Cette annonce ne doit pas être interprétée dans un sens négatif, au contraire, elle souligne une grande sagesse de la part d’un peuple qui a subi plus d’une décennie d’horreurs exécutées par la machine terroriste d’une minorité islamo-jihadiste. En donnant une majorité confortable (288 sièges sur un total de 462) au sein de l’Alliance présidentielle formée par le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) au sein de la future Assemblée populaire nationale, les algériens et algériennes ont voulu gagner du temps pour mieux affiner leur stratégie d’émancipation définitive de la peste jihadiste.
La soi-disant masse silencieuse (57,1% des algériens et algériennes) en choisissant de ne pas voter a rejeté toute la classe politique au pouvoir et les 44 partis qui ont pris part au scrutin, des islamistes en particulier. En conséquence, Le FLN ne doit pas oublier qu’il existe une autre majorité dans la rue.
Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a bien saisi le mécontentement populaire et a annoncé, lors de la campagne électorale, qu’il ne comptait plus briguer un nouveau mandat présidentiel. Encore une décision opportune et une leçon tirée des révoltes arabes au Bahreïn, Tunisie, Egypte, Libye, Yémen.
Le FLN a arraché pas moins de 220 sièges dans le futur Parlement grâce à un code électoral fait sur mesure. Le pouvoir algérien a réalisé à l’envers ce qui s’est produit en Tunisie lors des élections de la Constituante. L’Algérie a intentionnellement évité le second tour pour garantir la part du lion au FLN et ses satellites.
Le grand hic de ces élections réside dans la loi sur la représentation féminine. Cette loi prévoit un taux de 20 % pour les wilayas de 4 sièges, 30 % pour plus de 5 sièges, 35 % pour 14 sièges et plus, et enfin 40 % pour plus de 32 sièges. Ce choix constitue une anomalie flagrante et antidémocratique voire anticonstitutionnelle. Il eût été préférable d’opter pour la solution un homme, une femme ou une femme, un homme sur les listes.
Le principal perdant de ces élections algériennes : le parti islamiste tunisien « Ennahdha » qui espérait que ses acolytes algériens fassent un ras-de-marrée sur le Parlement algérien. Une carte de moins aux mains des nahdhouis d’autant plus que le FLN a accusé le parti islamiste tunisien Ennahdha de soutenir les candidats islamistes de la communauté algérienne en Tunisie. L’étau se resserre encore davantage sur la Troïka au pouvoir en Tunisie. Après l’échec électoral humiliant de Sarkozy en France, voilà maintenant le FLN confirmé dans son redressement par un succès électoral inattendu. Le fantasme d’un Maghreb islamiste ne s’est pas accompli !
Les résultats de cette consultation ont offert au Pouvoir algérien un sursis pour lui permettre d’arranger rapidement la « Maison Algérie » menacée, quoiqu’on dise, d’un printemps arabe. L’Algérie doit revisiter et rajeunir une Constitution caduque en la mettant en phase avec les aspirations du peuple algérien en matière de libertés individuelles et collectives, de décentralisation réelle, de développement durable afin de sauver les richesses naturelles du pays, de l’inscription de l’égalité homme-femme, seul paravent contre l’obscurantisme et le salafisme, de séparation du politique et du religieux et surtout elle doit garantir l’indépendance de l’Administration et des institutions républicaines comme l’Armée, la Justice et la Banque Centrale. Bref, le peuple peut espérer une Constitution digne de ses aspirations progressistes et avant-gardistes ancrées dans la modernité.
L’Algérie doit réviser sa politique étrangère en coopérant davantage avec ses voisins du Sud afin de leur éviter toute « somalisation » porteuse de guerres, de déstructuration et surtout de souffrances pour les gens.
L’ancien nouveau pouvoir ne doit pas oublier que le blocage du dossier sahraoui risque de lui coûter cher et d’être pris comme prétexte pour une intervention armée de la nouvelle alliance atlantico-jihadiste. Une solution honorable pour les trois parties doit être trouvée rapidement dans le cadre d’une UMA revivifiée.
Seules des réformes nécessaires et urgentes pourraient faire émerger un front républicain capable de résister à l’ingérence étrangère à travers les partis religieux.
Mustapha STAMBOULI