RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
The Nation

Les Hommes du JINSA et du CSP

Jason Vest

Petite précision d’abord : Le journal où est paru cet article n’est pas une petite feuille de chou américaine. The Nation est aux Etats-unis ce que le Monde Diplomatique est à la France : un journal critique de référence dont la réputation de sérieux et de qualité est sans faille.

Le JINSA n’était à l’origine qu’un petit réseau informel dont les membres, néo conservateurs et ultrasionnistes, s’atttachaient à faire du lobbiyng pour renforcer le soutien militaire à Israël. Il est devenu au fil du temps et des changements de présidents un formidable groupe de pression dont les membres occupent maintenant des postes clés dans le gouvernement américain. Le vice président des Etats-unis, Dick Cheney, en faisait partie jusqu’à ce qu’il occupe son poste actuel. Une floppée de hauts fonctionnaires et de généraux retraités du Pentagone en font aussi partie, y compris le président du trés influent Conseil de Politique de
Défense du Pentagone, Richard Perle -par ailleurs membre directeur du Jerusalem Post. Jason Vest décrit sans complaisance ni fausse pudeur le fonctionnement de ce groupe et l’influence qu’il a sur l’actuelle politique américaine. la deuxième partie de ce texte sera publiée trés prochainement.

Il y a à peu prés trente ans, un groupe proéminent de neo-conservateurs, ceux que l’on appelle les faucons, a trouvé dans le « Committee on the Present Danger » (Comité du Danger Présent ) un moyen efficace pour plaider leur cause. Ce groupe considérait, de manière fervente, que les Etats- Unis étaient à un doigt d’être militairement surpassés par l’Union soviétique. Sa raison d’être était de plaider bruyamment en faveur d’un accroissement des budgets militaires, de s’opposer presque fanatiquement à n’importe quelle forme de contrôle des armements et de soutenir ardemment les Likudnik d’Israël. Considéré comme un groupe marginal à ses débuts sous l’Administration Carter, le CPD s’est déplacé des marges vers le centre du pouvoir, en 1980, lors de l’élection de Ronald Reagan.

Les penseurs conservateurs de la défense militaire en avaient fait la pierre angulaire d’une administration fantôme de la défense pendant l’administration Carter. Durant les années de Clinton, ce sont en partie deux organisations qui ont tenu ce rôle : l’Institut Juif pour les Affaires de sécurité nationale (JINSA : Jewish Institute for National Security Affairs) et le Centre pour la Politique de Sécurité (CSP : Center for Security Policy). De la même manière qu’il y a deux décennies, des douzaines de leurs membres occupent maintenant d’importants portefeuilles gouvernementaux. Leur plaidoyer pour le même ordre du jour continue, soutenus qu’ils sont par les appareils non-gouvernementaux dont ils sont issus.

Travailleurs et persévérants, ils ont réussi à entrelacer un certain nombre de questions : soutien au réseau de missiles pour la défense nationale, opposition aux traités de contrôle des armements, soutien à des systèmes d’armes peu rentables, aide militaire à la Turquie et soutien à l’unilatéralisme américain de manière générale - avec au coeur et pour ligne dure, l’appui à Israël.

La ligne dure du JINSA/CSP n’est jamais aussi manifeste que dans leur campagne implacable pour la guerre - non seulement contre l’Irak, mais "la guerre totale," comme l’a clairement exprimé Michel Ledeen, l’année dernière, un des membres les plus influents du JINSA à Washington. Pour cette équipe, "le changement des régimes", par n’importe quels moyens, de l’Irak, de l’Iran, de la Syrie, de l’Arabie Saoudite et celui de l’autorité palestinienne est un impératif urgent. Toute dissension - qu’elle provienne du Département d’Etat de Colin Powell, de la C.I.A. ou des officiers militaires de carrière - constitue une hérésie contre des articles de foi qui soutiennent d’une manière frappante qu’il n’y a aucune différence entre des intérêts de sécurité nationale américains et israéliens et que la sécurité continue et la prospérité pour les deux pays passe par l’hégémonie dans le Moyen-Orient. Cette hégémonie sera réalisée avec les recettes traditionnelles de la guerre froide faites de feintes, de force, de clientélisme et d’opérations secrètes.

