En plus d’un blocus économique et financier criminel qu’ils combattent avec courage et détermination depuis le triomphe de la Révolution, Cuba et son peuple doivent faire face chaque année au déchainement destructeur des éléments qui, depuis quelques années, en raison du réchauffement de la planète (dont les pays riches sont en grande partie responsables), s’accentue et s’accélère. Si nous y ajoutons le scandale du black-out insupportable de la part des médias occidentaux et singulièrement français, sur les attaques du cyclone et les ravages qu’il a provoqués dans la presque totalité de l’Île, le triptyque est complet.
Ce petit pays volontaire et audacieux doit affronter les trois calamités à la fois. Il lui faut donc d’excellentes raisons et de solides convictions pour leur résister et les combattre victorieusement, tout en construisant, solitaire, une société socialiste où l’être humain est la priorité nationale.
Le peuple cubain qui, à l’exemple de Fidel, le charismatique commandant en chef de la Révolution, dont "la confiance absolue dans la victoire et la volonté de fer" étaient vissées au corps, sait "qu’il n’y a rien d’impossible". "Dans ces heures particulièrement difficiles" vient de proclamer l’autre héros de la Révolution, le chef de l’Etat Raoul Castro Ruz, "son héritage nous rend plus fort et nous unit". En effet, seul un peuple uni et déterminé, cultivé et solidaire, peut résister à une adversité aussi puissante et cruelle et la mettre en échec.
C’est pourquoi, alors que Cuba vient de subir pendant près de 72h, de Baracoa à Cardenas, les attaques destructrices d’un cyclone d’une violence inouïe, alors que son peuple est blessé dans sa chair (10 victimes recensées à ce jour), alors qu’il ne peut compter que sur lui-même pour relever le défi de la reconstruction, alors que son économie et son développement sont étranglés par un blocus étasunien génocidaire, je suis terriblement choqué que la plupart des médias organisent un silence assourdissant et consternant sur les souffrance que le peuple cubain endure. Ils ne s’apitoient, les misérables, que sur les malheurs des milliardaires de Floride ou de St Barth. Cuba n’existe pas ! Entre Key West et St Martin, la plus grande île des Caraïbes a été engloutie.
Mieux vaut éviter de parler d’un pays qui se distingue par ses vertus humanistes et par la force de son collectif. En effet, Cuba pourrait donner des leçons au monde entier en matière d’organisation de la protection des populations en cas de cataclysme. A Cuba, contrairement aux pays capitalistes qui privilégient les biens, ce sont les êtres humains qui sont prioritaires. La Défense Civile Cubaine est d’une efficacité redoutable. En quelques heures, voire moins, elle peut mettre à l’abri une ville de 30 000 habitants. Pour l’ouragan "Irma", l’un des plus violents de l’histoire cyclonique de Cuba, ce sont plus d’un million d’habitants et de touristes qui ont été mis à l’abri, hors des zones sensibles, en seulement quelques jours. Tout le monde est mis à contribution et chacun s’attelle à sa tâche avec le souci d’autrui. C’est ainsi que les autorités du pays chargées de la Protection Civile, s’appuient sur l’armée, la police, les organisations de masse et de proximité et sur un savoir-faire, une discipline, un ordonnancement et une solidarité exemplaire entre les habitants.
Dans ces territoires balayés régulièrement par les ouragans et les pluies diluviennes de septembre à novembre, des exercices sont organisés tout au long de l’année. Chacun sait où se situent les abris. Chacun sait ce qu’il doit faire quand les alertes sont notifiées et diffusées. Rien n’est laissé au hasard dans la prévention : dans chaque quartier, les plus faibles, les handicapés, tous ceux dans l’incapacité de se déplacer par eux-mêmes sont visités et pris en charge par les CDR et les services sociaux. Pas un seul n’est oublié !
Il y a deux phases d’alerte : la "phase informative" et la "phase cyclonique". Dans la première, la population est renseignée régulièrement par la télévision, les médias, les réseaux sociaux et par des réunions de prévention, sur la nature, la progression et les dangers du fléau, grâce à la pédagogie d’un service météorologique de pointe. La seconde phase est celle de "l’alerte cyclonique" qui organise les déplacements de population dans les familles, chez des amis, dans les abris et qui met sur le pied de guerre non seulement les entreprise publiques concernées, notamment celles de l’électricité, du gaz et du téléphone, mais aussi l’ensemble des acteurs de la protection civile. Ce branle-bas de combat impressionnant, forgé par l’expérience et par la volonté politique, permet de réduire à rien le nombre des victimes. Quand malheureusement il y en a, c’est soit le fait d’une terrible malchance, soit que les personnes n’ont pas observé strictement les consignes de la Défense Civile.
Mais Cuba ne serait pas Cuba si son peuple, lui-même en plein désastre, ne faisait pas preuve de solidarité avec les autres peuples des Antilles sévèrement touchés par le cataclysme, comme Antigua, La Barbade, Haïti, Les Bahamas et autre Sainte-Lucie. Des médecins et du personnel médical cubains sont envoyés par centaines au secours des populations sinistrées. Qui peut en dire autant ? Chapeau bas Cuba socialiste !
C’est sans doute tout cela que les "journalistes" veulent taire. Surtout ne rien dire de ce peuple digne, solidaire, pacifique, qui ne se plaint jamais, qui est attentif au malheur des autres, et qui est de surcroit d’une efficacité redoutable face aux déchainements de la nature. Mais ce que ne pardonnent pas les maîtres des médias, c’est que ce peuple, rebelle dans l’âme, persiste dans la voie du socialisme.
Pourtant, combien de fois a-t-il souffert dans sa chair ? Combien de fois a-t-il dû reconstruire ce qu’il avait patiemment déjà reconstruit ? Combien de fois a-t-il dû remettre son ouvrage sur le métier ? Combien de fois enfin a-t-il dû se sentir calomnié, insulté ?
Je sais, chers amis et camarades cubains, que ces dix vies que le cyclone a réussi à vous arracher, résonnent en vous comme une sorte de défaite. Pour vous qui avez l’humanité rivée au corps, et déployé tant d’efforts, c’est difficile à accepter, mais sachez que vous n’êtes pas seuls, très nombreux sont vos amis dans le monde. Ils ne vous abandonneront jamais. Soyez assurés de pouvoir compter sur eux pour vous aider dans cette nouvelle et terrible épreuve.
Même quand le ciel déchaîné leur tombe cent fois sur la tête, les cubains ne se résignent pas. Beaucoup, ailleurs, auraient cédé devant ces trois calamités. Eux, les poings serrés, le cœur au bord des lèvres, l’estomac noué mais confiants dans la victoire, ils avancent unis, résolus à rester libres. Leur héroïsme n’est pas tapageur, il est quotidien, presqu’ordinaire.
Viva Cuba Libre
Michel Taupin