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Médias français : Cinq cas de journalistes acquis à la doctrine néoconservatrice

Au début de la présidence de George W. Bush, la doctrine néoconservatrice était présentée comme le degré zéro de la pensée. Pour bon nombre de chroniqueurs, il s’agissait d’une simple parenthèse dans notre Histoire qui devait très rapidement retrouver le sens de la raison. Pourtant cette aberration est devenue en moins de deux décennies la conception politique quasi-exclusive qui domine en Europe, et donc bien entendu en France et cela quel que soit les gouvernements au pouvoir.

Pour preuve : en Septembre 2007, George Bush est encore président des USA. Interviewé par le New York Times, Nicolas Sarkozy parle de « l’éventualité d’une évolution » de la place de la France dans l’OTAN. Il laisse entrevoir en matière de politique étrangère un alignement plus affirmé de la France sur les positions américaines. Cela alors même que depuis 2003, les États-Unis sont engagés dans une guerre illégale en Irak. Ainsi, encouragé par une très grande partie de la classe politico-médiatique, Sarkozy parachèvera son triste bilan en réexpédiant la Libye au Moyen Âge. La suite nous la connaissons : François Hollande remporte l’élection présidentielle en mai 2012. Dès lors sur les dossiers de politique étrangères (Syrie, Ukraine, Israël, Iran), le duo Hollande – Fabius va s’employer à respecter autant qu’il est possible de le faire la conception stratégique de la politique étrangère élaborée en amont par les faucons de la Maison Blanche.

Comme toute idéologie a besoin de ses propagandistes, surtout lorsqu’elle fait l’objet de polémiques, nous pouvons dès lors postuler que certains de nos journalistes vont en devenir les chantres. Parmi ceux-ci, Philippe Val, Laurent Joffrin, Eric Mettout, Alexis Lacroix et Christophe Ayad sont devenus les faire-valoir d’une France totalement inféodée aux intérêts de divers conglomérats. Nous allons voir comment et pourquoi.

Autopsie de cinq cas de journalistes acquis à la doctrine néoconservatrice :

1/ Alexis Lacroix

Directeur adjoint de la rédaction de l’hebdomadaire Marianne, Alexis Lacroix est également responsable des séminaires de “La Règle du jeu”, revue fondée par Bernard-Henri Lévy, le philosophe qui voit des antisémites partout en France, mais pas en Ukraine. Les séminaires organisés chaque dimanche réunissent de nombreux écrivains, journalistes et spécialistes de question diverses et variées.

« Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es »

Qui sont donc les faiseurs d’opinions que l’on invite ou que l’on allègue à La Règle du Jeu ? Nous retrouvons un très grand nombre de néocons du premier âge qui sont : Michel Taubmann - Galia Ackerman - Frédéric Encel - Pascal Bruckner - Brice Couturier - André Glucksmann - Raphaël Glucksmann - Romain Goupil - Bertrand Lebeau - Jacky Mamou - Pierre-André Taguieff - Marc WeitzmannNicole Bacharan - Monique Canto-Sperber - Mohamed Sifaoui.

Ils ont tous pour point commun d’avoir collaboré à un autre think tank néoconservateur bien connu : “ Le Cercle de l’Oratoire”. Ce groupe de réflexion français fut très proche du PNAC (Project for a New American Century), le think tank néoconservateur américain auteur du Rapport “ Reconstruire les Défenses de l’Amérique”. En 2006, le journal Libération titrait une de ses chroniques consacrée au Cercle de l’Oratoire “Les meilleurs amis de l’Amérique.”

Cette liste d’intervenants se complète par d’autres personnalités comme

  • Petro Porochenko, le Président de l’Ukraine, dont le conseiller à la défense est Dmytro Iaroch, chef de Pravy Sektor, un groupe paramilitaire ouvertement néo-nazi.
  • Alexandre Adler, qui se vante d’être l’ami d’Henry Kissinger, de Richard Perle et de Paul Wolfowitz. En 2003, il écrit à propos de Rony Brauman « Les traîtres Juifs » et qualifie Daniel Mermet de « journaliste brejnievien ».
  • Alain Bauer, directeur de la SAIC Europe, une filiale du Pentagone et de la CIA.
  • Alain Finkielkaut, nouvel académicien qui écrivait : « Les noirs et les arabes ont la haine de la France » ou « les Antillais vivent de l’assistance de la métropole » ou encore « l’équipe de foot de France est ’black-black-black’, […] elle est devenue la risée de toute l’Europe ».
  • Bernard Kouchner, droit-de-l’hommiste à la télévision et ami des dictateurs en Afrique.
  • Nicole Guedj l’ex-secrétaire d’État UMP qui selon ses propres mots se réjouissait « qu’il y ait un peu moins d’arabes déguisés et d’arabisants au sein du ministère des affaires étrangères« .

Au sein de “La Règle du Jeu”, qui sont les réprouvés ?