Le Pentagon’s Defense Policy Board (Conseil de Politique de Défense du Pentagone), par exemple, est présidé par un conseiller du JINSA/CSP et un ancien fonctionnaire du Département de la Défense sous l’Administration Reagan, Richard Perle. Il regroupe des conseillers des deux groupes et a fait les Une récemment en accueillant un briefing [1] qui fait de l’Arabie Saoudite un ennemi qui doit être écrasé à l’aide d’un certain nombre de procédures, dont un grand nombre reflètent les recommandations du JINSA et les préoccupations de la foule des membres du JINSA/CSP concernant l’Egypte. La diapositive finale de la présentation faite au Conseil de Politique de Défense proposait que "la Grande Stratégie pour le Moyen-Orient" se concentre sur "l’Irak comme pivot tactique, l’Arabie Saoudite comme pivot stratégique [et] l’Egypte comme prix à payer." Ledeen a mené la charge pour le changement de régime en Iran, tandis que de vieux camarades comme Andrew Marshall et Harold Rhodes de l’Office of Net Assessment du Pentagone bricolent activement des modèles pour reconstruire aussi bien les gouvernements iraniens que saoudiens.

Le JINSA acclame aussi les militaires américains quand ils tentent de s’assurer des droits à des bases dans la zone Erythréenne stratégique de la Mer Rouge, en négligeant, heureusement, de mentionner que le régime laïc, un temps prometteur, du Président Isaiais Afewerki continue à s’enfoncer dans cette espèce d’autoritarisme répressif pratiqué par " l’ axe du mal" et ses complices.

De fait, certains dans les cercles militaires et les cercles de renseignement se sont mis à utiliser l’expression "axe du mal" pour faire référence au JINSA et au CSP, ainsi qu’à de vénérables dépositaires de la pensée des faucons comme l’American Enterprise Institute et le Hudson Institute. Sont aussi désignés de la sorte, des entrepreneurs de la défense, des fondations conservatrices et des entités de relations publiques soutenues financièrement par des sionistes américains de l’extrême droite (qui soutiennent aussi le JINSA et le CSP).

« Il s’agit d’un milieu où idéologie et argent se mélangent ouvertement : Chaque fois que quelqu’un a été présenté dans la presse ou à la TV comme faisant partie du Center for Security Policy ou du JINSA et qu’il soutient une position fondée sur une idéologie ou des principes - choses qu’ils font incontestablement avec conviction, vous n’êtes pas , pour autant, informés qu’ils fournissent aussi une sorte de couverture à d’autres idéologues qui se mettent au pas au service des Likoudnik et de la "Pax Americana" dit un vétéran des renseignements. Il note aussi que, si les Etats-Unis ont commencé à supprimer graduellement l’aide civile à Israël qui s’achèvera avant 2007, la politique du gouvernement est d’augmenter l’aide militaire de la moitié de l’aide civile qui est coupée chaque année ; ce qui est non seulement un avantage pour les industries militaires israéliennes et américaines, mais aussi crucial pour réaliser la vision que propose l’extrême droite pour la défense anti-missile et pour le Moyen-Orient.

Le JINSA fut fondé en 1976 par des néo-conservateurs inquiets de ce que les Etats-Unis pourraient ne pas être capables de fournir à l’Israël un ravitaillement militaire adéquat dans l’éventualité d’une autre guerre Israélo- arabe. En vingt-cinq ans le JINSA, qui n’était à l’origine qu’un réseau informel, s’est transformé en une opération de l’ordre $1.4-million par an disposant d’un formidable tableau de décideurs de Washington dans ses cartons. Jusqu’aux débuts de l’Administration courante de Bush, le conseil du JINSA comprenait un poids lourd comme Dick Cheney, John Bolton (actuellement Sous- secrétaire d’Etat pour le Contrôle des armements) et Douglas Feith, le troisième cadre de plus haut rang au Pentagone. Perle ainsi que l’ancien Directeur de la CIA James Woolsey, deux ténors dans le choeur qui milite pour la guerre contre l’Irak, font toujours partie du conseil. C’est aussi le cas de reliques de l’ère Reagan-comme Jeane Kirkpatrick, Eugenie Rostow et Ledeen - le contact de Olivier North avec les Israéliens dans l’affaire Iran/ contra.

