Qu’étais-je en train de faire ? Oh ! je devais simplement classer des papiers ; une tâche suffisamment peu absorbante pour me laisser des moments d’attention intermittente.
Ce qui était sûr, ce n’était pas la voix de ma femme, mais celle de la télévision ; alors je m’interrogeai, sans doute à cause de l’élocution de cette sirène... à moins que ce ne fût une Amazone ?
Mais non ! Bougre ! C’était le contenu qui m’intriguait, et non pas la forme.
Vous dire sur quelle chaîne ? Impossible, puisque je n’y étais pas... sinon à l’écoute distraite, dans la pièce d’à côté.
Cependant, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une managère (?) d’Amazon*, qui défendait sa boutique...
Alors, au bout d’un moment, intrigué et pour m’en assurer, je pose la question cruciale à la cantonade :
– C’est Amazon qui entretient son pré carré ?
Réponse de la pièce voisine. Une voix non moins féminine mais plus familière et pour tout dire plus agréable, celle de ma femme riant :
– Tu n’y es pas ! C’est une Secrétaire ou une sous-Secrétaire d’État !
Pour résumer ce qui m’a fait tendre l’oreille et réagir : selon cette voix passionnée pour la cause qu’elle défendait, la firme Amazon a autant le droit à l’existence que les libraires indépendants, et pour un peu, en allant au bout du plaidoyer ministériel, se trouverait concurrencée par eux de manière déloyale.
Et maintenant, en vous racontant l’épisode, tout me revient : j’ai ensuite reconnu la voix de Jean-Pierre Elkabbach ; il s’agissait de l’émission sur les livres qui repasse le dimanche après-midi , celle qui est tournée sous les ors de la bibliothèque Médicis.
Puis, revenant sur le sujet qui quand même me travaillait, je reçus un peu plus tard un complément d’information : le meneur de l’émission fut lui-même sidéré, – paraît-il, par les propos de son interlocutrice.
Jean-Pierre Elkabbach : c’est vous dire...
Et ce fut à mon tour de rire quand j’imaginai ses sourcils relevés sous son front soucieux.
* On peut facilement commander ses livres ailleurs...
Offres d’emplois chez Amazon pour Noël : un cadeau empoisonné ?