« Never
doubt that a small group of toughtful, commited citizens can change the
world ; indeed, it's the only thing that ever
has. »
Margaret
Mead (citée par votenader.org)
Ralph
Nader, le 3e candidat à la présidentielle américaine, a subi le
black-out ou le dénigrement des medias officiels, et une violente campagne
contre sa candidature de la part des Démocrates et d'une partie du clan
progressiste qui, désireux de se débarrasser de Bush à tout prix, a appelé à
voter pour John Kerry comme « un moindre mal ». Pourtant, les deux
« grands » partis, qui représentent les mêmes intérêts, ceux des
grosses multinationales américaines, mènent traditionnellement des politiques
similaires. Aujourd'hui, John Kerry va jusqu'à critiquer G.W. Bush sur sa droite
en l'accusant de n'avoir pas été assez efficace dans la « guerre contre le
terrorisme » ; il préconise d'envoyer plus de troupes en Irak,
d'attaquer sans délais les autres pays sur la liste des
« Etats-voyous » (Iran, Syrie, Corée du Nord...), et de se débarrasser
au plus vite des présidents Hugo Chavez, Fidel Castro et Yasser Arafat. Il a
voté pour l'invasion du Panama, la guerre contre l'Afghanistan, l'agression
contre l'Irak, le Patriot Act, et soutient la politique criminelle de Sharon
contre le peuple palestinien. Le slogan de sa campagne est : « Pour
une Amérique plus forte », et il proclame dans tous ses discours que
« l'Amérique doit gouverner le monde ».
Ralph
Nader présente un programme radicalement différent de ses concurrents dans tous
les domaines. Il veut révoquer le Patriot Act, instaurer une couverture médicale
universelle, porter le salaire minium à 10$, améliorer les droits de toutes les
minorités, mettre en place une autre politique énergétique, promouvoir
l'éducation pour tous... La mise en place d'une politique sociale est possible si
on arrête de financer la prétendue « guerre contre le terrorisme » à
coup de centaines de milliards de dollars.
Rare homme politique à s'être prononcé contre l'agression militaire en
l'Irak, Ralph Nader demande le retrait rapide des troupes d'occupation et le
retour à la souveraineté du pays. En combattant la candidature de celui qui
porte leurs idées depuis plusieurs décennies, les notables
« progressistes » du mouvement « N'importe Qui Sauf Bush »,
pour la plupart absents du terrain depuis longtemps, ont ruiné cinq années de
mobilisation croissante depuis la naissance du mouvement altermondialiste en
1999 à Seattle, jusqu'au mouvement anti-guerre qui a rassemblé des millions de
personnes dans le monde l'année dernière, et qui exige aujourd'hui la fin de
l'occupation étrangère en Irak et en Palestine.
RALPH
NADER, L'ETERNEL PIONNIER
« Les
Etats-Unis ont besoin d'une déclaration d'indépendance des
multinationales. »
Ralph
Nader, Washington Post, 8 novembre 2000
Né
dans le Connecticut dans une famille d'émigrés libanais, brillant avocat diplômé
d'Harvard et de Princeton, Ralph Nader a hérité sa vocation de son père,
ardent militant syndicaliste qui
lui donna très tôt le goût des luttes pour la Justice sociale. Réputé pour son
intégrité, son immense capacité de travail, sa culture, son talent d'orateur,
son humour décapant et sa modestie, Ralph Nader décida en 1963 de dédier sa vie
à la défense des citoyens contre la toute-puissance des multinationales qui
dirigent le monde. Après voir gagné un procès retentissant contre General
Motors, il créa une centaine de puissantes associations couvrant tous les
domaines, qui continuent aujourd'hui de gagner de nouvelles batailles. Contrairement aux candidats des deux grands partis,
tous deux fils de famille multimilliardaires, il est issu, comme son colistier,
d'un milieu populaire.
Du
consumérisme à l'écologie politique et au « troisième
parti » : une vie vouée depuis quarante ans aux luttes pour la
justice
Ralph
Nader est à l'origine de la création de l'Agence de Protection de
l'Environnement (EPA, 1970), des lois sur l'Air, sur l'Eau et sur la Liberté de
l'Information de 1974. Depuis lors, le simple citoyen et les associations
peuvent poursuivre en justice le gouvernement comme les grandes entreprises.
Toutes les lois votées dans tous ces domaines dans le monde l'ont été grâce à
l'action de Ralph Nader. En 1974, il était classé quatrième parmi les personnes
les plus influentes des Etats-Unis, après Richard Nixon et Henri Kissinger.
Aujourd'hui encore, il figure dans les trente premières.
Ralph
Nader persévère dans la défense des mêmes causes, en élargissant toujours
davantage le champ de ses luttes et en se radicalisant. Le sénateur démocrate de
gauche Dennis Kucinich a dit de lui (non sans arrière-pensée) qu'il « a démontré que chaque citoyen pouvait
influencer le gouvernement » et qu'il a « plus d'impact sur les
institutions gouvernementales et la vie des multinationales que les personnes en
charge du pouvoir ».
Ralph
Nader est entré en politique en 1972 en tant que candidat démocrate opposé à la
guerre du VietNam. En 1992 il fut candidat
à l'investiture démocrate ; puis il a représenté les Verts à la
présidentielle en 1996 et en 2000. En 1996, avec un budget limité à cinq mille
dollars (l'équivalent de dix secondes de publicité télévisée), il avait
recueilli moins de 1% des voix (jusqu'à 20% sur certains campus universitaires),
mais il avait permis de lancer un mouvement de renouveau politique. Le président
Clinton s'était déjà déclaré « très préoccupé » par sa candidature.
Quatre ans plus tard, Ralph Nader quadruplait le nombre de ses voix (recueillant
près de 3 millions de suffrages). Dès le mois de février, afin d'avoir le temps
de recueillir les moyens nécessaires à
sa campagne, il annonça sa candidature à la présidentielle de novembre
2004. Premier candidat à la présidentielle d'origine arabe, il choisit comme
colistier Peter Camejo, un activiste d'origine vénézuélienne, vétéran des luttes
pour les Droits civiques (il a marché aux côtés de Martin Luther King en
Alabama) et du mouvement contre la guerre du VietNam. En outre, Peter Camejo,
qui dirige la banque d'investissement éthique qu'il a fondée, est toujours une
grande figure des Verts américains dont il est l'un des fondateurs. Il a obtenu
5,3% des voix lors de l'élection du gouverneur de Californie en 2002.
Le
Hari-kiri des Verts américains
En
juin dernier, contrairement à la volonté de la quasi-totalité de la base
écologiste, et à la suite de tripatouillages sordides, les Verts ont refusé
d'investir Ralph Nader lors de leur Convention, au profit d'un candidat terne et
jusqu'alors inconnu, au motif qu'il ne présenterait des candidats que dans les
Etats où la victoire du Démocrate était assurée (« safe states »). Par
ce choix, les Verts américains ont anéanti le travail effectué patiemment depuis
1996 par Ralph Nader, qui avait promu et renforcé le parti en se présentant en
leur nom et en menant des tournées à travers tout le pays, pendant et après la
campagne. Et le labeur de dizaines
de milliers de militants sur le terrain.
