RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Stratégie et mirage

Le président vénézuélien Nicolas Maduro dont le pays est dans une passe dangereuse pour sa stabilité du fait de l’effondrement des cours du pétrole qui lui procurent l’essentiel de ses ressources financières s’est rendu à Téhéran, puis à Ryadh et enfin à Alger pour y plaider la nécessité d’une intervention de l’OPEP qui permettrait de redresser ces cours.

Si Maduro a trouvé à Téhéran et Alger des oreilles attentives, finalement sa tentative de constituer un front des pays membres de l’OPEP qui appuierait sa demande d’une intervention concertée pour au moins stopper la dégringolade des prix pétroliers a manifestement échoué du moment qu’à Ryadh, il lui a été opposé une fin de non-recevoir à une telle initiative.

Il ne pouvait en être autrement de la part des autorités d’un pays qui est grandement pour ne pas dire l’acteur principal à l’origine de la crise pétrolière qui pénalise les Etats producteurs. Ce dont personne ne doute désormais. Certes, l’Arabie saoudite n’a pas déclenché cette crise pétrolière. Celle-ci a démarré dès lors que la demande en pétrole a fléchi sous le coup du ralentissement de croissance qui a affecté les économies mondiales pour certaines entrées carrément en récession. Mais Ryadh a contribué à l’aggraver en refusant que l’OPEP régule, quand cela aurait pu être possible, la distorsion qui s’est créée entre l’offre et la demande sur les marchés pétroliers en procédant à une réduction adaptée des quotas de production de ses Etats membres.

Son refus a fait dans un premier temps l’objet de l’interprétation que la monarchie saoudienne a opté pour une telle décision avec pour calcul de « punir » la Russie, l’Iran et même l’Irak, pays producteurs de pétrole ultra-dépendants de la manne financière que leur procure cette ressource. Etats avec lesquels elle est en confrontation tout à la fois sur la question syrienne, le dossier du nucléaire iranien que pour des raisons d’ordre religieux et de rivalité pour le leadership régional. Il se prête désormais à une autre lecture du moment que l’Arabie saoudite persiste dans sa position du « laisser-faire » qui est en train de plonger les prix sous des seuils qui outre que cela met à genoux les pays cités mais également pratiquement tous les Etats producteurs.

Il apparaît en effet clairement que Ryadh favorise la chute des cours dans un autre dessein qui est celui de contrer la concurrence que l’exploitation du gaz de schiste fait au pétrole classique. S’estimant à l’abri le temps que cette exploitation en vienne à n’être plus attractive en terme de coût et de bénéfice des conséquences du manque à gagner financier qu’elle enregistrera, la monarchie estime avoir les moyens de sa stratégie. D’autant que pour elle, elle répond également à un objectif politique et sécuritaire. L’indépendance énergétique que les Etats-Unis ont retrouvée grâce à l’exploitation du gaz de schiste nourrit en effet à Ryadh la crainte qui n’est pas que fantasmagorique d’un lâchage américain du Royaume.

Le retour de bâton possible qui pourrait en résulter pour Ryadh est qu’en s’en prenant aussi franchement à l’industrie du gaz de schiste étasunienne et aux multinationales du pétrole, elle a pris le risque d’encourager et de renforcer les lobbys qui prônent le désengagement américain à son égard. Les émirs saoudiens présument un peu trop de la puissance que le pétrole confère à leur monarchie et semblent persuadés qu’elle peut leur permettre de contraindre l’Amérique à réviser sa politique énergétique. Il y a fort à parier que les Etats-Unis se chargeront le moment opportun pour eux de leur démontrer qu’ils ont bâti leur stratégie sur un mirage.

Kharroubi Habib

»» http://www.tamoudre.org/strategie-et-mirage/opinions/
URL de cet article 27827
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ?
Jean BRICMONT
Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment appelés à défendre les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je crois vraiment que là où il y a le choix entre la couardise et la violence, je conseillerais la violence.

MAHATMA GANDHI

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.