Militant de la cause républicaine, Rafael Alberti fut contraint de s’exiler en France en 1939 ; l’année suivante il dut quitter ce pays vaincu par les Allemands, et se réfugia en Argentine où il resta jusqu’en 1963. Cette année-là , il s’installa en Italie pour un séjour qui allait durer jusqu’à son retour en Espagne en 1977. Il est mort dans son village natal près de Cadix en 1999, à l’âge de 97 ans.
En Argentine, la pampa lui donnera la nostalgie des paysages d’Andalousie :
La mer. La mer. La mer. Rien que la mer !
Pourquoi m’avoir emmené, père,
à la ville ?
Pourquoi m’avoir arraché, père,
à la mer ?
La houle, dans mes songes
me tire par le coeur
comme pour l’entraîner.
O père, pourquoi donc m’avoir emmené ?
El mar. La mar.
¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad ?
¿Por qué me desenterraste
del mar ?
En sueños, la marejada
me tira del corazón.
Se lo quisiera llevar.
Padre, ¿por qué me trajiste
acá ?
.
Je suis si seul parfois, je suis si seul
et même si pauvre et si triste ! Si oublié !
Voilà comment j’aimerais demander l’aumône
sur mes plages natales, au long de mes campagnes.
Donnez à celui qui revient un petit bout
de lumière tranquille, un ciel paisible. S’il vous plaît,
la charité ! Vous ne savez plus qui je suis...
Et je vous demande si peu...
Donnez-moi quelque chose
Traduction de Claude Couffon