D’après son site Web, le JINSA existe pour "instruire le public américain de l’importance d’une capacité de défense AMÉRICAINE efficace pour que nos intérêts en tant qu’américains puissent être sauvegardés". Il veut aussi "informer la défense américaine et la communauté des affaires étrangères du rôle important qu’Israël peut jouer et joue dans le soutien apporté aux intérêts démocratiques en Méditerranée et au Moyen-Orient." En pratique, cela se traduit par des membres produisant un flot régulier d’éditoriaux et de commentaires qui constituent de bons indicateurs de ce que pense la direction civile du Pentagone.

Le JINSA se délecte à dénoncer pratiquement tout type de contact entre le gouvernement des Etats-unis et la Syrie et à découvrir de nouvelles façons de diaboliser les Palestiniens. En voici un exemple (un de ceux qui font d’une pierre deux coups) : Selon le JINSA, non seulement Yasser Arafat contrôle toute la violence dans les territoires occupées, mais il ne l’orchestre que "pour protéger Saddam.... Saddam est à l’heure actuelle le seul soutien financier réel d’Arafat .... [Arafat] n’a aucune raison d’arrêter la violence contre Israël et de permettre à l’Ouest de prêter attention à son mentor et caissier." Et quand il s’agit de faire avancer d’autres aspects de l’ordre du jour de l’extrême droite en les entrelaçant avec des intérêts israéliens, le JINSA n’hésite pas non plus. Un rapport récent affirme que la réserve animalière et florale de l’arctique (ANWR) doit être forée parce que "les états arabes produisant du pétrole " sont des pays "aux intérêts hostiles aux nôtres," alors qu’Israël "se tient avec nous quand nous avons besoin d’[elle] » . Une politique américaine de forage du pétrole dans l’ANWR "limitera la capacité de nuisance [des Arabes] à l’égard de n’importe lequel d’entre nous."

La plus grande partie du modeste budget annuel du JINSA est dépensée en envoi de généraux AMÉRICAINS retraités et d’amiraux toujours influents, en Israël, où le JINSA leur facilite des réunions avec les fonctionnaires israéliens. A leur retour aux Etats-unis, ils écrivent joyeusement des éditoriaux et des commentaires, signent des lettres et des publicités soutenant la ligne Likudnik. (Le JINSA plante aussi des graines pour l’avenir puisqu’il envoie aussi chaque été des cadets des académies américaines en Israël et patronne une série de cours pour l’Armée, la Marine et les académies de l’Armée de l’air.) Dans une de ces déclarations, publiée juste après l’éruption de la dernière Intifada, vingt-six membres du JINSA, officiers de rang retraités, ainsi qu’un grand nombre de membres du conseil consultatif, ont stigmatisé d’un ton moralisant, la violence palestinienne en la caractérisant comme "une perversion de l’éthique militaire". Ils ont aussi en insisté sur le fait que "le rôle de l’Amérique comme facilitateur dans ce processus ne doit jamais céder à la responsabilité de l’Amérique comme ami d’Israël," car "des amis n’abandonnent pas des amis sur le champ de bataille."

Si noble que semble ce geste, le groupe de facteurs qui a signé cette lettre - ils n’apparaissent presque jamais sur le site Web de l’organisation pas plus que dans ses communiqués - devrait exiger que l’expression soit amendée pour dire plutôt : "Des amis n’abandonnent pas leurs amis sur le champ de bataille, particulièrement quand il y a des affaires à mener et des dollars à gagner." [2]

Presque chaque officier retraité membre du conseil du JINSA a ou bien participé à des voyages en Israël ou signé des lettres du JINSA ou encore travaillé avec les entreprises militaires qui font affaire avec le Pentagone et Israël. Tandis que certains se présentent discrètement comme " consultants" indépendants et évitent de mentionner leurs clients, d’autres ont moins honte de leurs partenaires, y compris quand il s’agit compagnies privées Internationales de mercenaires tel Military Professional Resources International, de courtiers en armement et de consultants militaires comme Cypress International et de SY Technology, dont les clients principaux incluent le Missile Defense Agency du Pentagone, qui chapeaute plusieurs projets communs en cours avec Israël.

