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Maskirovka ? Déception ? Tromperie du peuple ? (2)

Lire aussi :Maskirovka ? Déception ? Tromperie du peuple ? Quelle différence ? (1)

Vous êtes ce que vous faites.

Dans le 1er volet, publié sur Réseau International le 10 février, il était question du "Policy Planning Staff Memorandum" (PPSM) en date du 4 mai 19481 rédigé par l’Ambassadeur George Kennan et intitulé "The Inauguration of Organised Political Warfare".2

Nous avions souligné qu’en aucune façon ceci n’était un document théorique mais l’une des moutures d’un projet définitif en passe d’être réalisé ; et ce, dans plusieurs régions étrangères, notamment la fiction nommée Ukraine. Les objectifs déclarés, la parole, sont une chose. Le sillage que l’on laisse dans le monde naturel, dans la vie réelle des hommes, est tout autre.

Vous êtes ce que vous faites.

Notons en passant que ces opérations à l’étranger coïncidaient utilement dans le temps avec le "Red Scare", la chasse aux prétendus Communistes menée par le Sénateur Joseph McCarthy, homme de paille et toxicomane notoire auquel le FBI fournissait les substances nécessaires. Ainsi, le "Red Scare" était une tromperie dont la cible était la classe intellectuelle étasunienne.

Il s’agissait de terroriser, d’aveugler cette classe, afin d’asseoir un coup d’État de fait dont la phase, successive aux crimes contre Hiroshima et Nagasaki, exigeait que l’on fasse taire toute dissidence interne aux EU.

Aujourd’hui nous analyserons l’un des Prototypes de Guerre politique organisée qui concerne spécifiquement une des anciennes chasses-gardées de la France : l’Indochine.

Et on y reconnaîtra certaines des techniques déployées depuis 2019, cette fois contre les Peuples d’Europe occidentale.

Né en 1908, le Colonel, plus tard major-général, Edward Geary Lansdale, publicitaire à San Francisco avant la Guerre, était ainsi prédestiné à tromper. Le 1er juin 1954, alors que Lansdale était toujours mobilisé comme expert en opérations irrégulières aux Philippines (1950-1953), et que les négociations franco-vietnamiennes battaient leur plein à Genève, il lui fut ordonné par Allen Dulles, chef de la CIA, de partir pour le Viet Nam en tant que chef du Saigon Military Mission (SMM). Dès le début, la mission de Lansdale serait dans son domaine de spécialité : la guerre psychologique.

Dès le début, la mission de Lansdale correspondait à sa spécialité : la guerre psychologique.

Lansdale était censé collaborer avec le "Military Assistance Advisory Group" (MAAG), fondé par Harry « Hiroshima » Truman en 1950 sous prétexte de seconder les troupes françaises en Indochine.

En 1945, Ho Chi Minh avait proclamé la République indépendante démocratique, opposé à l’État du Viet Nam, création française chapeautée par un Empereur préférant résider en France, Bao Dai. Ce dernier nomma Ngo Dinh Diem, catholique également, préférant l’Europe comme résidence, en tant que Premier ministre pro-français. Celui-ci arriva au Viet Nam le 25 juin 1954 et dès le 26 juin rencontra le Col. Lansdale.

Sur-le-champ, Lansdale lui présenta un plan visant à intégrer les forces « anti-communistes » du pays en une armée nationale, assorti de diverses réformes politiques.

Rappelons d’abord les termes-clef des Accords de Genève de 1954 :

Ligne de démarcation : 17ème Parallèle

Le Viet Minh au Nord du 17ème Parallèle, les Français vers le Sud

Trois cent jours pendant lesquels tout citoyen vietnamien choisirait librement de quel côté du parallèle vivre, départ phasé des Français, deux ans de battement, puis élection nationale destinée à décider du destin gouvernemental du pays entier.

Et rappelons aussi quelques éléments.

Ni les EU ni la France n’étaient chez eux au Viet Nam.

Au cours de la guerre d’Indochine (1946-1954) et quoique les statistiques soient moyennement fiables, la France a causé la mort d’entre 300 000 et 500 000 Vietnamiens.3

Prenant la relève de la France, entre 1956 et 1974 les USA y ont causé la mort de 2 millions de civils, de 1,1 millions de partisans, de 250 000 Vietnamiens combattant du côté étasunien.