Revenons sur un séminaire animé par Alexis Lacroix qui reçoit Caroline Fourest la chroniqueuse récemment rappelée à l’ordre par le CSA pour l’indigence de ses sources. Thème du jour : « l’éloge du blasphème ». En préambule de cette conférence, Alexis Lacroix précise : « Ce séminaire s’adresse à tous ceux qui ne sont pas Charlie, qui ne veulent pas devenir Charlie. Nous préférons une bonne analyse de Manuel Valls ou de François Hollande qu’une mauvaise analyse d’Emmanuel Todd ou d’Alain Badiou ». D’emblée le décor est planté, nous comprenons que ces deux derniers (Todd et Badiou) sont les nouveaux blasphémateurs dans le logiciel néocon.

Et d’ailleurs à La Règle du Jeu, les contradicteurs potentiels sont tous des « blasphémateurs ». A Todd et Badiou viennent s’ajouter des gens qui eux ont au moins le mérite d’avoir des points de vue singuliers, voire même pour certains un véritable système de pensée. Voyez plutôt : Onfray, Siné, Régis Debray, Boniface, Taddeï, Gresh, Péan.

Pour conclure cette liste, nous finirons par l’indignation de Stéphane Hessel, remise en cause par Yann Moix, ami de Paul-Eric Blanrue (proche de Robert Faurisson), converti au “BHLisme”. Yann Moix qui pour fustiger les positions politiques d’Hessel, se livre à une manœuvre scandaleuse en titrant sa chronique « Stéphane Hessel s’indigne porno« . Rappelons simplement que Stéphane Hessel fût déporté à Buchenwald, où il sera torturé.

“La Règle du Jeu” est l’archétype du groupe de pression néoconservateur. Dans son club d’idéologues, BHL réunit des néocons au style libertaire à d’autres néocons au style réactionnaire. De plus, l’opposition au discours établi est radicalement prohibée. Enfin, à ces deux points s’ajoute le MEMRI, une source d’information redondante de La Règle du Jeu. Pour La Règle du Jeu en effet, le MEMRI est « le best – of des médias de l’Orient « . Or, rappelons que pour le Center for American Progress, le MEMRI « promeut la propagande islamophobe aux Etats-Unis au travers de choix de traduction sélectifs qui ont pour but de faire valoir que l’Islam est intrinsèquement violent et favorise l’extrémisme ». Ainsi, le terroriste norvégien Anders Breivik a cité le MEMRI seize fois dans son manifeste.

2/ Philippe Val

Souvenez-vous, en France cet ancien chansonnier libertaire fut à la pointe de la campagne de promotion des caricatures de Mahomet. Ces fameuses caricatures éditées à l’origine par le journaliste danois Flemming Rose, très proche du théoricien islamophobe et néoconservateur Daniel Pipes à qui le magazine américain CounterPunch attribue une partie des dessins. Par l’intermédiaire du journal Jyllands-Posten, Flemming Rose publie la première série de caricatures le 30 septembre 2005.

Manifestement la pudeur n’est pas le point fort de Rose, quand on sait que trois jours avant, le 27 septembre 2005 pour être précis, Lynndie England, réserviste de l’armée américaine, venait d’être condamnée pour abus de torture, mauvais traitements, et humiliations sur des prisonniers à la prison d’Abou Ghraib en Irak. Autant dire que les caricatures de Flemming Rose prirent le relais des humiliations d’Abou Ghraib. Lynndie England effectuera de son côté 521 jours de prison, pas un jour de plus. Indécent, quand on sait que 14 ans après les premiers transferts de détenus à Guantánamo, 45 d’entre eux ont obtenu le feu vert pour leur libération, mais demeurent toujours derrière les barreaux.

Dossier complet : Guantánamo : Un symbole d’injustice depuis quatorze ans — Amnesty

En France, après le carnage perpétré contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 à Paris, on peut facilement comprendre que très peu de dessinateurs se risquent à rééditer de nouvelles caricatures de Mahomet. Cela amènera Philippe Val à déclarer « Oui, les terroristes ont gagné ». Philippe Val lui aussi a gagné, et il a gagné beaucoup d’argent avec les caricatures. C’est du moins ce que nous explique Denis Robert, le journaliste qui révéla le scandale de Clearstream.

Charlie Hebdo était devenu une véritable « machine à cash » explique Denis Robert. Philippe Val était un patron dirigiste et autoritaire qui empocha la bagatelle de 2,2 millions d’euros entre 2005 et 2008 en pleine campagne des caricatures. Enfin, n’oublions pas qu’en janvier 2005, cet adepte du “Choc des civilisations”écrit : «  [Les otages français Christian Chesnot et George Malbrunot] ont été enlevés par des terroristes islamiques qui adorent égorger les Occidentaux, sauf les Français, parce que la politique arabe de la France a des racines profondes qui s’enfoncent jusqu’au régime de Vichy, dont la politique anti-juive était déjà, par défaut, une politique arabe. »

Au vu de ses obsessions, on peut se demander si les récents attentats de Paris n’ont pas, au fond, totalement comblés les désirs de Philippe Val.

