Richard Labévière parle, à juste titre, de "fantasme de la prédestination", à la base de toutes les interventions US dans le monde.
C’est-à-dire le "Destin manifeste" ("manifest destiny") qui a justifié, au nom d’une "mission divine" de répandre la "démocratie" et la "civilisation", toutes les ingérences et invasions, à commencer par la conquête de l’ouest des Etats-Unis, cause du génocide indien.
C’est cette conviction profondément ancrée dans la culture USaméricaine qui fait accepter par la population toutes les invasions depuis des décennies.
Ce qui émeut les USaméricains, c’est quand l’armée d’invasion US subit trop de pertes (on l’a vu pour le Vietnam et après cela, on a dit :"plus jamais ça", et en effet, ce ne fut "plus jamais ça" : ils ont interdit les images de guerre, et les correspondants de guerre sont désormais encadrés par l’armée).
Sur les populations lointaines massacrées, les pays détruits, les villes et les structures vitales rasées, n’ayant pas d’informations, visuelles et statistiques, les USaméricains ne vont pas chercher plus loin.
Et pour limiter le nombre de victimes US, ils construisent des engins de mort qui nécessitent de moins en moins de soldats sur le terrain. C’est ainsi qu’ils ont conçu des avions sans pilotes, téléguidés depuis une base quelque part dans le Nevada.
Ces agressions de drones, ne sont pas considérées comme un acte de guerre, d’ailleurs, puisqu’elles se poursuivent inexorablement au Yémen ou au Pakistan. (Voir à ce propos l’interview de Noam Chomsky).
Quant aux guerres d’invasions, elles sont devenues, d’un coup de baguette magique, "interventions humanitaires".
Alors, la population renâcle : "il y en a marre d’être les gendarmes du monde, que ces étrangers se débrouillent tout seuls".
Ce qui montre bien qu’ils n’ont aucune notion de la réalité.
A l’issue de l’offensive en Libye, Obama avait eu le culot d’annoncer fièrement que cette "opération" s’était effectuée "sans qu’il y ait eu une seule victime américaine".
Pour la Syrie, il promettait également qu’il n’y aurait "pas de bottes américaines" sur le terrain. Et, comme pour la Libye, il annonçait sans rire que l’opération ne prendrait que quelques jours.
Mais déjà, pour la Guerre de Sécession, le Nord avait annoncé que ce serait plié en 90 jours. Elle a duré pas loin de 4 ans.
Eh, oui, on bombarde à l’aveugle, on fait en sorte que quelque rebelle assassine le chef d’état, et on repart. "Mission accomplished" (comme avait dit Bush, en 2003, après l’invasion de l’Irak – on sait ce qu’il en est de leur "mission", 10 ans plus tard). Il ne reste plus qu’à installer au pouvoir quelque marionnette.
Le problème, c’est qu’à jouer avec le feu, ils ont formé et armé des factions "rebelles" sans foi ni loi qui risquent fort de se retourner contre eux, un jour ou l’autre.
Mais dans leur arrogance, ils pensent qu’ils les materont, eux aussi.
Car c’est cette arrogance des castes dominantes et possédantes US américaines qui les pousse à détruire les pays qui ne veulent pas plier, que ce soit économiquement ou par l’agression armée, souvent les deux.
Je n’ai pas l’impression que ces castes soient spécialement "intelligentes", ce sont plutôt des brutes insensibles, cupides et arrogantes qui détiennent d’immenses pouvoirs et peuvent acheter ceux qui leur feront atteindre leur objectif d’hégémonie totale.
Grâce à l’argent, elles s’assurent la docilité indéfectible des médias et des élus, qui ont complètement muselé le peuple avec une propagande acharnée et l’ont dépouillé progressivement de tous ses droits.
Ensuite, l’auteur dit : "le cinglant revers que l’administration Obama et l’Occident sous l’égide de la France et la Grande-Bretagne ont reçu sur la crise syrienne indique une perte d’influence et d’hégémonie flagrante".
Je ne le pense pas. L’administration Obama a perdu pour diverses raisons et d’abord parce que les républicains étaient trop contents de trouver un moyen de l’affaiblir – et qu’ils avaient là une occasion rêvée.
Ensuite, parce qu’Obama, en fixant inconsidérément les limites à ne pas franchir, s’était lui-même piégé et ne pouvait plus reculer. Or, personne n’a pu prouver que ces armes avaient été véritablement utilisées par le gouvernement syrien, et personne dans le monde n’a été convaincu par les explications vaseuses de Kerry et des pitres européens.
Mais si on connaît l’histoire des invasions successives des US, on sait que l’opinion publique se retourne très vite. La partie n’est pas finie.
Non, les guerres ne sont pas des "succès". On ne peut parler de "succès" que si le motif, véritablement humanitaire au départ et, donc, destiné à prêter main forte à la population contre une dictature, par exemple, se conclut par la réussite de cet objectif.
Les "guerres" menées par les US (et le reste de la clique d’assassins) au nom de la "protection des populations", qui multiplient le nombre de victimes innocentes et sèment le chaos, sont des invasions illégales avec une force militaire infiniment supérieure à celle du pays agressé.
Ce sont des carnages, et des crimes de guerre, donc.
@ Pablo :
"Simplement j’ai besoin de faits pour être convaincu ; si on me démontre des avancées stratégiques de l’empire je reconsidererais ma position. Mais, encore une fois, mis à part en Europe (qui est en grave crise, soit dit en passant), l’empire ne fait aucune avancée, je n’en vois aucune".
Ah ? Ils ne sont nulle part ? Ils ont environ 800 bases et installations militaires réparties dans des endroits stratégiques partout dans le monde . Ce n’est certainement pas pour le plaisir de prendre un bain culturel.
L’armée US et les services secrets sont en train de renforcer leur présence en Afrique en disposant des troupes sur tout le continent et en y installant des bases de drones (voir l’articleici, en anglais).
Un exemple bien connu, mais passé sous silence par les médias, des guerres "invisibles" menées par l’occident : la population de la République Démocratique du Congo subit des atrocités depuis une vingtaine d’années, et les massacres ont fait entre 6 et 10 millions de morts. C’est un véritable génocide qui est perpétré pour s’emparer des richesses du pays : le coltan, les diamants, l’uranium et l’or.
Ce sont le Rwanda et l’Ouganda qui pillent le Congo pour le compte des multinationales et des gouvernements occidentaux (pour faire le boulot, pas de bottes US sur le terrain – ou si peu : ils entraînent les armées africaines de pays "alliés").
Quant au déclin des US ? Aucune idée. Ils sont actuellement déstabilisés à cause du revers qu’ils ont essuyé en Syrie, mais ils y reviendront.
C’est la fin d’une époque, certes : Obama est fini, les républicains reprendront sans doute les rênes du pouvoir et leur pacifisme actuel sera à inscrire dans les grandes dates de l’histoire des Etats-Unis.
Mais, on peut dire sans se tromper que rien de bon ne sortira de tout cela.