Cependant,
une grande partie des Verts américains sont restés fidèles à Ralph Nader
(« Greens for Nader ») et, pendant que le candidat officiel réunit
péniblement trente personnes lors de ses meetings, Ralph Nader remplit des
salles de mille personnes à travers les Etats-Unis (il est le seul candidat à
visiter tous les Etats, au rythme de deux ou trois meetings par
jour).
En
2000, Ralph Nader avait été soutenu par de nombreuses personnalités,
universitaires, journalistes et artistes, dont Michael Moore et Patti Smith, qui
assuraient la première partie de ses grands meetings. Il avait rassemblé chaque
soir de 10.000 à 15.000 personnes dans les plus grandes villes des Etats-Unis,
un phénomène jamais observé depuis les années soixante-dix. Il mobilise des
foules de jeunes - peu habitués à entendre des politiciens sincères, défendant
un programme ambitieux mais réaliste. Il leur a annoncé qu'ils étaient en train
de vivre les prémices d'un mouvement historique, aussi important que les
mouvements pour l'abolition de l'esclavage ou l'obtention des droits civiques
pour les Africains américains : « Le génie de la contestation qui est sorti de
la bouteille à Seattle n'est pas près d'y rentrer ». Depuis les
élections de 2000, Ralph Nader n'a jamais cessé de sillonner les Etats-Unis pour
défendre les idées du 3e parti, et de représenter les Verts américains dans les réunions
internationales.
UN
SYSTEME ELECTORAL AMERICAIN : UNE DEMOCRATIE EN
TROMPE-L'OEIL
« Nous
accueillerons chaleureusement la victoire de l'une ou l'autre
part. »
J.
Browne, Président de l'Amocco, pendant la campagne présidentielle de
2000
Le
Président américain est élu au suffrage indirect par des grands électeurs issus
des différents Etats, mais présélectionnés par l'argent. C'est ainsi que la
réussite sociale suscite souvent des vocations politiques (comme celle du
milliardaire Ross Perrot). Le système à un seul tour pénalise les petits partis,
en incitant les électeurs à voter « utile ».
Le
suffrage indirect avait été instauré à l'origine pour favoriser les Etats
esclavagistes du Sud. «Inventé pour
permettre aux hommes blancs de verrouiller le système politique à leur profit,
ce dispositif produit le même résultat deux siècles plus tard, en accordant un
poids disproportionné aux choix des habitants des petits Etats ruraux à
prédominance blanche et conservatrice» (Halimi et Wacquant). Ainsi « il faut 3,44 Californiens pour peser autant
qu'un habitant du Wyoming ». Par ailleurs, quatre millions d'Américains
sont privés du droit de vote, parmi lesquels des milliers d'Afro-américains
emprisonnés à cause de la « guerre contre la
drogue ».
Des
candidats sélectionnés par l'argent
Les
deux « grands » partis sont liés aux mêmes multinationales (notamment
dans les secteurs pétrolier, automobile, agroalimentaire, pharmaceutique, et
l'industrie du tabac) qui investissent des sommes colossales à parts
quasi-égales sur les candidats des deux camps pour être certains de récupérer
leurs mises après les élections, l'argent investi étant restitué aux généreux
donateurs sous forme de subventions. En 2000, plus de trois milliards de dollars
ont été dépensés dans les campagnes (présidentielle, sénatoriale et du Congrès),
sans compter les frais d'avocats dans la bataille post-électorale. Ralph Nader
décrit le système politique américain comme « deux partis qui se combattent férocement
pour voir qui ira à la Maison Blanche
prendre les ordres de ses donateurs. »
De
nouvelles lois sont élaborées par les deux partis hégémoniques pour empêcher
l'émergence d'autres forces politiques : « Ils n'aiment pas la compétition. Aussi,
essayer d'entrer dans la course ressemble à l'escalade d'une falaise à l'aide
d'une corde glissante», explique Ralph Nader. Obtenir le nombre de
signatures nécessaires pour se présenter dans chaque Etat représente un
véritable parcours du combattant. Cette année, les candidats Nader-Camejo ne
pourront être présents que dans trente-quatre Etats (contre quarante-quatre en
2000), ce qui diminuera sensiblement leur pourcentage de voix au niveau
national.
Malgré
l'iniquité du système qui les favorise outrageusement, les grands partis ont cru
nécessaire d'instaurer une loi destinée à éliminer définitivement la
concurrence : peu avant le premier grand débat télévisé de 2000 (parrainé
par Philip Morris), la Commission sur les débats électoraux, organisme bipartite
contrôlé par les deux grands partis, inventa une nouvelle règle qui réservait
son accès aux seuls candidats obtenant au moins 15% des voix dans les sondages.
En 1992, le 3e candidat, le milliardaire Ross Perrot, crédité des
mêmes intentions de vote que Ralph Nader en 2000, avait pu y prendre part. Or,
ces débats sont le lieu le plus médiatisé de la campagne, le facteur déterminant
pour l'issue du scrutin.
Parmi
les autres « dommages collatéraux » de ce système électoral perverti,
une « publicité politique abrutissante et
vide de contenu ; des medias rendus fous par l'obsession de la
concurrence ; un sénateur élu vingt-deux jours après son décès et remplacé
par sa veuve... » (Halimi et Wacquant).
LA
PRESIDENTIELLE DE 2000 : LA BATAILLE FEROCE ENTRE « GUSH » ET
« BORE »
« Notre
candidature remplit un vide politique en offrant au camp progressiste orphelin
l'occasion de participer à une stratégie de longue haleine destinée à construire
un nouveau canal politique en partant de la base».
Ralph
Nader, Le Monde Interactif, 1er novembre 2000
Lors
de la campagne présidentielle de 2000, Ralph Nader avait déjà combattu les
candidats démocrate et républicain en tant «qu'hydre à deux têtes», aux ordres des
mêmes multinationales. Il avait déclaré que «les deux grands partis qui ont soldé notre
République (devaient) être défiés ».
Chantage
et mauvaise foi pour eliminer la concurrence d'un 3e
parti
Sans
publicité et avec un budget réduit, banni des grands débats télévisés, soumis au
black-out, puis à l'adversité des medias en fin de campagne, Ralph Nader n'avait
pu franchir la barre des 5% de voix qui lui aurait permis d'obtenir le précieux
financement fédéral (douze millions de dollars) cette année qui aurait aidé à
construire solidement un 3e parti. Quelques semaines plus tôt, il était
crédité de 7 à 17% des intentions de vote selon les Etats. Mais la virulente
campagne de dénigrement menée par les Démocrates et leurs satellites, déjà basée
sur le chantage et la peur (« un
vote pour Nader = un vote pour Bush ») avait porté ses fruits. Après les élections de 2000, Ralph Nader
n'a jamais cessé de faire l'objet de critiques et d'attaques virulentes d'une
partie du camp « progressiste » qui lui reproche aujourd'hui encore
d'être responsable de la victoire de G.W. Bush, au lieu de s'en prendre aux
Républicains qui ont volé l'élection (G.W. est souvent surnommé « le
président non-élu », ou
« le Voleur en Chef » -
« The Thief in Chief »).
