Elon Musk veut faire gagner les néo-nazis allemands et anglais
On espérait que l’Allemagne soit immunisée contre l’extrême droite après avoir fait basculer le monde dans la barbarie. Mais celle-ci revient en force, et dans sa forme la plus radicale : le grand parti d’extrême-droite allemand, l’AfD, ne cherche même pas la dédiabolisation. Ses affiches montrant des familles blondes aux yeux bleus tendant le bras rappellent le Troisième Reich, ses dirigeants réhabilitent le néo-nazisme et parlent de remigration massive.
Pourtant, l’AfD est en train de grandir de façon fulgurante en Allemagne. Ce parti quasi-inconnu il y a 10 ans a gagné les élections dans deux Länder allemands en septembre. Pour la première fois depuis 1945 en Allemagne, un parti d’extrême-droite remportait une élection régionale. En Thuringe d’abord, la région avait été la première à être dirigée par des nazis en 1930, où elle a fait plus de 30% des voix. En Saxe, région voisine, le parti est au coude à coude avec le grand parti de droite, la CDU.
En février prochain, les élections fédérales auront lieu dans tout le pays, l’équivalent de nos élections législatives. Elles sont donc décisives. Dans cette optique, Elon Musk intervient personnellement pour faire gagner l’AfD.
Sur son réseau social, il multiplie les messages de ce type : « Je recommande fortement aux gens de voter pour l’AfD. Je pense qu’Alice Weidel [sa dirigeante] est une personne très raisonnable et pleine de bon sens. Je pense que seule l’AfD peut sauver l’Allemagne. Point final. Les gens doivent vraiment soutenir l’AfD, sinon la situation va empirer en Allemagne ».
Ses publications ont fait exploser l’audience du parti sur internet ces dernières semaines : une ingérence claire et assumée dans la vie politique allemande.
Dans le même temps, Elon Musk relaie régulièrement la propagande d’extrême droite anglaise, il fait la promotion du militant identitaire anglais Tommy Robinson, qui a orchestré des émeutes racistes l’été dernier. Et il critique Nigel Farage, dirigeant du parti nationaliste Ukip, pas assez radical à son goût. Le milliardaire choisit directement ses poulains dans les pays étrangers.
Donald Trump invite Le Pen et Meloni
Marion Maréchal Le Pen, représentante de la branche la plus dure de l’extrême droite, est invitée par le président Donald Trump à assister à son investiture à Washington le 20 janvier. Une invitation officielle, aux côtés d’Eric Zemmour et Sarah Knafo, comme si elle était dirigeante de la France.
Macron, qui avait été le premier président à féliciter la victoire de Trump en novembre, avant même la proclamation des résultats définitifs, et qui multiplie les appels du pied aux trumpistes, est bien mal récompensé pour sa soumission. Trump préfère l’original à la copie.
Lors de la cérémonie d’investiture, c’est toute l’extrême droite mondiale qui sera représentée dans la tribune d’honneur à Washington, puisqu’on trouvera aussi le néofasciste italien Matteo Salvini et la Première ministre Giorgia Meloni, ou encore le Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
Meloni soutient Musk
Elon Musk aide les extrêmes droites mondiales, qui le soutiennent en retour. Alors qu’en Europe, on s’interroge sur l’éventualité de limiter Twitter, qui influence désormais directement les élections, la dirigeante italienne Meloni a affirmé lors d’une conférence de presse : « Musk n’est pas un danger pour la démocratie, Soros oui ».
George Soros est un milliardaire « philanthrope » autoproclamé, enrichi grâce à la spéculation boursière, qui fait des dons aux causes « progressistes » – par exemple au parti Démocrate aux EU, ou à des organisations de défense des droits de l’Homme. Il est la bête noire de l’extrême droite. Si Soros n’est aucunement l’ami des luttes sociales – il se contente d’aider les mouvements « libéraux » au sens étasunien du terme – les fascistes projettent sur lui de nombreux fantasmes délirants, par exemple celui de financer les « antifas ».
Derrière cette obsession, il s’agit avant tout d’antisémitisme : Soros est juif et rescapé de la Shoah. Ainsi, il incarne pour l’extrême droite la figure du riche juif qui voudrait « influencer le monde » et « encourager l’immigration ». Un imaginaire digne des années 1930.
« Tuer le wokisme »
Après avoir racheté Twitter, Elon Musk s’est juré de mettre ce réseau au service de son idéologie, notamment de son obsession contre les trans. Il a décidé de déplacer au Texas, État très conservateur, les sièges de SpaceX et de X en signe de protestation contre le « wokisme ».
Et il en fait une affaire personnelle. Vivian Jenna Wilson, la fille trans d’Elon Musk, a renié son père lorsque celui-ci a réautorisé l’utilisation du morinom deadname des personnes transgenres sur X. Dans une interview avec le « psychologue » réactionnaire Jordan Peterson, Musk a a réagi : « Mon fils est mort, tué par le virus de la culture woke », et s’est juré de « tuer le wokisme », qui promet selon lui « l’extinction de l’humanité et de la civilisation ».
