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Déclin, tel est le catéchisme des libéraux...

Sur le déclin de la France ?

LA MONDIALISATION SOLIDAIRE : Rappelez-vous, c’était il y a peu de temps, on ne nous parlait que du « déclin de la France » et de son impuissance à parler au monde. Alors regardez ces images. De partout les hommages affluent [1] et reprennent le drapeau tricolore, celui formaté et porté par la Révolution, décapiteur du système féodal, renvoyant à notre banderole Républicaine : « Liberté, Egalité, Fraternité », dont l’auteur s’appelle Robespierre.

Les dirigeants de ces Pays, se sont sentis obligés par leurs peuples, car Paris, ville la plus visitée au monde, ville lumière, celle des amoureux, des poètes, des peintres et des cultures du monde. Paris n’appartient pas qu’aux Parisiens, elle est la ville qui appartient au monde : « Je suis Parisien » [2]. Où est le déclin dans ces images-là ??? C’est aussi le tableau de Delacroix « la liberté guidant le peuple » qui est repris comme image symbole. Voilà ce qu’est une mondialisation humaine et solidaire… autour de la Ville qui symbolise les Révolutions (1789, 1838, 1848, 1871, 1944).

UN CHANT REVOLUTIONNAIRE A l’OPERA DE NEW-YORK :
Peut-on imaginer plus « anti-français » qu’un américain ? Ceux qui se moquaient de nous en dénonçant nos congés-payés, nos R.T.T et nos week-end… On ne cessait de nous parler du « french-bashing », et voilà qu’à New-York, dans son opéra, c’est le chant Révolutionnaire qui ouvre le bal des artistes. Combien de chanteurs de par le monde ont rendu hommage ??? Innombrable est la liste… Et la France ne parlerait plus au monde ? Et serait sur le déclin ?

LA MARSEILLAISE A WEMBLAY :
Là non plus, ce n’est pas Cameron qui décide mais le nombre d’anglais qui passent leurs vacances et leurs retraites en France sont innombrables. Toucher à la France et à Paris, c’est toucher à leur paradis. Alors ils connaissent la Marseillaise par cœur et ils en connaissent le sens profond, car ils ont été les premiers à couper la tête de leur Roi, avant que nous suivions leur exemple.

LES DECLINISTES SONT LIBERAUX :
Les déclinistes sont libéraux, car ils veulent, justement que dans un « monde marchandise », celui du capitalisme mondialisé, « l’exception Française », celle de sa sécurité sociale, celle de ses congés payés, celle du code du travail, du statut des fonctionnaires et celle des services publics, dont on n’a pu mesurer l’efficacité au moment des attentats, disparaisse pour rejoindre la cohorte, des suivistes du « marché libre et non faussé », où tout deviendrait marchandise, et régulé par les prix, selon leur « loi de l’offre et de la demande ». Alors pour casser cette spécificité, il faut accuser le modèle de tous les maux, d’où la thèse du déclin et de l’impuissance, d’où les dénonciations successives des déficits dits publics, des services publics, des fonctionnaires, du code du travail, de l’impuissance de l’Etat [3] etc…, et pour finir accuser tout ceci d’être la cause du déclin, pour cacher leur rêve de privatisation.

LE DECLIN ECONOMIQUE ?
Cette thèse se poursuit en parlant de déclin économique, oubliant de préciser que nous sommes la 5ème puissance économique du monde, la 2ème pour le nombre de groupes mondiaux, la 3ème pour le dépôt de brevets, la 2ème pour le nombre de médaille fields (prix Nobel de mathématique), que la France des congés payés est le pays le plus visité au monde, que nous avons le T.G.V et Airbus, qui font plus que concurrencer les Etats-Unis, que nous sommes présents dans l’espace avec un lanceur indépendant, Ariane et que nous avons l’électricité la moins chère de l’O.C.D.E. Mais nous sommes en déclin, car tel est le « catéchisme des libéraux » qui ne veulent de notre Pays, que comme « marchandise offerte au monde »… d’où les seules politiques développées « d’attractivité et de marketing ».