Or,
premièrement, toutes les études ont montré que plus des deux tiers des voix
qu'il a recueillies ne seraient pas allées à A.Gore : les voix venaient
pour 38% des électeurs démocrates, pour 25% des républicains, et les 37% restant
n'auraient voté que pour lui. En outre, Ralph Nader aurait fait voter plus d'un
million de nouveaux électeurs, alors que les candidats des grands partis sont
incapables d'attirer les non votants, dont le nombre atteindrait cent millions.
En Décembre 2000, Albert Gore, qui objectivement avait gagné (à la fois en
nombre de grands électeurs et de suffrages - il avait remporté plus d'un
demi-million de voix de plus que son adversaire), fût poussé à ne pas faire
appel du verdict de la Cour Suprême (contrôlée par les Républicains) qui avait
proclamé la victoire de Bush : il
ne fallait pas porter atteinte au système ! Et il fallait que les
Etats-Unis cessent d'être la risée du monde entier avec leur recomptage
grotesque des bulletins de
vote.
Deuxièmement,
ces attaques sont d'autant plus incompréhensibles de la part de
« progressistes » que les positions du candidat démocrate,
vice-président de William Clinton pendant huit ans, étaient déjà plus à droite
celles du candidat Républicain : M.
Gore avait voté pour la Guerre du Golfe en préconisant de la poursuivre
jusqu'à la chute de Saddam Hussein ; son colistier, Joseph Lieberman, a
toujours été un ardent partisan de la politique d'agression et d'occupation
israélienne en Palestine. Et il s'était porté volontaire pour la guerre du
Viêt-Nam.
Lorsque
les Démocrates ont perdu le Sénat lors des élections de la mi-mandat en 2002,
ils n'ont pas trouvé de bouc émissaire pour expliquer leur
défaite.
PENDANT
SES DEUX MANDATS, LE TANDEM CLINTON-GORE A MENE UNE POLITIQUE BELLICISTE ET
ANTISOCIALE
Au
cours des mandats Clinton-Gore (1992-2000), l'écart entre les riches et les
pauvres a été multiplié par dix ; le nombre de prisonniers fédéraux a
presque doublé ; le nombre de personnes sans couverture sociale s'est accru
de huit millions ; le système d'aide sociale fédéral a été supprimé (1996)
et le nombre de fonctionnaires réduit de façon drastique, tandis que la création
en 1993 de la l'Association de
Libre Echange de l'Amérique du Nord (l'ALENA, qui inclue le Canada et le
Mexique) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a conduit à un
appauvrissement accrû des plus démunis, tant à l'intérieur du pays que dans le
monde entier. Ralph Nader accuse les démocrates d'avoir « jeté la souveraineté nationale en pâture à
l'OMC, à l'ALENA et autre « machins » ensiglés de la mondialisation,
taillés sur mesure pour Wall Street » (Le Monde Interactif,
31/10/00). Par ailleurs, de 1989 à 2000, le déficit commercial des
Etats-Unis a plus que quadruplé (passant de 100 à 450 milliards de dollars),
touchant tous les secteurs du système productif.
Clinton :
un président dejà hors-la loi
« Les
Etats-Unis, et - nous l'espérons - l'ensemble de leurs alliés, s'autorisent à
riposter quand, où et à la manière qu'ils auront
décidé. »
William
Clinton cité par Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère...,
p.63.
Sur
le plan international, le président Clinton a accordé à l'industrie de
l'armement un budget plus élevé que le budget moyen pendant la guerre froide.
Poursuivant la politique de Bush I, qui voulait « ramener l'Irak à l'âge de
pierre », il a durci l'embargo et multiplié les bombardements ciblés contre
les infrastructures vitales des villes irakiennes (centres
d'épuration d'eau, centrales électriques et téléphoniques). Le manque d'eau
potable, de médicaments et de nourriture consécutif à ces destructions et à
l'embargo a provoqué une malnutrition chronique, la multiplication des maladies
infectieuses, et des épidémies de choléra. Cette politique a fait plus d'un
million de morts, dont 500.000 enfants. « C'était le prix à payer », a
répété sans vergogne la secrétaire
d'Etat de William Clinton, Madeleine Albright. Les raids étaient quasi-quotidiens dans
les « no-fly zones » (environ les deux tiers du pays), ces régions
décrétées unilatéralement interdites de survol par l'alliance anglo-américaine
(et la France) au prétexte fallacieux de protéger les populations kurdes et
chiites. Les bombardements les plus intensifs intervenaient généralement à chaque fois que M.Clinton avait des
convocations devant les tribunaux
au sujet des mensonges sur
ses frasques sexuelles. Il eut été plus juste d'entreprendre contre lui une
procédure d'Impeachment pour crimes de guerre.
En
1998, les sénateurs démocrates ont fait passer la Résolution 71, donnant à
Clinton le pouvoir « d'entreprendre
toutes les actions nécessaires et appropriées pour répondre à la menace posée
par le refus de l'Irak d'arrêter son programme de développement d'armes de
destruction massive. » Cela permit au président démocrate de mener le
16 décembre 1998, en toute illégalité internationale, l'opération « Renard du Désert » contre le peuple
irakien qui mourait déjà à petit feu depuis huit ans des sanctions décrétées par
l'ONU en 1990. Les forces anglo-américaines lancèrent alors sur l'Irak « un nouvel enfer de feu et de mort »
(J-M. Benjamin) : en trois jours, les navires américains et les bombardiers
B52 tirèrent plus de quatre cents missiles, soit presque un tiers de plus que
pendant toute la guerre du Golfe en
1991 !
Au
nom du nouvel « Humanisme militaire », W. Clinton a entraîné ses
vassaux européens dans l'agression contre la Yougoslavie, en prenant prétexte de
« l'échec » des accords de Rambouillet, dont les termes étaient
volontairement inacceptables (ils auraient permis à l'OTAN d'occuper l'ensemble
du territoire yougoslave). En Serbie, Clinton n'a pas hésité à tester des armes
illégales de plus en plus puissantes (comme de nouvelles bombes à fragmentation
et à l'uranium appauvri, et des dispositifs de guerre climatique) à bombarder
des usines chimiques et un réacteur nucléaire expérimental en fonctionnement,
créant des pollutions qui ont
touché les pays voisins (la Grèce, la Macédoine, l'Albanie...) et vont continuer
de faire des dégâts pendant des milliers d'années.