Les Behemoth [3] contrats militaires sont aussi très bien représenté dans les rangs du JINSA. Par exemple, les membres du son conseil consultatif du JINSA, l’amiral Leone Edney, l’amiral David Jeremiah et le Lieutenant général Charles May, tous retraités, ont servi Northrop Grumman ou l’une de ses filiales soit comme consultants soit comme membres de son conseil d’administration. Northrop Grumman a construit des bateaux pour la Marine israélienne et a vendu des avions F-16 et des avions Hawk E-2C à l’Armée de l’air israélienne (ainsi que le système de radar à Arc de l’armée israélienne destiné à ses hélicoptères d’attaque). Il travaille aussi avec Tamam, une filiale de Israeli Aircraft Industries, qui produit un véhicule aérien non-piloté. Lockheed Martin a vendu plus de 2 milliards de $ de F-16 à Israël depuis 1999, aussi bien que des simulateurs de vol, des systèmes de fusée de lancement multiple et des lance-torpilles Seahawk (Seahawk heavyweight torpedoes). A un moment ou un autre, le Lieutenant Général May, retraité, le Général Paul Cerjan et l’amiral retraité Carlisle Trost ont travaillé dans les vignobles de LockMart. Trost a aussi siégé au conseil de General Dynamics, dont la filiale Gulfstream a un contrat de 206 millions de $ pour fournir des avions à Israël destinés à être employé pour "des missions électroniques spéciales.

De loin, le membre du JINSA qui a le plus diversifié ses activités est l’amiral retraité David Jeremiah. Il est président et associé de Technology Strategies & Alliances Corporation (décrit comme "une société de conseil en stratégie et en investissement bancaire engagée principalement dans l’aérospatiale, la défense, les télécommunications et les industries électroniques"). Jeremiah fait aussi partie des conseils d’administration de Lytton filiale de Northrop Grumman et du géant de la défense Alliant Techsystems. Ce dernier fait de très bonnes affaires dans les balles en caoutchouc, en partenariat avec l’entreprise TAAS d’Israël. Jeremiah siège aussi dans le Conseil de Politique de Défense du Pentagone (Defense Policy Board ), présidé par Perle.

La seule entreprise de défense d’importance qui ne soit pas présente dans le conseil consultatif du JINSA est Boeing, laquelle entretient des relations avec Israeli Aircraft Industries depuis trente ans. (Boeing vend aussi des F-15 à Israël et, en partenariat avec Lockheed Martin, des hélicoptères Apache, une arme omniprésente dans les territoires occupés.) Mais jetez un coup d’oeil sur des organismes proche du JINSA pour ce qui est d’être pro-Likoud et pro-guerre des étoiles, le Centre pour la Politique de Sécurité ( Center for Security Policy ) et le conseil pour la sécurité nationale et vous trouverez Stanley Ebner, un ancien cadre de Boeing ; Andrew Ellis, vice-président pour les relations avec le gouvernement ; et Carl Smith, un ancien directeur de personnel du Comité des Forces armées au sénat (Senate Armed Services Committee ) et par ailleurs un avocat qui a compté Boeing parmi ses clients. "Le JINSA et le CSP," dit un analyste vétéran du Pentagone, "sont peut être aussi la même chose."

Rien de spécial : Il y a toujours eu des chevauchements considérables entre le JINSA et les listes du CSP. Des conseillers du JINSA comme Jeane Kirkpatrick, Richard Perle et Phyllis Kaminsky servent aussi dans le conseil consultatif du CSP. L’actuel président du conseil consultatif du JINSA, David Steinmann, siège aussi dans le conseil d’administration du CSP ; et Douglas Feith, avant son retour au Pentagone, a servi dans le même conseil. A cette date, vingt- deux conseillers du CSP - incluant d’autres reliques de l’ère Reagan comme Elliott Abrams, Ken deGraffenreid, Paula Dobriansky, Sven Kraemer, Robert Joseph, Robert Andrews et J.D. Crouch - ont repris des positions clefs dans l’administration de la sécurité nationale, ainsi que d’autres vrais partisans fruits de vendanges plus récentes.

