Julie a entièrement raison quand elle dit que rien de vaut les contacts directs chaque fois qu’ils sont possibles.
Le problème d’internet est le même que celui du téléphone. En cas de trouble majeur de l’ordre public, ils sont coupés par l’état. On l’a vu en Égypte lors des printemps arabe et pour avoir été chef de quartier à la protection civile, un grade équivalent à capitaine dans l’armée, je sais que même en Suisse, cela fait partie des premières mesures que l’état prendrait. Donc ce sont des outils dont nous devons pouvoir nous passer, ce qui nous donne une raison supplémentaire pour favoriser les contacts directs.
Cependant ils ne sont pas à jeter pour autant. Le meilleur exemple que je connaisse de bon usage d’internet est le fonctionnement de la communauté GNU/Linux. Cette communauté compte plusieurs niveaux :
– Les programmeurs. En plus de leurs programmes, ils font des sites web qui peuvent aller de simples dépôts de code source sur github ou sourceforge pour de petits projets, des petits sites hébergés chez eux ou dans une université à des sites conséquents sponsorisés par l’industrie (GNU/linux et son noyau linux est le système le plus utilisé dans les appareils de nombreuses industries).
– Les distributions qui mettent au point des systèmes GNU/Linux. Il y en a 2 sortes, les métas distributions qui peuvent tout faire sauf le thé(Debian, OpenSuse, gentoo, ubuntu, etc) et les distributions spécialisées en audio, pour les activistes et les artistes (Tails, 6 Linux Distros conçus pour les artistes, musiciens et rédacteurs - liste non exhaustive, chaque méta distribution a sa solution sans compter les dérivés), pour les flics (pour craquer vos ordis), etc. Ces distributions ont leur propre sites web, elles utilisent des dépôts de code sources ou ont le leur. D’autres, en plus d’avoir un site, peuvent squatter le forum de la distribution sur laquelle elles sont basées, comme par exemple une version spécialisée de gentoo pour faire de l’audio pro.
– Les utilisateurs. Ils vont d’industries qui installent linux dans leurs aspirateurs, lecteurs mp3, téléphone (android est basé sur un noyau linux, mais une fois ajouté les couches propriétaire des fabricants, c’est à peu près la même daube que windows ou mac. Il est possible d’installer lineageOS (android sans les applications google) sur beaucoup de téléphone android et je le recommande, google sur android, c’est la CIA dans le téléphone. Pour donner une idée, la charge de la batterie du même téléphone tient deux fois plus longtemps avec lineageOS sans les applis google qu’avec sa ROM d’origine. Oui il faut installer une nouvelle ROM et pas tous les fabricants le permettent. Pour ça voir https://xdaforums.com/ et https://lineageos.org/
Pour communiquer il y a différents outils qui ont été développés :
– Les forums. C’est là où toute la communauté se retrouve. Ils vont des forums généralistes des distributions à des forums spécialisés. Pour les utilisateurs, ils offrent un support gratuit qui est considéré par de nombreux spécialistes comme étant de meilleur qualité que les offres de support payantes de sociétés comme microsoft. Il est donc indispensable de s’inscrire au moins sur celui de votre distribution préférée.
– Les listes de discussions (courriels). Sans ces listes de discussions, GNU/linux n’existerait pas. Il y en a 3 sortes : les listes pour développeurs, pour utilisateurs et celles qui regroupent les deux. Donc ces listes permettent aux développeurs de se coordonner et d’échanger, aux utilisateurs d’échanger des conseils, et d’offrir du support. Par rapport à whatsapp, un bon client d’email comme par exemple claws-mail permet de classer ses courriels favoris et de faire des recherches dedans, donc fonctionne comme une mini base de données qui peut même être consultée off-line.
– Les canaux ou salons IRC (Internet Chat Relais). IRC est le plus ancien réseau social d’internet, un peu comparable à whatsapp mais public. Il est composé de serveurs décentralisés qui ne communiquent pas entre eux sur lesquels il y a des salons de discussions spécialisés. Pour GNU/linux, le serveur le plus utilisé est libera.
Pour toutes ces solutions, n’importe qui peut utiliser les serveurs existants et/ou faire ses propres serveurs. Ce qui donne une liberté totale. Chaque serveur établi ses règles d’utilisation, par exemple est-il public ou sur invitation. Sur IRC, n’importe qui peut créer un salon et lui donner le sujet et les règles qu’il veut (dans les limites de ce que le serveur autorise).
