L’ombre des cadavres du 11 septembre…
Cette ombre suffit à lisser notre cortex et à réduire la connectivité de nos neurones. La pensée binaire nous oblige à ne pas évoquer le moins pensable. L’angoisse de mort, même par procuration, induit toujours les conduites d’évitement dont nous vivons depuis onze ans une illustration.
Le repli vers l’autorité est une induction banale des peurs sociales ordinaires, comme le repli vers les temples et les croyances… Si il est des impensables il faut "faire confiance’ à ceux qui disent penser pour nous…Nos prêtres et nos maîtres…prospèrent depuis les temps les plus obscurs sur cette inaptitude à affronter le réel, dont s’enrichit aussi la psychanalyse qui en tarifie les symptômes.
Notre morale kantienne…
Elle nous fait penser et dire qu’écarter l’idée du doute de la journée du 11 septembre, c’est sans doute par "respect des victimes’ (Pas celles des répliques en Afghanistan et Irak bien entendu…) alors que ce ne sont que nos peurs et servitudes qui s’expriment…
Les chiens de garde ont la tache facile, nous avons presque chacun un chien de garde dans la tête…Nous le nourrissons de la télé-croquette quotidienne, son plat favori…
Alors nous n’avons pas vu à Toulouse le film "ONE’ (2)…
La projection en était prévue le 11 septembre 2012… Les organisateurs se sentaient pourchassés par "conspis hors de nos villes’ et autres chasseurs de "rouge brun’ en safari permanent … Déprogrammation en urgence. Victoire de l’intimidation sur la réflexion. Peur fondée ou pas , mais peur des conséquences d’un débat qui ne sera pas ouvert sur la place publique. Autocensure victorieuse et piteuse…
Le film reste en ligne sur Internet heureusement. (3)
Circulez, il n’y a rien à voir, ni à penser…
La grande manipulation qui fait et défait l’état du monde peut se poursuivre, nous sommes prêts à tout accepter demain comme hier…
Et d’ailleurs n’est ce pas : Dreyfus était coupable, l’agression du golfe du Tonkin a bien eu lieue, Deïr Yacine et la Nakba n’ont jamais existé, ni la torture en Algérie, Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, le typhus a fait des ravages à Sabra et Chatila, l’Iran s’apprête à rayer Israël de la carte, les banques sauveront le monde, l’Europe c’est la Paix même avec l’OTAN, Julian Assange et le soldat Bradley Manning méritent la mort pour nous avoir révélé des faits et des images que nous aurions souhaité continuer ignorer, la planète ne se réchauffe pas et la mort des abeilles est un conte d’écologistes décadents, le plutonium n’est pas plus dangereux que l’amiante dont le caractère inoffensif a été démontré par nos académies de science et de médecine et encore défendu par un célèbre géologue sorti de Jurassic Parc et du PS (4), tiens celui là je le cite encore !
Les inquiéteurs ne sont que des enmerdeurs, tu n’as rien vu à Fukushima (6), il faut positiver bon sang !… « C’est quoi la version officielle ? » remplace le "Pater Noster’ … Le Diable est à nos portes, suivez la processionLes tours ? Quelles tours ? Ah bon il y en avait trois ? Tu déconnes…
Le vu a la télé est la forme accomplie de l’enseignement planétaire et ce serait débile de recruter des profs ou rétablir l’enseignement massacré de la philosophie et de l’histoire…
Appelons "Instruction Civique’ l’apprentissage de la servitude volontaire et les actionnaires s’en porteront mieux encore, flattés aussi par les prédateurs qui ont besoin d’eux plus encore que des prolétaires que les machines peinent à remplacer, tous.
La pensée est une maladie perfide et héréditaire et la curiosité le symptôme d’une démence débutante, le doute traduit déjà une forme aggravée caractérisant la sociopathie nouvelle… La "Darwinite aigue’ est un fruit pervers de l’évolution qui nous donne l’aptitude au doute…
Les faux malades mentaux d’hier avaient droit au goulag, ceux d’aujourd’hui reçoivent le diplôme de consommateur privilégié du poison de grandes surfaces et de grands medias… La servitude prend la forme de "carte de fidélité’ au supermarché de proximité, et de ’crédits à la consommation’ qui remplacent très efficacement les chaînes du servage ancien.
On cessera bientôt de vendre des lunettes noires, nous renonçons déjà a regarder ce qui brûle le regard ou ébloui la raison…
Pas grave… Les zombis consommeront encore à Noël sans se soucier des cendres et des charniers qui les entoureront pendant le temps de "l’Avant’ comme disent les crédules… Il "naîtra le divin enfant…Sonnez trompettes …’
Je suis en train de relire Antonio Gramsci (1891-1937), dans "Pourquoi je hais l’indifférence’…(6) C’était un temps déraisonnable, comme chantait le grand Léo (7), ou la résistance intellectuelle n’était pas qu’une formule creuse. Il l’affirmait déjà "L’indignation ne suffit pas’. "L’indifférence, c’est la liberté abstraite des dégagés de la vie : or vivre , c’est résister’…’L’indifférence est le poids mort de l’histoire’… écrivait il dans « La Città futura » le 11 février 1917. Lui qui passa dix ans derrière des barreaux plus libre que nous le sommes parfois hors les murs. (8)
Les trois tours de la raison, du courage et de la liberté se sont effondrées aussi …
Mais qui les a percutées ?
Jacques Richaud