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Quand Macron ricane des naufragés de la Françafrique

“Le kwassa-kwassa pêche peu, mais il amène du Comorien”. Pour ceux qui avaient encore besoin d’une leçon de choses sur M. Macron, les voilà servis. Que des milliers de Comoriens aient péri noyés en cherchant à fuir la pauvreté d’une ex-colonie française, c’est tellement drôle ! Cette tragédie humaine devrait nous couvrir de honte. Mais non, voyons ! Des Africains engloutis par les flots à une encablure de Mayotte ? Pour M. Macron, c’est marrant. La mine réjouie, le potache fait une blague comme s’il racontait une partie de pêche au gros. Goguenard, le freluquet rigolard amuse la galerie avec sa vanne à deux balles.

Regardez bien la vidéo. Oui, c’est vrai, sa cour trouve ça drôle ! Lorsque le dandy lâche sa boulette, les joyaux lurons ricanent en choeur. Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, fait partie de la bande. Il paraît qu’il représente la France dans le monde ! Quant à M. Macron, il ne faut pas trop lui en demander. Né avec une cuillère en argent dans la bouche, élevé en batterie chez Rothschild, il n’a pas la compassion facile. On connaissait déjà son mépris pour les illettrés, les fainéants qui n’ont qu’à “travailler pour se payer un costard”. On découvre son mépris pour les pauvres du Tiers-Monde, ces crève-la-faim qui frappent à nos portes pour échapper à la misère.

Comment ces gueux, d’ailleurs, mériteraient-ils notre respect ? Ils n’ont même pas de compte en banque ! Dans les salons cossus de l’oligarchie, ces histoires de rafiots qui se renversent avec leur cargaison humaine sont aussi drôles que “Tintin au Congo”. Qu’est-ce qu’on se marre, avec Manu, sur les Nègres en kwassa-kwassa ! Au passage, notez bien l’expression. “Le kwassa-kwassa amène du Comorien”. Pour Macron, le Comorien n’est même pas une marchandise. C’est un matériau informe. Il ne vaut rien, il ne compte pas, et d’ailleurs il se noie dans l’indifférence générale. Le Comorien, ce n’est rien. Ce n’est même pas de la poiscaille, à peine un déchet dont on rigole quand il coule à pic.

Lesté de violence symbolique, un tel sarcasme illustre le racisme structurel de la caste dominante. Ceux qui ont appelé à voter Macron pour battre Le Pen ont l’air fin. A force de pointer du doigt le racisme qui gangrène les couches populaires, on a oublié celui des riches. Ce racisme est plus discret, mais plus féroce. Il crache sur ceux qui luttent pour la survie, sur les gueux, les pouilleux. Ce racisme prospère sur l’ahurissante misère qui frappe les damnés de la terre. C’est le sarcasme des vainqueurs de la compétition planétaire. “Noyée dans les eaux glacées du calcul égoïste”, comme disait Marx, toute compassion s’évanouit, elle disparaît dans un rictus.

Ne reste que le mépris, de classe et de race à la fois, qui expédie les déshérités de l’hémisphère Sud dans les oubliettes de “l’humanisme” occidental. On omet alors de dire que les migrants qui bravent la noyade sont aussi les victimes du pacte néo-colonial. L’aurait-on oublié ? C’est la France qui a extirpé Mayotte de l’archipel des Comores. C’est elle qui a semé le chaos dans la région, au mépris du droit international. Mais peu importe. M. Macron tient tant à la Françafrique ! Pour l’oligarchie, ce continent n’est qu’un terrain de chasse. Les Africains, à ses yeux, n’existent que dans la mesure où ils la servent. En attendant, le blanc-bec de l’Elysée peut faire le mariole sur le dos des naufragés.

Bruno GUIGUE

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