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Auteur : Pierre LEVY

OTAN, suspend ton vol (de nos euros)

Louable lucidité et réjouissantes angoisses

Pierre LEVY

Emmanuel Macron a fait de bien étranges et bien lucides constats à l'occasion d’un entretien fleuve publié par l’hebdomadaire britannique libéral The Economist. Quelle mouche l’a donc piqué ?

L’économie de marché fonctionnant pour le bien de tout le monde ? Ce n’est plus vrai. L’ouverture infinie du commerce mondial ? Sûrement pas un élément de pacification. L’obligation de réduire à moins de 3% les déficits budgétaires ? Une contrainte d’un autre siècle. Le principe de souveraineté des peuples ? Hélas oublié, ce qui a poussé à vouloir imposer nos valeurs et changer des régimes – une erreur funeste issue du mariage fatal entre droit d’ingérence et néo-conservatisme. La Russie ? Toujours considérée implicitement comme un ennemi, alors qu’il conviendrait de réfléchir avec elle à une architecture de confiance et de sécurité. L’OTAN ? Une organisation en état de mort cérébrale. Signé ? Le président de la République française à l’occasion d’un entretien fleuve publié le 7 novembre par l’hebdomadaire britannique libéral The Economist. Quelle mouche l’a donc piqué ? Probablement la lucidité et l’inquiétude d’un Emmanuel Macron comprenant que l’époque bascule, et capable de (…) Lire la suite »

Deux dirigeants européens martèlent que l’UE doit « apprendre à parler le langage de la puissance »

Pierre LEVY

Ursula Von der Leyen et Josep Borrell, qui vont prendre les plus hautes fonctions à Bruxelles dans quelques jours, annoncent des intentions martiales, voire impériales.

Ursula Von der Leyen prendra ses fonctions à la tête de la Commission européenne le 1er décembre – en principe. L’ancienne ministre allemande de la Défense n’a pas attendu pour dévoiler son état d’esprit martial. Dans un discours prononcé à Berlin le 8 novembre, précisément à l’occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, elle a tenu de mâles paroles, passées hélas trop inaperçues. Pour la future plus haute dirigeante de l’UE, « l’Europe doit apprendre à parler le langage de la puissance ». Et pour que tout soit clair, elle a martelé : « aujourd’hui, le soft power ne suffit plus si nous voulons nous affirmer dans le monde comme Européens ». Il est vrai qu’elle avait été précédée dans ce registre par le futur Haut représentant pour la politique extérieure et la sécurité de l’UE. Lors de son audition par les eurodéputés, le 7 octobre dernier, Josep Borrell avait déjà préparé le terrain par un tir d’artillerie. A 72 ans, l’actuel chef de la diplomatie (…) Lire la suite »
La disparition du camp socialiste a ouvert un extraordinaire boulevard aux puissants

Les conséquences funestes de la chute du Mur de Berlin

Pierre LEVY

Le ministre allemand des Affaires étrangères, dans une tribune publiée par Le Monde, falsifie et instrumentalise l’Histoire au service de « l’unification européenne ».

Le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin suscite, en France en particulier, une profusion d’hommages émus, de glorifications emphatiques, de louanges satisfaits. Dans ce concert univoque, la contribution du ministre allemand des affaires étrangères publiée par Le Monde (04/11/19) mérite une mention particulière. Il est probable en effet qu’Heiko Mass n’aurait pas osé faire paraître un tel texte dans son propre pays. Celui-ci débute par une affirmation osée : le 9 novembre, « nous, Allemands (...) célébrons l’union de l’Europe, qui est heureusement rassemblée aujourd’hui » car « ce bonheur, nous le devons aux centaines de milliers d’Allemands de l’Est qui sont descendus dans la rue » et plus généralement aux citoyens d’Europe centrale et orientale « qui, assoiffés de liberté, ont renversé les murs et arraché leur liberté ». Et, poursuit le ministre, « nous le devons (aussi) à nos amis et partenaires de l’OTAN », ainsi qu’à François Mitterrand et Mikhaïl Gorbatchev. (…) Lire la suite »

La CPI acquitte Laurent Gbagbo, et publie un jugement qui contredit la propagande occidentale

Pierre LEVY

L’acquittement de Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien, constitue une gifle pour les Occidentaux, qui avaient militairement contribué à son éviction du pouvoir