Alors que le CSP se vante d’une liste de consultants de poids, sa star est sans conteste Frank Gaffney, son fondateur, président et PDG. Un protégé de Perle de l’époque où ils étaient tous deux assistants du sénateur Henry "Scoop" Jackson (aka le sénateur de Boeing et le champion le plus ardent d’Israël au sénat en son temps .) Gaffney rejoint plus tard Perle au Pentagone, le temps d’être mis à la porte par le secrétaire d’état à la Défense Nationale Frank Carlucci en 1987, peu de temps après que Perle soit parti. Gaffney a alors reconstitué la dernière incarnation du Comité du Danger Présent, Committee on the Present Danger. Au-delà de la compilation d’une liste des faucons conservateurs les plus influents, Gaffney a été très prolifique pendant les quinze dernières années. Il a produit en série un flot constant de rapports (aussi bien que des colonnes régulières pour le "Washington Times") en mettant l’accent sur le fait que les menaces les plus graves pour la sécurité nationale AMÉRICAINE sont la Chine, l’Irak, les missiles balistiques non encore développés qui pourraient être lancés par des états voyous et l’adhésion à pratiquement n’importe quelle forme de traité de contrôle des armements.

Les prescriptions du CSP pour la sécurité nationale élaborées par Gaffney étaient assez simple : Étripez tous les traités de contrôle des armements, relancez des programmes d’armement dont pratiquement tout le monde pense qu’ils doivent être arrêtés (comme le V-22 Osprey), ne faites pas de quartier aux Palestiniens et, le plus important, avancez à toute vapeur sur à peu près chaque programme de missile de défense national ( national missile defense program .) (Le CSP était lourdement représenté dans la Commission des années 1990 pour Évaluer la Menace de Missile Balistique aux Etats-Unis ( Commission to Assess the Ballistic Missile Threat to the United States ). Son rôle pour préserver le programme sous les législatures de Clinton fut vital.

On comprend très bien pourquoi en regardant qui sont les membres du CSP : Non seulement les fabricants du Osprey (Boeing) sont bien représentés parmi l’équipe de conseillers du CSP mais c’est aussi le cas de Lockheed Martin (par le biais de son vice-président pour les missiles spatiaux et stratégiques, Charles Kupperman et le directeur de systèmes de défense Douglas Graham). Faucon Américain
L’ancien Cadre supérieur de TRW Amoretta Hoeber est aussi un conseiller du CSP, comme l’est Robert Livingston ancien Membre du Congrès et membre d’un groupe de pression en faveur de Raytheon. Ball Aerospace & Technologies - un fabricant d’importance majeure pour les satellites de la NASA et du Pentagone - est représenté par l’ancien Secrétaire John Naval Lehman, tandis que le fabricant de systèmes d’ordinateur de défense contre les missiles Hewlett-Packard est représenté par George Keyworth, qui fait partie de son conseil d’administration. Le Comité électoral de Défense des Missile Caucus et Osprey (dit " tilt rotor ") Congressional Missile Defense Caucus and Osprey est représenté par le député Weldon Bref et le sénateur Jon Kyl.

Le CSP a contribué au développement des arguments contre le Traité de Missile Anti-balistique. En grande partie ignorée ou raillée à l’époque, une note du CSP datant de1995 co-écrite par Douglas Feith insistait pour que les Etats-Unis se retirent du traité ABM. Elle est devenue un élément essentiel de la politique, ainsi que d’autres rapports du CSP qui s’opposaient au Traité d’interdiction sur les essais nucléaires, à la Convention sur les Armes Chimique et à la Cour Criminelle Internationale. Mais peut-être l’angle le plus intéressant pour comprendre la politique du JINSA/CSP se présente-t-il sous la forme d’un article de Perle auquel Feith a collaboré en 1996 avec six autres personnes sous les auspices de l’Institut pour des Études Stratégiques et Politiques Avancées ( Institute for Advanced Strategic and Political Studies. ) Il s’agit essentiellement d’une lettre de conseil à l’important politicien israélien Benjamin Netanyahu : "une Pause claire : une Nouvelle Stratégie pour mettre le royaume à l’abri" apparaît aux yeux d’une lecture perspicace comme une sorte de manifeste neoconservateur américaino-israélien.

