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Le Royaume-Uni, “État-voyou”

• L’extraordinaire rapport “secret” sur le système juridique et policier du Royaume-Uni. • Totalement infiltré par le crime organisé.

Une opération secrète, l’Opération Tiberius, a été lancée en 2003 pour évaluer le degré de corruption et de pénétration par le crime organisé de différents organes de sécurité intérieure et de justice du Royaume-Uni. Un rapport a été établi après la conduite à bien de cette Opération Tiberius. The Independent, qui a obtenu un exemplaire du rapport, a publié plusieurs articles sur ce document (les 9 janvier 2014, 10 janvier 2014 et encore 10 janvier 2014). L’Opération Tiberius montre une pénétration systématique par la corruption, les pressions, le chantage, etc., du crime organisé dans les principaux organes de police, de la justice, du système carcéral, des impôts, des douanes, etc., bref tout ce qui forme l’appareil interne de la sécurité et de la justice courantes dans ce pays. (On signalera également un article de Russia Today, du 11 janvier 2014, reprenant nombre d’informations de The Independent en les synthétisant.)

Les informations publiées signalent notamment, en présentant les résultats de l’Opération Tiberius à partir des informations de The Independent, que cette opération a été réalisée par des voies tout à fait inhabituelles, échappant au contrôle des organismes impliqués. Tiberius semble avoir été prioritairement confiée à des services tels que le MI5 (contre-espionnage) et le MI6 (renseignement extérieur), et selon des voies et moyens secrets telles que des écoutes clandestines, des interceptions de courrier, etc. (Il est donc probable que le GCHG a été aussi impliqué dans l’enquête, pouvant alors, pour une très rares occasions, mettre en évidence l’utilité des actions de surveillance et d’espionnage clandestines ; mais c’est ironiquement, ou de façon révélatrice, pour démontrer le degré de corruption structurelle du Système dont lui-même, le GCHQ, est partie prenante d’une autre façon mais dans le même esprit... L’exception qui confirme la règle.)

« Tiberius, qui est fondé sur des éléments provenant de nombreuses sources des services secrets comme des informateurs de la police, des écoutes téléphoniques, des informations fournies par MI5 et par MI6 ainsi que sur des milliers de fichiers présents et passés, arrive à l’épouvantable conclusion que "L’importance des dégâts causés est difficile à imaginer." »

Il semble qu’on ne trouve pas d’indication de date pour la clôture de l’Opération Tiberius mais il est manifeste qu’une telle action demande plusieurs années aussi bien pour l’ampleur du travail que pour les conditions de l’action (le secret nécessaire pour l’enquête). Dans tous cas, tout indique, bien entendu, que la situation actuelle est aussi catastrophique que celle que décrit Tiberius, et même qu’elle a empiré.

« En 2003 l’Operation Tiberius a découvert que des hommes soupçonnés d’être les plus grands criminels d’Angleterre étaient parvenus à corrompre de nombreux services de l’état tels que l’Administration Fiscale et Douanière (HM Revenue and Customs), le Ministère Public (the Crown Prosecution Service), la Police de la City de Londres, et l’Institution Carcérale ainsi que des piliers du système judiciaire comme des jurés et des professionnels de la justice.

 »L’audit tactique réalisé par les services secrets et "ratifié par les plus hauts dirigeants" du Met (Metropolitan Police) révèle que des jurés ont été achetés ou menacés pour qu’ils rendent un verdict "non coupable" ; que des individus corrompus travaillent dans les services de l’Administration Fiscale et Douanière dans le pays comme à l’étranger ; et qu’on peut acheter une "carte pour sortir de prison" pour 50 000 livres. Le rapport affirme que du fait de l’ampleur de cette corruption la police et les procureurs ne parviennent quasiment plus à faire condamner les gangs organisés que la police soupçonne de contrôler l’essentiel des activités criminelles du milieu. L’auteur du rapport Tiberius qui est fondé sur des sources des services secrets comme des policiers infiltrés, des écoutes téléphoniques, des informations fournies par les services de sécurité ainsi que sur la compilation de milliers de fichiers presents et passés est arrivé à la terrible conclusion qu’"il est difficile d’imaginer l’ampleur des dégâts causés".”

 »Ces nouveaux éléments ont été révélés le lendemain du jour où The Independent a révélé que Tiberius était arrivé à la conclusion que la Police Métropolitaine souffrait d’une "corruption policière endémique" à cette époque et que les plus dangereux syndicats du crime organisé avaient la capacité d’infiltrer le Nouveau Scotland Yard "à volonté".