LA QUESTION INDUSTRIELLE ?
Allez, puisque vous voulez du déclin je vous l’offre… Nous subissons un déclin industriel sans précédent, qui fait que l’on dépend de la Chine (en fait des salaires chinois) [4], pour beaucoup de produits de base (tee-shirts, télévisions [5], électroménager, ordinateurs, voitures, acier) et par ailleurs dépendant des Allemands pour les machines industrielles (les équipements lourds). De ce fait, nous importons beaucoup, construisant de ce fait une logique de dépendance qui mine notre industrie, détruit ses emplois, augmente le chômage [6] et développe les déficits (commerciaux, sécurité sociale etc.).

LES TRAHISONS DU PATRONAT :
Mais le fait de reconnaitre ce fait là, n’est pas une explication. Déjà en 1940 le patronat Français avait trahi, préférant « Hitler au front populaire  », ce qui explique son soutien massif au régime de Vichy et son silence pesant au moment de la Libération acceptant les Nationalisations sans rien dire. Certains groupes industriels comme Renault furent d’ailleurs nationalisé par De-Gaulle, pour « entente avec l’ennemi ». Avec la Mondialisation, ils ont remis ça, préférant la spéculation financière, au détriment de l’Industrie, abandonnant la production nationale, pour se convertir au commerce mondial, moins risqué et plus rentable, mais destructeur de notre Pays, de ses « savoir-faire » et de sa puissance. Mais cette logique vient de loin, car il existe une matrice du marché.

PAS DE MARCHE SANS L’ETAT :
Contrairement à tous les discours médiatiques autoentretenus, il n’y a pas de marché sans Etat. En d’autres termes c’est l’Etat qui crée le marché et lui donne consistance. Ce fut le cas de la création des « villes franches » : « Les rois de France (Louis VI et Louis VII en particulier) favorisent en bien des cas le mouvement d’émancipation urbaine et se font les protecteurs des bourgeois pour miner la puissance des seigneurs féodaux. D’importantes concessions sont faites, d’autre part, pour assurer le peuplement des « villes neuves » fondées pour animer le défrichement rural, tenir une route ou border une frontière. Les principaux privilèges personnels sont l’exemption de servitude et l’allégement des charges fiscales. [7] Déjà la baisse des impôts. Puis ce fut la loi « Le Chapelier  » [8] qui détruisant les corporations et l’interdiction des regroupements professionnels, livra une main d’œuvre taillable et corvéable à merci (idem en Angleterre « enclosure act ». Il fallut plus d’un siècle de luttes sociales, pour que le « monde du travail » retrouve des droits, et la reconnaissance de ses organisations professionnelles (création de la C.G.T en 1895). Aujourd’hui Macron, par ses dérégulations successives du code du travail, reprends le fil de la loi Le Chapelier, pour fournir aux sociétés de services, la main d’œuvre, jeune, qualifiée et désyndicalisée demandée par le patronat. C’est bien l’Etat qui, aujourd’hui comme hier, crée le marché et de plus, le soutient à bout de bras lors de ses propres crises (Subprimes).

DEJA SOUS COLBERT :
Dire ceci, n’est que la transcription historique de faits déjà vécu dans le passé. Saint-Gobain n’existerait pas aujourd’hui sans l’Etat (décret royal de Louis XIV). Colbert, donc l’Etat, fut à l’origine du développement des manufactures industrielles. Plus près de nous, Bouygues, N° 1 mondial du B.T.P existerait-il sans les commandes publiques (autoroutes, centraux téléphoniques, centrales électriques ?). Tant d’entreprises que désormais s’arrache le marché des hypocrites, n’existeraient pas sans l’intervention divine de l’Etat (Orange, Tf1, La Poste etc.).

DE LA NATURE DU CAPITALISME :
Chaque entreprise prise une à une, n’est pas directement « coupable de trahison  », mais le système qu’elles imposent, celui de la « compétitivité permanente  » et du « libre-échange  », fondé sur la concurrence, revient à remonter en permanence l’épée de Damoclès qui nous retombe dessus et coupe les têtes des entreprises et des salariés les moins rentables, au regard des critères imposées par la finance mondialisée, qui se comporte comme un prédateur. Telle est la nature profonde du capitalisme qui n’a qu’un dogme « Accumulez, accumulez, c’est la loi et les prophètes » [9].