L’événement est passé assez inaperçu. Il est pourtant d’une grande importance, et constitue un lourd désaveu du camp occidental : la Cour pénale internationale (CPI) a acquitté l’ancien chef d’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, ainsi qu’un de ses proches. Les deux hommes étaient accusés de « crimes contre l’humanité ». Le verdict était connu depuis plusieurs mois, mais le 16 juillet, les juges ont publié le détail de leur jugement motivé. Celui-ci sonne comme un désaveu cinglant de ceux qui avaient militairement soutenu le rival de M. Gbagbo à l’élection présidentielle de décembre 2010. Bref retour en arrière : à l’issue du second tour de ce scrutin, le Conseil constitutionnel de la Côte d’Ivoire avait déclaré le président sortant réélu. Mais, sur fond d’histoire mouvementée et de conflits exacerbés dans les années précédentes, son adversaire s’est également proclamé élu, s’appuyant sur les décomptes d’une Commission électorale indépendante. La « communauté internationale » (…) Lire la suite »

Ecologie : des diligences à l’éradication du monde ouvrier

Pierre LEVY

On n’arrête pas le progrès. Quoique. Quelques députés semblent vouloir faire mentir le proverbe à travers une proposition aussi géniale qu’audacieuse.

Dans le cadre du débat sur le projet de loi « mobilités » (on ne dit plus « transports », ça fait ancien monde), les valeureux parlementaires ont déposé un amendement visant à interdire les vols courts courriers sur le territoire national si ces derniers peuvent être concurrencés par le train. Faut-il préciser qu’il s’agit de sauver la planète ? A bien y réfléchir cependant, on regrette que les dignes représentants du peuple se soient arrêtés à mi-chemin. Car – y ont-ils songé, les malheureux ? – les TGV ne sont pas encore équipés d’éoliennes, et sont mus par l’énergie électrique, qu’il faut bien produire. Qui plus est, en France, circule dans les caténaires une bonne dose d’électrons d’origine nucléaire. Horreur ! Bien sûr, on pourrait alors penser au vélo pour faire Paris Bordeaux ou Toulouse-Marseille. Mais, hélas, trois fois hélas, il faut bien les fabriquer, les bicyclettes. Cela pourrait relancer l’industrie, et la terrifique pollution qui va avec. Non, la véritable (…) Lire la suite »

L’amour se fait attendre

Pierre LEVY

A l’issue du 26 mai, trois légendes urbaines ont été répandues en boucle par les commentateurs europhiles

Aplomb pyramidal ou méthode Coué ? A l’issue du 26 mai, trois légendes urbaines ont été répandues en boucle par les commentateurs europhiles. Primo, les citoyens européens auraient témoigné – « enfin ! » – leur attachement à l’intégration européenne en se précipitant nombreux dans les bureaux de vote. Etrange sophisme puisque, dans plusieurs pays, la hausse de la participation électorale a nourri des forces se proclamant anti-Bruxelles. En outre, ceux qui ont voté l’ont fait quasi-exclusivement sur des enjeux nationaux. Enfin, dans plusieurs pays, les européennes étaient organisées simultanément à des scrutins régionaux, à des référendums, voire à des élections nationales, ce qui a mécaniquement réduit l’abstention. Surtout, cette hausse est pour le moins à relativiser puisque, dans l’UE, un électeur sur deux (49,1%, contre 57,4% en 2014) a continué de boycotter les urnes. Et ce, malgré les campagnes de dramatisation littéralement sans précédent, multiples et dispendieuses. En (…) Lire la suite »

Les dirigeants européens, réunis à Sibiu, s’approchent du sublime ridicule

Pierre LEVY

Angoissés par la perspective d’abstention massive aux européennes, les Vingt-sept multiplient les déclarations pathétiques et livrent involontairement un aveu

Décidément, ces dirigeants européens sont vraiment impayables. Particulièrement quand ils sont pris, si ce n’est de panique, du moins d’une extrême fébrilité. Tel est le cas avec l’approche des élections renouvelant les eurodéputés. Le scrutin est programmé du 23 au 26 mai, et pourrait bien marquer une nouvelle étape dans la progression continue de l’abstention, une tendance qui gagne régulièrement en ampleur depuis 1979. A cette époque, la participation globale était de 62% ; en 2014, elle n’était plus que de 43%. Cette année, un nouveau record pourrait bien être battu. De nombreuses raisons peuvent expliquer cette chute. La principale n’est jamais citée par les discours officiels et les médias dominants : l’Assemblée de Strasbourg usurpe le nom de « Parlement ». Car l’essence d’un Parlement est de représenter un peuple ; or il n’existe pas de « peuple européen ». Et, plus ou moins distinctement, de plus en plus de citoyens en ont l’intuition : on leur demande de donner, à (…) Lire la suite »

Le congrès de la CGT en route vers un basculement conforme à l’idéologie dominante ?

