En donnant une large majorité au Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV, Parti du président Nicolas Maduro) le peuple vénézuélien donne par la même un nouveau souffle à la Révolution bolivienne. Ainsi, sur les 23 Etats qui composent le Venezuela, 18 ont été remportés par le PSUV contre 5 pour la droite, dont une partie n’a pas manqué, comme à son habitude, de contester les résultats.
La question de la couverture médiatique
Une fois n’est pas coutume, les principaux médias français, et européens, qui avaient dépeint le régime vénézuélien comme autoritaire et dictatorial, n’ont cette fois-ci pas émis de trop sévères critiques vis à vis de cette élection. Certes, certains « bien-pensants » y sont allés de leurs petits mots pour critiquer la Révolution, mais si l’on compare aux élections de l’Assemblée Constituante, la couverture médiatique a été totalement différente.
Pourquoi deux élections, dans le même pays, et remportées par le même Parti, ont-elles été traitées de manière différente ? La réponse est simple. Lors de l’élection de l’Assemblée Constituante, la droite vénézuélienne, soutenue par tous les médias dominants, malgré le fait qu’elle soit à l’origine des violences dans le pays, avait appelé à ne pas prendre part au vote. A partir de ce moment là, il était donc évident que, n’appelant pas à voter, la droite ne pouvait être que perdante, et donc les médias avaient tout le loisir à dépeindre ce vote populaire en plébiscite pour le gouvernement socialiste vénézuélien.
La différence notable avec ces élections régionales est que lors de cette échéance électorale, la droite participait activement au processus. Pire, quelques jours à peine avant les élections, elle était sûre de l’emporter, portée par des sondages qui prédisaient une rafle des Etats par l’opposition. Quelle ne fut pas la désillusion pour la contre-révolution à l’annonce des résultats, quand le mouvement populaire semblait reprendre de toute sa vigueur et infligeait une claque à tous ceux voyant avec enthousiasme la fin du « chavisme ».
Problème, comme une partie de la droite a reconnu la défaite, il est de fait plus dur de porter un jugement négatif sur ces élections, d’autant plus que de nombreux observateurs internationaux avaient été conviés pour garantir le bon déroulement du scrutin.
Une victoire porteuse d’un nouveau souffle
Bien que concernant en premier lieu le Venezuela, cette victoire de la gauche est signe d’un nouvel espoir pour toute l’Amérique latine qui voit un retour aux affaires des forces de la finance, n’hésitant pas à user de tous les moyens possibles pour retrouver le pouvoir. Violences au Venezuela, destitution illégale au Brésil, répression du mouvement ouvrier en Argentine, aucun pays voulant mener une autre politique n’échappe au giron de l’impérialisme américain, toujours persuadé que cette région du monde constitue son « arrière-cour », selon la théorie de Monroe de 1823.
Fort heureusement, certains pays résistent toujours à ces déstabilisations et entendent continuer à mener les politiques bénéfiques pour leur peuple. Une volonté qui leur vaut d’ailleurs le privilège d’être vus comme des pays dangereux par l’impérialisme. La Bolivie d’Evo Morales, le Venezuela de Maduro ou encore le Nicaragua d’Ortega poursuivent ce rêve d’une Amérique latine où les peuples seraient souverains, libérés de la finance internationale.
Malgré les déstabilisations, qui rappellent des heures sombres de l’histoire du Nicaragua, notamment lorsque les Etats-Unis finançaient les ignobles « contras », le gouvernement populaire, soutenu par le peuple dans les diverses élections, a toujours su répondre de manière démocratique aux menaces américaines. C’est fort d’un bilan social qui a sorti des millions de Nicaraguayens de la pauvreté, développant éducation et infrastructures médicales, que le Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN) à remporté, dimanche 5 novembre, les élections municipales du pays, à une très forte majorité.
Une victoire que d’autres peuples n’ont pas eu la chance de connaître. En Argentine, malgré le désastre du néolibéralisme mis en place par le président Mauricio Macri, et les graves atteintes au droit de l’homme commises depuis son arrivée au pouvoir, sa coalition a remporté, le 22 octobre dernier, les élections législatives du pays. Malgré l’élection de l’ancienne président Cristina Kirchner au Sénat, l’opposition de gauche n’a pas réussi à surfer sur la vague de protestation qui traverse la pays.
Inculquer une conscience de classe
L’occasion de s’interroger sur les millions de personnes qui, en bénéficiant des programmes sociaux des gouvernements progressistes, ont vu leur niveau de vie s’élever et n’ont par la suite plus accordé leur vote à ceux qui leur ont permis de vivre mieux.
Marx avait défini la conscience de classe comme le fait d’être conscient d’appartenir à une classe sociale, le prolétariat pour la majorité de la population. D’ailleurs cette conscience, et la lutte des classes, sont deux théories très bien assimilées par la classe des possédants. Warren Buffet avait déclaré, à ce sujet, il y quelques années : « c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner ». Preuve en est, s’il en fallait une, de la réalité de la lutte de classe, et de la nécessité de la conscience de classe.
Problème : comment des personnes ayant participé avec enthousiasme aux différents processus populaires et progressistes d’Amérique Latine, et ayant largement profité des mesures des gouvernements, ont-ils pu à un moment donné changer de fusil d’épaule et passer du côté obscur ?
Sans doute influencés par une désinformation constante, cela montre aussi l’importance de l’éducation d’un peuple. La conscience d’appartenir à une classe sociale, celle des opprimés, celle des travailleurs, et donc la nécessité de mener la lutte des classes ne doit pas disparaître dès lors que sa situation personnelle s’améliore. Or, à l’image de ce qui s’est passé au Brésil, en Argentine, ou au Venezuela, certains ont très vite oublié la situation économique et sociale dans laquelle ils se trouvaient avant les réformes des gouvernements progressistes, pour donner leur voix, ou soutenir, le retour au pouvoir d’une droite hystérique.
Le mouvement populaire révolutionnaire n’est pas mort en Amérique latine, bien au contraire les partis et mouvements de gauche continuent d’être présents, sur tous les fronts. Mais ces dernières années ont bel et bien été marquées par le retour de la droite, aidée, et financée par les Etats-Unis, dans le seul but de faire tomber les pays ne souhaitant pas revenir dans l’orbite nord-américain.
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