Propos recueillis par Isabelle Horlans, le jeudi 6 mars 2008 à 04:00
Selon Fabrice Delloye, le président Alvaro Uribe se comporte en saboteur à des fins personnelles. L’ex-époux d’Ingrid place son dernier espoir dans les Farc.
FRANCESOIR. Mardi, le Quai d’Orsay évoque des contacts fréquents, « et jusqu’à sa mort », avec Raul Reyes. Hier, le porte-parole du gouvernement a dit que le numéro deux des Farc n’était « pas récemment » l’interlocuteur de la France. Pouvez-vous éclaircir ce point ?
FABRICE DELLOYE. L’un et l’autre ont raison. Laurent Wauquiez parle des émissaires français qui n’avaient pas vu Reyes depuis des mois. Mais le Quai était en contact avec lui. Jamais la France n’a rompu les liens. Et le président Uribe savait parfaitement que notre seul interlocuteur était Raul Reyes !
Vous êtes très en colère…
Ce qui est extrêmement choquant, c’est que le 26 février, une réunion à Panama réunit les délégués des pays médiateurs (Espagne, France, Suisse, NDLR) et le haut-commissaire colombien pour la paix Luis Carlos Respreto. Les délégués annoncent qu’ils vont rencontrer Raul Reyes. Respreto répond : « Oui, faites-le, c’est important. » Et dans la nuit de vendredi, Uribe décide sciemment de faire abattre Reyes en territoire équatorien ! Sans prévenir les présidents des Etats médiateurs, ni le président Correa alors qu’il commet un acte de guerre dans son pays. Il se moque du monde !
Quelles ont été, précisément, les motivations d’Alvaro Uribe ?
Au lendemain de la réunion à Panama, les Farc libèrent les quatre députés otages qui déclarent qu’Ingrid ne va pas bien et qui témoignent de son courage, de sa résistance aux Farc. Et là , il se passe quelque chose de fort : le peuple colombien est ému et réclame un accord humanitaire. Or, Uribe ne veut rien négocier. Il sait que Reyes discute avec le président équatorien et, pour interrompre tout cela, il fait tuer Reyes. C’est un véritable sabotage.
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