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Le « vrai » journalisme enfin récompensé par l’aveu Cahuzac

Avec les aveux de Jérôme Cahuzac, un coup de tonnerre a secoué la classe politique. Cet éclair remet (enfin !) en lumière la nécessité impérieuse et citoyenne du journalisme d’investigation à l’origine de la sortie de l’affaire.

Un métier âpre et dont l’exercice est de plus en plus complexe compte tenu de la crise économique que traverse le secteur notamment du fait de la révolution Internet, et ce, particulièrement en France. Ses exigences n’en demeurent pas moins immuables. Rien à voir avec le cirque médiatique aujourd’hui le plus communément et tristement répandu.

Souvenons-nous. 1974 : Nixon tombe avec le Watergate. Le scandale est porté à la connaissance du public par le Washington Post et ses journalistes Woodward et Bernstein. 1981 : Giscard quitte l’Elysée : l’affaire des diamants de Bokassa sortie par le Canard Enchaîné y est pour beaucoup. Nous sommes au coeur des « trente glorieuses ». Riches encore.

Car ne nous y trompons pas : l’aboutissement d’une enquête journalistique indépendante coûte cher. En temps et en hommes. Donc en argent.

Il ne s’agit pas, dans ces cas où la publication de l’information conduira à la démission d’un homme (ou d’une femme) d’Etat ou au démantèlement d’un système, d’attendre que les éléments vous arrivent cuits et pré digérés de la bouche d’un contact lors d’un dîner mondain.

CARNET D’ADRESSES

Bien au contraire, le départ, puis le fil de l’enquête, ne peuvent se dérouler que dans des conditions où l’exactitude des faits révélés ne souffrira au final aucune réserve. Ce processus n’existe que parce que le journaliste a su, pendant de longues années, construire son bien le plus précieux : son carnet d’adresses.

Oh, je vous vois sourire d’ici. Un carnet d’adresses ! Pourquoi pas un bottin mondain ? Non, ce n’est pas cela. Il s’agit « juste » de contacts dont le journaliste a pu vérifier au fil de temps si ils étaient, ou pas, dignes de confiance. Certes, la réciproque est vraie.

Car un scoop, un « exclusive » comme on dit en anglais, n’est permis que parce que un maillon, un acteur, de telle ou telle affaire possède un intérêt à en informer un journaliste.

Manipulation ? Peut-être. Mais à condition que le reporter ne soit pas assez au fait du contexte général et des incidences que le « scoop » va déchaîner. Qu’il ne soit pas professionnel en un mot.

Contrairement à ce que l’on peut entendre, ou lire, ici et là  : le journalisme est un métier. Responsable.

Il obéit à des règles strictes même si elles sont trop souvent aujourd’hui transgressées dans un milieu qui ressemble plus à la Star Ac qu’à celui du reportage de guerre ou des « Hommes du Président ».

La Déclaration des droits de l’homme et la Constitution française ont guidé la rédaction de la charte éthique de la profession. Il s’agit de « rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité », est-il dit dans cette charte, indispensable et malheureusement méconnue.

Le journalisme « ne peut se confondre avec la communication » et « la notion d’urgence dans la diffusion d’une information ou d’exclusivité ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources ». Sans commentaire.

Avec la pression économique qui s’exerce sur le métier en ces temps de crise, il est souvent extrêmement compliqué pour le journaliste de mener à bien une enquête pouvant être polémique et mettre ainsi son employeur en délicatesse avec l’origine de sa ressource financière : annonceurs ou monde politique.

VÅ’U PIEUX

La charte devrait le protéger : « La responsabilité du journaliste ne peut être confondue avec celle de l’éditeur, ni dispenser ce dernier de ses propres obligations ». Force est de constater qu’il s’agit là , à de très rares exceptions près, d’un voeu pieux qui conduit à une forme de plus en plus présente d’autocensure, tristement acceptée.

Mais avec l’affaire Cahuzac, sortie par le site web Mediapart et le très traditionnel Canard Enchaîné, il n’y a pas eu d’autocensure. L’information est passée.

Au sein de l’équipe de Mediapart, de très longs mois se sont écoulés avant que le dénouement donne raison à l’enquêteur qui a débusqué l’affaire. Courageux. Mediapart, comme Marianne et d’autres titres « papier » ou « en ligne » réalise des prouesses pour boucler ses fins de mois (ce qui n’est pas le cas du Canard, très rentable).

Dans l’affaire Cahuzac, et d’autres avant elles, la justice a été alertée par la presse. C’est à présent à elle « de faire son travail ». Le Journaliste professionnel ne peut aller au-delà de ses propres prérogatives. Il sait où se situent ses limites.

La loi lui garantit (pour longtemps encore on l’espère) la protection du secret de ses sources. Sa charte déontologique lui dit : ne confond pas ton rôle « avec celui du policier ou du juge ».

C’est pourtant ce qu’un public, peu au fait du cadre de ce métier au bord de l’implosion, aimerait bien lui voir faire.

http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/le-vrai-journalisme-enfin-133593

URL de cet article 20018
   
La République contre son École
Muriel FITOUSSI, Eddy KHALDI
Certains, après la sortie de « Main basse sur l’école publique », (1) n’ont pas voulu croire, au moins dans un premier temps, dans la radicalité des postulats et parti-pris idéologiques qui avaient présidé, comme nous le dénoncions alors, aux mesures initiées par Xavier Darcos. Puis la « fusée des réformes » a décollé, et les yeux de nombreux citoyens, au-delà même de la communauté éducative, ont été décillés. Les atteintes graves au service public d’éducation se sont succédées à un rythme (…)
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Je ne pense plus que les journalistes devraient bénéficier d’une immunité particulière lorsqu’ils se trompent à ce point, à chaque fois, et que des gens meurent dans le processus. Je préfère les appeler "combattants des médias" et je pense que c’est une description juste et précise du rôle qu’ils jouent dans les guerres aujourd’hui.

Sharmine Narwani

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