3/ Laurent Joffrin

Voilà un éminent éditocrate qui nous affirme sans sourciller, à propos de l’assassinat de Kennedy, « oui, Oswald était le seul tireur » et selon lui, la piste des tireurs multiples alimente la théorie du complot un point c’est tout. Si vous doutez de la thèse du tireur isolé, votre compte est bon car vous colportez la théorie du complot. Une attitude avec laquelle la maison néocon n’est pas du tout prête à plaisanter, et qui relève a minima d’une procédure inquisitoire. Cependant il est encore plus intéressant de constater que quelques lignes après son titre affirmatif, Laurent Joffrin modère quelque peu son propos. Il écrit en effet “Cela ne veut pas dire qu’il est impossible d’imaginer autre chose, mais il n’y a pas de preuve ». Répète un peu, Joffrin ?

Bien sûr nous pourrions citer bon nombre de spécialistes qui mettent à mal les allégations de Laurent Joffrin, mais il nous est apparu plus instructif de citer Joffrin lui-même qui, droit dans ses bottes, déclarait en 2002 chez Ardisson « Kennedy, il y a eu un complot on le sait aujourd’hui ». Cette dernière affirmation nous amène aux questions suivantes : Laurent Joffrin serait-il atteint de “néoconnerie aigüe” ? Ou plus simplement, est-il un opportuniste prédisposé aux extrêmes ? Nous le retrouvons en effet barbu et chevelu dans les années 70, en vacances avec Jean-Marie Le Pen. Pour se dédouaner, le rédacteur de Libération et ex-rédacteur du Nouvel Observateur prétendra n’avoir que 25 ans à cette époque, “et en plus” dira-t-il “j’étais obligé par mon père” (le trésorier du FN). Maxime Vivas l’auteur de « La face cachée de Reporters sans frontières » lui répondra : « moi à l’âge où j’ai eu la barbe, je n’étais pas en vacances avec Le Pen, j’étais délégué syndical« . Plutôt chatouilleux le rédacteur en chef de “libé”, quand sont évoquées ses vacances avec le président d’honneur du Front National…

Pourtant la concomitance entre Joffrin et Le Pen ne peut pas se résumer à une simple photo jaunie. Séquence suivante au début des années 80 : Jean-Marie Le Pen rabâche sans relâche “le système d’inquisition fiscale comparable à la Gestapo », il en rajoute une couche en déclarant “je suis le Reagan Français”. Dans la foulée en 1984 (ça ne s’invente pas), Laurent Joffrin, alors journaliste économique à Libération, participe à la rédaction d’un hors-série intitulé « Vive la crise ». Ce hors-série qui vante les mérites du capitalisme servira d’esquisse à une émission de télévision animée par le comédien Yves Montand, lequel avait tout du « papa idéal ». Il était donc à même de faire avaler aux français les contraintes de la rigueur budgétaire. Ce dernier en accord avec la chanson de l’époque affirmera à son tour “je suis de gauche tendance Reagan”. Cette petite formule qui laisse croire qu’il est possible d’être à gauche tout en étant proche des conservateurs américains symbolise les prémices du néoconservatisme en France. 1984 est aussi l’année où Ronald Reagan invite Jean Marie Le Pen à la convention du Parti républicain. Et enfin, 1984 marque en France l’accession de Laurent Fabius au poste de Premier Ministre. Parachevant le tournant libéral opéré un an plus tôt par le gouvernement Mauroy, Laurent Fabius, l’un des adeptes de la dérégulation financière, enterrera définitivement les espérances qui étaient nées au soir du 10 mai 1981.

4/ Eric Mettout

« Je suis directeur adjoint de la rédaction de L’Express, chargé du numérique« , nous dit-il. Et il ajoute sur son blog hébergé par l’Express « Je suis fier d’être journaliste. Pas fier de moi, rassurez-vous, j’ai passé l’âge de trouver que je faisais suffisamment bien mon boulot pour m’en féliciter publiquement« . Sur ce blog, on retrouve bien évidemment Pierre-André Taguieff, notre néocon en chef. La matrice qu’il a créée est invariablement composée de trois constantes : 1/ le principe de non contradiction est totalement bafoué dans la narration. 2/ L’indignation est sélective (les dictatures alliées à l’Occident échappent toujours à la critique). 3/ Quand il aborde le complotisme, certains faits sont systématiquement ignorés (opération Condor, réseaux Gladio…). Son CV n’est pas plus reluisant que sa rhétorique. Pierre-André Taguieff collabore au site drzz.info devenu dreuz.info, qui publie les diatribes de Daniel Pipes. Mais dreuz.info est surtout et avant tout une tribune permanente pour la théorie d’Eurabia, un néologisme forgé en 2005 par l’essayiste et contributrice de dreuz.info, Bat Ye’Or. Le concept Eurabia est souvent repris par des mouvements d’extrême droite parlant d’une Europe absorbée par le monde arabe.

