Que nenni, la publication des documents du fonds d’investissement panaméen Mossack Fonseca apparait comme une opération politique des États-Unis, d’envergure internationale, avec l’objectif non avoué mais évident de déstabiliser certains pays qui gênent leur dessein. En effet, il faut savoir que les Panama Papers ont été publiés conjointement par l’OCCRP (Organized Crime and Corruption and Reporting Project) et par l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) qui réunit 370 journalistes et 109 médias dans 76 pays... dont beaucoup ont servi de relais à la diffusion des documents. Et les principales sources de financement de l’OCCRP sont l’Open Society Foundations de George Soros, en partenariat avec l’Agence américaine d’aide au développement USAID, une extension du Département d’État et du Conseil de Sécurité Nationale. Et c’est là où je voulais en venir. Tous les amis de Cuba connaissent de longue date le rôle de l’USAID dans le travail de sape de la Révolution que lui a confié le gouvernement étasunien, avec pour objectif le renversement du gouvernement socialiste cubain, au moyen du financement de la contre-révolution et d’opérations clandestines criminelles. Mais avec comme résultat un échec cuisant.
Pour ce faire, l’une des nombreuses tactiques employées par l’USAID (en dehors des tentatives d’assassinat), ce sont le dénigrement systématique et la diffamation honteuse des dirigeants Cubains et en particulier de celui que tout son peuple adore et respecte, le primus inter pares, le Commandant en Chef Fidel Castro. Celui que les gouvernements nord-américains successifs ont désigné à la vindicte de la planète, comme un dictateur féroce et milliardaire qui a dépouillé son peuple pour se couvrir d’or.
Oui, souvenons-nous des tentatives de quelques torchons comme Forbes qui le 5 mai 2006 dans un article d’une certaine Luisa Kroll, titré "Fortunes des rois, reines et dictateurs", accusait publiquement Fidel Castro de posséder l’une des plus grosses fortunes au monde. Elle écrivait (traduit par moi) :
"Fidel Castro, nous supposons qu’il a un contrôle économique sur un vaste réseau d’entreprises publiques, y compris le Palais des Conventions, un centre de congrès près de La Havane ; la Cimex, conglomérat de vente au détail ; Medicuba, qui vend des vaccins et autres produits pharmaceutiques produits à Cuba ; entreprises dont il s’est octroyé les bénéfices pendant des années. Les anciens fonctionnaires cubains insistent sur le fait que Castro voyage exclusivement dans une flotte de Mercedes noire, qu’il possède des yachts, des mines en Afrique, des immeubles et villas un peu partout dans le monde.... Pour arriver à un chiffre de la valeur nette, nous utilisons la méthode des flux de trésorerie actualisés pour évaluer ces entreprises, puis nous prenons une partie de ces profits qui vont à Castro... Nous n’avons pas essayé d’estimer les bénéfices passés qu’il peut avoir empochés, bien que nous ayons entendu des rumeurs de grandes cachettes dans des comptes bancaires suisses...." J’en passe et des pires.
Bien sûr tout cela est vide de preuves. C’en est même consternant. Ce ne sont que des suppositions, des rumeurs, des projections imbéciles mais qui font parties de la propagande malveillante et diffamatoire qui finit par pénétrer les esprits. En 2003, le magazine estimait la fortune de Fidel à 110 millions de dollars (au moins), en 2005, elle était passée à plus de 550 millions de dollars, en 2006, elle était évaluée à 900 millions de dollars, certains la portaient à 2 milliards de dollars, chiffre plancher tant l’opacité de sa fortune colossale était impénétrable grâce à ses nombreux comptes offshore répartis dans des paradis fiscaux comme la Suisse, les îles Caïman, Jersey, etc... Dans son délire ubuesque, Forbes poussait la plaisanterie jusqu’à affirmer que la fortune de Fidel Castro équivalait à celle de la Reine d’Angleterre à laquelle ils ajoutaient à tort le Palais de Buckingham et les joyaux de la Couronne ! En fait si Fidel était réellement à la tête d’un tel empire financier, ce n’est pas 900 millions de dollars qu’il posséderait mais l’équivalent de la fortune de Bill Gates, soit environ 50 milliards de dollars. Le délire engendre l’absurdité et le grotesque.
Après la publication de cette liste, Fidel s’en est moqué publiquement, il en a ri et n’a même pas voulu poursuivre le magazine en diffamation, mais déclara à la télévision : "Si l’on trouve un seul centime m’appartenant dans des paradis fiscaux, je démissionnerai aussitôt !" Chiche ! Depuis... rien... rien de rien. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché ! Alors la baudruche s’est dégonflée tout à coup... mais la rumeur, elle, court toujours.
Alors voilà que soudain éclate l’affaire des Panama papers ! Quelle aubaine pour tous les pourfendeurs du "régime castriste", pour les accusateurs de tous poils sur la richesse infinie de ce "maudit dictateur" ! Quelle chance pour l’USAID de pouvoir enfin révéler au monde la "gigantesque duperie" de Fidel Castro qu’elle ne cesse de dénoncer ! On va enfin vous ouvrir les yeux, pauvre peuple cubain. Tout va changer maintenant !
Mais ô horreur ! Parmi les 11 millions de documents consultés, pas la moindre ligne, pas le plus petit chiffre, même pas la moindre interprétation possible à se mettre sous la dent. Les Castro n’ont pas un centime dans des fonds offshore... Sourire aux lèvres, j’imagine leurs visages de psychopathes, déformés par la fureur et le constat terrible d’un nouvel échec, les yeux cavés par des nuits sans sommeil à chercher, chercher, chercher... et finalement ne jamais rien trouver.
Tant leurs cerveaux sont saccagés, lessivés par une propagande incessante et grandiloquente où depuis la "ruée vers l’or" de leurs aïeux à aujourd’hui, en passant par l’illusion de "l’american way of life", les seules valeurs qui font de vous un homme respecté aux USA, sont le dollar, l’accumulation de biens et la richesse, ils ne sont plus capables, handicapés du bulbe qu’ils sont, d’entrevoir la possibilité que d’autres valeurs, humaines celles-là, comme la solidarité, la fraternité, le partage, puissent être à la fois le moteur et le sens de la vie de tout un peuple et de forger des dirigeants farouchement fidèles à ces valeurs.
Michel TAUPIN