Dès
1993, William Clinton, qui avait placé des lobbyistes sionistes aux commandes de
la politique au Moyen-Orient, a constamment soutenu Israël et s'est joué des
Palestiniens avec les accords d'Oslo et autres Camp David. « Dès le début, le processus Madrid-Oslo fut
élaboré et mis en oeuvre pour imposer un accord de type Bantoustan. »
(Chomsky, La loi du plus fort, p. 63). La violation permanente de ces accords
s'est faite avec l'accord des Etats-Unis (et la complicité des autres pays
occidentaux et des pays arabes). Clinton a bombardé l'Afghanistan et la plus
grosse usine pharmaceutique du Soudan en 1998, et a intensifié la prétendue
« guerre contre la drogue »
en Colombie, qui permet à l'armée américaine d'occuper une partie du pays.
En
résumé, en érigeant la guerre d'agression en guise de politique étrangère,
Clinton et Gore ont fait le lit des faucons actuellement au pouvoir à
Washington. Le tout sans réactions de la gauche qui l'avait porté au
pouvoir.
LE
BILAN DU « MILITARISTE MESSIANIQUE »
ET DE SON EQUIPE A LA MAISON BLANCHE
« La vérité, c'est que ce serait beaucoup plus
clair si nous étions une dictature. Et si j'étais le
dictateur ! »
G.W.
Bush (2004)
« Certains vous appellent
« l'élite », je vous appelle ma base »
G.W.
Bush à un parterre d'hommes d'affaire milliardaires (2004)
Les
guerres entreprises depuis 1990 sont illégitimes et donc, en principe, ceux qui
en ont pris la responsabilité devraient être jugés comme des criminels de
guerre. G.W. Bush est allé encore plus loin que ses prédécesseurs démocrates
dans la violation des lois internationales. L'ONU est traitée par les Etats-Unis - avec la
complicité des autres nations - « comme le fut naguère la SDN par les Etats
fascistes » (Samir Amin). Nader et Camejo ont demandé au Congrès de mener
une enquête en vue d'une procédure d'Impeachment de G.W. Bush, en raison de
l'illégalité et de l'inconstitutionnalité de la guerre contre l'Irak,
particulièrement à partir des cinq plus gros mensonges (parmi lesquels les armes
de destruction massive et la liaison Saddam Hussein-Al Quaïda) qui ont permis à
l'administration Bush de « vendre » cette guerre au peuple américain.
Le lavage de cerveau opéré principalement par les agences de marketing et la
chaîne de Ruppert Murdoch « Fox News » a été si efficace que, malgré
les démentis, une majorité des Américains continue de croire à ces mensonges ...
Par ailleurs, la collusion entre les faucons de Washington, fondamentalistes
chrétiens, et les juifs ultra-sionistes (minoritaires), dénoncée par Ralph Nader, va permettre à
G.W.Bush de récupérer une partie d'un électorat traditionnellement acquis aux
démocrates.
Ralph
Nader et Peter Camejo ont dressé le
bilan du « conservateur compassionné » (« compassionate conservative », ainsi
que Bush se définit) sur le plan de la politique intérieure. En trois ans, le nombre de pauvres a
augmenté au rythme de plus d'un million par an, atteignant aujourd'hui le
chiffre de 36 millions, soit 12,5% de la population ; 17,6% des enfants
vivent au-dessous du seuil de pauvreté, surtout dans les familles
d'Afro-américains. La politique du « No children left behind »
(« Pas d'enfants laissés de
côté »), votée également par Kerry, a conduit à la fermeture de
nombreuses écoles des quartiers pauvres.
Les
Etats-Unis sont classés par l'UNICEF au 34e rang sur 172 pour la mortalité
infantile. Selon the Children's Defense Fund, un enfant américain sur cinq naît
dans la pauvreté. Bush a refusé d'augmenter le salaire minimum, qui est
actuellement de $5.15. Un travailleur à plein temps sur quatre gagne moins de
$8.75 de l'heure. Près de la moitié de la baisse d'impôts votée en 2001 par le
Congrès, qui a creusé le déficit et n'a bénéficié qu'au 1% des Américains les
plus riches. Depuis 2002, les profits ont progressé de 50%, et les salaires de
0,8%.
« N'IMPORTE
QUI SAUF BUSH » : LE HOLD-UP
DES DEMOCRATES SUR LE MOUVEMENT PACIFISTE
Soudain
pris de panique à l'idée que G.W.
Bush pourrait être réélu, une partie des militants antiguerre, des écologistes
et des altermondialistes ont abandonné celui qui porte leurs idées depuis des
décennies, pour soutenir Kerry. (Cette révulsion anti-Bush est partagée par une
partie des électeurs républicains, les « Republicans for Kerry », qui
vont voter Démocrate pour la 1ère fois). Brusquement, des
personnalités de gauche et des associations très actives dans le mouvement
pacifiste se sont rassemblées autour d'un slogan dangereux, « Anybody But
Bush » (ABB), ce qui laisse entendre qu'ils voteraient pour n'importe quel
candidat fasciste se présentant contre le président sortant. Cette attitude dite du « moins
pire » (« lesser evilism ») est pourtant irrationnelle et très
dommageable pour le mouvement qui s'était développé depuis Seattle, considérant
le programme du Démocrate Kerry, plus belliciste encore que celui de Bush et les
leçons à tirer du passé.
Une
campagne de calomnies et d'intimidation sans précedent de la part des
« Démocrates » pour voler les voix du 3e parti de ralph
nader
« L'attitude
antidémocratique du parti démocrate affaiblit notre démocratie déjà
anémique »
M.Malewski
Articles,
lettres ouvertes et pétitions demandant, sur la base d'arguments fallacieux, le
retrait de la candidature Nader-Camejo (parfois seulement dans les « swing
states », les Etats indécis) se multiplient, tant dans la presse officielle
(New York Times, Washington Post, Wall Street Journal) que dans celle de la
vieille gauche progressiste qui s'est embourgeoisée (The Nation, Mother Jones...) ; de
nouveaux sites Internet ont été créés spécialement par les Démocrates et leurs
satellites pour inciter les électeurs
potentiels de Nader à
« voter utile ». La campagne avait commencé dès 2003 sur le
thème : « Ce n'est pas l'année ». Des équipes de « Démocrates »
spécialement entraînées (peut-être rémunérées) sont envoyées systématiquement
aux plus importants meetings des candidats Nader et Camejo pour gâcher leurs
débats en empêchant le public de s'exprimer. D'autres équipes sont chargées
d'intimider, voire de menacer les citoyens qui ont signé en leur faveur pour
qu'ils retirent leur signature.