L’INTERET GENERAL :
En 1789, la rupture introduite par les révolutions fiscales et politiques mirent en avant « l’intérêt général », seul objet des lois, fondement de la République (chose publique) qui devait être décidé par le « peuple associé » (Démocratie). Depuis cette date, les lois votées par les députés de la Nation, sont censées porter « l’intérêt général ». Ainsi en est-il par exemple de la loi sur la laïcité, qui coupe de manière définitive, enfin on le pensait, la relation entre foi et politique et cherche à développer l’école de la République. On voit aujourd’hui, qu’il s’agit toujours d’un combat.

LE CONCEPT DE LUTTE DES CLASSES :
Le citoyen « maitre dans sa ville », en étant salarié, redevenait « serf à l’entreprise  », dépendant du Maître, c’est-à-dire de celui qui possède les moyens de production (terres, bâtiments, machines etc.), alors que dans le même temps, c’est le salarié qui produit les richesses. Le rapport d’exploitation est analysé par Karl MARX, comme la conséquence directe du rapport de propriété. Il en découle à une analyse en termes d’opposition entre l’intérêt des prolétaires, qui ne vivent que de leur salaire (paiement de la force de travail), et du Patron-propriétaire, qui en vendant le bien produit, sur le marché touche l’intégralité de la valeur du travail effectivement réalisé, exerçant ainsi, une « plus-value », piquée en permanence sur le travail des prolétaires (exploitation). L’intérêt des patrons est de maximiser leur profit, qui de fait s’oppose à l’intérêt des travailleurs. Salaire contre profit, telle est la nature profonde du capitalisme, dans son fonctionnement effectif.

L’INTERET PRIVE :
La Révolution reconnait « l’intérêt privé  » délimitant le domaine de la loi : « La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. » [10] Ceci va générer une ambiguïté dans la quelle vont se jeter les libéraux, pour transformer l’intérêt de l’entreprise, par définition « intérêt privé » en « intérêt général », débouchant sur les lois de répression sociales, qui se poursuivent aujourd’hui (Air-France). La loi qui pose comme objectif la « compétitivité » dont la matérialisation est une amputation de 40 milliards d’euros de moyens publics, vise de fait à substituer « l’intérêt privé » à « l’intérêt général », ce qui revient à positionner « l’intérêt général » au service de « l’intérêt privé ».

LE LIBERALISME CONTRE LES DROITS DE L’HOMME :
Nul besoin d’être marxiste pour dénoncer le libéralisme économique comme contraire aux « droits de l’homme ». Il suffit pour cela de lire et d’appliquer dans ses fondements l’article 4 de la déclaration des droits de l’homme : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Or, le fondement du libéralisme économique c’est la concurrence, dont l’objectif final est la destruction du concurrent. Il existe donc par cet article une proclamation d’interdiction de porter atteinte à autrui. Le libéralisme économique est donc antinomique avec la déclaration des droits de l’homme. Une Révolution sera sans doute nécessaire pour y arriver.

RETOUR SUR LE DECLIN
On peut analyser que l’entreprise, sous contrainte du marché peut, dans ce cadre, être amenée à préférer produire en Chine et délaisser en termes d’investissements, son territoire d’origine. Voilà l’explication essentielle du « déclin industriel Français », qui ne se trouve donc, ni dans les salaires, ni dans l’impôt ou les R.T.T, mais dans le capitalisme comme système économique. Quant au « déclin de la France », à l’extérieur et son rayonnement dans le monde, plus qu’un long discours, je vous renvoie aux images qui tournent en boucle sur toutes les chaines d’information du monde.

Fabrice Aubert
Le 17 Novembre 2015.

[1San-Francisco, New-York, Sydney, Toronto, Londres, Long-Beach, Shanghai, Vancouver, Rio, Aukland, Berlin etc…

[2Roberto FERRUCCI, Ecrivain Italien / L’Humanité du 17 Novembre 2015

[3C’est d’ailleurs en privatisant les services publics de l’Etat qu’on le rend impuissant.

[4Au nom de « moins c’est cher, plus le consommateur profite », en oubliant la production et ses effluves créatrices.

[5La privatisation de Thomson déboucha sur sa liquidation et l’importation de masse des téléviseurs.

[6En fait « Armée Industrielle de Réserve », au sens de Marx

[7Jean FAVIER, « LIBERTÉS URBAINES », Encyclopædia Universalis,

[81791

[9Karl MARX / Le Capital / Livre premier chapitre XXIV

[10« Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789, Art 5


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