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Les lectures malsaines d’Herman Van Rompuy

Au moment où l’extrême droite, les fascistes de tout poil font plus que relever la tête en Europe et dictent les ordres du jour, le fait que le président du Conseil européen, le chrétien-démocrate flamand Van Rompuy ait osé publier sur son site un poème (daté de 1909) d’un prêtre flamand nazi, antisémite, condamné à mort par contumace à la Libération, et ce dans l’indifférence totale des opinions publiques, est extrêmement préoccupant.

Un ami belge (wallon) me dit qu’il a toujours pris soin de ne pas tenter le diable du nationalisme flamand, mais que, à partir du moment où la question est posée, quand le président du Conseil européen prend comme référence un curé nazi qui a été condamné à mort par contumace en Belgique et qui n’a jamais été réhabilité, il n’est plus possible d’éluder le débat.

Né en 1874, Cyriel Verschaeve devient vicaire en 1911. Durant la Première Guerre mondiale, , il est conseiller spirituel du mouvement intellectuel nationaliste flamand le Frontbeweging. Après l’Armistice, la condamnation de ce mouvement par les autorités belges convainc Verschaeve qu’il n’y a plus rien à attendre de la Belgique. Dans les années trente, il se détourne de la politique belge et de la démocratie. Il se rapproche du mouvement national-solidariste Verdinaso.

Durant l’été 1940, il affiche par écrit sa sympathie pour l’Allemagne nazie. Le 6 novembre 1940, il est nommé par l’administration militaire allemande à la tête du Conseil culturel flamand. En 1941, il soutient la Légion flamande SS, pour contrer le « bolchévisme satanique ».

Selon un historien belge, Verschaeve a même tenté de convaincre Himmler de renoncer au paganisme et se voyait déjà en pape du nazisme !

Fin août 1944, il devient consultant du « gouvernement flamand en exil ». Il s’enfuit en Autriche en 1945, où il résidera jusqu’à sa mort en 1949. Les Autrichiens ne l’extraderont donc pas, bien qu’il ait été condamné à mort. En 1973, une organisation flamande fasciste, le Vlaamse Militanten Orde, exhume son corps et le rapatrie illégalement en Flandre.

En pays flamand, Verschaeve a laissé son nom dans la toponymie de plusieurs rues. On trouve encore une Cyriel Verschaevelaan (avenue Cyriel Verschaeve) à Zoersel et à Kapelle-op-den-Bos ; une Cyriel Verschaevestraat (rue Cyriel Verschaeve) à Courtrai, à Lanaken (à deux pas de Maastricht, ainsi qu’à Puurs (près d’Anvers), à quelques centaines de mètres du camp de concentration de http://www.breendonk.be/fr/Breendonck.

Le poème a été publié en 2007. Il n’a jamais posé le moindre problème à l’homme politique belge de premier plan, pétri, n’en doutons pas, de valeurs européennes.

Reste que Van Rompuy n’est pas qu’un simple politicien flamand (indépendantiste « à titre personnel » : il est censé incarner l’Europe. Est-il dès lors acceptable qu’il se livre à une telle réhabilitation d’un poète nazi, fût-il Flamand ? L’Union a-t-elle encore une quelconque légitimité à condamner le premier ministre hongrois Viktor Orban lorsque celui-ci se livre au même exercice avec l’écrivain nazi Jozsef Nyiro ?

Que dirait-on chez nous si Copé citait Brasillach ?

http://bernard-gensane.over-blog.com

PS : Cet article est le 500ème publié par moi-même dans les colonnes du Grand Soir depuis 2007. J’adresse toute ma gratitude aux administrateurs historiques de ce bel espace de liberté et de luttes pour un monde meilleur.

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Thierry Deronne, mars 2014

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