Pis,
les « Démocrates » ont engagé des batailles juridiques dans plus de
vingt états en vue de disqualifier
un maximum de signatures pour
interdire l'accès au scrutin des candidats , et de ruiner leur budget de
campagne, déjà extrêmement réduit (le financement est assuré par les
sympathisants, les dons n'étant pas déductibles des impôts), de l'équipe de
Nader et Camejo. Le budget du 3e partie est cent fois moins élevé que
celui des Démocrates. Les sommes faramineuses investies auraient été plus
intelligemment utilisées pour mobiliser les non votants. Mais c'est le principe même d'un
3e partie puissant sur sa gauche qui fait peur aux
Démocrates.
la
peur qui domine la présidentielle a conduit au suicide de la gauche
américaine
Les
Républicains jouent sur la peur du terrorisme et les Démocrates, qui ont peur de
Nader, jouent sur la peur de Bush pour capter les voix des
progressistes.
La campagne de Ralph Nader veut libérer les électeurs de cette peur, afin qu'ils
puissent voter selon leurs convictions, leurs intérêts et leurs
aspirations.
Même
Noam Chomsky et Howard Zinn, l'auteur du best-seller « Une Histoire
populaire des Etats-Unis», appellent
voter Nader seulement dans les Etats où Kerry est sûr de l'emporter. Zinn
affirme avec une naïveté déconcertante : « Je ne crois pas que Kerry puisse changer,
mais avec lui il y a la possibilité qu'un puissant mouvement social puisse
le changer, alors qu'avec Bush, il n'y a aucune chance. » Pourtant, ni
la politique anti-sociale de William Clinton, ni sa politique d'agression à
l'extérieur n'ont jamais fait sortir des foules de manifestants dans les rues.
Et la fausseté de ce type d'analyse n'a cessé de se vérifier à travers le monde,
à commencer en France.
De
nombreux artistes, comme le cinéaste Michael Moore, qui a soutenu le général
belliciste Wesley Clark (auteur de crimes de guerre en Yougoslavie) lors des
primaires démocrates, font la même démarche. (M. Moore, dont
« Fahrenheit 911» est loin d'être le meilleur des nombreux documentaires réalisés sur le sujet,
aurait dû avoir la décence, à l'instar de la chanteuse Patti Smith, de ne pas
officiellement prendre parti, d'autant que son soutien est jugé très encombrant
par les Démocrates).
A
l'opposé des personnalités qui
cèdent à cet odieux chantage, qui a déjà fait perdre de six à sept points à Ralph Nader dans
les sondages depuis le mois de mars, les « Verts pour Nader » et les
« Démocrates pour Nader », l'extrême-gauche et une grande partie des
pacifistes, pointent l'absence de différences entre les deux principaux
candidats, estimant, à l'instar de l'intellectuel Alexander Cockburn, que
« Nader accomplit son devoir ». En effet, « si les progressistes
continuent de s'aligner sur le moindre mal tous les quatre ans, il n'y aura
jamais de changement » (Peter Camejo). Pis, à force de profiter des votes pour « le
moins pire » qui lui sont acquis sans conditions, le parti Démocrate n'a
cessé de se positionner toujours plus à droite. Ainsi, au fil des
décennies, les Démocrates au
pouvoir n'ont cessé de surenchérir avec les Républicains en matière de mesures
anti-sociales et de politique d'agression à l'extérieur.
La
memoire courte : la politique des presidents démocrates au cours de
l'histoire des Etats-Unis
« A
vote for John Kerry is a vote for War."
Ralph
Nader, paraphrasant le slogan des
Démocrates « un vote pour Nader est
un vote pour Bush »
Aujourd'hui,
ce sont deux candidats pro-guerre qui s'affrontent. Ralph Nader rappelle qu'en
1968, durant la guerre contre le VietNam, le même cas de figure s'était produit,
avec les candidats Nixon et Humphrey.
Et les leaders associatifs qui appellent les militants et sympathisants à
donner un blanc-seing à Kerry, au
prétexte qu'il serait « moins dangereux », oublient que c'est le
Président démocrate Harry Truman (1945-1953), qui initia la guerre froide, mena
une politique antisociale féroce (notamment contre les mineurs et les employés
des chemins de fer) et lança les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en
août 1945. De même que c'est Lindon B. Johnson - qui avait fait une campagne
comme candidat de la paix contre le candidat va-t-en-guerre Barry Goldwater - et
non Richard Nixon (1969-1974) qui est à l'origine de l'escalade de la guerre au
VietNam en 1964. Plus tard, c'est Carter, et non Reagan, qui relança la guerre
froide. Peu après le 11 septembre 2001, Hillary Clinton et Joseph Lieberman
firent signer par la quasi-totalité des sénateurs démocrates une lettre
demandant le renforcement du soutien à Israël.
« LE
MYSTERE DES ELECTIONS DE 2004 » (PETER
CAMEJO) :
KERRY,
UN CANDIDAT BELLICISTE SOUTENU PAR UNE GRANDE PARTIE DES
PACIFISTES
« Je
ne reproche pas à Georges Bush d'avoir trop fait dans la guerre contre le
terrorisme :
je
crois plutôt qu'il n'en a pas fait assez. »
John
Kerry cité par Greg Bates, p. 116.
« J'ai
su commander des bombardements aériens, le lancement de fusées, des avions, des
troupes et des hélicoptères. J'ai exercé d'importantes responsabilités... sur un
bateau transportant des armes nucléaires (...). J'ai remplacé un
lieutenant-gouverneur... »
John
Kerry, The Time, 2 septembre 2004.
Paradoxalement,
une partie des millions d'activistes, d'intellectuels et d'artistes qui n'ont
cessé depuis 2001 de manifester
contre la politique belliciste des Etats-Unis, prône aujourd'hui de voter Kerry,
le candidat-girouette qui, après avoir adopté une position anti-guerre pendant
les primaires du parti démocrate, pour battre son concurrent Howard Dean, s'est
contenté ensuite de critiquer la
gestion de la guerre par l'administration Bush, projetant même d'augmenter de
40.000 hommes les effectifs des troupes sur le terrain, en accentuant la
participation internationale (comment le pourrait-il, à un moment où les troupes
étrangères se retirent une par une du bourbier irakien ?).
Sénateur depuis vingt ans, Kerry
a voté pour l'invasion de Panama et la guerre en Afghanistan, et il a donné les
pleins pouvoirs au président pour attaquer l'Irak en octobre 2002, alors que,
selon la Constitution, c'était au Congrès qu'il revenait d'en décider par un
vote. Cette disposition avait été établie par les Pères-fondateurs pour
empêcher que la décision de déclarer une guerre puisse être prise par un seul
individu ; elle ne pouvait être modifiée que par un amendement à la
Constitution.
KERRY,
UN FAUCON PLUS FEROCE QUE BUSH ?