Entre néocons oui… mais “du même monde”

Si Eric Mettout n’a pas le moindre problème déontologique quand il donne de la résonance aux thèses de PA Taguieff, le théoricien islamophobe et mondain, ne perdons pas de vue que Dreuz.info, site où officiait PA Taguieff, est présent dans la liste des sites d’information dit “conspirationnistes” présentée dans un article de la version numérique de l’Express. De plus, Jean Patrick Grumberg contributeur hyper-actif chez Dreuz.info, nous apprend que le même Eric Mettout est plutôt dédaigneux au sujet des membres du forum de Dreuz qui interviennent de temps à autre sur les forums de l’Express. Pourtant historiquement, le site Dreuz est un fan club de Taguieff. Jean Patrick Grumberg titre donc l’un de ses billets

« Si vous avez eu à vous plaindre de l’insolente censure de vos commentaires par Eric Mettout de l’Express, exprimez-vous ici ». Dans le premier commentaire de l’article qui répond à l’appel de Grumberg, un lecteur de Dreuz écrit : « Il suffit que dans votre commentaire il y ait les mots musulman, islam, capitaine de pédalo, flamby, bisounours, le nom d’un ministre que vous osez critiquer, etc, etc… Mettout, systématiquement, censure 50% des commentaires”. Le reste des commentaires est du même tonneau. En substance une compilation de pulsions anti-musulmanes. Eric Mettout n’en est pas à un paradoxe près : Il donne “fièrement” la parole à un néocon habitué des salons parisiens, en l’occurrence P.A. Taguieff, alors qu’il affirme être peu disposé à “côtoyer la cour de miracles” de Dreuz. Pourtant, le public de Dreuz est pour le moins inspiré par les théories de P.A. Taguieff qui rappelons-le, déclarait « Deux millions de musulmans en France, ce sont deux millions d’intégristes potentiels. »

… avec Charlie pour alibi

Le 7 janvier 2016, Eric Mettout écrit : « Charlie et les Tartuffes« . Une fois de plus il nous explique qu’il est fier de travailler à L’Express, il ajoute que son journal et son site Internet ont été les seuls de la presse française avec Charlie Hebdo à reproduire en 2006 les caricatures de Mahomet. Gonflé comme jamais, il s’en prend à certains musulmans qui selon lui refusent qu’on touche à leurs icônes, à ceux qui pensent que les minorités ont de bonnes raisons, et enfin aux trouillards qui ont peur de se piquer. L’attentat de Charlie Hebdo est un crime odieux, et Charlie Hebdo avait tout à fait le droit de publier les caricatures. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’on a le droit de faire une chose qu’il faut forcément la faire.

Des années d’humiliations

Ces fameuses caricatures sont apparues en France début 2006, dans un contexte particulier où George W. Bush vient d’entamer son deuxième mandat alors que quelques mois auparavant son secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld se fait épingler pour emploi de la torture sur les prisonniers irakiens. (Malgré plusieurs dépôts de plaintes, aucun membre de l’administration Bush ne fut inquiété). A l’humiliation et l’atrocité vues ci-dessus s’ajoutent une autre humiliation et une autre atrocité. En 2003 dans un rapport intitulé « Guerre en Irak : les représentations humanitaires en question », Médecin du Monde s’inquiète du chantage alimentaire que Bush fait subir à la population irakienne.

En 2012, d’autres caricatures sont publiées malgré d’autres humiliations dans l’intervalle de 2006 à 2012. En 2006, Israël impose un blocus à gaza qui entraîne selon plusieurs rapports de l‘OMS une dégradation de la situation sanitaire, un taux croisant de la mortalité infantile et une augmentation de la pauvreté. Du 25 décembre 2008 au 20 janvier 2009 (cérémonie d’investiture de Barack Obama), Israël engage l’opération « Plomb Durci ». Côté palestinien, le bilan fait état de 1 434 morts, dont 82 % de victimes civiles. En septembre 2009, une enquête de l’ONU conclut que l’attaque israélienne contre Gaza a été délibérément disproportionnée afin de punir, terroriser et humilier la population civile. Le 5 avril 2010, une vidéo publiée par le site Internet WikiLeaks rend publique une bavure américaine en Irak : un hélicoptère américain Apache fait feu sur un groupe de civils. Au moins 18 personnes sont tuées dans l’indifférence enregistrée de l’équipage. Au total, la « guerre contre le terrorisme » que déclara Bush en 2001 est responsable de la mort d’au moins 1,3 million de civils. Bien entendu, la quasi-totalité des morts sont musulmans.

Comme beaucoup de ses confrères, Eric Mettout tire donc profit de plusieurs questions qu’il manipule à sa guise. Il réduit les attentats contre Charlie Hebdo a “être ou ne pas être du bon côté”. Il brandit la monstruosité de l’attentat comme un étendard. Il met en scène le courage dont il se prévaut, tandis que la liberté d’expression reste pour lui très “circonstancielle”. Enfin, concernant les caricatures, Eric Mettout prend toujours bien soin d’occulter le contexte dans lequel elles sont apparues. Cette méthode de la sélection des informations lui permet d’échapper aux contradicteurs potentiels, avec pour ultime but de se positionner définitivement “dans le camp du bien”.

5/ Christophe Ayad

Juin 2012, sortie du film documentaire réalisé par Bernard-Henri Lévy « Le Serment de Tobrouk ». Dès la sortie du film, en bon VRP de ses propres intérêts, son “réalisateur” fait la tournée des plateaux TV. A cette occasion, nous le retrouvons dans l’émission « Ce soir ou jamais » animée par Frédéric Taddeï. Ce soir là, le journaliste du Monde Christophe Ayad est censé apporter la controverse. Or face à “BHL”, nous avons affaire à un Ayad aux allures de petit garçon qui timidement reproche à “BHL” d’avoir parlé surtout de lui-même. Ainsi il commente “Sans vous il y aurait malgré tout eu une intervention en Libye, mais tant mieux, vous avez joué un rôle.”