Les prescriptions de l’article concernaient un virage à droite de l’économie israélienne, avec à la clef des réductions d’impôt et des ventes massives de terre et d’entreprises publiques. L’article assure que de telles actions auraient l’appui "d’un large spectre de leaders pro-israéliens jouant un rôle clef dans le Congrès." Mais au-delà de l’économie, le papier se lit principalement comme un plan pour une mini-guerre-froide dans le Moyen-Orient. Il préconisait l’utilisation d’armées interposées pour organiser des changements de régime, des déstabilisations et un endiguement. En effet, il va jusqu’à décrire une façon de faire avancer le programme du sionisme de droite en le mêlant avec un plaidoyer pour la défense anti-missile. "M. Netanyahu peut mettre l’accent sur son désir de coopérer plus étroitement avec les Etats- Unis sur la défense antimissile afin d’éradiquer la menace de chantage que même une armée faible et éloignée peut poser aux deux états." L’article ajoute : " Non seulement une telle coopération sur la défense de missile va permettre de contrer une menace physique tangible contre la survie d’Israël, mais elle élargirait la base de soutien à Israël. Nombreux sont ceux aux congrès des Etats-Unis qui savent peut être très peu sur ce pays, mais se soucient beaucoup de la défense anti-missile "- chose qui a l’avantage supplémentaire d’être " utile pour obtenir le transfert de l’ambassade des EU en Israël à Jérusalem. "

Les derniers mois à Washington ont montré combien sont influentes les notions propagées par le JINSA et le CSP - et combien le zèle de leurs partisans peutêtreinquiétant.Au début du mois de mars Feith a essayé en vain d’empêcher les anciens officiers des renseignements de la CIA Milt Bearden et Frank Anderson d’accepter une invitation à une réunion au Pentagone avec le secrétaire d’état à la Défense Nationale D. Rumsfeld et concernant l’Afghanistan. D’après des sources au courant de cet incident, ce n’était pas à cause de ce que tous deux auraient pu dire de l’Afghanistan, , mais probablement par crainte qu’Anderson, un vétéran Arabisant et ancien chef de la division Proche-Orient de la C.I.A., offrent leur avis sur l’Irak (opposé à l’invasion) et la Palestine et Israël (ni partisan ni d’Arafat ni de Sharon). A la fin du mois de juin, après que United Press International ait fait un article sur la manière dont un groupe de libertés civiques Musulman-Américain éreintait Gaffney suite à ses attaques contre le Conseil des Musulmans américain, Gaffney, (…) "s’en est allé fou furieux », en lançant un flot d’injure contre le rédacteur d’UPI qui a publié l’article.

Ce sont des incidents comme cela, disent des observateurs et des participants informés, qui témoignent d’un point culminant dans la dynamique intéressante des faucons de droite à l’heure actuelle. Quoique l’ordre du jour général avancé par JINSA et CSP continue à être reflété dans les conseils de guerre, même certains des faucons (incluant Rumsfeld et le député Paul Wolfowitz) deviennent de plus en plus méfiants à l’égard de la politique de colonisation d’Israël et l’appui implacable que lui apporte Gaffney. En effet, son crédit personnel dans les cercles de l’Administration de Bush est bas. " Gaffney a usé son crédit en étant un taon autoritaire plutôt qu’un artisan sérieux de la politique "dit un haut fonctionnaire, politique, du Pentagone. Depuis le début de cette année, le conseiller politique de la Maison Blanche Karl Rove réflechit pour créer un nouveau groupe de défense, dans la ligne dominante, qui résisterait à l’influence du CSP. Selon ceux qui ont discuté avec Errent de cette question, ses efforts viennent en réponse aux plaintes de nombreux activistes conservateurs qui considèrent que Gaffney leur a fait faux bond ou qui pensent qu’il est trop dur avec le Président Bush. "Beaucoup d’entre nous ont pris au mot [Gaffney] au cours des dernières années " dit un conservateur influent : " Maintenant nous savons qu’il a soutenu la défense de missile la plus imparfaite comme c’est le cas pour les systèmes conventionnels. Il considére Cuba comme « une menace asymétrique classique » , mais pas Al Qaeda. Et depuis 9/11, il est moins concerné par la menace à l’Amérique qu’à Israël. "