« Kerry
is outhawking George Bush »
Ralph
Nader, le 6 octobre 2004 lors d'un meeting à Syracuse
Pis,
Kerry a déclaré qu'il donnerait de nouveau carte blanche au président Bush et
qu'il voterait de nouveau pour la guerre en Iraq, même en sachant ce qui se
passe aujourd'hui, ce qui fait dire à Ralph Nader qu'il n'y a pas de fin à la
surenchère (« me-too-ism ») de Kerry et de Bush à propos de l'Irak. Ce
programme, soutenu par une partie des pacifistes, va à l'encontre de la volonté
de la majorité des Américains, qui
estiment que leur pays n'auraient pas dû envahir l'Irak (54% selon un sondage
Gallup de juillet 2004), et qui se prononcent à 50% pour un retrait immédiat des
troupes (Newsweek). Notons que les résultats fluctuent sans cesse, en fonction
des dernières déclarations des uns et des autres, de l'échantillon de population
retenu et de la façon de poser les questions.
La
plate-forme démocrate épouse les points-clés du programme néo-conservateur. En
résumé, John Kerry promet de mener la même politique que George W.Bush, mais de
façon plus efficace. Comme l'écrit Peter Camejo, Kerry est moins « Bush
lite » (version allégée) que « Bush smart » (un Bush
intelligent). Voter pour la copie ou l'original n'infléchira pas la politique
impériale des Etats-Unis.
Au
fur et à mesure qu'il s'est démasqué, M. Kerry a reçu de plus en plus de
subventions de multinationales, comme Lévi-Strauss, et de personnalités de la
Silicon Valley, Fox News, Chrysler... Son programme en matière de politique
internationale est, comme celui de
Bush, fondé sur ce qui est le plus profitable pour les grosses multinationales
américaines. Ainsi qu'un ancien diplomate américain l'annonçait cet été, si
Kerry est élu, « Les Etats-Unis ne
ratifieront ni le protocole de Kyoto, ni la convention d'Ottawa sur les mines
antipersonnelles, ni la Cour Pénale Internationale... » (Time, 19 juillet
2004). Kerry s'est refusé à condamner les tortures pratiquées dans la prison
d'Abu Graïb. Et peu importe l'étiquette du président des Etats-Unis aux civils
irakiens bombardés, aux paysans colombiens victimes des escadrons de la mort, ni
aux chômeurs américains mis à la rue.
Par
ailleurs, John Kerry soutient la politique criminelle de Sharon contre le peuple
palestinien. Il voit le mur de l'Apartheid comme « un acte de légitime défense » et se
prononce pour l'élimination de Yasser Arafat « qui n'est pas un partenaire
acceptable. » Le gouvernement américain, avec le soutien des deux
grands partis, finance la guerre contre le peuple palestinien au prix de 15
millions de dollars par jour. Comme les Républicains, il refuse aux Palestiniens
le droit au retour. Après que l'administration Bush eut donné à Ariel Sharon le feu
vert pour déclencher sa campagne de terreur, John Kerry publia un article
intitulé "La cause d'Israël est celle de
l'Amérique ». Selon Greg Bates, « Les positions anti-palestiniennes de Kerry
frisent le pathologique. » (Dime's Worth of Difference, p. 126).
De
son côté, G.W. Bush envisage « la
création d'une zone de libre-échange Etats-Unis/Moyen-Orient d'ici une
décennie. » (9 mai 2003).
John
Kerry préconise une attitude plus ferme en vue de se débarrasser rapidement des régimes de Chavez et de
Fidel Castro. Il a voté, ainsi qu'Howard Dean, pour le Patriot Act (26 octobre
2001) qui a considérablement restreint les libertés individuelles et plongé le
pays dans un néo-maccarthysme, et il a promis d'intensifier la « guerre
contre le terrorisme » s'il est élu. Sur le plan de la politique
intérieure, son premier objectif est de réduire le déficit, ce qui est
incompatible avec la création d'emplois.
Ainsi
que l'écrit Peter Camejo : « Le
plus grand mystère de cette campagne est que l'immense majorité des électeurs
qui se prononcent en faveur du vote Kerry-Dean sont opposés à leur
programme ». Vue de France, cette situation a un air de déjà -vu.
LE
PROGRAMME NADER-CAMEJO : UN PROGRAMME AUX ANTIPODES DE CELUI DU PARTI
UNIQUE DES « REPUBLICRATES »
Ralph
Nader prouve depuis quarante qu'il sait prendre les moyens pour faire appliquer
ses idées. Malheureusement, il n'aura pas encore cette fois l'occasion de
présenter son programme aux Américains lors des grands débats télévisés qui
déterminent l'issue du scrutin...
La
seule candidature opposée a la politique d'agression des
Etats-Unis
La
candidature Nader-Camejo est la seule candidature anti-guerre, avec celles de
l'extrême gauche. Ralph Nader presse les Etats-Unis de fixer une date pour le
retrait rapide des troupes, des mercenaires et des multinationales comme
Halliburton (liée au vice-président Dick Cheney) pour restituer à l'Irak une
véritable souveraineté le plus tôt possible : « La
spirale de la violence ne s'arrêtera pas tant que ce double retrait ne sera pas
effectué ». M. Nader,
qui avait inlassablement dénoncé l'embargo décrété en 1990, veut arrêter le
processus d'embourbement en Irak, qui fait de plus en plus de victimes. Selon la
revue médicale anglaise « The Lancet » (28/10/04), 100.000 civils
irakiens auraient été tués depuis le début de l'invasion - sans compter les
blessés, souvent handicapés à vie. L'occupation augmente l'insécurité dans la
région, avec des coûts financiers énormes pour les USA : plus de 155
milliards de dollars ont déjà été dépensés pour la guerre. Le budget militaire
des Etats-Unis dépasse celui de l'ensemble des autres pays du monde réunis.
Comment Kerry compte-t-il financer la politique sociale qu'il promet aux pauvres
- au moment où l'écart est plus serré que jamais entre les deux candidats - tout
en augmentant les dépenses militaires, qui ont déjà ruiné le pays et jeté des
millions d'Américains au chômage ou à la rue, et détruit le système éducatif
?
D'abord
réformer la loi électorale
Ralph
Nader pense que la priorité pour rétablir la démocratie est de réformer la loi
électorale par un financement des campagnes avec l'argent public. Le jour
du scrutin devrait être férié et les citoyens privés injustement du droit de
vote rétablis dans leurs droits.
Restaurer
des libertés individuelles, promouvoir la Justice sociale et les droits des
minorités
« Trois
mille personnes sont mortes le 11 septembre 2001, Mais un nombre supérieur de
personne meurent chaque mois des conséquences de la politique anti-sociale du
gouvernement en matière d'emploi, de conditions de travail et de santé, et
personne ne pleure ces morts-là !»
Ralph
Nader, 11 septembre 2004
Sur
le plan de la politique intérieure, ils proposent des mesures concrètes en
faveur de la Justice sociale, de protection des libertés individuelles, comme la révocation du Patriot Act.