Sur la question de l’auteur du documentaire en lui-même, Christophe Ayad ne nous a rien appris. Il lui reprocha en substance d’avoir fait un film ennuyeux, snob, précieux et mondain avec pour personnage central un homme en chemise blanche. Or “Le Serment de Tobrouk” n’a pas été épargné par les critiques, et son audience fut catastrophique, obligeant les directeurs de salle à le retirer de l’affiche au bout de quelques jours, tandis qu’à la même époque, le brûlot contre les milieux politico-médiatiques “Les Nouveaux Chiens de Garde” de Serge Halimi, Gilles Balbastre et Yann Kergoat (adapté du livre éponyme) rencontrait un immense succès pour un documentaire politique en salle.

Quant à la nécessité d’une guerre en Libye ?

Dès septembre 2011, Thomas C. Mountain, journaliste indépendant, dressait un état des lieux monstrueux à propos de l’enfer de cette prétendue « mission humanitaire » : Une mission humanitaire infernale jalonnée par 30 000 bombes sur la Libye. En juillet 2012, Thomas C. Mountain écrira : “Tripoli, la capitale de la Libye, semble en passe de devenir ce qu’était Mogadishu, la capitale de la Somalie, il y a 20 ans, avec l’installation dans la ville de diverses milices bien armées venant de l’extérieur qui se battent pour prendre des territoires et tout ce que le pouvoir procure.” Bientôt quatre ans se sont écoulés après l’attaque de Tripoli, et nous pouvons affirmer que les intérêts financiers et gaziers combinés à l’arrogance et la folie du trio Sarkozy, Henri-Levy, Juppé ont plongé la Libye dans le chaos. D’ailleurs Alain Juppé, l’un des principaux protagonistes de l’intervention en Libye, favori des sondages pour la prochaine présidentielle au demeurant, déclarait début 2016, à propos de Libye : « Oui, c’est un fiasco et un chaos ».

Délicat avec BHL mais venimeux avec les pacifistes

En utilisant des sous entendus et amalgames, Ayad s’est efforcé de décrédibiliser les contestataires qui s’opposèrent à l’intervention de l’OTAN en Libye et par la suite en Syrie. Christophe Ayad pour Le Monde intitule l’un de ses articles « Le petit monde composite des soutiens au régime syrien« . Il y voit “Le lieu de rencontre de l’extrême gauche et de l’extrême droite unies dans leur rejet de « l’impérialisme états-unien ». Ayad ira jusqu’à prendre soin de conclure sa diatribe avec le nom de Robert Faurisson en rajoutant “La boucle est bouclée.

Effectivement la boucle est bouclée. Dans la logique Ayad, si vous êtes opposé à la guerre, vous êtes un émule de Robert Faurisson, qui est lui même un négationniste, donc il va de soi que vous êtes assurément un « crypto-fasciste ». Cela s’appelle atteindre le point Godwin, que l’on pourrait rebaptiser « point central de la méthode néocon », tant le fait de nazifier l’adversaire est devenu monnaie courante chez les néocons.

Un journalisme sous influence

Ce recueil de données nous amène à la question-clé : “Mais d’où viennent les certitudes de ces cinq « stars » de la presse écrite ?” En 1988, Noam Chomsky et Edward Herman, coécrivent « Manufacturing Consent. The Political Economy of the Mass Media » (La Fabrication du Consentement, L’Economie politique des Médias de Masse.). Le livre est traduit en français en 2008 sous le titre La Fabrication du Consentement”. Les deux intellectuels américains attirent notre attention sur les cinq filtres qui déterminent la fabrication du consentement

  • 1/ Taille, actionnariat, orientation lucrative.
  • 2/ Régulation par la publicité.
  • 3/ Sources d’information.
  • 4/ Contrefeux et autres moyens de pressions.
  • 5/ Anticommunisme.

Dès lors, la propagande peut être organisée par de puissantes ONG ou cercles de réflexion devenus lobbies au fil du temps. Pour Chomsky et Herman, ces organisations, sous couvert de caution scientifique, influencent radicalement le récit des différents médias. Elles constituent une société d’experts (agents du pouvoir US) à l’origine des sources primaires et qui détermine l’orientation des lignes éditoriales. L’exemple le plus éloquent de cette subordination de la presse à l’autorité de l’Etat américain est sans nul doute le rôle que joue depuis plusieurs décennies la Freedom House dans “l’information a priori”. Cette ONG influence la couverture médiatique en sélectionnant des faits et en en occultant certains autres. En bref, pour Chomsky et Herman, la Freedom House critique les états opposés à l’hégémonie américaine tout en étant indûment favorable aux régimes partenaires des intérêts américains. Comme beaucoup d’autres think tanks néoconservateurs / atlantistes (nous y reviendrons dans un prochain dossier), cette machine à propagande est une source d’information première que l’on retrouve dans bon nombre de journaux français tels que Libération, Le Monde, L’Express, L’OBS, ou encore Le Point.