Donc là on voit qu’il n’y a pas les réseaux sociaux corporatifs (FB, X, telegram (le code sources des serveurs n’est pas disponible, c’est donc du corporatif), etc.). Ce qui m’amène au principal problème de l’informatique, l’interface entre la chaise et le clavier, l’humain.
Chez les programmeurs, il y a ceux qui ont déjà planté leur programme et ceux qui l’ont déjà planté.
Chez les administrateurs système, ce que l’on est tous dés que l’on a un ordi à la maison, il y a ceux qui ont déjà planté tout le système et ceux qui ne l’ont pas encore planté.
D’où la nécessité de faire des sauvegardes régulières. D’où pour les programmeurs d’avoir des programmes de gestion de leur code qui permettent de revenir facilement à une version précédente (subversion / svn, git, etc.). De tels programmes peuvent être utilisés pour n’importe quel code, le code C/C++ d’un programme, le contenu d’un site web, vos recettes de cuisine préférées. etc.
Les utilisateurs sont très souvent de véritables analphabètes qui choisissent la facilité (le cerveau est un flemmard) et utilisent les mêmes solutions qu’à leur travail, ceci car ainsi en cas de pépin, ils peuvent demander à un collègue de les aider.
Ceci alors qu’un des avantages de linux, c’est que tu as toutes les docs avec. Ça va de doc à la windose où on t’explique que pour lancer un programme, il faut cliquer sur son icône, au code source, en passant par les docs de la distribution et des programmes qui t’expliquent le fonctionnement de tout (comparables aux Bible de windows Machin (des bouquins à 300 balles) + pareil pour tous les programmes installés) et les docs programmeurs qui leur montre la syntaxe de tous les appels des librairies qu’ils peuvent utiliser dans leurs programmes.
Quand aux réseaux sociaux, la communauté du libre en a développé, voir le Fediverse. On y retrouve différentes solutions non corporatives, décentralisées et regroupées en une fédération. Ces solutions ne sont pas utilisées pour faire avancer GNU/Linux, pour ça voir plus haut, mais on va y trouver des groupes comme sur les autres réseaux sociaux, y compris des groupes linux où on pourra voir des annonces comme la nouvelle version de debian vient de sortir.
En plus des réseaux sociaux, on peut aussi partager des fichiers audio et vidéo, par exemple sur peertube et même faire des sites web sur certains serveurs hubzilla. Chaque serveur décide de sa politique et il est possible, comme avec toutes les solutions déjà évoquée, de faire ses propres serveurs et même de choisir si on veut les partager dans le fedivers ou les garder privés (sur invitation ou dans le cadre d’une organisation). Ce qui donne que ça part dans tous les sens, mais qu’on a une liberté et des possibilités, donc un pouvoir, qui n’existe pas dans le web corporatif. Par exemple sur peertube, on y trouve des trucs comme ça : Conférence gesticulée - Job - Retour vers le NoFutur.
Donc oui, des solutions existent, mais comme Machin l’a dit (je ne me rappelle plus son nom) : La révolution ne sera pas télévisée. Elle ne sera pas non plus sur internet. Par contre il existe des outils, en dehors du web marchand et des logiciels corporatifs, qui peuvent nous aider à nous organiser et à nous fédérer. Si je regarde les sensibilités politiques des contributeurs du libre, pour ceux qui les expriment, ça va d’une extrême à l’autre, mais cela n’empêche ni la collaboration, ni l’entraide à tous niveaux. Du temps où il y avait une section Off the wall sur le forum gentoo où il était beaucoup question de politique, ça m’a arrivé d’avoir de gros désaccords, mais cela n’a jamais empêché personne de répondre aux questions relative à l’informatique dans les autres sections du forum.
Pour faire son propre serveur, un vieil ordi suffit dans bien des cas. L’idéal est de n’installer que les logiciels nécessaires pour faire tourner le serveur et l’administrer depuis un autre ordi. Ainsi, on a pas besoin de bureau sur le serveur, on peut l’optimiser pour cet usage et ainsi disposer de toute sa puissance. Il y a plein de gens très compétents sur les forums linux et il ne faut pas hésiter à poser des questions, même les plus simples comme quel logiciel utiliser pour faire ceci ou cela.