Le budget de Gaffney a toujours été faible, environ 1 million de $ annuellement - financé en grande partie par une série de subventions du conservateur Olin Bradley, par diverses fondations Scaife, aussi bien que par de l’argent provenant d’entreprises de défense. Mais il a récemment été capable de réaliser une TV et une campagne d’annonces affirmant que les Palestiniens sont l’Ennemi Numéro un dans la Guerre à la Terreur, et il est toujours hanté par la destruction d’Israël. C’est là que l’on voit l’influence non pas de l’argent des entreprises de défense, mais des dollars des Sioniste d’extrême droite, y compris de ceux qui lui viennent d’Irving Moskowitz, le magnat du loto en Californie. Donateur pour le CSP et JINSA (aussi bien que directeur du JINSA), Moskowitz envoie non seulement des millions de dollars par an aux groupes de colons Israéliens d’extrême droite comme Ateret Cohanim mais il a aussi financé la construction de colonies, ayant acheté la terre dans des secteurs arabes clefs autour de Jérusalem. Moskowitz a engagé l’argent qui a permis la réouverture en 1996 d’un tunnel sous le Mont du Temple/Haram Al-Sharif, responsable de troubles ayant occasionné soixante-dix morts.

le Banquier Lawrence Kadish de New York finance lui aussi les efforts de Gaffney. Il est le patron estimé et de valeur aussi bien du Comité National Républicain que de George W. Bush. Kadish soutient financièrement le CSP et Americans for Victory Over Terrorism (Américains pour la Victoire Sur le Terrorisme). Cette dernière est une ramification du militant conservateur William Bennet Empower America, dans laquelle lui et Gaffney servent comme " conseillers seniors" dans le but d’identifier des menaces "externes" et "internes" post-9/11. (Les menaces "internes", telles qu’elles sont exprimées par AVOT, incluent l’ancien Président Jimmy Carter, le rédacteur d’Harper Lewis Lapham et le député Maxine Waters.) Parmi les protecteurs de Gaffney il y aussi Poju Zabludowicz, l’héritier d’un immense empire international diversifié qui inclut le fabricant d’armes Soltam - qui a une fois employé Perle - et le bienfaiteur du Britain Israel Communication and Research Centre recemment établi , un groupe Basé à Londres qui semble mettre au même niveau le reportage ou le commentaire peu flatteur sur le sionisme et l’antisémitisme.

Alors qu’un nombre petit mais croissant de conservateurs expriment leur inquiétude concernant divers aspects de la politique étrangère et de la politique de défense - allant de la crainte d’être débordé au manque de débat au Congrès - lesfaucons semblent faire la loi. Au début d’octobre, Michael Rubin,chercheurpur et dur de l’American Enterprise Institute (pour Rubin, la présidente sortante des droits de l’homme à l’ONU, Marie Robinson, est un complice du terrorisme) parvient au Pentagone pour reprendre le secteur du Département de la Défense concernant l’Irak et l’Iran. Il ajoute ainsi une nouvelle voix au choeur « guerre totale » de la section du Pentagone de Ledeen. Le Département d’Etat de Colin Powell continue à prendre des coups de l’extérieur et de l’intérieur - y compris en provenance de Bolton et de son assistant spécial David Wurmser. (David Wurmser est un chercheur de l’AEI, sioniste d’extrême droite qui s’est marié avec Meyrav Wurmser de l’Institut de Recherches sur le Moyen-Orient - récemment sujet d’une enquête critique par Brian Whitaker rédacteur pour le Moyen-Orient du Gardian de Londres. Wurmser a joué un rôle clef dans la politique du "Arafat doit partir" que beaucoup de spécialistes de carrière considèrent comme une sucrette problématique offerte à Ariel Sharon.)