Nos patrons de presse ne sont décidément pas très exigeants sur la qualité de leurs sources, quand on sait que la Freedom House est administrée entre autres par Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz, tous les deux membres du gouvernement Bush comme nous le rappelons plus haut. Nous y retrouvons aussi Mara Liasson qui est journaliste à la chaîne très à droite FoxNews, Zbigniew Brzezinski, qui finança Ben Laden en Afghanistan, Jeane Kirkpatrick, connue pour la « Doctrine Kirkpatrick » qui préconisait le soutien américain pour les dictatures, Samuel Huntington, le politologue qui théorisa le « Choc des civilisations« , un concept cher aux militants néocons et à l’extrême droite, et Otto Reich, l’ambassadeur qui a soutenu les guérillas d’extrême droite en Amérique du sud.

L’exemple de l’Ukraine : “cachez ces nazis que je ne saurais voir”

Si les journaux britanniques en matière de politique étrangère sont globalement rangés derrière leur gouvernement, malgré tout ils relatent fréquemment le rôle majeur des bataillons ouvertement néo-nazis au service du nouveau pouvoir de Kiev. Pour preuve : The Guardian, TheTelegraph, The Independent, The Sunday Times, BBC News. Des articles corroborés par Amnesty International qui dès septembre 2014 alertait les opinions publiques sur les crimes perpétrés par les troupes paramilitaires ukrainiennes.

En France le reporter Paul Moreira réalise « Les Masques de la Révolution ». Ce film diffusé le lundi 1er février 2016 sur Canal+ revient sur le massacre d’Odessa perpétré le 2 mai 2014, où 45 civils militants pro-russes ont brûlé vifs, enfermés dans “l’immeuble des syndicats” où ils s’étaient réfugiés, dans le centre d’Odessa. Ce carnage toujours impuni fut commis par les milices et partis d’extrême droite ‘’Pravy sektor’’, “Bataillon Azov‘’ ou encore ‘’Svoboda’’, qui se sont joints aux ultras du club de foot Tchornomorets Odessa après le match de leur équipe contre Metalist Kharkiv à l’autre bout de la ville. Ce groupe menaçant a traversé à pied toute la ville sous le regard inquiet des passants avec l’intention de détruire un campement de militants pro-russes. A l’exception de quelques journaux, le reportage de Paul Moreira fut accueilli par la presse de masse avec beaucoup de véhémence, alors qu’au fond Paul Moreira ne faisait que reprendre pour l’essentiel ce qu’on connaissait déjà grâce par exemple aux articles suivants :

Comment ont réagi les rédactions des journalistes dont il est question dans ce billet ?

Libération  : « Canal+ met en images le discours du Kremlin ». Dans cet article, Renaud Rebardy écrit : “Paul Moreira présente Oleg Tiagnibok, le dirigeant du parti Svoboda, comme étant « issu de la mouvance néo-nazie ». Il est un ultra-conservateur et un nationaliste. On peut le classer à l’extrême-droite. Mais cela ne fait pas de lui un admirateur d’Adolf Hitler.” Moreira relaie la propagande du Kremlin car Oleg Tiagnibok n’est pas néonazi, affirme Rebardy pour libé ? Rappel : Pour son appel à purger l’Ukraine de 400 000 Juifs, le leader de Svoboda Oleg Tiagnibok fut classé en 2012 par le Centre Simon Wiesenthal parmi les 10 pires antisémites mondiaux. De plus le parti Svoboda n’a supprimé le symbole nazi qui lui tenait lieu de logo qu’en 2008. De nombreux membres de Svoboda sont des anciens du groupe paramilitaire « Patriotes ukrainiens », ouvertement pro-nazi.

Le Monde : sous la plume de Benoît Vitkine titre « Paul Moreira donne une vision déformée du conflit ukrainien ». Pour Vitkine « le documentariste chausse des lunettes déformantes. Pravy Sektor, Azov, Svoboda… Moreira fait de ces groupes d’extrême droite les artisans de la révolution, lorsqu’ils n’en étaient que l’un des bras armés. Il les présente comme une force politique majeure, quand leurs scores électoraux sont dérisoires. 1/ Quel sont les autres bras armés, puisque Vitkine sous entend qu’il y en a d’autres sans toutefois les lister ? 2/ Si il y a une propagande du Kremlin, il y en a également une occidentale basée en grande partie sur les résultats électoraux, bon ou pas, de l’extrême droite ukrainienne.

Depuis 2014, c’est l’argument qui sert à minimiser autant que possible la présence des fascistes au sein de l’appareil d’Etat ukrainien. En règle générale, les propagandistes français referment la parenthèse par un « et alors il y a bien une extrême droite en France ». Curieux dilemme que celui dans lequel le Monde plonge ses lecteurs : d’un côté les journalistes du Monde proclament que « les années 30 sont de retour », et de l’autre ces mêmes journalistes réduisent l’importance de nazis hyperactifs qui sont pourtant au service d’un gouvernement allié à l’Etat français.