C’est à dire d’au moins 3,5 millions d’êtres humains sur une population de moins de 30 millions, plus de 10% de la population. Exemple lumineux vers lequel tend l’État Jabotinski à Gaza ?

En tout cas, le 21 juillet, la Conférence de Genève aboutit à une décision de cessez-le-feu effectif à partir du 11 août 1954, ce qui entraînerait le gel des effectifs EU au Viet Nam.

A Genève, une date-limite de 300 jours avait également été définie à partir de laquelle, la frontière Nord/Sud serait fermée.

Dans l’urgence, Lansdale s’activa afin que soient dépêchés sur place 17 officiers de la CIA, destinés à former les Vietnamiens « amis » dans la contre-guérilla avec la bénédiction des Français.

Cependant, le gouvernement Diem ne jouissait d’aucun soutien populaire. Introduit auprès du Capitaine Pham Xuan Giai, chef du 5ème bureau de l’état-major vietnamien, Lansdale fonda une école pour former les militaires indigènes à la guerre psychologique.

Puis, dans une course effrénée contre l’échéance genevoise des 300 jours, Lansdale lança Operation Exodus. Nom choisi sans doute par rapport à la provocation éhontée de 1947 qui aboutit à la création de l’état Jabotinski à peine six mois plus tard en 1948.

En 1947, le navire Exodus 47 transportait illégalement des Juifs vers la Palestine alors sous mandat anglais.4

Aux EU, par prudence, l’opération de Lansdale fut connue sous le nom "Passage to Freedom".

Entre 1954 et 1955, dans le cadre de l’"Operation Exodus", un million de Vietnamiens, (Landsdale avait espéré en faire partir deux millions), ont quitté le Nord avec armes et bagages pour le Sud, doublant la population catholique du Sud, puisque la majorité des Catholiques étaient originaires du Nord.

C’était l’un des objectifs : faire pencher le vote prévu à Genève en faveur de Diem, lui-même catholique, dans un pays essentiellement bouddhiste ou taoïste.

Selon les historiens étasuniens eux-mêmes, l’exode vers le Sud traduit la réussite éclatante d’une vague de propagande coordonnée par Lansdale et la CIA, et soutenue par le Département d’Etat et les Forces armées EU.

Ainsi, au Nord, la CIA faisait circuler diverses légendes conçues pour faire peur à une population essentiellement paysanne : "les communistes seraient des bêtes sauvages", "ils prendraient les hommes pour les soumettre au travail forcé", "ils arrêteraient et fusilleraient les catholiques"...

Des tracts insinuaient "qu’ils auraient mis la main sur des armes atomiques" ...

Il ne manquait que le Messianisme des Protestants EU5 : Sur les 16 Ministres religieux distribuant des Nouveaux Testaments sur les navires à bord desquels la Marine EU transportait les misérables réfugiés, neuf étaient protestants.

« Le Drapeau de Dieu est celui des EU »

Parmi les opérations conçues par "Mad Man" Lansdale :

Des rumeurs étaient répandues par des Vietnamiens déguisés en civil et envoyés au Nord par le G-5 militaire : "le Viet Minh se serait mis d’accord avec la Chine pour que celle-ci entre au Nord" ; "les troupes chinoises se seraient mises alors à harceler, violer, et voler les indigènes".

Cette campagne était si rondement menée que des fonctionnaires à Washington ont failli croire que la troupe chinoise étaient réellement entrée au Nord.

Des distribution de tracts trompeusement présentés comme ayant été rédigés par le Viet Minh, expliquant comment se conduire lors de la « prise de pouvoir à Hanoï », assortis de (dés)-information sur de prétendues réformes monétaires du Viet Minh étaient réalisées.

Dans les 48 heures de la parution de ces tracts particulièrement habiles, la Devise monétaire du Viet Minh perdit la moitié de sa valeur tandis que le nombre de Vietnamiens cherchant à quitter le Nord pour le Sud fut multiplié par trois.

Par ailleurs, les tentatives du Viet Minh afin de déjouer la ruse de Lansdale échouèrent et nombre de leurs partisans sombrèrent dans la confusion et le désordre.