Quant à Rumsfeld, selon des commentaires faits lors de rencontres le 6 août au Pentagone, il semble y avoir peu de doute sur les propos qui l’interessent le plus - et pas seulement ceux sur la défense anti-missile et les aventures étrangères : Après avoir abordé une question sur le problème Israélo-palestinien, il a mentionné à plusieurs reprises "les prétendus territoires occupés " et a négligemment caractérisé la politique israélienne de construction d’enclaves pour les seuls juifs sur la terre palestinienne comme "l’erections de quelque colonies dans les parties diverses du secteur prétendument occupé," avec lequel Israël peut faire ce qu’il veut, dans la mesure où il a "gagné" toutes ses guerres contre des entités arabes diverses. Il s’agit là essentiellement d’un écho de la position exposée par le JINSA selon laquelle il n’y a là « aucune occupation israélienne." la mélodie sinistre improvisée et répétée par Rumsfeld a fait froid dans le dos d’un député : "j’ai compris à ce moment ," a-t-il dit, "que au sujet des colonies - où il y a des clivages sur le droit - Wolfowitz peut être à gauche de Rumsfeld."

Article original : The Men From JINSA and CSP

Reprinted
with permission from the (date of issue) issue of The Nation
magazine. For subscription information, call 1-800-333-8536.
Portions of each week of Nation magazine can be accessed at
http://www.thenation.com.


[1Pour un complément d’information lire l’article : Les Etats Unis menacent d’une démocratisation tous les régimes dictatoriaux qu’ils ont soutenu Note de la Redaction

[2Pour un complément d’information sur les intérêts en jeu dans une guerre comme celle qui pourrait être menée contre l’Irak, lire l’article : La stratégie du Bazar. Note de la Redaction

[3l’auteur renvoie à un animal mythique de la tradition biblique : Tout d’abord représenté comme un boeuf gigantesque, parce qu’il mangeait le foin que lui servaient les montagnes, il fut par la suite considéré comme un démon stupide, maître de la gourmandise, que le Moyen à‚ge représenta sous la forme d’un éléphant bedonnant. C’est en fait une des nombreuses illustrations de la force brute qui habite la Terre et se trouve aussi dans chaque individu. Dans « Behemoth contre Leviathan, Petites guerres cruelles et paix en panne », Alain Joxe fait référence à ce mythe de la manière suivante : « L’Empire américain parait avoir renoncé explicitement après la guerre du Golfe et l’intervention en Somalie à toute volonté de "state building", dans ses actions extérieures, abandonnant ainsi la fonction hobbesienne de "protection" que "l’Etat Leviathan" assure traditionnellement au peuple, par le monopole de la violence légitime, qui s’impose aux instances, identités et agents de la décomposition. La "protection" hobbesienne se recale comme il est normal aux niveaux identitaires inférieurs de la souveraineté, qui sont ceux de la guerre de tous contre tous symbolisée dans le vocabulaire de Hobbes par l’animal mythique Behemoth, le chaos venu de la mer. » Note du Traducteur


URL de cet article 194
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Les enfants cachés du général Pinochet - Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation
Maurice LEMOINE
Le 15 septembre 1970, onze jours après l’élection de Salvador Allende, le président Richard Nixon, en 15 minutes lors d’une réunion avec Henry Kissinger, ordonne à la CIA de « faire crier » l’économie chilienne. Le 11 septembre 1973, Allende est renversé… En 1985, Ronald Reagan déclare que le Nicaragua sandiniste « est une menace pour les Etats-Unis » et, le 1er mai, annonce un embargo total, similaire à celui imposé à Cuba. Depuis le Honduras et le Costa Rica, la « contra », organisée et financée par la (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance. »

Abraham Lincoln, 16ème président des Etats-Unis de 1861 à 1865, 1809-1865, assassiné

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.