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Néolibéralisme : un bloc social, des gagnants et des forts

Le néolibéralisme favorise le pouvoir dit "méritocratique" et surtout ploutocratique des élites financières qui s’enrichissent contre le renforcement du pouvoir ("empowerment") du peuple-classe et des faibles en tout genre.

Mais pour mener efficacement sa guerre économique, le 1% ne peut maintenir son pouvoir de classe dominante contre le peuple-classe sans vouloir former un bloc social élitaire élargi ; un bloc soutenant peu ou prou les riches, la haute finance et la thatchérisation du monde.

I - Considérations générales liées à une compréhension du néolibéralisme

 Guerre économique et tentative de bloc d’en-haut.

Un premier bloc des dominants peut être pensé en joignant dans un même groupe d’intérêts la haute finance, le grand patronat et le petit patronat ainsi que les cadres supérieurs du privé et du public. C’est déjà un enjeu que d’y réussir alors que c’est insuffisant. Il faut alors cliver le monde du travail salarié qui connait plusieurs divisions : travailleurs du rang (HetF) / cadre, public/privé, précaire/stable, etc.

Un bloc social de type néolibéral – au plan formel de l’idéologie avérée plus que réel (ici et maintenant) – semble pouvoir être dessiné à partir de la division par secteurs entre « combattants de première ligne », les adeptes du « plus haut, plus vite, plus fort » en productivité économique, et tous les « faibles » (terme défini très largement – ce qui peut comprendre des agents publics du « secteur protégé ») en zone arrière. Evidemment il n’y a pas que deux secteurs bien délimités dans la société, d’ou la difficulté à constituer un bloc dominant autour des puissants, malgré la force des appareils d’influence idéologique (média-mensonge).

 Deux pratiques sociales et deux éthiques

Certains secteurs de la société agissent chaque jour pour limiter ou empêcher la casse sociale et individuelle occasionnée par d’autres secteurs plus offensifs et agressifs dans divers domaines dont celui économico-politique contemporain, domaine marqué depuis la thatchérisation du monde par la financiarisation, la marchandisation et l’appropriation privée des activités avec toutes ses conséquences . Ce que nous nommons avec Bernard Maris et Philippe Lagarde « guerre économique » (cf Ah Dieu que la guerre économique est jolie - 1998)

Contre un néolibéralisme des forts, les secteurs de solidarité avec les plus faibles ne cessent d’agir sans réussir à changer la donne. Il y a la défense des faibles au plan psychique (cf UNAFAM) ou au plan physique qui se heurte à la solidarité des puissants de ce pays, que l’on va appeler corporatisme d’en-haut, du 1% . Les puissants de ce monde, notamment dans le secteur de la finance, se défendent entre eux et maintiennent et même renforcent les inégalités sociales qui deviennent très importantes.

 Logique du spencérisme dominant

Le néolibéralisme, du fait de son spencerisme dominant, est une idéologie politique qui pense la société à partir de l’homme adulte valide et performant (modèle sportif). Les autres, les perdants, n’ont pas d’autre alternative que de devenir forts et gagnants à leur tour en écrasant le voisin. C’est que le néolibéralisme propose, comme Spencer, une lutte pour la vie ou la compétition est partout et produit des perdants qui n’ont pas à revendiquer mais juste à se battre individuellement pour regagner des places. Point de solidarité dans cette idéologie, si ce n’est celle corporatiste ou classiste des gagnants, du 1%.

Le néolibéralisme est foncièrement inégalitaire et non inclusif donc dans l’incapacité de penser l’organisation sociale à partir du point de vue des faibles de toute sorte, des personnes handicapées ou affaiblies tant au plan physique qu’ au plan psychique, des personnes affaiblies par l’âge que ce soit le jeune âge (immaturité stigmatisée) ou l’âge tardif (on perd en santé et en rentabilité dès 60 ans – on coute cher à la société dès 75 ans) ou de la situation sociale atypique (mères célibataires, personnes discriminées)

II - 2020 : Contre-hégémonie.

 Bataille contre retraite à points et contre-hégémonie

La division de novembre 2019 (la manifestation du 10 novembre) sur les questions identitaires, la définition de l’islamophobie, la place des intégrismes musulmans a laissé place à une immense contre-offensive du peuple-classe contre Macron, sa retraite, sa police, ses médias. Macron a trouvé le moyen d’unir contre lui une très large fraction de la population : les syndicats et les gilets jaunes sont en grève et dans la rue depuis le 5 décembre 2019. Un fort pouvoir contre-hégémonique d’en-bas est en train de se former contre le néolibéralisme qu’il soit dépourvu d’éléments identitaires (néolibéralisme purement économique mais « spencérien » ) ou qu’il soit chargé de nationalisme et de xénophobie pour correspondre à une récupération du RN. C’est à priori bon pour une gauche de combat ! Mais ce n’est évidemment pas gagné ni dans la rue, ni dans les urnes plus tard.

 Des thèmes progressistes vont s’affirmer

La défense et l’implantation dans les territoires de véritables services publics avec des fonctionnaires recrutés et un enjeu républicain qui s’oppose au développement de la finance, à la formation des actionnaires et à la distribution des dividendes. La défense de la sécurité sociale est aussi un enjeu. De même qu’un vrai code du travail plus protecteur des salariés.

Un point important, quoique oublié, reste la revendication future (après le conflit retraite) d’une nouvelle RTT (réduction du temps de travail) dont le quantum et les modalités sont à débattre. Doit-on rester sur un format 32 heures ou 30 heures hebdomadaires sans perte de salaire ? Sans perte de salaire y compris pour les travailleurs salariés du 1% (qui sont aussi, pour une large majorité, des serviteurs du néolibéralisme) ?

Christian DELARUE
Altermondialiste
auteur de La gauche, le peuple et la stratégie contre-hégémonique
https://blogs.attac.org/contre-hegemonie/democratisation/article/la-gauche-le-peuple-et-la-strategie-contre-hegemonique-christian-delarue

1) La thatchérisation du monde et l’extrême-droite économique : un trajet vers la ploutocratisation du monde.

http://amitie-entre-les-peuples.org/La-thatcherisation-du-monde-et-l-extreme-droite-economique

»» http://amitie-entre-les-peuples.org/Defense-des-consommateurs-du-peuple-classe-I
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« Entre nous, ce n’est pas parce qu’un président est élu que, pour des gens d’expérience comme nous, il se passe quelque chose. » C’est dans ces termes - souverains - qu’Alain Badiou commente, auprès de son auditoire de l’École normale supérieure, les résultats d’une élection qui désorientent passablement celui-ci, s’ils ne le découragent pas. Autrement dit, une élection même présidentielle n’est plus en mesure de faire que quelque chose se passe - de constituer un événement (tout au plus (…)
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La meilleure forteresse des tyrans c’est l’inertie des peuples.

Machiavel

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