Jean-Pierre PAGE, Pierre LEVY

La CGT s’apprête à tenir son congrès confédéral. Sur nombre de points, le document préparatoire tourne le dos à des principes majeurs qui ont fondé son existence et son action.

Certes, des abandons, des révisions et des reculs avaient déjà été opérés depuis deux décennies. Mais les actuelles propositions marquent désormais un véritable basculement. Il en va ainsi – parmi bien d’autres exemples – des analyses et positions sur l’intégration européenne, sur les rapports internationaux, comme sur les migrations. Alors que la nature même de l’Union européenne consiste précisément à déposséder chaque peuple du droit de décider de son avenir, et notamment à empêcher toute avancée sociale ou démocratique (c’est même pour cela qu’elle a été pensée puis fondée), le texte formule un étrange vœu pieux : « l’Europe doit être identifiée comme protectrice et pas comme une menace pour les travailleurs ». Pour qui est habitué à la littérature de Bruxelles, la phrase reprend mot pour mot les éléments de langage ressassés par la Commission européenne. Les termes ont leur importance : copier/coller ceux des adversaires ne peut mener qu’à l’impasse et à l’alignement sur (…) Lire la suite »

Echange doux-amer entre Paris et Berlin

Pierre LEVY

L’échange entre la chef de la CDU allemande et le président français montre une distance qui s’élargit entre Berlin et Paris.

Le 4 mars, le maître de l’Elysée avait pris sa plus belle plume – et mobilisé modestement vingt-huit quotidiens nationaux du Vieux continent – pour s’adresser aux « citoyens d’Europe ». Moins d’une semaine plus tard, la chef des chrétiens-démocrates allemands publiait, en guise de réponse, une tribune qui livrait sa propre vision de l’avenir de l’UE. Annegret Kramp-Karrenbauer (« AKK »), qui vient de succéder à Angela Merkel à la tête de la CDU, n’est certes pas encore chancelière, mais elle a de bonnes chances de le devenir en 2021 – ou même avant. Naturellement, les deux dirigeants partagent les mêmes fondamentaux. A commencer par l’amour de la langue de bois européenne. Pour Emmanuel Macron, l’UE, « projet inédit de paix, de prospérité et de liberté (est) un succès historique ». Pour Mme Kramp-Karrenbauer, celle-ci est une « réussite incomparable ». Et même un produit à exporter, puisqu’il faut défendre « notre mode de vie européen (...) pour nous-mêmes et pour le monde entier (…) Lire la suite »

Après le sommet européen du 21 mars, le Royaume-Uni partira le 22 mai, peut-être même d’ici le 12 avril

Pierre LEVY

Après trois ans d’un incroyable feuilleton dont l’issue était en réalité certaine, les parlementaires britanniques vont choisir dans les prochains jours si le Royaume-Uni quitte l’UE avec ou sans accord.

Depuis le 23 juin 2016 et le choix majoritaire du peuple britannique, l’issue finale était certaine : le Royaume-Uni sortirait bel et bien de l’Union européenne. Ce qui vient de s’éclaircir avec le sommet des Vingt-sept du 21 mars, ce sont le chemin, les modalités et les échéances. Certes, outre de toujours possibles ultimes rebondissements, il reste encore une incertitude importante : Londres partira-t-il le 22 mai moyennant l’accord de divorce signé en novembre dernier et assorti des garanties juridiques négociées en mi-mars ? Ou y aura-t-il une sortie « sans accord » le 12 avril ? La réponse sera fournie d’ici peu par les parlementaires britanniques. Il y avait deux manières d’aborder ce qui s’est passé depuis près de trois ans. La première était de suivre au jour les jours les événements, sans prendre aucun recul. Et il faut bien reconnaître que l’incroyable suite de surprises, de rebondissements, de retournements, de coups de théâtre, d’affrontements internes et externes, de (…) Lire la suite »
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