concéder aujourd’hui, à l’idéologie sioniste, l’idée d’un état palestinien séparé, c’est admettre la loi du plus fort, c’est admettre que les armes peuvent amputer les droits d’un peuple, le priver de sa terre, et faire inscrire ce droit des vainqueurs dans le "droit international".

Nombreux sont ceux désormais qui, après avoir cru possible l’instauration de deux pays séparés sur une même terre, et après avoir militer ardemment pour cette position, en viennent à comprendre que la solution réside certainement ailleurs. Que le retour à une Palestine historique, rétablie dans toute son intégrité territoriale, celle de 1946, ouverte à tous, juifs et arabes, une Palestine laïque et démocratique, pour être la plus simple est aussi la plus raisonnable.

Cette position, défendue des deux côtés de la Palestine, de part et d’autre du mur, par des militants de la paix arabes et israéliens fait son chemin et ceux qui, courageux, commencent à travailler et à élaborer en commun sur cet objectif montrent certainement la voie d’une issue possible, équitable et favorable à tous : la seule paix juste.

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