Orban au secours de Le Pen
Viktor Orban s’en prend à la justice française. Alors que Marine Le Pen et sa bande ont été jugés pour détournements de fonds cet automne, et risquent des peines d’inéligibilité, le dirigeant hongrois a apporté son soutien le 14 novembre à la cheffe de file des députés RN : « Je n’arrivais pas à croire les nouvelles d’hier concernant Marine Le Pen. Marine, n’oubliez pas que nous sommes avec vous dans cette bataille ! » C’est le même Viktor Orban qui fait enfermer ses opposants, laisse défiler des nazis dans les rues de son pays et traque les antifascistes.
Cnews sponsorise Netanyahou
Le 23 octobre dernier, Netanyahou, visé par une procédure de la justice internationale pour des faits de génocide, était invité en superstar par la chaine française Cnews.
Le média de Bolloré lui déroulait le tapis rouge. Le dirigeant génocidaire avait déclaré : « J’apprécie que votre chaîne se batte pour la liberté, pour la civilisation judéo-chrétienne, attaquée par le fondamentalisme islamique ». Netanyahou tue les vrais journalistes, ceux qui filment la réalité à Gaza, sur le terrain, et félicite les propagandistes de plateau occidentaux. Bolloré est le porte-voix de l’extrême droite française mais aussi étrangère.
Karina Milei à Paris
Le 18 octobre, la sœur du président Argentin d’extrême droite Javier Milei a choisi de faire son premier déplacement officiel en France. Elle a été reçue à l’Élysée par Brigitte Macron.
Celle qui est secrétaire générale de la présidence argentine et « l’éminence grise » du président, surnommé « El loco » (le dingue) en Argentine. Ce dernier applique un programme ultra-libéral très violent à son peuple, multiplie les propos insultants, a cloné son chien et déclare vouloir autoriser la vente d’organes ou prétende discuter avec des économistes décédés.
Brigitte Macron et Karina Milei ont ainsi « discuté de l’attrait des investisseurs français en Argentine » mais aussi abordé la question de la « bataille culturelle » que mène le gouvernement d’extrême droite argentin, rapporte le même média qui ajoute que « des parallèles ont été établis, soulignant l’esprit réformiste et le courage politique que les deux présidents partagent ».
Le couple Macron sur la même ligne qu’un libertarien dictatorial, et qui partage cette idée de « bataille culturelle » commune : cela veut dire que l’Élysée trouve inspirante la manière dont Milei impose ses idées en Argentine, avec des propos racistes, misogynes ou climatosceptiques. « La Première dame de France a souligné le soutien du président Macron à l’Argentine et a exprimé son intérêt pour les réformes de Milei », notamment « certains dossiers qu’elle valide, comme la mise au travail des concitoyens au chômage » et la « collaboration avec le secteur privé pour résoudre ce problème ».
La Russie au service des extrêmes droites occidentales
En 2014, une banque russe prêtait de l’argent au Front National, qui se faisait le relais des intérêts poutiniens en France. Jean-Marie Le Pen avait déjà des liens avec les nationalistes russes dès les années 1990. Après la chute de l’URSS, il s’était rendu auprès du leader du Parti libéral-démocrate, classé à l’extrême droite, ou avait rencontré l’écrivain et activiste Edouard Limonov, idéologue « national-bolchévique », et même un nostalgique du tsarisme.
Depuis 2022, l’extrême droite française ne sait plus où donner de la tête : rejoindre les néo-nazis ukrainiens du régiment Azov ou soutenir le tyran impérialiste Poutine ? Il n’en reste pas moins que le président russe soutient depuis des années les partis d’extrême droite occidentaux et rêve qu’ils arrivent au pouvoir, par intérêt géopolitique.
Marine Le Pen dansait à Vienne avec des nazis
En 2014, Marine Le Pen s’était rendue à Vienne, pour rencontrer les responsables de l’extrême droite autrichienne du FPÖ – le mal nommé « Parti de la Liberté » – ouvertement raciste. A cette occasion, elle avait participé à un bal dans l’ancien palais impérial de la Hofburg, aux côtés de confréries étudiantes néo-nazies. Ce bal avait lieu le jour du 67e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz.
Lors des dernières législatives, en septembre 2024, le FPÖ est arrivé en tête des élections législatives et vient de signer un accord avec le parti conservateur pour gouverner l’Autriche.
Hanouna chez Trump
Dans son émission sur une chaine de Bolloré, le bouffon d’extrême droite Cyril Hanouna se vante de rencontrer Elon Musk et Donald Trump le 18 février.
Selon lui, il serait invité à une soirée dans la villa luxueuse du président des EU, à Mar-a-Lago. Des mauvaises langues murmurent que ces soirées sont payantes, et que l’animateur s’est contenté de lâcher une forte somme d’argent pour être parmi les invités. Quoiqu’il en soit, cela démontre encore une fois la proximité du monde des milliardaires, de l’extrême droite, et des figures médiatiques débilitantes.
Non seulement le néofascisme est bien vivant, mais il se structure. Une internationale réactionnaire se constitue, de Paris à Rome, de Washington à Vienne. Elle dispose de moyens, de réseaux, de médias, et part à l’assaut du pouvoir. Il est plus que temps de reconstituer une internationale sociale, révolutionnaire et antifasciste pour y faire face efficacement.