Ralph
Nader et Peter Camejo se sont toujours battus pour une juste répartition des
richesses, condition à la Paix dans le monde. Ralph Nader dénonce depuis des
décennies au fil de ses articles et de ses livres la mainmise des
multinationales sur la politique et les effets destructeurs de la mondialisation
ultra-libérale sur l'environnement, les systèmes de santé, de protection
sociale et d'éducation, et les libertés publiques.
Pour
la démocratisation des lois du
commerce international
Le
combat contre le pouvoir des multinationales, et leur condamnation pour leurs
abus et leurs crimes est une priorité. Les Etats-Unis doivent se retirer de
l'ALENA et de l'OMC. La démocratisation des lois du commerce implique de faire
participer aux décisions les associations de défense de l'environnement, les
travailleurs et les consommateurs.
Pour
l'instauration d'une couverture médicale
universelle
L'instauration
d'une couverture médicale universelle garantirait à tous les citoyens l'accès
aux soins, alors que le nombre d'Américains sans couverture de santé ne cesse
d'augmenter, dépassant aujourd'hui le chiffre de 45 millions. (Selon l'académie
des sciences américaine, cette situation entraînerait le décès de 18.0000
Américains chaque année). Le nouveau système de protection sociale proposé
permettrait de réaliser également
d'importantes économies grâce à une plus grande rationalisation. En effet, les
Etats-Unis sont le pays qui a les grosses dépenses de santé au monde, et la
tendance est toujours à la hausse, alors que l'OMS les classe en 37e
position pour la qualité de leur système de santé.
La
diminution drastique des dépenses militaires permettrait de
financer une éducation de qualité pour
tous - alors que des millions d'enfants sont laissés pour compte chaque
année - et d'investir dans les infrastructures qui ne cessent de se dégrader, en
favorisant le développement de vrais
emplois.
Pour
l'abolition de la peine de mort et la réforme du système
carcéral
Depuis
toujours adversaire résolu de la peine de mort, Ralph Nader préconise une
réglementation sévère du port d'arme et s'oppose à la coûteuse guerre contre la
drogue qui n'a conduit qu'à une augmentation de la criminalité et fait des
Etats-Unis « le plus grand geôlier
du monde. Il estime nécessaire une réforme du système carcéral, qui a fait
des prisons l'une des industries les plus prospères du pays. (« Le principal programme de logement dans ce
pays consiste à construire des prisons »). Il propose que la dépendance
aux drogues illicites soit traitée comme un problème médical et de trouver des
solutions non-violentes pour
enrayer ce fléau (à l'origine lancé comme une arme contre la politisation des
ghettos noirs).
Protéger
l'environnement : pour la sortie du nucléaire et des énergies fossiles, le
développement des energies propres , l'application du principe
pollueur/payeur
Dans
le domaine de l'environnement, il préconise de développement des énergies
renouvelables, la politique énergétique basée sur la dépendance au pétrole et au
nucléaire ayant fait la preuve de sa dangerosité et de son inefficacité. Ralph
Nader, qui a été l'un des pionniers des luttes anti-nucléaires, et a contribué à
stopper la construction des centrales aux Etats-Unis après l'accident de
Three-Miles Island (Pennsylvanie, 1979) préconise une politique audacieuse qui
permettrait de sortir du nucléaire en cinq ans et de se passer totalement des
énergies fossiles en dix ans, grâce un transfert de subventions.
Il
préconise aussi le transfert des subventions de l'agriculture industrielle à
l'agriculture biologique et la protection des petits fermiers, acculés à la
faillite par les grosses firmes agroalimentaires qui ont prospéré depuis le
subventionnement massif initié sous l'administration Clinton. Il renforcerait
les lois sur l'Air, sur l'Eau (qu'il a lui-même fait voter), et le principe du
pollueur-payeur (grâce à une loi
engageant leur responsabilité des industriels tout au long du cycle de leur
activité), les normes de rejet des produits toxiques dans l'environnement, avec
un objectif de 0% émission. Le recyclage des ordures ménagères devrait être
généralisé. Un agenda national de substitution de matériaux sains aux matériaux
chimiques serait établi. L'exportation des déchets devrait être stoppé.
L'étiquetage des produits contenant des OGM serait rendu obligatoire (les
anti-OGM français estiment cette mesure beaucoup trop modérée, les organismes
génétiquement modifiés contaminant inexorablement l'ensemble de la
planète).
Pour
une loi interdisant le brevetage du vivant
Ralph
Nader pense que la liberté du commerce est un leurre et, qu'en réalité nous
vivons « dans une forme de
fascisme dominé par les multinationales qui rêvent de changer la nature des
choses et de contrôler les ressources génétiques universelles par des brevets
monopolistique ». C'est pourquoi l'élaboration de lois » interdisant le brevetage du vivant, en
commençant par le domaine génétique », est une priorité, « la mentalité mercantile (étant)
indifférente aux conséquences écologiques à long terme. » (Libération,
4-5 décembre 1999).
Combattre
« l'autre antisémitisme »
Ralph
Nader dénonce « l'autre anti-sémitisme » dont font l'objet les
Américains d'origine arabe depuis 2001 (soupçons, insultes, agressions...),
rappelant qu'ils sont aussi des sémites. La Ligue Anti-Diffamation (ADL),
organisation de défense sioniste, a accusé Ralph Nader d'antisémitisme pour
avoir dit que les locataires de la Maison Blanche étaient des marionnettes
actionnées par A. Sharon (Washington Post, 20 Août 2004). Ralph Nader lui répond
en citant la blague des Israéliens : « Les Etats-Unis sont le second Etat
d'Israël », et le mot du double-prix Pulitzer Thomas Friedman,
spécialiste du Moyen-Orient : "M.
Sharon tient le leader Palestinien Yasser Arafat prisonnier dans son bureau de
Ramallah, et George Bush comme prisonnier dans son bureau oval. M. Sharon
encercle M. Arafat avec des tanks, et M. Bush est encerclé par les lobbys juifs
et fondamentalistes chrétiens, et par le preneur d'ordre de Sharon, Dick
Cheney » (5 février 2004). Les présidents américains seraient en
quelque sorte ainsi les otages « des
lobbies pro-israéliens... qui accordent leurs voix en fonction du soutien accordé
à Tsahal ». Regrettant que les derniers présidents des Etats-Unis aient
refusé d'entendre les voix des mouvements pacifistes palestiniens et israéliens (comme Betselem et les
refuzniks), il rappelle que ni le Congrès ni la Maison-Blanche n'ont jamais osé
contrarier les positions de l'Etat d'Israël depuis 1956.
RALPH
NADER :
« DECLAREZ VOTRE INDEPENDANCE : VOTEZ SELON VOS CONVICTIONS,
PAS SOUS L'EMPRISE DE LA PEUR »
« Quand nous soumettons notre vote à la peur
plutôt qu'à l'espoir, nous abandonnons notre volonté de changer le monde.(...).
