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Socialisme, individualité et solidarité. Le socialisme c’est la démocratie plus la démocratie.

Dessin : Christian Pigeon www.sudptt.fr



Démocratie & Socialisme, jeudi 31 janvier 2008.

L’élitisme contre l’individualisme.

L’offensive néolibérale lancée dès le début des années 80 s’est réclamée de l’individualisme. Rien n’est plus mensonger que cette prétention. Le libéralisme ne répond pas aux besoins de tous, il prend en compte les intérêts d’une élite. Il n’est pas universaliste, il est particulariste. Il ne défend pas l’égalité des droits, il défend l’égalité des chances, donc l’inégalité des résultats. Il ne défend pas le libre choix pour tous, il défend les privilèges de quelques uns et fait obstacle aux droits universels.

Le libéralisme est élitiste. L’élitisme est le fonds de commerce de la droite. Elle le défend de façon unanime, puisque la droite a des dirigeants de droite, ce qui lui donne une certaine cohérence.

Au contraire les valeurs de la gauche sont celles de la démocratie, qui ne se réduit pas à l’établissement d’un cadre institutionnel commun. La démocratie est l’établissement de relations sociales qui attribuent les mêmes droits à tous les individus. La démocratie est individualiste et solidaire en même temps.

Malheureusement, les dirigeants de la gauche ne sont pas tous aussi cohérents que ceux de la droite. Trop d’entre eux ont oublié les motivations qui étaient les leurs quand ils étaient en bas de l’échelle sociale. Dans la société très inégalitaire qu’est le capitalisme, il est plus confortable d’être en haut qu’en bas. (...)

En accédant à un strapontin parmi " l’élite ", certains délaissent la défense des droits universels des individus et se satisfont de leur réussite personnelle. Et certains cautionnent ce tour de passe-passe : la gauche doit " déculpabiliser le droit à la réussite personnelle " a dit Ségolène Royal le 19 janvier à la Maison de la Chimie. Proclamer le droit de chacun à s’épanouir dans ses activités sociales ne culpabilise personne, mais quels sont ceux qu’il faudrait alors déculpabiliser, sinon ceux dont la " réussite " s’est construite aux dépens de celle des autres. Vouloir les déculpabiliser, c’est promouvoir le développement inégal. C’est choisir le libéralisme contre la démocratie. (...)

Par exemple, en moyenne, sur l’ensemble de la production, le marché fixe les prix des marchandises à leur valeur en temps de travail. Ni le vendeur ni l’acheteur ne devraient être lésés : à chacun selon son travail… Mais la réalité n’est pas une moyenne. Le contrat réel passé entre vendeur et acheteur est généralement léonin : ce n’est ni le maraîcher ni le client qui décident des prix d’achat et de vente des salades pratiqués par l’hypermarché. Et ce sont eux qui sont lésés.

Le libéralisme cultive l’individualisme de celui qui se taille la part du lion. Il promet la libération des individus, il sert en réalité à soumettre les plus faibles. Il prétend libérer les individus en levant toute une série d’interdictions.

En réalité, les possibilités " offertes " pour travailler plus et pour travailler le dimanche ou le projet de faire sauter les limitations horaires et les protections ne sont pas des libertés gagnées ou à gagner, mais des soumissions supplémentaires.

Le fait d’obtenir éventuellement le consentement des intéressés ne change rien : seuls les plus forts ont le pouvoir de dire " non ", quand les plus faibles ou plus pauvres ne pourront que consentir. Prétendre que le consentement, inhérent au contrat, est l’expression de la liberté individuelle, revient à définir la liberté comme l’absence d’intervention extérieure qui pourrait venir s’opposer à ce consentement. Prétendre que ce consentement dispense de faire intervenir la loi démocratique, consiste à justifier une domination, donc à écraser un droit (Philip Pettit, "Républicanisme ", éd. Gallimard). (...)

Pour atteindre leurs objectifs financiers, les grandes entreprises répercutent leurs contraintes de qualité, de flexibilité, de délais et de productivité sur leurs sous-traitants qui, eux-mêmes, à leur tour les répercutent sur leurs propres fournisseurs. De proche en proche, c’est ainsi toute l’économie qui est soumise à la pression des marchés financiers. (...)

Aux anciennes contraintes viennent s’en ajouter de nouvelles qui sont liés aux nouvelles exigences de la production : le " juste à temps ", le " zéro stock "... Le travail s’intensifie, les pauses, les temps morts sont traqués. La pression de l’urgence est constante sur les salariés.

Des caissières des grands magasins, pourtant employées à temps partiel alors que la plupart souhaiteraient travailler à temps plein, doivent partir tôt de chez elles le matin et rentrer tard le soir. C’est toute l’activité personnelle, familiale, sociale de millions d’êtres humains qui est maintenant subordonnée aux exigences des entreprises.

Le patronat, avec cynisme, utilise la misère, la déstructuration du vécu de ceux qui sont au chômage pour imposer sa discipline à ceux qui ont un emploi : " si vous n’êtes pas content, il y a mille personnes qui attentent à la porte ! "

Pourtant le surtravail dans les entreprises est la cause du chômage. C’est bien parce que des millions de salariés travaillent trop longtemps, trop intensément, que des millions d’autres sont privés d’emploi. (...)

La solidarité est une construction sociale volontaire, subjective. Elle n’est pas dictée par un mécanisme biologique. Sa nécessité est ressentie grâce à l’éducation et à l’expérience que chacun tire de la vie en société. C’est un choix politique qui, pour s’imposer, doit surmonter la pression de la guerre de tous contre tous véhiculée par l’élitisme et qui doit dépasser le refuge au sein d’une seule communauté culturelle ou nationale, qui peut être un refuge provisoire mais peut devenir un ghetto. C’est un choix politique qui, au même titre que l’individu, s’oppose frontalement au libéralisme et au bonapartisme, mais aussi au communautarisme et au nationalisme. (...)

 A lire + + www.democratie-socialisme.org




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T.D. Allman (dans un hommage à Wilfred Burchett)

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