L’Etat islamique en Syrie et en Irak est officiellement vaincu. La résolution des Nations Unies qui a permis à d’autres pays de combattre l’EI en Syrie et en Irak est devenue caduque. Mais l’armée américaine veut, en dehors de toute base légale, poursuivre son occupation du nord-est de la Syrie. Elle n’y arrivera pas. Ses alliés kurdes de la région l’abandonnent déjà et préfèrent maintenant la protection russe. Des forces de guérilla pour combattre la « présence » américaine sont en formation. Le plan américain est à courte vue et stupide. Si les États-Unis s’entêtent à rester là, beaucoup de leurs soldats mourront.
Il y a deux jours, l’armée arabe syrienne a colmaté les dernières brèches sur la rive ouest de l’Euphrate. Après avoir combattu tout le long de la rivière depuis Alep vers l’est, la Force du Tigre a atteint Deir Ezzor qui avait déjà été libéré. Toutes les villes et villages qu’ils ont rencontrés en cours de route sont maintenant contrôlés par le gouvernement syrien. Les combattants islamiques restants ont été repoussés dans le désert où ils seront chassés et tués.
Il y a deux jours, le président russe Vladimir Poutine a annoncé une « victoire complète » en Syrie :
« Il y a deux heures, le ministre (russe) de la défense m’a rapporté que les opérations sur les rives est et ouest de l’Euphrate se sont achevées par la déroute totale des terroristes », a déclaré Poutine.
« Naturellement, il pourrait encore y avoir des poches de résistance, mais dans l’ensemble, les opérations militaires à ce stade et sur ce territoire se sont terminées, je le répète, par la déroute totale des terroristes », a-t-il dit.
Aujourd’hui, le Premier ministre irakien Haider Abadi a annoncé la victoire et la « fin de la guerre » contre l’EI du côté irakien :
« Nos forces ont repris le contrôle total de la frontière irakienne et syrienne et j’annonce donc la fin de la guerre contre Daesh (EI), » a déclaré Abadi lors d’une conférence à Bagdad.
Au nord de l’Euphrate, les Forces démocratiques syriennes (FDS), les forces par procuration américaines, avaient récemment négocié un autre accord (42) avec les combattants islamiques restants. L’EI aurait donné le contrôle d’un poste frontière avec l’Iraq aux FDS et, en échange, aurait obtenu le droit de circuler librement dans les zones contrôlées par les FDS. Cet accord a fait suite à un accord antérieur aux termes duquel les États-Unis et le SDF avaient permis à 3 500 combattants de l’EI de fuir Raqqa pour aller combattre l’armée syrienne à Deir Ezzor. C’était une tentative des États-Unis pour retarder ou empêcher la victoire de la Syrie et de ses alliés. Elle a échoué.
Peu de temps après le nouveau cessez-le-feu proclamé entre les forces par procurations américaines des FDS et l’EI, des officiers russes ont rencontré des responsables des Unités de protection du peuple kurde (YPG), la force principale des FDS. Ces entretiens ont complètement changé la situation. Lors d’une conférence de presse commune, les Kurdes et les Russes se sont engagés à unir leurs efforts pour combattre l’EI à l’est de l’Euphrate. Il semble que les YPG ne soient plus convaincus que les États-Unis veuillent le combattre. Les Russes ont pris le commandement et les forces aériennes russes soutiennent depuis les YPG dans leur lutte contre l’EI dans le gouvernorat de Deir Ezzor sur la rive est du fleuve :
« Un état-major opérationnel conjoint a été créé dans la ville d’Es-Salhiya pour assurer le contrôle direct et organiser la coopération avec les milices populaires. Outre les conseillers russes, des représentants des tribus orientales de l’Euphrate y participent », a déclaré Poplavskiy, en ajoutant que dans les « prochains jours », tout le territoire à l’est de l’Euphrate River serait libéré des terroristes.
