INTERNATIONALISME SYNDICAL DES TRAVAILLEURS
[Que fait la Confédération syndicale internationale (CSI) face à la crise systèmique globale ?->http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article454] par Christian Delarue
Version améliorée sur Amitie-entre-les-peuple.org du texte initial publié sur La Sociale.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article454
La crise financière a éclatée début octobre 2008 et comme on s’y attendait elle débouche sur une crise économique qui va frapper plus durement encore les travailleurs de tous les pays. Les principaux syndicats de salariés ont réagit ainsi que la CES mais que propose et que fait la nouvelle CSI qui a été créé, il y a deux ans, jour pour jour, le 1er novembre 2006 ?
Qui sait chez les syndiqués français ce qu’a fait la CSI pendant ces deux ans ? L’immense majorité des syndiqués ignorent même son existence. Une minorité se souvient de sa création en 2006 . Cette création a permis de revenir sur la recomposition - une fusion-absorbtion ? (1) - en cours du syndicalisme des travailleurs au plan mondial, mais le descriptif de la situation a caché le vide de son activité. Sans doutes, les principaux dirigeants des confédérations sont-ils en capacité d’en dire plus. Mais quid des cadres syndicaux intermédiaires ? Quid des syndicalistes locaux et des syndiqués de base ? "Il fut pour le moins curieux, et à dire vrai inquiétant, de constater l’attitude peu prolixe des confédérations syndicales françaises sur les raisons et les buts de cette fusion. Peu d’explications plausibles furent présentées" écrit Jean-Louis Ernis (1)
– D’autres journées du 7 octobre dans tous les pays !
La journée du 7 octobre 2008 sur le "travail décent" a permis de signaler son existence et de s’intéresser à elle. Elle était sur son créneau. Il faut faire le bilan de l’initiative de part le monde. Il ne s’agit pas d’être" trois pas en avant des masses" dans les pays économiquement et socialement peu développés. L’important est que dans tous les pays le même jour des revendications fortes surgissent. Elles ne sauraient être identiques partout du fait du développement inégal et combiné du capitalisme. Cette journée aurait pu être aussi le 1er Mai qui a perdu sa force et sa force historique et internationale de part le jeu des syndicats d’accompagnement social, historiquement fondé sur le Rerum Novarum et la collaboration de classe. L’essentiel n’est pas d’avoir un jour fétiche mais de mettre dans la rue le même jour tous les travailleurs du monde. Comme il a été possible, toute chose égale par ailleurs, en mars 2003 de mettre les peuples de plusieurs pays dans la rue contre la guerre de Bush en Irak. Dans de telles situations, les meilleures revendications émergent et élèvent le niveau de conscience des travailleurs.
Udo Rehfeldt (2) a publié en janvier 2007 dans Chronique internationale de l’IRES une étude de neuf pages sur la création de la nouvelle CIS. C’est la fin de l’article qui porte sur les objectifs de la CSI qui mérite relecture. En 2007, l’attention portait éventuellement sur l’historique mais surtout sur les membres regroupés et l’état des forces que représentait lla CSI. On y lira aussi avec intérêt la répartition des sièges entre les syndicat de la CMT et ceux de la CISL pour se faire une idée - assez floue au demeurant - du rapport de force interne. Mais là n’est pas là l’essentiel. Pas plus que la question de l’intégration de nouveaux venus : les chinois, par exemple.
– Mettre la CSI à hauteur des enjeux, c’est urgent !
La question essentiel, à mon sens, est de savoir quels sont les moyens financiers, matériels et humains pour que la CIS soit une véritable internationale des travailleurs ? Autre question encore plus décisive : quelle va être son orientation générale face à la mondialisation capitaliste en crise ? La réponse dans l’étude d’Udo Rehfeldt figure laconiquement en note finale et en tout petit, comme dans les contrats d’assurance ! La CIS n’a que très peu de moyens et de finances. De plus, son projet porte, outre la défense du "travail décent" précité, sur la réalisation des "Objectifs du millénaire pour le développement" (qui sont fixés par l’ONU), sur l’annulation de la dette des pays moins développés, sur la mise en place d’une taxe internationale sur les transactions en devises, une réforme des organisations internationales FMI, BM, OMC par incorporation de clauses des droits des travailleurs, sur un statut consultatif pour certains accords.
Pour que ces objectifs soient menés à bien - alors qu’ils peuvent être jugés minimalistes au regard des enjeux et notamment face aux conséquences de la crise capitaliste actuelle - il faut une volonté politique. Or celle-ci n’existe pas. La CSI, pour l’instant, se caractérise plus par sa bureaucratie de 25 membres dirigeants se réunissant une fois par an que par l’affichage de sa composition en organisations. Qu’elle soit "composée de 304 organisations de 153 pays qui parlent au nom de 168 millions de membre" ne doit guère impressionner l’oligarchie financière mondiale ! Et pas plus les travailleurs.
– Peux-t-on espérer un changement ?
Il pourrait en être autrement si déjà au niveau européen le syndicalisme de la CES était plus dynamique et plus offensif. La politique d’accompagnement social qui caractérise globalement la ligne de la CES ne facilite pas les choses pour aller vers une autre Europe et un autre monde. Car la question est là pour les travailleurs européens : veulent-ils seulement limiter la casse ou inverser radicalement le processus ? Radicalement signifie changer les bases fondatrices des institutions européennes. Le changement viendra-t-il alors des syndicats d’Amérique latine ? Difficile à dire.
Il y a urgence pourtant à ce que des changements s’opèrent.
Christian DELARUE
Syndiqué CGT Finances à Rennes mais militant altermondialiste, membre du CA d’ATTAC France.
– 11 Thèses sur la mobilisation collective des travailleurs et la convergence des luttes - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php ?article456
1) Fusion, absorption, le syndicalisme international n’y échappe pas. par Jean Louis ERNIS qui a produit une étude approfondie. Il remarque d’emblé que la Charte d’Amiens - au centenaire à peine remarqué en 2006 - n’est pas dans ses principes fondateurs. On s’en serait douté. Car même la CGT française qui a longtemps fait la promotion d’un syndicalisme lutte de classe pour aller vers le socialisme (pas de la lutte de classe sans perspective) a peu à peu abandonné des principes fondateurs.
http://la-sociale.viabloga.com/news/fusion-absorption-le-syndicalisme-international-n-y-echappe-pas
2) Création d’une nouvelle Confédération Syndicale International par Udo REHFELDT - IRES doc pdf sur le web