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Trois antiracismes : universaliste, institutionnel, politique.

J’engage ici brièvement comme militant antiraciste un débat sur les différents formes d’antiracisme. Trois grands paradigmes et non deux sont à distinguer : l'universaliste, l'institutionnel, le politique.

Première observation. On ne saurait s’en tenir à une opposition de deux formes d’antiracisme : l’universaliste et le politique, comme je l’ai vue et comme je l’ai moi-même écrit, puisqu’engagé dans ces débats de l’automne 2017.

Deuxième observation : Si aujourd’hui je pense qu’on peut distinguer trois grands corpus de luttes antiracistes et non deux comme vu jusqu’à présent, j’ajoute que les frontières sont parfois floues.

Trois formes :

1) L’antiracisme universaliste historique d’en-bas,

 Perspective générale

Cet antiracisme universaliste est celui associatif historique de la société civile. Il a ses subdivisions et notamment ses différentes organisations et ses histoires spécifiques en France. Le MRAP n’est pas la LICRA ou SOS Racisme. Pour s’en tenir aux principales.

Il importe de bien noter peut y avoir parfois des points d’accord avec l’antiracisme d’Etat, ce qui peut être juste ou non. Si un antiracisme universaliste d’en-bas est totalement « calé » sur les positions de l’antiracisme d’en-haut, il y a collusion, car il y a matière à critique. Là il faut aller regarder de plus près l’action des associations. Et ces dernières sont diverses, avec des parcours historiques différents.

 Antiracisme moral ? Le cas du MRAP.

Un antiracisme universaliste – celui du MRAP – intègre la dimension coloniale historique et néocoloniale de la France. C’est un point qui distingue cette organisation de SOS Racisme et surtout de la LICRA. Pour autant, les notions de "postcolonial" (parfois, très peu – le racisme contre les stèles contre le racisme colonial) et surtout de "décolonial" ne font pas parti de son argumentaire.

L’amitié entre les peuples, thème du MRAP, présuppose une position (ni moins morale ni moins politique ) de solidarité avec d’autres peuples. Peuples pas Etat. Est posé aussi la question du campisme. On ne saurait tout soutenir, simplement parce que ce sont des dominés du Sud victimes de l’impérialisme. Tout cela fait débat.

2) L’antiracisme institutionnel, d’en-haut.

Il faut distinguer l’antiracisme universaliste mondial, produit par les instances internationales – ONU – juste après la seconde guère mondiale et l’antiracisme d’Etat.

Cet antiracisme d’Etat prend appui en général (pas toujours : il y a parfois des villes en soutien de groupes défendant explicitement des ateliers non-mixtes donc racistes) sur un antiracisme universaliste (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, loi de 1972 contre le racisme etc., mais aussi tout un discours Républicain à géométrie variable.

Il distingue trop souvent encore antisémitisme et racisme ou autre forme(s) de racisme. Concernant les musulmans la terminologie n’est pas fixée. Le terme islamophobie n’est pas adopté, pas partout en tout cas. La place de l’islamisme gêne semble-t-il à l’emploi de ce terme dans la mesure ou des propositions d’actions, spécifiques ou non, peuvent viser ces musulmans intégristes.

Le problème de cet antiracisme d’Etat est qu’il n’applique pas totalement les principes qu’il annonce car il lui arrive de réprimer selon le faciès. Lorsque l’Etat de droit est plus proche de l’Etat d’exception son universalisme est évidemment faussé. L’antiracisme universaliste militant se trouve donc à critiquer cet antiracisme institutionnel. Il le fait différemment de l’antiracisme politique. Ce qui montre au passage des points communs – dans la critique – et des différences, dans la forme de la critique ou dans sa portée..

3) L’antiracisme politique (et son inverse parfois)

Contre le racisme structurel ou systémique. Soit mais encore...

Il est un nouveau venu dans le champ antiraciste du moins tel qu’annoncé (1). A regarder de près sa nouveauté est moins vraie pour certaines branches. Il est varié même si le rassemblement se entre composantes se fait plus aisément. Et surtout il sort parfois carrément de l’antiracisme. Ce qui est évidemment problématique. Ce terme passe-partout mérite donc, pour le moins, examen.

A lire le contenu de ce Manifeste (1), un militant du MRAP peut trouver des points d’accords. « Être antiraciste aujourd’hui, ce n’est donc plus seulement lutter contre le Front national ; ce n’est pas uniquement récuser les stéréotypes raciaux qui aliment les discriminations systémiques. C’est aussi combattre les politiques qui racialisent la société française ». Accord. Pas sur tout : "Aujourd’hui, quand on brandit la laïcité, c’est rarement pour dénoncer le financement public d’écoles catholiques, le Concordat en Alsace-Moselle, ou les pressions des évêques contre le « mariage pour tous ». D’ordinaire, c’est pour s’inquiéter de l’islam. Or ce qui devrait nous alarmer, c’est l’islamophobie." Mais quand l’islamophobie couvre les intégrismes musulmans sexyphobiques qui imposent des "campagnes de hidjabisation" il y a désaccord.

Reste surtout à lire la mise en œuvre.

Car des désaccords peuvent apparaitre dans ce texte ou ensuite surtout dans le détails des discours ou des pratiques comme les ateliers avec « séparatisme blancs-non blancs » par exemple (racisme insoutenable ici) .

Il y a des débats aussi sur l’islamisme (différent de musulman) ou sur les intégrismes musulmans (pour la diversité des intégrismes de cette religion comme d’autres religions) ou sur le campisme (Occident contre le reste du monde) ou sur la loi de 2004 interdisant les signes ostensibles de religion à l’école, etc... Sans parler du fait que parfois – comme on l’a dit à propos des ateliers non-mixtes – c’est carrément du « racisme pseudo-antiraciste » qui est défendu ! Là c’est net refus ! Aucun compromis possible.

Il y a donc plusieurs motifs de division qui sont transversaux et qui rendent la situation plus compliquée. Mais il est sans doute possible de marcher ensemble – avec des réserves – pour s’opposer au racisme d’en-haut qui frappe les quartiers populaires.

A poursuivre.

Christian DELARUE
8 mars 2018

source :
http://amitie-entre-les-peuples.org/Trois-antiracismes-universaliste-institutionnel-politique-Christian-DELARUE

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