Selon Mahmoud Nuri, un représentant des YPG kurdes, la milice « s’est battue très efficacement contre l’EI sous le commandement russe » et les forces kurdes se sont également déclarées prêtes à assurer la sécurité des spécialistes militaires russes opérant sur la rive orientale de l’Euphrate.
Les États-Unis s’inquiètent vivement du fait que les Russes appuient soudain les forces américaines par procuration dans le nord-est de la Syrie. Les États-Unis veulent s’approprier la région. (Ils veulent probablement aussi protéger ce qui reste de l’EI pour le réutiliser au besoin. Les États-Unis prétendent que le soutien aérien russe aux Kurdes viole « l’espace aérien de la coalition ».
Les États-Unis qui n’ont jamais été invités en Syrie, prétendent maintenant y détenir un espace aérien ? Les Russes, alliés au gouvernement syrien, ont été invités dans le ciel syrien. Tout le monde sait parfaitement bien qui a le droit de se trouver dans la région et qui ne l’a pas. Mais l’armée américaine a horreur de regarder en face ses propres abus autant que de se mesurer à un adversaire qui connait la musique :
Une fois, deux avions d’attaque A-10 de l’armée de l’air volant à l’est de la rivière Euphrate ont failli heurter de front un Su-24 Fencer russe se trouvant à seulement 300 pieds de distance – une distance infinitésimale quand on pense que tous les avions volent à plus de 350 milles à l’heure. Les A-10 firent une embardée pour éviter l’avion russe, qui aurait dû se trouver à l’ouest de l’Euphrate.
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Depuis que les commandants américains et russes se sont mis d’accord le mois dernier pour voler sur des rives opposées d’un tronçon de 45 milles de l’Euphrate afin de prévenir les accidents dans le ciel de plus en plus encombré de l’est de la Syrie, les avions de guerre russes ont violé cet accord une demi-douzaine de fois par jour, selon les commandants américains. Selon eux, Moscou veut tester la détermination américaine, pousser les pilotes de l’armée de l’air à réagir imprudemment, et aider l’armée syrienne à consolider les acquis territoriaux avant les pourparlers diplomatiques pour mettre fin à la guerre de près de sept ans du pays.
L’EI a disparu. Rien ne justifie la création d’un « espace aérien de la coalition ». Où se trouve l’« accord » qui permet aux États-Unis d’occuper indéfiniment le nord-est de la Syrie, comme il affirme maintenant officiellement vouloir le faire ?
Le Pentagone prévoit de maintenir indéfiniment des forces américaines en Syrie, même après la fin officielle de la guerre contre le groupe extrémiste islamiste, pour participer à ce qu’il appelle des opérations antiterroristes, ont déclaré des officiels.
Il y a environ 2 000 soldats américains en Syrie et un nombre indéterminé de personnel privé en soutien. Le mois dernier, l’armée américaine a retiré 400 marines de Syrie où les forces américaines sont entrées pour la première fois à l’automne 2016.
Plus tôt dans la semaine, des officiels ont dévoilé les plans d’un engagement à durée indéterminée, connu sous le nom de présence « conditionnelle ».
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Le Pentagone a déclaré que ses forces armées cibleraient des parties de la Syrie qui ne sont pas entièrement gouvernées par le régime ni les forces rebelles. L’armée affirme qu’elle a le droit de rester là.
L’armée américaine se fait beaucoup de films sur la « légalité » et les « accords ». Nous avons déjà dit que sa « présence » en Syrie est manifestement illégale. La feuille de vigne fournie par la résolution 2249 des Nations Unies pour combattre l’EI est en poussière. Poutine a suffisamment insisté sur la « déroute totale des terroristes » et la victoire « complète » pour qu’il n’y ait pas de doute là-dessus. Il n’y a absolument aucune raison pour que les États-Unis restent là. D’ailleurs ils n’y arriveront pas.
