Le 3 avril 2013, lors d’une émission télévisée, Louis Aliot, son compagnon, ne mâchait pas ses mots : « Il est évident que si, dans l’exercice d’un mandat, l’élu est pris la main dans le sac, il devrait être inéligible à vie ».
Le 5 avril 2013, Marine Le Pen déclarait : « L’UMP et le PS ont des listes de condamnés qui sont inouïes ». Et elle proposait de « faire des enquêtes de moralité sur le personnel de la République ».
Le Front national est le parti qui compte le plus d’élus condamnés. Entre 1997 et 2012, on a les chiffres suivants : 1, 94% des élus PS ont été condamnés ou mis en examen, c’est 3, 12 % des élus pour LR et 15,68% pour le Front national.
Dans la plupart des cas, les élus du Front national sont condamnés pour des violences physiques, des incitations à la haine raciale et des fraudes financières ou électorales.
La présidente du Front national, Marine Le Pen a été condamnée. Le vice-président, son compagnon Louis Aliot, a été condamné. Bruno Gollnisch, candidat à la présidence Front national, a été condamné. Depuis les années 1960, Jean-Marie Le Pen, président et président d’Honneur du Front national a été condamné une vingtaine de fois (1).
Marine Le Pen a fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier sur des déclarations inexactes de patrimoine. Elle a été accusée, avec son père, d’avoir sous-évalué leurs actifs respectifs immobiliers, pour les deux tiers de leur valeur.
« Jeanne » Le microparti de Marine Le Pen est visé par un redressement fiscal et en attente d’un procès pour escroqueries et recel d’abus de biens sociaux dans l’affaire du financement des campagnes législatives et présidentielle du Front national en 2012.
Rappelons un des slogans du Front national : « Tête haute et mains propres ».
Marine Le Pen, qui n’a jamais travaillé hors de son parti et de ses multiples mandats électifs, a accumulé une vraie fortune et possède des parts dans des sociétés immobilières, dont celle du manoir familial évalué à plus de 6 millions d’euros. Elle se dit la candidate du peuple, tout en s’opposant à l’augmentation du SMIC.
Sur le site du Front national, à la rubrique « Fiscalité. La justice fiscale au service de l’emploi » on a pu lire : « Nous procéderons à l’annulation des conventions fiscales avec tous les paradis fiscaux ».
Marine Le Pen s’en est prise à Johnny Halliday qui appelait à ne pas voter Front national. Quand, dit-elle, on « est un évadé fiscal, on essaie de se faire discret et on ne vient pas donner son avis sur la politique ».
Elle a vilipendé : Yannick Noah « un exilé fiscal. Au lieu de payer des impôts en France, ce monsieur se permet de donner des leçons de morale, des leçons de charité et de partage alors que lui-même ne partage rien, que son argent est planqué et qu’il n’en fait pas profiter les malheureux Français ».
Fort bien ! On approuve.
Mais Marine Le Pen ne savait pas à l’époque qu’on découvrirait que son père a un compte en suisse, que le compte en Suisse de l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac avait été ouvert par l’avocat Philippe Peninque, conseiller de la présidente du Front national.
Elle ne savait pas que le système de dissimulation d’avoirs financiers dans des centres offshore entre Hongkong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama, qu’un de ses proches est soupçonné d’avoir organisé allait être découvert. Ce système aurait été utilisé pour sortir de l’argent de France, au moyen de sociétés écrans et de fausses factures.
Marine Le Pen ne savait pas à l’époque qu’on découvrirait ces affaires d’emplois fictifs du Front national au parlement européen, que l’organisme antifraude de l’Union européenne (l’OLAF) allait la condamner à rembourser 300 000 euros de salaires indument versés à son garde du corps et à une secrétaire du Front national travaillant à Nanterre.
Marine Le Pen ne savait pas à l’époque qu’on découvrirait des choses analogues concernant cinq autres députés, dont Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch, accusés d’avoir salarié à Bruxelles des assistants qui travaillaient en réalité pour leur parti.
Au total, ce serait une vingtaine d’assistants soupçonnés d’avoir été payés par le Parlement européen alors qu’ils travaillent au siège du Front national, à Nanterre. Le Pénélopegate paraît bien pâle, à côté.
Marine Le Pen ne savait pas qu’elle devrait aujourd’hui partager ses diatribes en 3 parties : une contre les étrangers, une contre les médias à qui elle doit tout, une contre les juges qui sont pourtant patients avec elle. En effet, ils restent muets alors qu’elle vient de refuser de se rendre à une convocation de la police judiciaire.
Mais, Marine Le Pen savait que tout ce qu’on peut lui reprocher depuis des années, après qu’elle a été promue quotidiennement dans les médias par calcul électoral (Votez LR, ou PS sinon c’est le Front national), tout ce qu’on peut lui reprocher glisse sur elle comme la pluie sur les ailes d’un vautour. Impossible de la mouiller.
Pour le premier tour des présidentielle elle est à ce jour créditée de 27 % d’intentions de vote (+ 2 points depuis janvier 2017).
Il est triste de penser que nous aurons peut-être à voter en 2017 pour ceux qui, avec la complicité des médias, ont gonflé cette baudruche pour en faire une montgolfière. Et il faudrait le faire, sous peine d’être accusés d’être responsables de l’envolée de Marine Le Pen vers les nuées dormantes (dont Jaurès nous disait qu’elles portent l’orage) avec atterrissage à l’Elysée.
Vous dirai-je que je ne voterai pas en mai 2017 pour un parti qui a contribué à fabriquer ce piège afin de décider de mon vote à ma place ?
Maxime VIVAS
(Ce texte est celui de ma chronique au micro de Radio Mon Païs, lundi 27 février 2017. Il est documenté par le livre « Marine Le Pen amène le pire » M. et F. Vivas, éditions Golias 2014, 250 pages, 12 euros).
Note.
(1) Une de plus : la cour d’appel de Paris a confirmé mercredi 1er mars sa condamnation à 30 000 euros d’amende pour avoir de nouveau qualifié les chambres à gaz de « détail » de l’histoire de la seconde guerre mondiale, en avril 2015.