Aux Etats-unis, en Angleterre, en Ecosse, en Australie comme au Chili, les militants pour les droits de l’homme ont fait la démonstration que les danseurs de Batsheva sont financés et soutenus par le gouvernement israélien, et sont parfaitement conscients du rôle qui leur est imparti.
Parmi leurs sponsors, des entreprises d’armement israéliennes, Eastronics et IDB International, de même que le KKL, fer de lance de la politique de confiscation des terres palestiniennes.
A tous ceux qui seraient tentés de dire « Ne mélangeons pas la culture et la politique », les militants contre l’occupation et la colonisation israélienne de tous les pays, y compris les opposants juifs à l’intérieur d’Israël, ont démontré que nous ne sommes pas en présence d’une manifestation artistique ordinaire, mais de la manœuvre stratégique d’un gouvernement israélien visant à redorer son blason.
Les dirigeants israéliens, conscients de l’effondrement de leur image dans l’opinion publique internationale, ont ainsi alloué des fonds considérables à une campagne internationale, intitulée « Brand Israel » (littéralement, « promouvoir la Marque Israël »).
Le cahier des charges, soumis aux artistes qui veulent recevoir des subventions du ministère israélien des Affaires étrangères (dirigé par le chef du gouvernement en personne, Benjamin Netanyahou) est explicite :
« L’artiste est informé du fait que s’il est fait appel à ses services, c’est dans le but de promouvoir les intérêts politiques de l’Etat d’Israël, par le truchement de la culture et de l’art, aux fins de contribuer à donner une image positive d’Israël. Il est cependant entendu que le prestataire de services ne se présentera pas pour autant comme un agent, un émissaire, et/ou un représentant du ministère ».
Arie Mekel, responsable à la direction des Affaires culturelles au même ministère, a même déclaré au New York Times : « Eh oui, nous envoyons à l’étranger des romanciers et autres écrivains connus, des troupes de théâtre, nous organisons des expositions … Ainsi nous montrons un visage plus sympathique d’Israël, histoire d’en gommer l’image belliqueuse ».
Et la troupe Bathsheva a été qualifiée par le ministre israélien des affaires étrangères de « meilleur ambassadeur de la culture israélienne ».
La campagne « Don’t dance with the Israeli apartheid » (« On ne danse pas avec l’apartheid israélien ») a reçu le soutien d’intellectuels et artistes de nombreux pays. Partout des manifestations ont eu lieu pour demander qu’on "cesse de danser sur la tombe des enfants palestiniens ».
Et pour rappeler que la culture palestinienne, est quant à elle niée, et que les artistes palestiniens, qu’ils soient danseurs, chorégraphes, musiciens, peintres, sculpteurs, photographes, dessinateurs… n’ont pas la possibilité d’exprimer leur art, de se faire connaître, de circuler librement, quand ils ne sont pas emprisonnés ou assassinés par Israël.
Il n’est qu’à voir le sort réservé à la jeune danseuse Lina Khattab, emprisonnée par Israël à l’âge de 17 ans.
Partout, l’opération de blanchiment de l’apartheid a lamentablement échoué et la » troupe » israélienne a même dû écourter ses tournées dans divers pays. Ainsi, à Edimbourg, fin 2012, la ministre israélienne chargée de la culture, Limor Livnat, membre du parti d’extrême-droite Likoud, qui était venue assister à une représentation de Batsheva, fut contrainte d’entrer (puis de sortir) par une porte dérobée, entourée de policiers.
La presse a pu filmer plusieurs personnes, en Grande-Bretagne comme en Australie, qui avaient acheté des billets, et qui les ont déchirés publiquement, après avoir appris les liens entre Batsheva et le gouvernement israélien.
En Nouvelle Zélande, devant le théâtre Wellington’s St James, le 24 février 2014, des dizaines de manifestants estimaient que le gouvernement n’aurait même pas dû accorder un visa aux danseurs… et c’était avant les massacres israéliens de l’été sur la bande de Gaza, qui ont fait plus de 2300 morts, dont 500 enfants, et plus de 11.000 blessés dont un grand nombre a dû être amputé au moins d’un membre.
Et les tentatives du directeur artistique de la Batsheva, Ohad Navarin, de se faire passer pour un homme de dialogue, ont fait long feu. Batsheva a même tenté de montrer son orientation « à gauche » (on sait ce que cela vaut) en s’associant à l’ACRI, « Association israélienne des droits de l’homme », qui ne remet jamais en cause l’apartheid israélien et qui présente Israël comme une démocratie.
Mais cette troupe n’a jamais voulu renoncer aux financements du gouvernement israélien et n’a jamais dénoncé les violations des droits des Palestiniens par ce même gouvernement.
Pour toutes ces raisons, nous appelons le directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, à annuler les représentations des ballets Batsheva à l’Opéra Garnier, du 5 au 9 janvier prochains. L’opéra de Paris qui se déconsidèrerait gravement en collaborant avec les représentants de l’occupation et le la colonisation israélienne.
Nous vous demandons de lui écrire :
– Par mail à : slissner@operadeparis.fr
– ou par la poste à :
Stéphane Lissner, Directeur de l’Opéra de Paris.
120 rue de Lyon. 75012
- ou encore d’appeler au : 01 40 01 16 06
Vous trouverez sur notre site la lettre adressée au Directeur de l’Opéra par les opposants israéliens de « Boycott from Within »
de même que l’excellente tribune d’Eric Hazan sur le boycott culturel et universitaire
Et nous publierons sur notre site, jour après jour, une série de témoignages d’artistes palestiniens que nous vous demandons de lire attentivement, pour savoir à quel point, ils sont quant à eux entravés par Israël pour exercer leur art, leur culture.
Nous comptons sur vous pour relayer ces informations très importantes.
CAPJPO-EuroPalestine
EN COMPLEMENT
Lettre de Mgr Gaillot au directeur de l’Opéra de Paris
L’indignation est grande à l’annonce de l’accueil par l’Opéra Garnier de la troupe israélienne de danse, Batsheva, vu ses liens étroits avec le gouvernement d’extrême-droite israélien. Ci-dessous la lettre de Mgr Jacques Gaillot à Stéphane Lissner, directeur de l’Opéra de Paris.
Monsieur le directeur de l’Opéra de Paris,
J’ai appris que vous aviez invité la troupe de danse israélienne Batsheva à se produire à l’Opéra en janvier prochain. Ces danseurs ont la chance de pouvoir circuler librement et d’exercer leurs talents à l’Opéra. Ce que ne peuvent pas faire des danseurs palestiniens, car ils en sont empêchés ou emprisonnés. Leur culture est baillonnée. La situation faite aux Palestiniens est dramatique. Ils subissent l’injustice au quotidien. Tant que leurs droits seront bafoués, la paix s’éloignera.
C’est pourquoi je reçois votre invitation des danseurs israéliens comme un affront.
Mais je garde le secret espoir que les représentations des ballets seront annulées.
Si c’était le cas, vous donneriez une chance à la paix et les Palestiniens garderaient l’espoir.
Merci de laisser l’avenir ouvert.
Respectueusement et fraternellement."
Jacques Gaillot
Evêque de Partenia
30 rue Lhomond
75005 Paris