Dans le Nord il sabotaient les presses d’imprimerie partout où c’était possible. Bloquaient les systèmes de transport notamment en contaminant l’essence pour le réseau d’autobus. Sabotaient les chemins de fer.

Cependant, les EU ayant donné leur aval aux accords de Genève, les plans détaillés de Lansdale pour le sabotage par les paramilitaires des infrastructures d’énergie ainsi que d’eau potable du Nord furent temporairement mis de côté.

Malgré tout cela, un grand nombre de Vietnamiens songeaient tout de même à fuir vers le Nord.

Afin de les décourager, (seuls 90 000 partirent en fin de compte, infiltrés de surcroît par des paramilitaires pro-US), Lansdale fit distribuer au Sud par des soldats déguisés en civils un nouveau tract, prétendument édité par le Viet Minh.

Selon le tract qui était appuyé par une savante vague de rumeurs, les personnes fuyant par mer vers le Nord devraient s’attendre à ce que leurs navires soient probablement attaqués par des sous-marins et avions de combat « impérialistes » (sic), et qu’ils seraient appelés, (à leur arrivée), à travailler en Chine sur les chemins de fer.

Donnant ainsi une nouvelle preuve du génie des EU pour la méconnaissance du droit international et des traités, et surtout de leur goût de la destruction « just for the hell of it  » (juste pour le plaisir), Lansdale réussit à consolider le pouvoir de Diem au Sud.

Du moins jusqu’à l’assassinat de ce dernier en 1963 par les suspects habituels.6

En effet, le malheureux Diem déclara soudainement qu’il ne se conformerait plus aux "Accords de Genève" de 1954 car ils étaient « contraires aux souhaits du Peuple vietnamien ». Puis il convoqua un référendum gagné à 98% grâce à d’intéressantes manœuvres.

Le Colonel Lansdale quitta le Viet Nam en 1956 pour d’autres cieux, avant d’être promu Major-Général et y revenir en pleine guerre dans les Années 60. Encensé par des hagiographes aux EU, Lansdale y est présenté comme "un saint" et "un héros" adepte de la carotte plutôt que du bâton7.

Dans le genre « J ’apprends la Mythologie grecque dans les Bandes dessinées » on lit notamment sous la plume du Major Richard Davidson :

« Edward Lansdale utilisa un harmonica à l’époque des mitrailleuses, et la diplomatie, à l’époque des faucons. Il a taillé sa propre voie idéaliste dans la jungle, pendant que ses homologues se frayaient un chemin à coups de bombes.

Que serait-il donc arrivé si les dirigeants étasuniens avaient écouté Edward Lansdale ?

Malheureusement, nous ne connaîtrons jamais la réponse à cette question, car, dans l’Histoire du Vietnam, la voie de Edward Lansdale n’a jamais été empruntée ».8

Voir aussi : Ronit Y. Stahl. Enlisting Faith. How the Military Chaplaincy Shaped Religion and State in Modern America.9

Mendelssohn Moses

https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1945-50Intel/d269
https://fr.wikipedia.org/wiki/George_F._Kennan
https://indochine.uqam.ca/historical-dictionary/223-casualties-indochina-war
https://www.herodote.net/10_juillet_1947-evenement
https://governor.utah.gov/2022/02/28/gov-cox-utah-stands-with-ukraine
https://nsarchive.gwu.edu/2020-11-01/new-light-dark-corner-evidence-diem-coup-november-1963
https://www.csmonitor.com/2018/0109/The-Road-Not-Taken-a-biography-of-Edward-Lansdale-makes-no-secret-of-its-belief-in-its-hero
http://www.journal.forces.gc.ca/Vol19/No3/page69-fra.asp
https://www.hup.harvard.edu/books/9780674972155

»» https://reseauinternational.net/maskirovka-deception-tromperie-du-peuple-2/
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"Nous avons abattu un nombre incroyable de personnes, mais à ma connaissance, aucune ne s’est jamais avérée être une menace"

Stanley McChrystal,
ex Commandant des forces armées U.S en Afganistan
(Propos rapportés par le New York Times, 27/3/2010).

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