Le commandant des forces paramilitaires qui soutiennent le gouvernement syrien et irakien a envoyé une note aux États-Unis pour leur faire savoir que les forces américaines restantes en Syrie seront combattues :
Le commandant du corps des Gardiens de la révolution iranienne, le général de brigade Haj Qassem Soleimani, a envoyé un message verbal, via la Russie, au chef du commandant des forces américaines en Syrie, lui conseillant de retirer toutes les forces américaines jusqu’au dernier soldat « sinon les portes de l’enfer s’ouvriront ».
« Voilà mon message au commandement militaire américain : lorsque la bataille contre l’EI (le groupe Etat islamique) prendra fin, aucun soldat américain ne sera plus toléré en Syrie. Je vous conseille de partir de vous-mêmes sinon vous y serez contraints par la force », a dit Soleimani à un officier russe. Soleimani a demandé au responsable russe de bien préciser les intentions iraniennes concernant les Etats-Unis : à savoir qu’ils seront considérés comme des forces d’occupation s’ils décidaient de rester dans le nord-est de la Syrie où Kurdes et tribus arabes vivent ensemble.
En 1983, les casernes militaires américaines et françaises de Beyrouth ont sauté après que leurs forces sont intervenues pour soutenir un des camps de la guerre civile libanaise. Plusieurs centaines de soldats sont morts. Après l’attaque, les États-Unis se sont retirés du Liban. Les soldats américains qui restent dans le nord-est de la Syrie peuvent maintenant s’attendre à subir le même sort.
Les États-Unis affirment qu’ils ont 2 000 soldats au nord-est de la Syrie. Ils avaient auparavant prétendu en avoir 500. Ce nouveau nombre a été annoncé après le rapatriement de 400 marines et il est encore bien inférieur à la réalité :
Le chiffre mis à jour ne tient pas compte des effectifs des missions classifiées ni de certains membres du personnel des opérations spéciales, a indiqué M. Pahon.
Pendant des mois, les États-Unis ont prétendu n’avoir que 500 soldats dans la région. Ils ne faisaient même pas mention du personnel privé qui suit leurs troupes partout. Le nombre réel des Américains en Syrie devait être dix fois plus élevé que le nombre officiel. Le nouveau nombre officiel est « 2000 et quelque ». Le nouveau nombre réel est probablement supérieur à 3 500, plus plusieurs milliers de personnel privé. Cette révélation confirme une fois de plus que l’armée américaine ment tout le temps.
Les « 2 000 et quelque » qui restent maintenant auront besoin de dizaines de tonnes d’approvisionnements chaque jour et les États-Unis n’ont pas de ligne d’approvisionnement sécurisée vers le nord-est de la Syrie. C’est de l’arrogance et de la sottise que de vouloir maintenir les troupes sur place. Quelques guérilleros pourront facilement empêcher les livraisons. Tous les camps que ces troupes occuperont seront la cible d’attaques extérieures et intérieures.
Les Kurdes des YPG sont déjà en train de sortir de leur coalition avec les États-Unis... Ils se lient maintenant d’amitié avec les Russes qui leur fournissent un soutien aérien là où les États-Unis veulent maintenir l’EI en vie. Combien de temps encore les soldats américains qui se trouvent dans les zones contrôlées par les YPG pourront-ils faire confiance à leurs « alliés » ?
Le Pentagone dit que la présence en Syrie est « conditionnelle », mais il ne dit pas à quelles conditions il y mettrait fin. Le général Soleimani semble croire que si quelques centaines de sacs mortuaires étaient débarqués sur la base d’Andrews près de Washington, cela pourrait constituer une condition suffisante pour que les Américains s’en aillent.
La situation dans les autres parties de la Syrie n’a pratiquement pas changé. Les différents groupes Takifiri d’Idelb continuent à se massacrer les uns les autres. Les forces syriennes retarderont probablement les attaques qu’ils ont planifiées dans la région tant que leurs ennemis se dévoreront mutuellement. Mais dans un an, Idelb et le nord-est de la Syrie seront probablement de nouveau aux mains du gouvernement syrien.
Moon of Alabama
Traduction : Dominique Muselet