L’Express n’a pas réagi au reportage de Paul Moreira. Néanmoins L‘Express reprend une conférence de Josef Zissels, président de l’association des organisations et des communautés juives d’Ukraine et membre du congrès juif mondial. Josef Zissels déclare le 1er avril 2014 (sic) « Svoboda n’est ni un parti néo nazi, ni un parti fasciste, ni un parti antisémite.” Pourtant le quotidien israélien Haaretz rapportait que Pravy Sektor et Svoboda distribuaient des traductions de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion sur la place Maïdan.

Marianne sera le seul média à poser la question via Jack Dion « Pourquoi le massacre d’Odessa a-t-il eu si peu d’écho dans les médias ? Curieusement, le carnage qui a eu lieu à Odessa, où quarante séparatistes ont péri dans l’incendie de la Maison des Syndicats, soulève peu de réactions. Pourquoi deux poids deux mesures dans l’émotion et la protestation ?« .

La Règle du Jeu par l’intermédiaire de Boris Sokolov, nous affirme que « La propagande russe ment sur l’appartenance politique d’Andreï Parouby, le commandant de l’Euromaïdan » récemment nommé Président du Parlement ukrainien dans l’indifférence de nos médias. En substance, Sokolov explique que « Andreï Parouby n’est pas un nationaliste car il est membre du parti Batkivchtchina« . Or qui est donc Andreï Parouby ? En 1991, il a fondé le Parti social-nationaliste d’Ukraine avec Oleh Tyahnybok. Ce parti deviendra plus tard Svoboda. Le 14 avril 2016, Andréï Parouby est devenu le Président du Parlement ukrainien, marchepied vers le poste de premier ministre pour ses 2 prédécesseurs. Selon le quotidien allemand Der Spiegel le titre « social-national Parti « était une référence intentionnelle au parti National Socialiste d’Adolf Hitler. » Son emblème, le Wolfsangel, était l’un des symboles initial du parti nazi. Il deviendra le logo du Parti social-nationaliste d’Ukraine et par la suite du parti de Parouby, Svoboda.

Fin avril 2014, Philippe Val rencontre les Amis du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). A cette époque Philippe Val est toujours directeur de France Inter, aussi il ne peut pas ignorer la réalité du néo-nazisme en Ukraine. Cependant l’ex patron de Charlie Hebdo qui six ans auparavant licencia le dessinateur Siné pour des propos qualifiés d’ »antisémites », ne dira pas un mot sur l’extrême droite ukrainienne. Philippe Val préférera déclarer que Snowden est un « traître à la démocratie ».

Edward Snowden est le lanceur d’alerte qui a divulgué de nombreuses informations sur le programme de surveillance mondiale orchestré par la NSA.

L’exemple d’Alyan : le contre-feu

Le 2 septembre 2015, la photographie d’un enfant réfugié kurde-syrien de 3 ans (Alyan) retrouvé mort sur une plage de Turquie soulève dans le monde une indignation généralisée. En France, François Hollande se dit favorable à un « mécanisme européen permanent et obligatoire » d’accueil des migrants. Dans la roue du Président de la république, BHL déclare sur BFM : « Cette photo fera bouger ceux qui nous gouvernent ». Le même jour Eric Mettout titre l’une de ses chroniques : “Pourquoi il faut donner un visage au drame des enfants migrants« . Laurent Joffrin explique lui sur Europe1 pourquoi Libération n’a pas eu le temps de publier cette photo : « On boucle très tôt, à 19 heures, et on n’a pas été assez rapide ». Marianne à choisi de ne pas reproduire la photo en tête d’article, néanmoins la photo est publiée indirectement via un lien en haut du premier paragraphe. Le Monde justifie la publication de cette photo « L’espace d’un instant, nous avons considéré que l’image de Bodrum ferait partie de celles que nous ne montrerions pas, dont nous garderions le poids pour nous ».

La Règle du Jeu publie l’insoutenable cliché, complété par une autre photo d’Aylan avec sa famille. Aylan devient ainsi le symbole d’une France politique et médiatique qui prend subitement conscience du drame que vivent les réfugiés syriens. Profitant pleinement de cette dynamique, les réseaux néocons du premier âge rentrent en action :

Bref, la propagande voudrait nous faire croire que grâce à une photo, aussi horrible soit- elle, subitement la philanthropie a conquis le coeur des promoteurs des guerres qui ont embrasées l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et à présent la Syrie.

Un exode qui en rappelle un autre

Une fois la campagne militaire terminée, le type de manipulation qui consiste à émouvoir un public le plus large possible, comme nous l’avons vu ci-dessus, peut s’apparenter à la phase 2 de la propagande. A ce stade de la désinformation, l’agresseur se fait passer pour un bienfaiteur désintéressé. Il existe un précèdent quasi-comparable en juin 1979 : André Glucksmann (père de Raphaël) s’autoproclame porte-parole des migrants appelés boat-people qui fuyaient le Vietnam. Dans la rhétorique employée par Glucksmann, la principale raison de cet exode réside dans le fait que les boat-peoples “voulaient échapper au nouveau pouvoir vietnamien”.