 »Le rapport indique dans ses conclusions que : "L’évaluation exacte des dégâts causés par ces réseaux de corruption est impossible à faire à ce stade et il est nécessaire de procéder à de vigoureuses analyses complémentaires." "Mais la déclaration d’un officier d’investigation haut gradé [senior investigating officer -SIO] attaché au SO 1 (3) donne quelques indications de l’ampleur du problème dans l’est et le nord-est de Londres : "Mon sentiment est qu’à l’heure actuelle, je ne peux pas conduire une enquête sur un meurtre sans avoir la crainte qu’elle ne soit compromise par la corruption." "Les implications d’une telle déclaration sont sérieuses et inquiétantes et donnent une idée de la menace qui pèse actuellement sur le système judiciaire. De plus le fait qu’aucun de ces syndicats du crime n’ait eu de problème majeur avec la justice ces cinq dernières années permet de se rendre compte de l’efficacité de leurs réseaux. »

L’Opération Tiberius ouvre un nouveau chapitre de l’évolution autodestructrice du Système, qui est l’introduction dans les structures fondamentales mêmes des pays les plus avancés du bloc BAO des mêmes évolutions de désordre et de de déstructuration-dissolution qu’on trouve dans nombre de régions sensibles, dans les systèmes de coopération transnationaux, dans les structures financières transnationales, dans l’évolution des mœurs sociétaux, etc. L’évolution de la structure de sécurité intérieure du Royaume-Uni selonTiberius ressemble aussi bien à l’évolution des marchés financiers dont on connaît la structure criminelle prédominantes, qu’à certaines situations déstabilisées comme celles du Moyen-Orient, où le crime organisé prend une part de plus en plus importante dans les activités terroristes. Mais dans ce cas extrême du Royaume-Uni, il s’agit de la corruption spectaculaire et dramatique des structures pérennes, l’effacement accéléré des activités dépendantes de la dimension régalienne des plus vieilles nations de notre civilisation (devenue contre-civilisation, et ceci expliquant cela), la disparition des notions de souveraineté, de légitimité et d’autorité dans ces États. Il est difficile d’envisager les conséquences de cette sorte d’évolution de complète perversion des principes sur lesquels se sont fondées ces nations, mais on aura de la difficulté à ne pas être très pessimiste.

Par ailleurs, si l’événement est considérable, il ne peut surprendre en aucune façon. Il est évident qu’on ne peut attendre rien d’autre, au niveau de ces services essentiels de l’État, lorsqu’on considère l’exemple que donnent les directions politiques, qui conduisent des politiques au nom de narrative mensongères, qui mènent des activités de sécurité nationale dans la plus complète illégalité, qui se trouvent souvent pris dans des scandales de corruption et trouvent en général pour la “retraite” politique de leurs membres les plus éminents une place dans des circuits de conférences, des positions diverses dans divers circuits humanitaires et autres, qui leur assurent des émoluments considérables dont la réelle signification ne peut être trouvée que dans la définition d’une forme spécifique de corruption. La corruption des services de sécurité intérieure britannique répond évidemment à la corruption du gouvernement britannique (Blair et la suite), à la corruption de groupes industriels comme l’est BAE avec ses liens avec l’Arabie, à la corruption de la City au travers des diverses crises qu’elles déclenchent elle-même et qui sont d’un très grand rapport financier pour elle.

Il n’empêche, l’originalité de la situation exposée par Tiberius est bien entendu qu’elle touche le fondement même de la structure étatique, celui qui doit fournir la sûreté de la vie quotidienne de la population au travers des activités de justice, de police et le reste. Disons qu’on touche là à l’ultimité du processus de déstructuration-dissolution des structures nécessaires à la vie en société, et qu’on se trouve alors dans la situation d’une impasse générale puisqu’il n’y a rien de structuré au-delà. Bien entendu, nul ne peut préciser de quelle façon les conditions de la vie sociale et de la vie nationale en seront affectées mais là aussi le pessimisme est de rigueur. Cette ultimité se résume par le fait de la compromission ultime des pays du bloc BAO les plus avancés dans la promotion du Système et des théories et consignes qui l’accompagnent, donc les pays du bloc BAO qui ont le plus souvent dénoncé les modèles rétifs ou les modèles de mauvaise réputation des “États-voyous” (“rogue states”) en prônant leur élimination, éventuellement à coup d’expéditions lointaines comme celle de la Libye. Le Royaume-Uni est en effet un de ces pays-phares, symboliquement le plus signifiant du Système avec les États-Unis, et c’est lui qui se trouve menacé de devenir, si ce n’est déjà fait, un de ces rogue states que la bonne réputation du Système autant que son équilibre ne peuvent en aucune manière accepter. On peut même observer qu’une telle évolution implique une fragilisation extrême du pays affecté, qui constitue un élément de grande vulnérabilité pour le Système.

Qui plus est, ce même “État-voyou” de type postmoderne est en train d’accoucher d’une “structure” sécuritaire qui va se déstructurer elle-même en se morcelant d’une façon extrêmement antagoniste, avec des conséquences déstabilisantes profondes très probables. On peut s’interroger désormais à propos de ce que vont être les rapports de la police britannique, du Yard, avec le MI5 et le MI6, les premiers sachant qu’ils sont sous surveillance des seconds, les seconds estimant désormais que la police du pays est plus ou moins manipulées par le crime organisé. Ce pas en avant de plus vers le désordre incontrôlé est intéressant parce qu’on ne voit plus très bien quel autre “pas en avant” il reste à faire ; et l’on peut alors espérer qu’au-delà, c’est l’abîme.

Pour consulter l’original et trouver les liens avec the Independent et RT : http://www.dedefensa.org/article-le_royaume-uni_tat-voyou__13_01_2014.html

Traduction des parties en Anglais : Dominique Muselet

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