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Libye : après le festival de mensonges et la remise des prix, place aux remerciements.

«  Si les gens devaient découvrir ce que nous avons fait, nous serions pourchassés dans les rues et lynchés » - Président George H.W. Bush (père) - cité par Sarah McClendon (reporter à la Maison Blanche) dans sa lettre d’infos datée de Juin 1992.

« Seul un mort cérébral pourrait avoir avalé la propagande de l’attaque « humanitaire » de l’OTAN aux 40 000 bombes ou plus - qui ont dévasté l’infrastructure de la Libye en la faisant revenir à l’âge de pierre (Shock and Awe en version ralentie). Cela n’a jamais rien eu à voir avec le fameux R2P (Right To Protect), et le bombardement implacable des civils à Syrte le prouve. » Pepe Escobar, "Comment l’Occident a fait main basse sur la Libye". (*)

A vrai dire, je ne sais pas par où commencer, tellement j’suis ému.

Commençons par remercier les conteurs de l’Empire. Mettre en scène la capture de Kadhafi « caché dans un tunnel » qui rappelle étrangement le trou où Saddam Hussein fut « découvert », voilà ce que l’on appelle un hommage et un clin d’oeil. Tous les conteurs vous diront qu’il n’existe en réalité qu’un nombre limité d’histoires (les fameux mythes de l’inconscient collectif) et que tout l’art de la narration consiste à faire varier quelques paramètres pour donner l’illusion de l’originalité.

Merci aux journalistes qui nous ont épargné la litanie quotidienne du nombre de victimes civiles et innocentes provoquées par nos bombardements humanitaires. Ils se sont modestement contentés de nous annoncer tous les jours et pratiquement en temps réel le nombre de victimes (supposées) en Syrie et c’était déjà assez pour nos nerfs mis à rude épreuve par les primaires socialistes et le championnat de rugby.

Merci aux médias en général, si complaisants, pour n’avoir pas trop insisté sur la visite récente en France d’un assassin en chef, le Roi de Bahreïn - il est toujours bon de nous laisser quelques illusions, et celle de vivre dans le « pays des droits de l’homme » n’est pas la moindre.

Merci à l’OTAN pour avoir brutalement signifié la fin de l’impunité des chefs d’état. Enfin ! avons-nous envie de crier... Désormais, ouvrir des centres de torture, attaquer sans raison un pays, bombarder les populations civiles, violer toutes les lois internationales seront autant d’actes qui ne sauraient rester impunis. Alors, quand comptent-ils passer aux choses sérieuses et bombarder Washington, Tel Aviv, Londres, Paris et - malheureusement pour l’OTAN - Bruxelles ?

Merci aux intellectualoïdes (**) « progressistes » qui ont su trouver les mots pour approuver une guerre abjecte et absurde (comme elles le sont toutes) et qui leur auront permis de marquer quelques points dans les médias. N’était-ce point là le plus important ? Certains se sont permis d’avancer que la Gauche latino-américaine - opposée à cette guerre - aurait « commis une erreur historique ». Voilà une illustration parfaite de l’expression « rater une occasion de se taire ».

Merci aux Européens, toutes tendances confondues, pour nous avoir démontré avec éclat l’étendue de leur ignorance, la nullité de leur principes, l’étroitesse de leurs esprits, la vacuité de leurs propos, l’absence de leurs états d’âmes. Finalement, le moindre vendeur de cacahuètes dans les rues du Caire comprend mieux la marche du monde qu’eux et tous leurs représentants, commentateurs et spécialistes réunis.

Merci à Kadhafi qui aurait pu s’enfuir avec la caisse entre les jambes comme tant d’autres avant lui. Mais voilà , mourir debout, peut être l’arme à la main, est une chose assez rare pour un tyran, un dictateur, un assassin, etc. Et il faut bien avouer que cela rajoute de l’épaisseur à un personnage qu’ils avaient fait tomber dans les clichés les plus absurdes.

Merci aux dirigeants occidentaux qui nous montrent chaque jour et dans tous les domaines jusqu’où leurs trahisons, duplicités et hypocrisies peuvent aller... (et que s’ils sont contre la peine de mort, oui, bon, ben... c’est comme pour la démocratie et tout le reste, hein : ça dépend pour qui, quand et où...).

Sans oublier évidemment la Gauche la Plus Conne de la Planète (la notre) qui a fini par tomber du côté où elle penchait, dans un grand fracas de nos dernières illusions.

Avec une mention spéciale pour cette partie de la gauche qui a failli sauver l’honneur mais avec des arguments aussi déplacés que « cette guerre coûte cher ». Patience, ils finiront bien par inventer des guerres qui ne toucheront pas à notre porte-monnaie et le problème sera enfin réglé lorsque le prix d’une vie là -bas ne viendra pas interférer avec le coût de la vie ici.

Merci enfin au peuple libyen - partisans ou non de Kadhafi - pour avoir résisté pendant sept longs et interminables mois et ainsi ridiculisé l’OTAN, le CNT, Sarkozy, Cameron, Obama et tous ces salauds qui nous dirigent, leurs porte-voix médiatiques et leurs larbins qui font semblant de nous informer.

J’espère n’avoir oublié personne.

Viktor Dedaj
« on ne les remerciera jamais assez »

(*) http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11346

(**) l’intellectualoïde est à l’intellectuel ce que l’androïde est à l’être humain : une vague ressemblance à l’extérieur et à l’intérieur juste un fatras de câblages préprogrammés. Exemple : Finkelkraut (intellectualoïde) et Edgar Morin (Intellectuel).

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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

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