Opposons aux allégations de Glucksmann quelques chiffres : Selon le CACCF américain (Combined Action Combat Casualty Filel) 1,1 million de soldats nord-vietnamiens furent tués au combat, des morts auxquels il faut ajouter 600 000 blessés, ainsi que 223 000 tués et 1,1 millions de blessés dans le camp sud-vietnamien. Le nombre des victimes civiles vietnamiennes tient dans une fourchette encore extrêmement large, qui va de 500 000 à 1,2 million de morts.

Entre 1965 et 1973, l’armée américaine a largué 7 millions de tonnes de bombes dans la région, trois fois plus que durant la Seconde Guerre mondiale. Des bombes beaucoup plus destructrices, principalement des bombes incendiaires au napalm, aux conséquences dévastatrices pour les populations et catastrophiques pour les écosystèmes. L’utilisation de l’Agent Orange, un poison en forme de puissant défoliant, a provoqué des malformations de naissance, des maladies génétiques et des cancers bien après la fin de cette guerre. Durant la seule année 1969, plus d’un million d’hectares de forêt ont été anéantis, et d’autres herbicides ont rendu durablement infertiles des centaines de milliers d’hectares de rizières.

A ces chiffres s’ajoutent les bombardements cyniquement organisés sur les populations civiles au Laos, la pire guerre aérienne de l’Histoire, une guerre secrète où les américains ont largué davantage de bombes que sur l’Allemagne et le Japon réunis durant la seconde guerre mondiale. “

CIA : « Operation Laos » : Au Cambodge, autre pays voisin du Vietnam, les Américains ont largué l’équivalent de cinq fois Hiroshima. D’après le journaliste John Pilger, « Une commission d’enquête du gouvernement finlandais a estimé que 600 000 Cambodgiens sont morts dans la guerre civile qui a suivi”, et il a décrit le bombardement comme « la première étape d’une décennie de génocides ».

John Pilger va jusqu’à établir un parallèle entre Pol Pot et ses Khmers rouges, et l’État islamique d’aujourd’hui en Irak et en Syrie. Deux entités aux moyens initiaux limités qui ont proliféré à cause de l’apocalypse américaine.

L’analogie entre la guerre du Vietnam et les conflits actuels prend tout son sens quand début 2015 le politologue britannique Nafeez Mosaddeq Ahmed a exposé en détails le massacre de quatre millions de musulmans dans les guerres occidentales depuis 1990. 1ère Guerre du golfe (1991) : 200 000 morts en Irak – Sanctions brutales contre l’Irak (1993-2001) : 1 700 000 morts – “Guerre contre le terrorisme” (2001-2014) : 1 300 000 morts dont 1 000 000 de morts en Irak, 220 000 en Afghanistan (estimation basse, d’autres sont bien plus importantes), et 80 000 au Pakistan. Le Yémen et d’autres pays ne sont pas étudiés.

Ces chiffres macabres n’appellent aucun commentaire. Leur seul mérite est de nous rappeler que tant que nous n’y mettrons pas fin, ces guerres impériales continueront d’engendrer de la souffrance, des morts, des migrants et donc d’autres petits Alyan.

Conclusion

Ces cinq journalistes se situent à un carrefour stratégique entre la gauche et la droite. Au premier abord cette posture peut paraître neutre et modérée. Toutefois dès que nous y regardons de plus près, nous constatons que chez eux il n’y a pas de système de valeurs, mais seulement des apparences. Très vite l’illusion de pondération fait place à diverses stratégies qui restent malgré tout facilement identifiables pour plusieurs raisons : Tout d’abord leur narration est assujettie à des objectifs géopolitiques qui furent globalement déterminés par les faucons de l’administration Bush. D’autre part, leur groupe d’influence est composé de personnalités très souvent reliées par des intérêts les unes aux autres. Enfin, leurs sources primaires sont issues de structures arrimées au Pentagone.

Rétrospectivement nous pouvons nous dire que de nombreux indices liés entre eux préfiguraient la destinée de nos cinq patrons de presse. Toutefois ils ne sont pas nés néocons, ils le sont devenus, insensiblement mais invariablement l’histoire les a aspirés puisque nous l’avons vu en exergue, les mandats présidentiels de Nicolas Sarkozy et François Hollande ont modifié le rapport de force. A partir de là, étape par étape, la pensée politico-médiatique dominante est devenue néoconservatrice. Une pensée qui en quelques années est passée d’un jusqu’au-boutisme communément appelé “atlantisme”, à une version exacerbée de cet atlantisme promue après les attentats du 11 septembre 2001. Un petit pas de plus qui a fait de ces hommes les propagandistes d’une dangereuse idéologie qui en moins de deux décennies a plongé durablement une grande partie du monde dans le chaos.

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L’Avatar du journaliste - Michel Diard
Michel Diard
Que restera-t-il du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le président omniprésent dans tous les médias ? Cet ouvrage dresse un inventaire sans concession des faits et méfaits de celui qui se présentait comme l’ami de tous les patrons de presse et a fini par nommer les présidents des chaînes de l’audiovisuel public. Le "sarkozysme" a largement reposé sur un système de communication proche de la propagande, digne des régimes les plus autocratiques, à la limite de l’autoritarisme. Le système (…)
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La pire chose qui soit jamais arrivée au peuple juif, après l’Holocauste, c’est la création de l’état d’Israël.

William Blum - juin 2010

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