Insultés, violentés, réprimés mais mobilisés et debout, les travailleurs et retraités que nous sommes ne renoncent pas à défendre leurs droits. Pour une vie digne, avec des augmentations de salaires, pour des droits démocratiques, en exigeant la souveraineté effective du peuple, pour la justice contre les inégalités avec une fiscalité juste, notre mobilisation comme Gilets Jaunes se poursuit pour un acte 8 ce samedi 05 janvier.
Certaines voix laissent entendre que notre mouvement des Gilets jaunes serait en train de s’essouffler. Il s’agit là d’une incompréhension qui traduit une lecture du phénomène à la seule lumière du nombre de vitrines brisées et de voitures incendiées. Confondre la force révolutionnaire de notre mouvement avec l’agitation manifeste qui en découle serait une grosse erreur, comme le prouvent les nombreuses émeutes, jacqueries et insurrections que nous offre l’Histoire et dont les échecs doivent nous servir de leçon. Nous avons fait l’inverse de ce que nos élites auraient voulu que nous fassions, c’est-à-dire une révolte purement antifiscale. En tant que Gilets jaunes, désireux de changer l’ordre des choses en profondeur, nous construisons une véritable opposition politique. Nous les travailleurs français sommes sortis du rôle d’exploités dans lequel nos élites les avaient enfermés pour montrer que nous sommes la seule véritable force capable de faire changer les choses dans le pays, la seule classe véritablement révolutionnaire. Bien sûr, nous n’allions pas faire plusieurs centaines de kilomètres de trajet pour manifester à Paris tous les samedis. Mais l’agitation a laissé place à l’organisation. Nos rencontres ponctuelles sont devenues des liens militants ; la colère est devenue une revendication politique ; nos gilets jaunes sont devenus un symbole international de contestation populaire. Ce n’est pas le cassage de vitrines qui a fait peur à la bourgeoisie régnante, mais la prise de conscience par l’immense majorité de la population française d’intérêts partagés et d’un destin commun. Les Gilets jaunes que nous sommes avons surpris d’un bout à l’autre du spectre politique. D’un côté, les gauchistes convaincus que la révolution à venir leur appartenait ont été repoussés à l’idée qu’un véritable mouvement populaire capable de changer la donne n’avait en réalité pas grand-chose à voir avec les apprentis révolutionnaires casseurs de flics et de Mac Do’. De l’autre, certains réactionnaires récupèrent le symbole du gilet jaune et s’évertuent à hurler contre les politiciens, la pratique politique, les partis politiques, les revendications politiques, la politique, en bref tout ce qui s’apparente de près ou de loin à autre chose qu’une revendication fiscale. D’un côté comme de l’autre, les dangers sont les mêmes : laisser passer l’instant révolutionnaire pour céder la place à la réaction ou à son bras armé, le fascisme. Les revendications que nous portons ne laissent planer aucun doute. Notre peuple révolté ne cache pas ses ambitions clairement populaires et progressistes, au premier rang desquelles la hausse des salaires, le rétablissement des services publics, la justice fiscale et la souveraineté populaire. Cependant, il faut le dire, sans véritable parti de lutte à nos côtés, la confusion règne parfois dans nos rangs. De plus, qu’il s’agisse de la gauche la plus sociale-scélérate ou de la droite la plus ouvertement fasciste, de nombreuses tendances politiques hypocrites et opportunistes s’accaparent, dans leurs grandes lignes, nos principales revendications. Pour que tous les travailleurs soient gagnants face au réactionnaire Macron et sa clique d’oligarques, nous devons nous emparer d’une question essentielle. Il s’agit bien entendu de sortir de l’Union Européenne ! (l’Allemagne et la France en étant les deux piliers, cette UE de malheurs aurait fini d’exister !!!!). Pour les plus conscients d’entre nous, le changement de cap que nous demandons en tant que gilets jaunes, et demandé également par les travailleurs français en général, ne peut pas se faire au sein de l’Union européenne. En effet, sous le joug de l’euro-austérité et du critère des 3 % du traité de Maastricht, sous le joug du règne du dogme de la concurrence libre et non faussée et de la libre circulation des capitaux, des marchandises et des personnes, nombre de ces mesures sont impossibles à mettre en œuvre. L’UE interdit la taxation du fioul maritime et du kérosène, l’UE impose la directive « travailleur détaché », l’UE ordonne la fin de la sécurité sociale, oblige à la privatisation des autoroutes, des barrages, des chemins de fer, des aéroports et de EDF GDF ou de France-Telecom. Qui plus est l’UE en établissant le pouvoir direct et exclusif des multinationales et des banques détruit toute souveraineté populaire. Macron, ses députés aux ordres et ses ministres ne sont que les zélés exécutants de la politique décidée à Francfort et Bruxelles. Quiconque se prononcerait pour la réorientation de l’UE tomberait dans une supercherie aux conséquences graves. Ce serait se désarmer face à cette dictature supranationale qui permet l’exploitation des nations les plus faibles par les plus puissantes, qui encourage la concurrence et la guerre entre les peuples, qui scelle les armées européennes dans l’OTAN meurtrière, qui détruit les conquêtes sociales et la souveraineté des peuples. Le peuple que nous sommes n’avons pas le temps de tomber dans la funeste arnaque euro-constructive, nous devons sortir aussitôt que possible de l’UE. Ce sont mes luttes en tant que gilet jaune coco franchement insoumis. Mais une autre question se pose alors : quelle sortie de l’UE ? La sortie de l’UE veut-il dire repli national, fermeture des frontières, économie de marché « à la maison », en bref une dérive ultra réactionnaire puisant dans les sentiments xénophobes ? Ou veut-il dire reconstruction des services publics, coopération internationale solidaire, gestion humaine des flux migratoires, en bref une révolution sociale ouvrant la voie vers un socialisme choisi par notre peuple ? Seule la deuxième option est réaliste, car la seule force capable de revendiquer la sortie de l’UE, ce sont les travailleurs (ouvriers, employés, techniciens, petits entrepreneurs, précaires, paysans, etc.). La bourgeoisie française n’a aucun intérêt à sortir de l’UE. Pourquoi le capital français, largement pénétré par la finance internationale, adossé au capital allemand et à l’actionnariat nord-américain, voudrait-il sortir d’une structure permettant de casser les services publics au fonctionnement socialiste, de libéraliser la quasi-totalité des secteurs d’activité, de bénéficier des flux migratoires causés par l’exploitation capitaliste, de profiter de la main-d’œuvre et des ressources étrangères, etc ? Je pense immédiatement à l’exemple du Front National, qui à peine les élections présidentielles achevées a laissé tomber l’idée d’une sortie de l’UE, preuve de leur pur opportunisme et de leur hypocrisie. C’est en ayant conscience de ces contradictions qu’il serait opportun de proposer une sortie de l’UE progressiste comme perspective sérieuse de prise du pouvoir par les travailleurs français, à travers la constitution d’un front qui réunirait les patriotes et les progressistes sincères autour du noyau révolutionnaire qu’est la classe ouvrière (dont 73 % s’est opposée au traité de Lisbonne de 2005). Une sortie de l’UE est donc une étape nécessaire pour mettre en œuvre nos revendications de gilets jaunes franchement insoumis. On ne peut pas vaincre le capitalisme sans en affronter les avatars concrets, la sortie de l’UE constitue, tout comme le renversement du gouvernement Macron, une étape nécessaire pour mettre en œuvre nos revendications de Gilets jaunes. Je reste persuadé que seul un pôle populaire et patriotique peut réellement porter cette revendication primordiale et incontournable face à Macron, au Medef et aux fascistes.