Comment un 3e parti fort pourrait-il être construit aux Etats-Unis si
les votes ne reflètent pas les convictions des
citoyens ? »
Medea
Benjamin et Rebecca Kaplan en réponse à Michael Lerner, « Refusons la
politique du moins pire », Tikkun magazine, Sept-oct.
2000.
Ralph
Nader ne pourra être élu, et son score sera loin de refléter son audience réelle
dans l'électorat américain. Mais, si la loi électorale changeait, le score du
3e parti pourrait, selon certains politologues, attendre 30% des
voix, montrant au monde que les Américains (dont un sur deux seulement vote)
aspirent à une autre politique, non régie par les intérêts du complexe
militaro-industriel et des multinationales. Ralph Nader ne mendie pas les voix
des progressistes : il demande simplement à chaque citoyen de voter
« selon sa conscience », quel que soit son choix. Par ailleurs,
l'élection aux USA, qui prétendent gouverner l'ensemble de la planète, concerne
tous les citoyens du monde, qui devraient logiquement prendre part au vote ! En
attendant, faisons nôtre la maxime de Ralph Nader : « There is no
democracy without daily citizenship » (« La démocratie ne peut pas
exister si l'on agit pas chaque jour en tant que
citoyen. »).
Joëlle
PENOCHET
30
Octobre 2004 (extraits d'un ouvrage à paraître début
2005)
à“
2004 Reproduction partielle ou intégrale permise seulement pour un usage
équitable, et avec la mention de l'auteure et de la source. Reproduction
permitted for fair use only.
NB :
Cet article est susceptible d'être actualisé après la campagne présidentielle.
Principales
sources :
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de presse et interview de Ralph Nader du 1er septembre 2004 à l'Hôtel
Intercontinental de New York.
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dans le cadre de la Contre convention du campus de l'Université de Columbia, 31
août 2004 ; conférences à
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NADER,
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Seven Stories Press, The Open Pamphlet Series, New York,
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édition du 25e anniversaire, Knightbridge,
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Samir, Noam Chomsky, Jean Ziegler et alii : L'Empire en guerre, Le monde après le 11
septembre, EPO, Bruxelles, 2001.
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Samir : USA, L'hégémonisme des
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2002).
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Zbigniew : Le grand échiquier, L'Amérique
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Noam : Le Nouvel Humanisme
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2000. Préface de Gilbert Achcar.
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Noam : De la guerre comme politique
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John : The New Rulers of the
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Voir
aussi les numéros de Manière de Voir,
bimestriel édité par le Monde Diplomatique, consacrés aux
Etats-Unis.
Sites
à consulter
Sur
les élections américaines et la campagne de Ralph
Nader
Organisations
et sites de Ralph Nader ou le soutenant :
http://www.votenader.org (site officiel de la
candidature Nader-Camejo)
http://www.votecamejo.org
http://www.thenaderletter.com
http://www.letnaderdebate.org
http://www.nader.org
http://www.nader.org/nader_letter (articles de Ralph
Nader)
http://www.naderbiography.com
http://greensfornader.net (Verts pour
Nader)
http://www.arabamericansfornader.org
http://muslimsfornadercamejo.blogspot.com
www.ralphnadergoodfight.com
http://www.sacgreens.org
http://studentsfornader.blogspot.com
http://www.democracynow.org
http://www.fairvote.org (pour une réforme de la loi
électorale)
http://www.isr.org
Des
sites de quelsques-unes des associations fondées par Ralph Nader depuis
1971 :
http://www.citizen.org
http://www.citizenworks.org
http://www.essential.org
http://www.publicitizen.org
http://www.publicintegrity.org
Parmi
les autres associations, organisation et sites opposés au vote pour le candidat
démocrate :
http://www.answercoalition.org (co-organise les
principales manifestations)
http://www.counterconvention.org
http://www.iacenter.org (fondé par Ramsey
Clark)
http://www.peoplejudgebush.org (fondé par
Iacenter)
http://www.wsws.org (version en
français)
http://www.workers.org (socialiste, présente un
candidat)
Autres
sites :
En
Français :
http://bellaciao.org/fr/
http://www.geostrategies.net
http://www.infoguerre.com
http://iraqtual.com
http://www.indymedia.org
http://www.lalibre.be
www.lautrinfo.org
http://www.lautjournal.info
http://www.monde-diplomatique.fr
http://www.oulala.net
http://www.ptb.be
http://quibla.net
http://www.reseauvoltaire.net
http://www.terredescales.org
http://www.transfert.net
http://www.solidaire.org (en français et en
anglais)
En
Anglais :
http://www.accuracy.org
http://www.alternatives.ca
http://:www.antiwar.com
http://www.btl.org (audio)
http://english.aljazeera.net
http://www.antiwar.com
http://www.betselem.org (le site des pacifistes
israéliens)
http://www.bringthemhomenow.org
http://www.centcom.mil/CENTCOMNews/casualties.asp
(recense les victimes US)
http://www.citizenworks.org
http://www.commondreams.org (excellent
portail)
http://www.corpwatch.org
http://www.counterpunch.org (le meilleur magazine américain)
http://www.covertaction.org
http://www.disinfopedia.org
http://www.dissidentvoice.org
http://www.electroniciraq.net
http://www.electronicintifada.net
http://endthewar.org
http://www.fair.org (observatoire des
media)
http://www.fromthewilderness.com
http://www.fpif.org
(Foreign Policy in Focus)
http://www.globalresearch.ca (quelques articles
traduits en français)
http://www.independent.co.uk (articles de Robert
Fisk)
http://www.indymedia.org (agence de presse
alternative internationale)
http://www.indybay.org
http://www.infocrise.org
http://www.informationclearinghouse.org
http://www.iraqbodycount.org (recense les
victimes irakiennes)
www.iraqjournal.org
http://www.ivaw.net (vétérans contre la
guerre)
http://www.islamonline.net
http://www.johnpilger.com
http://www.michaelparenti.org
http://mondediplo.com
http://www.ivaw.net (familles de militaires opposées à la
guerre)
http://www.mwaw.org (Media Workers Against The
War)
http://www.newstatesman.co.uk (articles de John
Pilger)
http://www.nonviolence.org
http://www.occupationwatch.org
http://www.projectcensored.org
http://www.protest.net
http://www.socialistworker.org
http://www.stopnato.org.uk (contre l'OTAN)
http://www.sunshineproject.org
http://theprogressive.org
http://www.truthout.org
http://www.yellowtimes.org (quelques articles
traduits en français)
http://www.veteransforpeace.org (site
des Vétérans Pour la Paix - rassemble des vétérans de toutes les
guerres)
http://www.whatreallyhapenned.org
http://workers.org
http://www.zmag.org (des milliers d'articles,
classés de façon thématique, dont certains sont traduits en
français)
http://www.zmag.org/chomsky/index.cfm (les
articles de Noam Chomsky).